Vous vous souvenez de la polémique autour du roman de Marie Darrieussecq Tom est mort? Philippe en est la cause.
Philippe, c’est le récit écrit par Camille Laurens suite à la mort prématurée de son fils qui n’aura vécu que deux heures dix minutes. Ça remonte à 1994. À la sortie de Tom est mort, elle a accusé Marie Darrieussecq de plagiat. En fait, on s’était rendu compte qu’il s’agissait plutôt d’une accusation de vol d’idées. C’était complètement aberrant. J’avais trouvé que Camille Laurens venait de faire un faux pas et je le pense toujours. Après avoir lu Philippe, force est de constater que le deuil de l’auteur n’est pas complété.
Toute cette histoire n’enlève absolument rien à la force de ce récit poignant et tellement meilleur que Tom est mort. Également supérieur à À ce soir de Laure Adler que j’avais beaucoup aimé à l’époque.
D’entrée de jeu, on est submergé par l’émotion et saisi par une tension. Il y a une force de frappe dans les mots et les images qu’utilise Camille Laurens que ça dépasse le simple récit détaillé d’un événement marquant. Non seulement on vit ce drame de l’intérieur, on est pris à témoin d’une mort qui n’aurait pas dû arriver.
C’est assez intense merci!
Philippe, Camille Laurens, Folio, 83 pages, 2008.
3 réflexions au sujet de « Philippe »
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Est-ce que je me trompe ou tu visites plus fréquemment les voix du vécu ces temps-ci ? Un accident de parcours peut-être ? Ce dernier est attirant et repoussant tout à la fois. Repoussant, pour le fleuve de nos larmes qui peut rejoindre l’océan de cette mère éplorée, pour avoir frôlé de trop près, l’erreur médicale, ou le deuil d’un enfant né, ou non.
Attirant, par l’écriture poignante tirée vers son paroxysme de ressenti et toute l’intensité dense qui se dégage d’une écriture en deuil.
Venise, j’ai toujours eu une attirance pour ce genre littéraire (je n’ai pas écrit Cher Émile sans raison). Je dirais plutôt que je fais un retour au source de ce que j’ai toujours aimé dans l’écriture. Et, ce retour, est, ma foi, très heureux.
J’ai beaucoup aimé « à ce soir » et du coup je n’avais pas envie de lire « Tom et mort », mais là tu me donnes envie d’essayer celui de Camille Laurens, même si le thème est dur