Savez-vous sacrer?

Des dictionnaires, il en existe de toutes sortes, on le sait. Sur le Web, on a même senti le besoin d’informer la population sur la manière de bien utiliser les sacres québécois. Il en est notamment question sur le site de Philip A. Butt, qui s’intitule Guide d’emploi : comment employer correctement les sacres québécois (http://www.geocities.com/philipsfo/hostie/glossaire/jurons2.html).
Et il illustre le tout avec cette histoire tirée des archives de l’école polyclinique de Montréal :
«Le travail du réclamant consistait a descendre du toit d’un édifice de deux étages un surplus de briques qui était resté sur le toit.
«QUESTION : Monsieur, auriez-vous l’amabilité de raconter les faits de l’accident? Votre réponse est enregistrée.
«RÉPONSE : J’pensais sauver du temps. J’ai fixé un madrier avec une poulie en haut de la bâtisse et j’ai passé une corde dans la poulie avec les deux bouttes qui descendent jusqu’a terre. J’ai attaché un baril vide au boutte de la corde, pis j’le monte en haut de la bâtisse. Ensuite j’attache l’aute boutte de la corde à un arbre. Là, j’monte sul toit, pis j’remplis le baril de briques. Ensuite, je r’tourne en bas pis j’viens pour détacher la corde pour faire descendre le crisse de baril, mais le tabarnac de baril est benque trop pesant pour moé et avant que je réalise quoi que ce soit, hostie, le baril me monte en l’air yenque d’une chotte. Là, chu trop haut pour lâcher la corde, j’ava pas le choix, j’ai tenu la corde en hostie. À moitié chemin, j’rencontre le crisse de baril qui descendait; j’en ai reçu un calvaire de coup sur l’épaule; tabarnac que ça m’a fait mal… Mais cé pas toute; moé je continue à monter. Rendu en haut, j’me pette la tête sul câlisse de madrier, pis j’me prends les doigts dans l’hostie de poulie… J’pensa parde connaissance. Quand l’baril touche à terre, le fond pette pis l’baril se vide. Asteur, ciboire, chu plus pesant que l’baril; ça fa qu’hostie là j’descends en tabarnac; pis à moitié chemin en descendant, j’rencontre encore le crisse de tabarnac de baril qui, lui, montait. Y m’a pas manqué l’calisse, y m’a pogné drette s’une jambe; chu v’nu blême. Rendu en bas, j’mécrase sul calisse de tas de briques… J’pensa mourir là. Rendu là, j’me rappelle pu grand chose; chu tout étourdi, ça fa que j’lâche la crisse de corde, pis l’baril se met à r’descendre, pis me câlisse un coup s’a tête; pis j’me r’trouve à l’hopîtal. C’est pour ça que j’demande un congé de maladie.»
(École polyclinique, Service technique des immeubles, 22 octobre 1975)
Ceux qui ne seraient pas familiers avec cette façon de s’exprimer trouveront, sur le site en question, des définitions des sacres les plus usuels. Il comprend également un glossaire du joual et un répertoire de chansons francophones pour illustrer l’emploi de québécismes.