Ce billet intéressera sans doute ceux qui écrivent et qui rêvent d’être publiés.
J’ai reçu dernièrement le relevé annuel de mes ventes pour mon roman Cher Émile. Puisque mon livre en est à sa deuxième année d’existence, je ne m’attendais pas à grand chose. Quelle ne fut pas ma surprise de constater que j’étais plutôt dans le négatif avec un -48.60$ de droits d’auteurs.
Quand on connaît le fonctionnement de la mise en marché du livre, l’étonnement ne dure pas longtemps. Le -48.60$ indique simplement qu’il y a eu plus de retours de mon livre chez le distributeur que de ventes.
Avec le rayonnement que mon livre a eu et qu’il continue d’avoir, j’étais tout de même loin de me douter que mon relevé afficherait un tel résultat. En même temps, on devrait toujours s’y attendre compte tenu du contexte fragile qui prévaut dans le milieu littéraire québécois. Ça prouve aussi que, chaque fois que quelqu’un achète le livre d’un auteur, c’est un geste qui compte en bout de ligne.
Heureusement que mes rêves d’écrivain se sont transformés avec le temps. Je suis plus à même de vivre et de comprendre ce genre de situation. Je suis plus réaliste. Entre autre, je sais que ce que je vis par rapport à la réalité du marché est le lot de la plupart des auteurs.
Tout ça ne m’empêche pas de toujours avoir le goût d’écrire et d’être publié.
11 réflexions au sujet de « Chacun son métier #8 »
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La seule raison qui me pousse à croire qu’on puisse retourner Cher Emile c’est qu’on l’a reçu en cadeau alors qu’on l’avait déjà. Mais je trouve quand même ça un peu étrange. C’est vrai que moi je ne retourne JAMAIS rien au magasin. J’aurais trouvé à le donner à quelqu’un que j’aime à la limite.
doparano, ce n’est pas de ce type de retours dont on parle dans le monde de l’édition. Ce sont les invendus de certaines librairies qu’ils retournent chez le distributeur. Les librairies ont un an pour pouvoir retourner une nouveauté (beaucoup le font après trois mois seulement). S’ils ne le retournent pas après ce délai, ils sont pris avec. C’est pour cette raison qu’on trouve difficilement un livre en librairie un an après sa publication. C’est aussi pour cette raison que, dans un tel cas, il ne faut pas hésiter à passer une commande spéciale chez son librairie préféré pour l’obtenir.
C’est pour ça qu’il faut avoir un « vrai » boulot… ou des bourses du Conseil des arts. Mais quand on a vraiment envie d’écrire, on ne le fait pas pour l’argent. Et tu fais bien de le rappeler par ce billet.
En ce qui me concerne, je ne me fais aucune illusion. Faire de mon mieux, c’est tout ce qui est en mon pouvoir. J’espère juste que je ne « devrai » pas trop de sous à Septentrion!
En parlant de « devoir » de l’argent, la question me turlupine depuis la sortie de ton billet ; cela ne veut pas dire que TOI, tu dois $48.60 à Septentrion ? C’est juste que la maison d’édition est en-dessous et ne peut donc te donner de droit d’auteur cette année et qu’elle te met au courant de la situation. Je pose la question d’autant plus que Danaée mentionne qu’elle espère ne pas devoir de l’argent à Septentrion. Je doute de mon raisonnement tout à coup.
Faut dire que c’est la deuxième année que « Cher Émile » roule, ce qui est déjà pas courant au Québec. Habituellement, plus personne ne prend de risque et retire le tout après un an. Tu fais bien de dire que c’est une excellente solution : commander. Je ne me gêne pas pour le faire et parfois j’ai le bouquin 10 jours plus tard. Pas si mal !
Merci de la précision Eric
Il faut un métier pour gagner son pain et pouvoir écrire ou bien écrire autre chose que juste des romans. On peut toujours espérer vivre de son écriture quand on apprend que plusieurs le font mais ils ont souvent plusieurs cordes à leur arc (journalisme, traduction, enseignement de l’écriture, etc). En tous cas, si on veut écrire des romans, en effet, il ne faut pas courir après l’argent car on va courir longtemps.
Venise, je faisais une blague quand je disais espérer ne pas « devoir » de sous à Septentrion. Dans le sens où j’espère que les ventes n’iront pas trop mal… (quoique j’ai des attentes fort modestes à cet effet).
Éric te renseignera mieux que moi, mais je pense que ton raisonnement est le bon. Septentrion est dans le négatif pour Cher Émile et elle ne versa donc pas de droits pour le livre cette année. De là à dire qu’Éric aura à « payer » lui-même, je ne pense pas!
Danaée : Qui sait… Tu deviendras peut-être la prochaine Marie Laberge.
Éric : Peut-être que ton prochain roman sera plus populaire. J’ai confiance en toi !
De mon côté, je dois avouer que je « fantasme » à l’idée de faire un solde négatif de droits d’auteur. Mais pour ça, faudrait que j’écrive mon roman.
Éric paie déjà de sa personne au Septentrion
Effectivement, nous ne réclamons pas les montants négatifs, qui sont tout de même l’exception.
Notre contrat d’édition stipule que « L’Auteur accorde à l’Éditeur le droit [...] de vendre à ses frais, risques et périls, un ouvrage [...] »
Il faut savoir assumer !
L’éditeur qui assume les risques… il me semble que cela va de soi.
bonsoir
j’ai la facheuse habitude de laisser ma trace partout où je passe… surtout quand les billets me font réagir !
le milieu de l’édition a de quoi en effet rendre un auteur désenchanté. si on n’est pas marc lévy ou amélie nothomb, on n’a du mal à exister. quand on est un nouvel auteur, on est encensé, puis oublié sitôt le second roman publié, parce que forcément, il est moins bien que le premier…
c’est pourquoi j’ai préféré me diriger vers la critique, via mon blog. critique qui reste toujours positive, en fait, parce que je trouve toujours quelque chose de bien à dire sur les livres. je me décrirai comme un critique en herbe pas encore frustré pour descendre les livres.
l’important est de conserver ce goût pour la lecture, et de continuer à écrire, même si l’édition est un milieu décevant. et puis, il existe toujours des possibilités d’édition sur le net, à ne plus négliger !
bien à vous et bon courage !