Dans ma dernière rubrique sur les comptes d’auteurs, Jules, avec ses questions toujours aussi pertinentes me demandait ceci : Si tu n’avais pas eu l’opportunité d’être publié par une maison d’éditions, aurais-tu tenté de faire comme eux?
Je dois répondre non en y apportant certaines nuances.
Si j’ai déjà réfléchi à l’idée de publier à compte d’auteur c’est en grande partie à cause de mon entourage. De manuscrits en manuscrits refusés, face à mon découragement de toujours devoir recommencer, mes proches soulevaient souvent cette possibilité. Ma réflexion n’allait jamais très loin en ce sens puisque j’ai toujours partagé les préjugés (un peu fondés) relatifs au compte d’auteur. Pour ma satisfaction personnelle, je n’aurais pas été fier de me publier pour atteindre le but que je m’étais fixé en tant qu’écrivain. Être publié par une maison d’édition reconnue viendrait souligner et légitimer, d’une certaine façon, la qualité de mon travail d’écriture.
J’ai donc persévéré.
Mon premier roman à voir le jour (Martel en tête) était le quatrième manuscrit que je faisais parvenir aux éditeurs. En fait, on pourrait même dire le cinquième puisque la version publiée par les Intouchables était une réécriture complète de la première. Mon rêve se réalisait après près de dix ans de dur labeur.
Tous ces refus essuyés pendant toutes ces années m’ont été nécessaires et salutaires. Ils m’ont permis de façonner mon écriture, de mieux me positionner face au milieu de l’édition et surtout de me dépasser. Avec le recul, je dois également avoué que les éditeurs ont eu raison de refuser mes premiers manuscrits. Ils n’étaient tout simplement pas aboutis. Grâce à tout ça, je possède maintenant une réelle démarche d’écriture.
C’est de cette façon qu’il faut voir les refus. Il faut mettre son orgueil et son égo de côté au profit d’une certaine humilité, essayer de comprendre pourquoi, recommencer et persévérer. Ce n’est pas parce qu’on parvient à achever un projet de roman qu’il est nécessairement publiable. Il faut savoir le reconnaître. Il est trop facile de jouer les incompris, de crier à l’injustice en disant que tous les éditeurs font du favoritisme en ne publiant que les auteurs faisant partie de leur petite clique et toutes ces foutaises pour ne pas voir la vérité en pleine face.
En conclusion, je dirais que le compte d’auteur peut être une solution, mais il faut faire attention car elle n’est peut-être pas la meilleure à long terme.
2 réflexions au sujet de « Chacun son métier # 5.1 »
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Aïe, aïe, aïe, tu me mets de la pression… je devrai être pertinente dans tout mes commentaires maintenant! De plus, je constate que mes écrits se retrouvent souvent chez toi, je vais commencer à exiger des droits d’auteur… (à compte personnel, bien entendu!!). Sérieusement, je trouve que ta démarche est très louable; il faut avoir la sagesse d’accepter ses lacunes et avoir la volonté de s’améliorer, de se pousser à fond… Malheureusement, ce n’est pas donné à tout le monde. Peut-être que pour certains, la réalisation d’eux-mêmes s’arrête à la dernière page de leur manuscrit… ce qui n’est point ton cas, c’est évident! Tiens, j’ai envie d’être « pertinente-curieuse » une fois de plus et de te demander autre chose… Est-ce qu’une fois qu’on a été publié dans une maison d’éditions, on ressent la pression (de soi-même ou de cette maison) de soumettre un autre projet d’écriture?
Si je ressens de la pression ou pas? Aucunement de mon éditeur et ça ajoute au plaisir de création. Par contre, puisque « Cher Émile » a rejoint un plus large public que mon premier roman, je croise beaucoup de lecteurs qui me questionnent à savoir quand sortira le prochain. Cet aspect est nouveau pour moi et ça crée une agréable petite pression. L’acte d’écrire est maintenant plus concret pour moi et c’est une des belles choses qui pouvait arriver à l’auteur que je suis devenu.