C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès d’Alain Asselin, auteur prolifique, avec ses collègues Jacques Cayouette et Jacques Mathieu de la série Curieuses histoires de plantes du Canada. Nous tenions à lui rendre hommage.
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13 août 2012. Jacques Mathieu, grand professeur émérite d’histoire de la Nouvelle-France, me fait part d’un projet un peu fou en histoire botanique. Deux zélés érudits sont en train de compléter une formidable recherche sur les plantes reliées au Canada. Les plantes indigènes consommées ici, exportées en Europe ou ailleurs dans le monde, mais aussi les plantes apportées par les colons.
C’est ainsi que j’ai fait la connaissance d’Alain Asselin et de son comparse Jacques Cayouette. Le premier était biochimiste, le second botaniste. Ensemble, ils écumaient les archives et dénichaient toutes sortes d’histoires et d’anecdotes autour de leur marotte, les plantes. Cayouette avait accès à une prodigieuse bibliothèque de planches botaniques. Le matériel était somptueux, mais encore fallait-il donner du sens à tout ce matériel.
Une première lecture du manuscrit est vite suivie d’une rencontre. À force de triturer le matériel, on s’entend sur un concept : des chapitres courts, très illustrés, entrecoupés d’encadrés anecdotiques. Les Curieuses histoires de plantes du Canada sont nées.
Avec Jacques Mathieu en renfort, ce premier trio allait nous pondre l’un de nos plus beaux livres. Un ouvrage unique… ou presque ! Le livre à peine sorti des presses, Alain, avec son sourire malicieux, avoue être déjà au travail pour un second tome. Retenez que second signifie qu’il n’y aurait pas de suite. Pourtant, il nous refera le coup à trois reprises, le tome 5 étant publié en février 2023.
Pour se rendre jusque-là, il fallait une force de travail incomparable, mais, surtout, faire preuve d’un grand plaisir dans l’écriture. Alain aimait son sujet, certes, mais avant tout il adorait le partager. Dans les salons du livre, il accrochait de sa bonne humeur légendaire les malheureux badauds qui s’approchaient trop près de son pupitre. « Mangez-vous des fraises ? » lançait-il. Devant la réponse affirmative, il enchaînait : « Saviez-vous que le pape aussi ? D’ailleurs, on retrouve des fraises de l’île d’Orléans dans les jardins du Vatican. » Ça y était, il avait ferré son poisson, il ne restait plus qu’à lui mettre un livre en main et le tour était joué.
C’est ce souvenir que nous allons garder d’Alain : cette passion qui l’animait, son amour pour le savoir et son désir de le partager. Où que tu sois, Alain, j’espère que tu sais maintenant si les raisins poussent en grappe au Valhalla !
Gilles Herman, au nom de toute l’équipe du Septentrion
