Le 3 décembre 2011, La Presse publiait une entrevue avec Glenn Greenwald, avocat et commentateur politique américain, au sujet de son dernier livre With Liberty and Justice for Some (Metropolitan Books, New York, 2011). Ce livre fait la démonstration que les riches et puissants peuvent enfreindre la loi en toute impunité aux États-Unis. L’auteur cite, entre autres, l’ex-président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan qui déclarait devant une commission du Congrès que la débâcle des subprime avait été causée par «de la fraude pure et simple».
Selon Greenwald, l’élite financière contrôle les dons politiques et les politiciens ne sont pas prêts à faire appliquer la loi contre des gens qui les financent. Il précise que c’est valide autant pour les Républicains que pour les Démocrates. À son avis, en choisissant de satisfaire l’élite, de voter des lois et des mesures qui l’avantagent, les politiciens ont perdu contact avec la réalité des électeurs. Il indique que c’est un constat que font de plus en plus de gens et que ce n’est pas terminé.
Un ex-journaliste du Wall Street Journal, Ron Suskind, confirme cet état de choses dans un livre intitulé Confidence Men (HarperCollins, Toronto, 2011). Il dévoile comment les principaux conseillers économiques de Barack Obama se sont accoquinés avec les dirigeants des grandes banques américaines pour préserver les privilèges de l’élite financière et leur capacité de détourner des milliards de dollars à leur profit. Les principaux hauts fonctionnaires mis en cause sont Rahm Emanuel, Chef de cabinet de la Maison Blanche, Larry Summers, Directeur du Conseil économique national, et Timothy Geithner, Secrétaire au Trésor. Le président Obama était bien conscient lorsqu’il a nommés ces individus qu’ils étaient des amis de Wall Street, mais comme les banquiers avaient financé sa campagne électorale, il ne pouvait pas les mécontenter. Pour plaire à sa base électorale, il a cependant désigné à des postes moins importants deux adeptes de la réforme du secteur financier, Christina Romer au poste de présidente du Conseil des affaires économiques et Elizabeth Warren au poste de responsable du Bureau de protection financière du consommateur. Ces deux femmes ne faisaient cependant pas le poids devant les élites financières, tous des hommes.
Barack Obama aura encore besoin de l’argent de Wall Street pour se faire réélire en novembre 2012. Il demeurera prisonnier des riches et puissants. En cela, il n’est pas différent de nos politiciens canadiens et québécois. Voilà une autre démonstration du fait que notre système de démocratie élective est perverti par l’argent.
Une réflexion au sujet de « Wall Street »
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Les élections présentent un paradoxe surprenant : alors que les gens croient qu’elles permettent de choisir les dirigeants, dans les faits elles donnent aux riches et puissants le pouvoir de contrôler les élus. Le peuple se fait entuber avec l’instrument qui devrait assurer sa suprématie.