Pobby et Dingan, Ben Rice (Pocket) : C’est la comédienne Véronique Côté qui m’a chaudement recommandé cette lecture. Habituellement, c’est plutôt moi qui la conseille mais pour une fois, les rôles ont été inversés. Sans partager totalement son enthousiasme débordant, je dois dire que j’ai aimé me retrouver dans ce bled perdu de l’Australie alors que tout le village tente de retrouver Pobby et Dingan. Lorsqu’on sait que Pobby et Dingan sont les amis imaginaires d’une fillette, le roman prend un tout autre sens. Tout tourne autour de cet événement. D’ailleurs, c’est ce qui fait la force de ce livre. L’auteur a su rester fidèle à son idée de base et ne s’égare jamais dans cette histoire bizarre qui finit par nous émouvoir.
Vues sur la mer, Hélène Gaudy (Les impressions nouvelles) : À l’automne, ce premier roman a réussi à se faufiler jusqu’à la deuxième sélection du Prix Médicis. Je comprends pourquoi. Il y a du talent à l’horizon. Au départ, on suit une femme (Jeanne) qui quitte son amoureux pour se réfugier dans un hôtel au bord de la mer. Rupture définitive ou solitude momentanée ? L’auteure nous présente sept variations de la même histoire et ça fonctionne. Cette répétition finit par envoûter et déstabiliser le lecteur. L’écriture très minimaliste et pleine de non-dits rappelle, à certains moments, celle de Duras. Je sais que la comparaison est énorme, mais disons qu’elle puise à la même source. J’attendrai avant de crier au génie, mais je répondrai présent à la prochaine publication d’Hélène Gaudy.
Épidermes, Diane Vincent (Triptyque) : J’ai été charmé par ce premier roman policier de Diane Vincent. D’abord, la prémisse est délicieuse : Reiko Thompson, une photographe underground eurasienne qui ne laisse personne indifférent, est retrouvée presque sans vie dans une ruelle montréalaise. Ne voilà-t-il pas qu’on découvre un pénis coupé dans la poche de son manteau. C’est là que tout commence (pas banal quand même!). C’est Josette Marchand, une massothérapeute spécialiste de la peau qui donne un coup de main à son vieux pote d’inspecteur pour le faire avancer dans son enquête, qui nous relate les faits de manière plutôt savoureuse. Ça se lit d’une traite avec le sourire aux lèvres.
6 réflexions au sujet de « Bonheurs d’occasion #2 »
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J’ai bien envie de lire « Épidermes » de Diane Vincent.
Mission accomplie! Ton entrevue avec Diane Vincent me donne aussi le goût de faire le saut vers le roman policier et de découvrir le duo Josette-Vincent…
« Pobby et Dingan » et « Vues sur mer » me tentent beaucoup !
Carole et Jules (content de savoir qu’Encrage puisse compter sur une nouvelle auditrice) : allez-y sans hésiter. C’est un bon moment de lecture garanti.
Florinette: ils valent la peine. En plus, ils se lisent rapidement (92 pages pour Pobby et 152 pour Vues sur la mer).
J’attends donc vos commentaires ultérieurement.
Oui,très intéressant roman de Diane Vincent, et qui fait sourire en effet. J’ai bien aimé et ça promet pour l’avenir. Sur un autre ton, je viens de terminer «Moonshine» de François Landry à la Courte échelle. Là, on ne sourit pas, mais c’est envoûtant, très intense et ce roman qui se passe au Montana ne fait pas «québécois» du tout. Des passages difficiles, certes,(c’est ce que j’appelais «intense» plus haut), mais n’est-ce pas un roman noir, policier? Quoiqu’il en soit, on ne tombe jamais dans le «gore» ou dans des passages sadiques «gratuits» à la Patrick Senécal. Ça se lit d’une traite, là aussi, et Landry nous surprend plusieurs fois et on reste quelque peu sonné à la fin de la lecture, comme dans un état second, comme si on avait abusé de ce moonshine (on dirait de la «bagosse» au Québec) que prépare l’espèce de vieille sorcière qui abuse du héros. Décoiffant.
J’ai beaucoup aimé Épidermes. La première qualité de ce livre est de ne jamais tomber dans la vulgarité malgré son sujet assez cru. Et c’est vrai que l’écriture est tellement coulante qu’on à peine à le déposer avant la fin.