La palme d’or

Le film de Laurent Cantet qui a remporté la Palme d’or a été le dernier à être présenté. J’avais déjà quitté Cannes. C’est quand même frustrant, surtout que j’ai à peu près vu tous les films de la Sélection officielle, c’est-à-dire ceux qui sont candidats à la Palme d’or.

Pour les autres prix, il n’y a pas de surprise, sauf peut-être le film de Ceylan pour lequel les avis étaient partagés. Un prix de mise de scène veut dire ce que l’on veut. Géniale ou alambiquée. Pour le prix d’interprétation féminine, j’aurais choisi Martina Gusman pour son rôle dans Leonora, mais je conviens que le choix de Sandra Corveloni pour la Linha de passe est tout à fait défendable.

Je suis bien heureux des prix accordés à Gomorra, Hunger, Che et aux frères Dardenne.

En somme, la cuvée 2008 était excellente et le jury a été à la hauteur.

Je fais suivre mon bilan avec mon palmarès de même que mes prédictions du 16, c’est-à-dire dès le début du festival, ce qui était un peu téméraire. Hunger de Steve McQueen n’était pas admissible à la Palme d’or, ce que je n’avais pas réalisé au début. En tant que premier long métrage, il pouvait concourir à la Caméra d’or, récompense ouverte à toutes les sélections: Sélection officielle, Un certain regard ( section parallèle), la Quinzaine des réalisateurs et la Semaine de la critique. Le court métrage de Denis Villeneuve, gagnant du prix de cette catégorie, était dans cette dernière sélection. On peut croire qu’il a nettement amélioré son travail de scénariste.

Clint Eastwood et Catherine Deneuve ont reçu des prix spéciaux pour souligner leur remarquable carrière. C’est bien, mais le problème de Eastwood est l’accueil que le public réserve à ses films. L’échange est à voir pour de multiples raisons dont la performance d’Angelina Jolie. Un autre oublié du jury: Valse avec Bachir du réalisateur israélien Folman. Présenté au tout début, on a peu à peu oublié l’émotion qu’il avait créé, tout le contraire de Entre les Murs (Cantet) qui fut le dernier.

Autre regret: j’ai manqué le film de Sorrentino ( Il Divo).

Cannes m’a paru bien sage cette année. Le soleil était rare et les États-Uniens plutôt discrets. La force de l’euro les gêne, mais ce n’est pas ce qui explique leurs hésitations devant des films comme Che. Le public des États-Unis est-il prêt? Il est grand temps de rétablir des relations normales avec Cuba. Bill Clinton aurait pu le faire, sa femme n’en aura pas l’occasion. Même pendant un Festival aussi prestigieux, la politique n’est jamais très loin!

Heureusement que Bouchard-Taylor ont attendu la fin.