Je ne sais pas si c’est moi, mais on dirait que les salons du livre sont en perte de vitesse. Pire, le livre ne semble plus le principal attrait. On remplit des autobus scolaires pour faire gonfler les chiffres d’affluence. Les enfants, pour la plupart, ne sont pas préparés à cette visite. Ils courent partout ayant l’air de se demander ce qu’ils font là. Ils s’en foutent, ils ne sont pas en classe. Sinon, on y vient pour flâner seul ou en famille comme on va à une attraction quelconque pour passer le temps en espérant être content de sa visite. On fait le tour des allées sans vraiment prendre le temps d’entrer dans les stands. On cherche les choses gratuites ou les livres pas trop chers sans égards au contenu. Avant, cette pratique était réservés aux enfants. Elle s’étend maintenant aux adultes.
En région, c’est pire. Les principaux éditeurs ne prennent plus la peine de se déplacer. Ils savent que c’est perdu d’avance. Je leur donne maintenant raison. Les frais engendrés et l’énergie qu’on y met pour peu de résultat ne valent pas la peine. Je ne parle pas que de résultats de ventes. Je pense au peu d’intérêt que l’ensemble des visiteurs semblent manifester pour les trop nombreux livres que nous leur présentons. C’est décourageant.
Il y a un effet pervers au fait que les bons éditeurs ne participent plus à la plupart des salons du livre du Québec. On a ouvert la porte aux petites maisons d’éditions non reconnues, aux comptes d’auteur et aux vendeux de gogosses. Ils ont alors accès à des tribunes qu’ils ne méritent pas et le public ne fait pas la différence. Ça me navre.
Alors, je questionne de plus en plus la pertinence des salons du livre. En période de crise, le milieu du livre a-t-il besoin de maintenir ce genre d’événement ? Est-ce vraiment un véhicule promotionnel efficace ? Quels sont les objectifs visés par les organisateurs et ceux qui les financent ?
Si on prenait le temps d’analyser les choses froidement en toute honnêteté, je crois qu’on se rendrait vite compte que le but visé n’est malheureusement pas atteint. Il serait préférable pour tous d’investir ces sommes ailleurs. À mon avis, les salons du livre sont appelés à disparaître. Ce ne serait pas une si mauvaise chose.
9 réflexions au sujet de « Dans mon salon #2 »
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Je suis bien d’accord avec toi. Les vrais amoureux des livres s’ennuient dans les Salons du livre où l’on présente un ramassis de livres de recettes,de comment être heureux à deux, seul ou même à trois. C’est aberrant tout cela . A bas les Salons du livre et visitons plutôt nos librairies indépendantes qui essaient par tous les moyens de survivre.
J’étais en face du kiosque « 5e dimension » qui flashouillait en permanence. Je peux te le confirmer : la moitié des visiteurs se rassemblaient devant ces conneries. C’est décourageant.
C’est un peu pourquoi je suis revenu à Québec avant le temps.
C’est pour toutes ces raisons que j’ai abandonné mes visites aux salons du livre; les vrais salons, pour moi, se retrouvent dans les librairies indépendantes, chez les bonnes bouquinistes et dans le mien. Véhicule promotionnel efficace ? oui, pour les faiseux de recettes à gogo du jour, pour les has-been de comico-bio-grave-vie, pour les néo-ex-torturés de la strap-crack-claque, pour les rats conteux d’histoires d’enfants-rois en manque de twit.
La liste pourrait s’allonger mais je m’arrête ici, c’est préférable. Merci pour ce beau billet cher Éric.
Il est vrai que certains vendent des gogosses qui n’ont rien à voir avec les livres. Pas leur place.
Mais je crois que justement les salons en région sont ceux qui font le plus de place aux auteurs québécois et sont les plus agréables.
Honnêtement ce sont les salons du livre de Montréal (surtout) et Québec qui perdent leur rôle au fil des années. On n’y voit que les vedettes, pas les écrivains.
L’an dernier René Angelil et plusieurs autres. Les auteurs québécois y sont relégués dans les petits coins. Sauf les vedettes. Bref si on doit questionner la tenue de salon, ce n’est pas ceux en région qui sont vraiment les plus agréables.
Depuis quelques semaines, je discute salon avec plusieurs personnes du milieu du livre: distributeurs, éditeurs, auteurs, etc. Tous arrivent à la même conclusion : les salons en région sont amenés à disparaître.
Je trouve important que ces événements demeurent. On se plaint que le lectorat diminue. Je crois qu’il n’y a rien comme une rencontre entre les auteurs et les lecteurs pour donner le goût aux gens de plonger dans des livres. Si les salons en région disparaissent, quelles autres occasions les lecteurs auront-ils pour rencontrer les auteurs?
Dans leur forme actuelle, les salons n’atteignent pas leurs objectifs. D’ailleurs, quels sont ces objectifs? Vendre des livres? Présenter une diversité de livres aux visiteurs pour nourrir leurs listes de Noël? Permettre la rencontre entre le public et le milieu du livre? C’est un échec. On n’atteint pas le public. Il faut donc réinventer les salons. Mais comment?
Les animations dans les salons n’attirent pas les foules. Pourquoi? De quoi les visiteurs ont-ils envie d’entendre parler?
Et les séances de signature… Pas beaucoup d’interaction, l’auteur condamné à faire des sourires aux passants qui n’osent pas s’approcher. C’est intimidant. Pas que pour les lecteurs!
Les enfants n’arrivent pas préparés au salon. Pas étonnant : les enseignantes et enseignants n’ont pas de crédits obligatoires en littérature jeunesse dans leur formation.
