Dans l’annonce du magasin Latulippe, que vous avez peut-être vue à la télévision, on nous dit qu’on nous «donne gratuitement une canne à pêche» avec tout achat. Moi qui croyais qu’ils péchaient par pléonasme avec leur don gratuit. Eh bien non, je l’ai appris à mes dépens.
Laissez-moi vous raconter l’histoire:
L’hiver dernier, me laissant enthousiasmer par France, je me décidai à commander, par l’intermédiaire d’une librairie, le CD-ROM du Grand Robert. Après quelques semaines d’attente, quel bonheur lorsque je le reçus enfin, d’autant que je trouvai, à l’intérieur de mon colis, une carte qu’il me suffisait de remplir pour obtenir un ouvrage gratuit des Dictionnaires Robert. Comme je n’ai jamais su résister aux cadeaux, je m’empressai de retourner cette carte. En très peu de temps, je reçus le Dictionnaire des synonymes, nuances et contraires 2005. Je ne manquais certes pas de dictionnaires de synonymes, mais bon, c’est un cadeau et À cheval donné… vous connaissez la suite.
Quelques semaines plus tard, on m’envoya un compte qui se lisait comme suit:
«Dictionnaire 902239 : 22,50 euros – Gratuit.
«Frais de poste prioritaire par avion [d’où la rapidité]: 12 euros.
«Reste à payer: 12 euros.»
Vous pensez bien que j’ignorai cette note; non, je ne souhaite pas encourager les pléonasmes. Mais pas la compagnie Interforum, qui me renvoya une deuxième, puis une troisième lettre. La dernière se terminait ainsi: «Sans réponse de votre part sous 15 jours [quand je vous disais qu’ils n’ont pas le français à cœur], votre dossier sera remis à notre société de recouvrement, tous frais à votre charge.»
J’ai peine à croire qu’ils se seraient donné autant de mal pour 12 euros, mais comme ce n’est pas à leur charge, on ne sait jamais.
Je me suis donc rendue à la caisse ce matin pour acquitter ce compte. Savez-vous combien j’ai dû débourser? Au total : 25,82$, soit les 12 euros (17,27$), 7$ de traite bancaire pour convertir mes dollars en euros et 1,55$ de frais de poste.
À ce prix-là, je préfère aller chez Latulippe. Quelqu’un a-t-il besoin d’une canne à pêche?
Archives mensuelles : juin 2007
Bonheurs d’occasion #3
Trois romans québécois qui vont au fond des choses et qui ne veulent surtout pas épargner la sensibilité du lecteur. Trois romans écrits par des femmes talentueuses issues d’une nouvelle génération d’auteure qui apportent un souffle nouveau sur notre littérature.
Crève, Maman!, Mô Singh (XYZ) : Juste à lire le titre de ce roman, on sait un peu dans quel univers on risque de se retrouver. Il n’y a aucune ironie à y déceler. C’est direct, cru et dur. Tout à fait à l’image de cette histoire de haine entre une fille et sa mère. On se promène entre le présent et le passé alors que la mort éminente de la mère en question fait poindre une promesse de libération pour la fille. Sans concession ni considération pathologique, Mô Singh évite de tomber dans les clichés des rapports mère-fille habituels. Un premier roman réussi porté par un réel regard d’écrivain.
Soudain le minotaure, Marie-Hélène Poitras (Triptyque) : Avec cette histoire de viol où elle nous force à se mettre d’abord dans la peau du violeur et par la suite dans celle de la violée, Marie-Hélène Poitras a fait une entrée fracassante et remarquée dans l’univers des lettres québécoises qui s’est consolidée avec son recueil de nouvelles La mort de Mignonne. Avec raison, l’entrée fracassante. Elle va au bout de son sujet et rend souvent insupportable certaines scènes qui nous apparaissent, ma foi, assez réalistes. L’ensemble est extrêmement bien dosé. Les deux points de vue, plutôt qu’un seul, donne toute la force à ce roman dérangeant.
L’enfant dans le miroir, Nelly Arcan et Pascale Bourguignon (Marchand de feuilles) : Avec ce court texte, Nelly Arcan est fidèle à elle-même en exploitant le thème de l’enfance troublée par l’action des adultes. Le spectre de la mort qui rôde, la difficulté de devenir grand, l’image sexuée des fillettes et le regard dégradant des hommes sont autant de facettes de ce texte intense, tordu et viscéral. Les superbes illustrations glauques et psychédéliques de Pascale Bourguignon, qui signe également tout l’aspect typographique alors que le texte se mélange parfaitement à l’image, ajoutent de la profondeur et de l’étrangeté aux mots de l’auteure. L’un ne pourrait aller sans l’autre. Une curiosité très intéressante.
