Il ya plusieurs années, je découvrais le travail de la chorégraphe Ginette Laurin avec La vie qui bat, un spectacle tout en mouvement et en émotion d’une sensibilité humaine remarquable. J’en garde un souvenir impérissable, un des plus beaux spectacles de danse contemporaine que j’ai vus.
C’est un peu dans cet esprit que j’allais voir cette étude #3 pour cordes et poulies, ma seconde expérience avec la troupe d’O vertigo.
Si, avec cette dernière création, Ginette Laurin exploite toujours l’idée du mouvement humain, cette fois-ci, elle s’attarde à celui qui nous lie et qui nous empêche d’avancer comme on le voudrait. D’ailleurs, le spectacle aurait pu s’intituler Mouvements interrompus. Les cordes et les poulies, qui sont au cœur de cette chorégraphie, symbolisent très bien cette idée. Les danseurs sont presque continuellement attachés rendant difficiles tous mouvements vers l’autre ou une certaine liberté. Lorsqu’ils ne le sont pas, les mouvements sont saccadés, rarement libres. Qu’ils soient projetés dans les airs, qu’ils s’élancent sur la scène ou qu’ils se roulent sur le sol, les corps se font lourds et ne peuvent se défaire de leur gravité.
Il y a de très beaux moments, des images très fortes, mais c’est trop furtif. L’ensemble est légèrement aride, un peu lourd justement, comme ces corps cloués au sol. J’aurais aimé que le mouvement fluide se fasse plus présent pour échapper à cet hermétisme étouffant. En même temps, je comprends la démarche de Ginette Laurin qu’elle a probablement réussie puisque, comme spectateur, elle ne m’a pas du tout laissé indifférent.