Une des questions qui inquiètent le plus les personnes intéressées par le système politique que je préconise est : combien de gens seraient prêts à devenir membres et à s’impliquer dans les Regroupements pour la bonne gouvernance ?
Comme je ne possède pas de boule de cristal, je suis incapable de fournir une réponse catégorique à cette question. On peut cependant poser quelques jalons pour orienter les réflexions à ce sujet.
Un certain pourcentage de la population s’implique déjà par différents moyens dans le débat politique. Sans compter la participation électorale, ces moyens sont : les partis politiques, les mouvements citoyens, les manifestations et marches de protestation, les tribunes téléphoniques, les lettres ouvertes dans les journaux, les courriels adressés aux députés et ministres, les commentaires dans les blogues des journalistes et chroniqueurs politiques, etc. Un sondage pourrait fournir des données à ce sujet, mais si je devais risquer une réponse, je dirais entre 5 et 10%.
Les citoyens hésitent à s’impliquer non par manque d’intérêt, mais parce qu’ils sont conscients que ça ne donne pas grand-chose. À moins qu’il ne s’agisse d’un sujet particulièrement préoccupant qui assure une mobilisation extraordinaire, par exemple la question des gaz de schiste, les gens ne voient pas d’intérêt à consacrer du temps et des efforts à une action politique.
Qu’en serait-il cependant si les membres de l’Assemblée nationale se disaient prêts à entendre ce que pense la population, si les gens se sentaient écoutés et si tout le système politique était orienté de façon à entretenir un dialogue entre les dirigeants et le public ?
Une des conditions essentielles de la participation est que l’information soit disponible. Dans le contexte actuel, les partis politiques, les ministres et les fonctionnaires fournissent le moins d’information possible et les gens ont l’impression que l’information qui est donnée est systématiquement biaisée par des considérations partisanes. Une des règles de base de la démocratie participative est que toute l’information et toutes les données disponibles soient mises à la disposition du public. Les Regroupements se chargeraient de synthétiser cette information pour la mettre à la portée des gens et favoriser des débats fondés sur des faits plutôt que sur des idéologies, des préjugés ou les lignes de presse des partis politiques. Le débat ne se ferait pas sur des affirmations à l’emporte pièce des uns et des autres, mais sur les faits connus. Et si l’information était insuffisante, on n’hésiterait pas à commander de nouvelles études.
Si les gens sont convaincus que les décisions ne sont pas prises à l’avance au bénéfice des groupes d’intérêt puissants ou bruyants et s’ils sont persuadés que leurs interventions seront prises en compte, combien seraient disposés à consacrer du temps et des efforts à se faire entendre afin d’arriver à de meilleures politiques publiques ? Chacun peut risquer une réponse à cette question. La mienne est : entre 10 et 20% de la population.
Considérant que la population adulte du Québec compte près de six millions de personnes, les Regroupements pourraient rassembler entre 600 000 et 1 200 000 participants. On peut croire que ces personnes parleraient des enjeux publics aux membres de leur famille et à leurs amis, collègues de travail, voisins et connaissances. Outre le fait qu’il serait impossible de noyauter des groupes aussi imposants de personnes, l’ampleur du débat public ferait de la démocratie participative une réalité incontournable dans la conduite des affaires publiques.
3 réflexions au sujet de « Combien de gens seraient prêts à s’impliquer dans les Regroupements ? »
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Si l’on prend en compte les citoyens tannés de payer des impôts pour maintenir un réseau d’éducation non performant, un système de santé inefficace et un ministère des Transports qui enrichit les firmes d’ingénieurs et les compagnies de construction, je dirais que ce sont plutôt 75% des gens qui voudront s’impliquer.
En effet, le nerf de la guerre de cette nouvelle démocratie réside dans le nombre de citoyens qui voudront faire partie des divers regroupements. S’il n’y en a pas suffisamment, le système tombera à l’eau. Serait-il possible de prévoir d’une façon ou d’une autre ce qu’il est serait ?
Il me semble qu’une façon possible serait la création d’un parti politique nommé « conseil de la bonne gouvernance » qui mettrait en branle les regroupements. Étant donné que les membres doivent payer une cotisation, ce serait un premier pas pour voir si cela suscite l’intérêt ou non de la population.
Advenant l’élection de ce parti politique il mettrait évidemment en exécution cette nouvelle démocratie.
Je ne serais pas surpris, à voir la façon dont les Québécois votent en moment, que celui-ci se fasse élire.
La démocratie participative? Impossible d’être contre la vertu, surtout quand on constate le mauvais usage qui est fait de la démocratie par délégation.
Or, si l’on se base sur ce qui se passe quand une organisation, quelle qu’elle soit fait appel à la «participation citoyenne», alors que l’on voit accourir ceux que j’appelle les «professionnels de la participation», il y aurait du travail à faire.
C’est que, voyez-vous, la majorité des gens est occupée à «gagner sa vie» et n’a pas le temps de s’engager qui au C.A. de la garderie, qui de la caisse pop.,qui du CSSS de sa région et quoi encore?
Si la participation se limite alors à ceux et celles qui ont le temps ou qui ont des intérêts immédiats à défendre, démontrant ainsi la pertinence de l’aphorisme voulant que «l’intérêt est (soit) la mesure de l’action», on risque de se retrouver avec des groupes sérieusement distorsionnés et dysfonctionnels.
Je préférerais que l’on fasse un sérieux ménage dans la démocratie de délégation et que l’on voie à ce que l’éthique reprenne la place qui lui revient dans la conduite de la Cité.
Pour cela, il faudrait que l’on cesse de faire semblant de ne pas voir ce qui est évident et de traiter en gentleman des gens qui, de toute évidence, n’en sont pas et nous le savons.
«Vaste programme» dirait encore une fois un certain Général. Et il aurait raison.