Flux… de paroles
Voici le courriel que j’ai reçu ce matin. Ce bulletin ainsi que le site Internet de ceux qui le produisent sont vraiment très intéressants. Je vous invite fortement à les consulter.
Flux… de paroles – bulletin linguistique de juin 2007
Bien chers collègues,
« Flux… de paroles » est un outil linguistique que nous sommes heureux de vous transmettre gratuitement une fois par mois. Ce bulletin rend compte des « querelles sur les mots ». Il y est question des difficultés de la langue française, qu’elles soient orthographiques, grammaticales ou syntaxiques. Pour télécharger une copie du bulletin de juin 2007, cliquez sur : www.ecritout.com/Bulletin/2007/juin2007.pdf
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Désormais, Flux… de paroles, le bulletin mensuel de la logomachie, est distribué à des milliers d’abonnés à travers le monde : Montréal et Paris, Bruxelles et Beyrouth, Tunis et Drummondville, Marrakech et Genève, et Dakar, et Lyon, et Québec, et… et…
Portez-vous à la défense de la langue de Molière! Promouvez le français.
Transmettez autour de vous, à vos correspondants, ce courriel avec le lien ci-dessous menant à la fiche d’inscription au bulletin d’Écritout.
Pour ceux désirant s’inscrire, cliquez ici : www.ecritout.com/Formulaires/FormulaireInscription.aspx
Bonne lecture!
Jean Aubé, M.B.A.
Vice-président, développement des affaires
Amjad
Hier, je suis allé voir le tout dernier spectacle de La La La Human Steps au Grand Théâtre de Québec. C’est la troisième fois que je voyais le travail d’Édouard Lock sur scène. Je garde un souvenir intense d’ Infante, c’est destroy avec une Louise Lecavalier au meilleur de sa forme (1991) et du sublime Exaucé (1998), la première de ses créations où il intégrait les pointes dans son processus créatif.
Avec Amjad, Edouard Lock continue son exploration de la danse contemporaine sur pointe. Cette fois-ci, il fait le pont directement avec la danse classique en réinventant à sa façon les plus grands ballets de l’époque romantique. Gavin Bryars, qui signe la musique, en a fait autant en s’inspirant de Tchaikovsky. Cet aspect est d’ailleurs très réussi. De voir et d’entendre un quatuor de musiciens sur scène pendant que les danseurs exécutent leurs mouvements ajoute de l’intensité et de la profondeur au spectacle. J’ai également beaucoup aimé les éclairages syncopés qui venaient créer un effet cinématographique pouvant rappeler les films des années 30.
Pour ce qui est de la chorégraphie elle-même, je suis resté sur ma faim. Amjad est peut-être encore trop proche de la facture classique. Edouard Lock n’est peut-être pas parvenu à se distancier suffisamment de son point de départ. Il y avait trop de répétition dans les mouvements, trop de retenu. Ça manquait de mordant, d’intensité et de folie. C’est bien que le chorégraphe ait voulu explorer d’autres avenues, mais l’ensemble manquait de force. J’attendais le moment où tout basculerait, où le romantisme tournerait au trash afin que nous entrions de plein fouet dans la modernité. J’ai attendu en vain.
Plusieurs numéros ont fini par me lasser. Par contre, d’autres m’ont tout simplement bouleversé par leur grâce et leur beauté. J’ai vécu trois moments magiques de trop courte durée. J’aurais préféré qu’ils se succèdent pendant 1h45, ces moments fabuleux. D’entre tous, je retiens celui où l’on voyait un danseur faire un long numéro sur pointe. Magnifique.
Après le spectacle, je suis rentré chez moi sous la pluie avec un léger sentiment de déception. Je me disais qu’Edouard Lock était peut-être allé au bout de ses pointes. On espère une prochaine création plus inspirée et inspirante.
Joseph-Elzéar Bernier encore à l’honneur
Le Musée national des beaux-arts du Québec est fier de s’associer au Musée maritime du Québec pour le lancement du film Kapitai-Kallak J.-E. Bernier, un documentaire réalisé par Robert Tremblay (Productions Vic Pelletier) relatant les histoires de voyages de l’un des plus illustres navigateurs canadiens.
Une première projection, ouverte à tous, se tiendra samedi prochain le 9 juin à 14h à l’auditorium du Musée national des beaux-arts du Québec, au Parc des Champs-de-Bataille.
Ce visionnement sera suivi d’une visite de l’ancienne prison de Québec qui fut dirigée par le capitaine Bernier de 1895 à 1998. Il faut réserver sa place pour cette visite guidée au (418) 247-5001.
