Trois romans québécois qui vont au fond des choses et qui ne veulent surtout pas épargner la sensibilité du lecteur. Trois romans écrits par des femmes talentueuses issues d’une nouvelle génération d’auteure qui apportent un souffle nouveau sur notre littérature.
Crève, Maman!, Mô Singh (XYZ) : Juste à lire le titre de ce roman, on sait un peu dans quel univers on risque de se retrouver. Il n’y a aucune ironie à y déceler. C’est direct, cru et dur. Tout à fait à l’image de cette histoire de haine entre une fille et sa mère. On se promène entre le présent et le passé alors que la mort éminente de la mère en question fait poindre une promesse de libération pour la fille. Sans concession ni considération pathologique, Mô Singh évite de tomber dans les clichés des rapports mère-fille habituels. Un premier roman réussi porté par un réel regard d’écrivain.
Soudain le minotaure, Marie-Hélène Poitras (Triptyque) : Avec cette histoire de viol où elle nous force à se mettre d’abord dans la peau du violeur et par la suite dans celle de la violée, Marie-Hélène Poitras a fait une entrée fracassante et remarquée dans l’univers des lettres québécoises qui s’est consolidée avec son recueil de nouvelles La mort de Mignonne. Avec raison, l’entrée fracassante. Elle va au bout de son sujet et rend souvent insupportable certaines scènes qui nous apparaissent, ma foi, assez réalistes. L’ensemble est extrêmement bien dosé. Les deux points de vue, plutôt qu’un seul, donne toute la force à ce roman dérangeant.
L’enfant dans le miroir, Nelly Arcan et Pascale Bourguignon (Marchand de feuilles) : Avec ce court texte, Nelly Arcan est fidèle à elle-même en exploitant le thème de l’enfance troublée par l’action des adultes. Le spectre de la mort qui rôde, la difficulté de devenir grand, l’image sexuée des fillettes et le regard dégradant des hommes sont autant de facettes de ce texte intense, tordu et viscéral. Les superbes illustrations glauques et psychédéliques de Pascale Bourguignon, qui signe également tout l’aspect typographique alors que le texte se mélange parfaitement à l’image, ajoutent de la profondeur et de l’étrangeté aux mots de l’auteure. L’un ne pourrait aller sans l’autre. Une curiosité très intéressante.
4 réflexions au sujet de « Bonheurs d’occasion #3 »
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Ce livre doit être très dur, mais interessant. Une porte de plus qui s’ouvre sur la détresse humaine, et sa part d’ombre.
le premier commentaire était pour « crève maman ».
Aujourd’hui, je me suis interessée à Nelly Arcan, que je ne connais pas du tout, la maison d’édition marchand de feuille non plus. Mais le sujet de ce livre est cruellement d’actualité, et a l’air d’être traité avec originalité. L’idée du livre illustré me plaît particulièrement.j’ai découvert dernèrement organic éditions , et les livres de sa collection « petite bulle d’univers » qui propose des nouvelles graphiques.Ils me plaisent beaucoup. j’apprécie de découvrir un texte, et des oeuvres plastiques, en même temps.
Je viens de terminer ce matin « Une situation légèrement délicate » de Mark Haddon : c’est un livre idéal pour l’été , c’est léger, le rythme est bon dû aux chapitres très courts et les sujets ne sont pas sans intérêt puisque l’on traite de la vie à deux, de couple n’ayant plus l’intérêt l’un pour l’autre, de la retraite et de l’homosexualité.J’ai passé de beaux moments avec cette lecture même si ce n’est pas de la haute voltige littéraire. Parfois ça fait du bien d’aller vers le léger.
Peu de personnes ont lu ou parle de L’enfant dans le miroir. Je me souviens l’avoir feuilleté. J’avais décidé de ne pas l’acheter, il y avait si peu de texte et c’est Nelly Arcan qui m’intéressait. J’ai eu l’impression que j’en aurai pas pour ma grosse dent. Aujourd’hui, tout est là pour que je m’en souvienne…
J’ai lu La mort de Mignonne et comme j’y ai découvert une écrivaine assumée, je lirai Soudain le minotaure, c’est écrit dans le ciel.
Le premier, j’ai lu des critiques et me demande encore si j’ai le coeur assez solide. Peut-être un peu plus maintenant que j’ai réglé mon passé mais quand même pas sûre … quand tu as de la difficulté à dire le titre, c’est pas bon signe !