Alors, on fait quoi? Une fête du livre par région sans déplacer des tonnes de stocks (qui implique de faire des tonnes de boîtes, de dépenser des tonnes de carburant pour le transport, refaire des tonnes de boîtes et dépenser encore des tonnes de carburant…)? Plus de rencontres d’auteurs en librairie, dans les écoles (du primaire à l’université!), en bibliothèque, dans d’autres événements? Il est temps d’y réfléchir sérieusement…
Je me questionne sur la place des salons du livre dans l’univers du divertissement: l’offre (pas seulement culturelle) ne dépasserait-elle pas tout simplement la demande? Y a-t-il assez de monde au Québec, villes et régions confondues, pour à la fois remplir les salles de théâtre, de danse, les shows de chanson émergente ou de cinéma expérimental, les foires, les festivals, les spectacles d’humoristes, et tous les salons (de l’auto, du plein-air, du mariage, du couple, des beaux-frères, de la joie de vivre, en veux-tu, en v’là) et bien sûr les événements littéraires…? Le public, face à tant de choix, devient forcément blasé.
Dans leur format actuel, les éditeurs ne font pas leurs frais et (je réfère au commentaire de Laurence Aurélie) c’est plutôt gênant pour un auteur de se déplacer pour signer deux livres et serrer trois mains.
Quelle serait la solution? Plus d’interactivité? Des rencontres d’auteur sur Skype, Moodle ou Elluminate? Je ne sais pas… Mais apparemment, il devient difficile de tirer son épingle du jeu, dans cette multiplicité de divertissements possibles.
Je me suis longuement demandé l’utilité des Salons du livre, je veux dire voici quelques années quand je n’avais pas un pied dans le milieu. Je n’alignais que des chiffres dans ma tête : payer pour entrer dans un endroit où je peux rentrer gratuitement à longueur d’année ? C’est quoi l’idée de donner le prix de la moitié d’un livre pour arpenter un endroit bondé ?
Depuis 2 ans, je me suis répondu, de mon côté des choses bien entendu : un Salon du livre, ça vaut la peine. Pour trouver le livre qui autrement, on tient seulement 3 mois sur les tablettes des libraires est la première raison, ensuite rencontrer l’auteure oui, ça m’intéresse, même si ça réclame une méchante organisation pour faire concorder 5 à 6 écrivains dans le laps de temps qu’on y consacre normalement. Et l’ambiance, l’effervescence que j’y sens.
Je connais maintenant de nombreuses personnes, des blogueuses essentiellement, pour qui c’est un happening et qui viennent passer la fin de semaine complète à Montréal ou Québec, et qui ont une liste très longue et reparte le sac bondé de livres et qui en profitent pour se rencontrer, échanger.
Mais pas en région, et surtout pas dans MA région, c’est à dire le Salon du livre de l’Estrie. Je suis absolument désolé de le dire, mais je déprime à me balader entre les rangées. Il n’y a pas d’ambiance, je n’y sens pas la fièvre du livre, plutôt l’ennui.
Nous y avons été vendredi par obligation et je n’avais pas vérifier les écrivains présents, et en prenant connaissance du programme, j’ai réalisé que AUCUN de ceux que je désirais rencontrer tenait un kiosque (choix de l’éditeur).
Mon mari est illustrateur et bédéiste dans la région, c’était justement le Salon s’illustre soulignant l’apport des illustrateurs et n’aurait été de l’Association des auteurs, son album n’aurait pas été offert. Quand j’ai proposé directement à la directrice que l’album soit au moins offert dans la section spéciale bande dessinée : elle m’a répondu que c’était destiné aux « gros vendeurs » et a rajouté, un peu pour s’excuser, que le Salon se devait d’être lucratif.
Disons que ça commence à faire un chemin dans ma tête et c’est très malheureux. Je continue à avoir beaucoup de plaisir à aller aux Salons des grands centres : Montréal et Québec pour les nommer, mais l’Estrie, je vais le déserter. Et ce qui me consterne, c’est qu’il m’apparaît que c’est pourtant en région qu’on a le plus besoin de se tenir près du livre puisque l’on est moins servi par les librairies, par exemple, une seule indépendante à Sherbrooke !
A Québec le Salon du livre a toujours eu le vent dans les voiles; ça peut avoir changé, mais je ne croirais pas, même si je ne suis pas allée au Salon cette année. L’an dernier j’y suis allée et j’avais une raison inusitée de le faire puisque j’avais fait la connaissance d’une auteure, Violette Aimée, venue de Suisse à l’occasion du Salon de Québec; mais la journée où je suis allée je ne l’y ai pas vue, puisqu’elle était partie la veille pour Ottawa. J’ai tout de même rencontré Claire Martin que je voyais pour la première fois et lui ai dit: ressemblez à mon auteure Violette.
Je n’ai pas de pied dans le milieu; je ne suis qu’une fille qui aime lire. Qui aime acheter des livres aussi, mais ça, c’est une longue histoire.
J’aime les salons de Montréal et de Québec, mais j’avoue que je les aime surtout parce que j’en profite pour retrouver d’autres personnes qui aiment lire et pour visiter les kiosques et discuter avec les auteurs en leur compagnie (suis trop gênée pour y aller toute seule… une vraie enfant). J’habite en région où on n’a vraiment pas tout et si c’est bien de commander, c’est encore plus « satisfaisant » de fouiner et de trouver!
Par contre, au salon du livre de ma région, c’est une autre histoire. Il n’y a presque rien de plus qu’en librairie et à cause de la configuration, si on y va dans les moments où il y a beaucoup d’animation, on ne peut même plus passer, encore moins discuter avec un auteur. Bref, je n’y vais plus ou alors rapidement, en fin de journée, quand on peut bouger et respirer. Je me questionne aussi sur les salons en région… malheureusement, je ne sais plus si c’est viable…