Marjolaine Saint-Pierre, Bernièrologue attitrée, sera présente et pourra répondre à vos questions.
Une pêche miraculeuse pour Michaëlle Jean
Jeudi, le 17 mai dernier, l’Université de Moncton campus de Shippagan, (UMCS) recevait la visite de la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, et de son époux, Jean-Daniel Lafond.
Le chancelier, M. Louis R. Comeau, et le recteur et vice-chancelier, M. Yvon Fontaine, en ont profité pour remettre un cadeau à la gouverneure générale, soit le dernier livre du professeur Nicolas Landry de l’UMCS, intitulé Éléments d’histoire des pêches. C’est à ce moment que le recteur a informé Son Excellence que l’Université de Moncton ferait un don de 500 $ en son nom au nouveau fonds d’entraide de la Péninsule acadienne afin de souligner son passage à l’UMCS et dans la Péninsule acadienne.
Chute
C’est Geneviève Robitaille elle-même qui a demandé à son éditeur de me faire parvenir un exemplaire de Chute dont elle a écrit le texte en s’inspirant des photographies d’Ivan Binet. Elle sait que j’admire beaucoup son travail. J’avais fait une bonne recension d’ Éloge des petits riens dans le journal le libraire à sa sortie. J’avais aussi beaucoup aimé Mes jours sont vos heures paru précédemment chez Triptyque.
C’est plus qu’une excellente idée qu’elle a eu de me faire parvenir Chute, ça elle ne le sait peut-être pas. J’adore les œuvres littéraires qui s’inspirent de photographies. J’aime également beaucoup le travail que fait les éditions J’ai vu, une petite maison d’édition spécialisée dans ce genre d’ouvrage. Je garde un souvenir très fort de ma lecture de Projections écrit par Andrée A. Michaud et inspiré de photographie de d’Angela Grauerholz. Et, à titre d’auteur, je rêve de participer à un de leur projet.
Dans Chute, Geneviève Robitaille, qui souffre depuis plusieurs années d’une maladie dégénérative, s’inspire de la chute de son propre corps. Elle fait également un lien avec l’effondrement du World Trade Center. Le parallèle est très fort. Il faut dire que son écriture concise, précise et dépouillée de tout artifice ajoute de la puissance à ses idées. C’est franchement réussi.
Ivan Binet, lui, a photographié la chute Montmorency sous plusieurs angles en privilégiant les gros plans. Ça crée un effet d’abstraction et d’étrangeté dominé par le gris, le blanc et le vert. On se croirait dans un autre monde. Les photos sont réunies au centre du livre. Elles ne pouvaient pas être placées ailleurs. Après avoir lu la première partie du texte, lorsqu’on arrive aux photos, on est happé par le vacarme, le mouvement, la grandeur et le silence de cette chute. C’est asses particulier comme effet. On revient au texte de Geneviève Robitaille dans un autre état d’esprit. Après la perturbation vient le calme. En apparence seulement, le calme.
L’alphabétisation
Selon Michel Verrette (L’Alphabétisation au Québec, 1660-1900, Septentrion, 2002, p. 161: http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/livre.asp?id=297), le Québec a dû attendre la décennie de 1920-1930 pour atteindre l’alphabétisation complète.
N’empêche que, «selon les résultats de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA), près de 800 000 Québécois, âgés de 16 à 65 ans, se situent [aujourd’hui] au plus bas niveau des capacités de lecture» (Fondation pour l’alphabétisation, En ligne, [http://www.fqa.qc.ca/soussection1.php?section=1_2_2]). À ce niveau, ces Québécois sont considérés comme des analphabètes.
Il semblerait aussi qu’un «peu plus de 2 % des personnes analphabètes entreprennent une démarche d’alphabétisation, tandis que 98 % restent dans l’obscurité» (ibid.).
On entend, par personnes analphabètes, celles qui sont faiblement alphabétisées et qui, «dans leur langue maternelle, possèdent des difficultés importantes à lire, écrire et calculer dans la vie de tous les jours si le texte n’est pas clair et familier» (ibid.).
Vous pouvez soutenir la cause de l’alphabétisation en faisant un don à la Fondation, mais aussi, si vous avez un peu de temps libre, en agissant comme bénévole, soit en participant à des activités ponctuelles de cette organisation, soit en collaborant au projet de prévention de l’analphabétisme La lecture en cadeau ou encore, en apportant votre aide au sein d’un organisme d’alphabétisation de votre région selon ses activités et ses besoins. Un beau projet de bénévolat pour nous, n’est-ce pas? Pour plus d’information, rendez-vous sur le site Internet de la Fondation pour l’alphabétisation.