J’avais remarqué pour la première fois les livres de Christopher Isherwood il y a quelques années alors que je travaillais encore en librairie. Des rééditions en format poche m’avaient donné envie. J’avais retenu le nom sans rien faire d’autre.
À l’automne, dans une bouquinerie près de chez moi, je suis tombé sur Le mémorial que je me suis empressé d’acheter à un prix dérisoire. Il s’est retrouvé dans mes trop nombreux titres à lire.
Il y a à peine un mois, comme premier film de l’année, je suis allé voir au Clap Un homme au singulier de Tom Ford adapté du roman du même nom signé Christopher Isherwood. Film que j’ai tout simplement adoré qui allie habilement esthétisme et profondeur psychologique.
Habité par ce que j’avais vu et ressenti, il me fallait poursuivre l’aventure en me plongeant dans l’univers romanesque de Isherwood. Je n’ai eu qu’à tendre la main pour lire Le mémorial. Dans ce roman, on suit plusieurs membres d’une même famille après la première guerre mondiale sur une période de neuf ans qui nous est présentés en quatre temps dans un ordre qui ne respecte pas le chronologie. Ils subissent tous, chacun à leur façon, la petite onde de choc laissée par la guerre.
L’ambiance générale qui s’en dégage est très forte et les intentions des personnages finement décrites. Deux aspects qu’on retrouvait également dans le film de Tom Ford. Même si ce n’est pas un grand roman, l’expérience a été suffisamment concluante pour avoir envie de découvrir d’autres oeuvres de Isherwood.
Les meilleurs réassorts de janvier 2010
Voici les dix titres du Septentrion qui ont été le plus recommandés par les librairies en janvier chez notre distributeur (Dimedia) :
1. Les Chroniques d’une mère indigne tome 1 de Caroline Allard (hamac-carnets)
2. Les Chroniques d’une mère indigne tome 2 de Caroline Allard (hamac-carnets)
3. Le Boréal Express 1524-1760 de Gilles Boulet, Jacques Lacoursière et Denis Vaugeois
4. Une histoire du Québec racontée par Jacques Lacoursière
5. À table en Nouvelle-France de Yvon Desloges
6. Brève histoire socio-économique du Québec (quatrième édition), John A. Dickinson et Brian Young
7. Les Fonctionnaires, Jean Laliberté
8. Histoire populaire du Québec tome 1 de Jacques Lacoursière
9. Mirabel en histoires, Gilles Boileau
10. Quand le vent faisait tourner les moulins, Gilles Deschênes
Paradis, clef en main
Le 29 août dernier, dans un billet consacré à la rentrée littéraire automnale, je disais ceci de Paradis, clef en main : Plus qu’une curiosité pour moi. J’avais littéralement été happé par l’écriture de Putain et Folle. À ciel ouvert m’avait rendu sceptique. Ce nouveau titre est peut-être un rendez-vous ultime entre elle et moi.
À peine un mois plus tard, Nelly Arcan s’enlevait la vie. Comme des milliers de gens, sa mort m’a beaucoup secoué. Malgré ce tragique événement, j’ai tout de même envie de parler de son dernier roman de la même façon que je l’aurais fait s’il n’était pas survenu.
Le rendez-vous ultime vient d’avoir lieu car je viens tout juste de terminer la lecture de Paradis, clef en main paru chez Coups de tête. Je dois faire un aveu difficile : à part les deux premières pages du roman et une dizaines d’autres vers la fin, le destin d’Antoinette Beauchamp n’est pas parvenu à me toucher. J’ai eu l’impression de tourner en rond autour du bobo sans que je puisse aller dans la plaie. J’étais prêt à y aller, je croyais que j’irais. J’hésitais même à commencer la lecture de ce livre pour cette raison. Finalement, ça s’est fait sans douleur et sans émotion.
Ce n’est pas un mauvais roman pour autant (il est supérieur à À ciel ouvert), mais Nelly Arcan avait mis la barre tellement haute avec Putain qu’il est difficile après de surpasser cette force, cette intensité et cette urgence de dire qu’on y retrouvait.
Si on n’a jamais lu Nelly Arcan, Paradis, clef en main est certes une bonne façon d’entrer dans son univers.
Denis Vaugeois reçoit le prix René-Chaloult 2009
Toute l’équipe du Septentrion est heureuse de souligner l’attribution du prix René-Chaloult à Denis Vaugeois. Ce prix, remis par l’Amicale des anciens parlementaires du Québec, entend souligner l’exemplarité de la carrière d’un ex-parlementaire. Notons également l’imposant travail de Denis Vaugeois, comme auteur et historien, sur des titres comme Le Boréal express, La Mesure d’un continent, America et L’Amour du livre.
Le même organisme a décerné le prix Jean-Noël Lavoie à Fabien Roy, auteur du livre Député à Québec et à Ottawa… mais toujours Beauceron, pour son engagement particulier au sein de l’Amicale des anciens parlementaires du Québec.
Félicitations aux deux lauréats!
Dolce agonia
Avant de m’exprimer plus en détails sur ce roman de Nancy Huston, je me dois de me situer par rapport à son oeuvre.
Je ne peux pas dire que je suis un inconditionnel de cette auteure même si j’ai toujours apprécié les quelques romans que j’ai pu lire d’elle. Je mets toujours beaucoup de temps à en relire un autre. Elle ne crée pas chez moi le désir de me replonger dans son univers rapidement. Je sais en partie pourquoi. Parce que, chaque fois, je trouve qu’il y a un petit quelque chose de kétaine dans la structure de ses romans ou dans les thèmes abordés. C’est terrible de dire ça et pourtant c’est vrai. Dans Une adoration, entre autres, elle fait parler un cèdre du Liban et dans Dolce agonia, elle fait parler Dieu ! Mais, malgré tout, sous la plume de Nancy Huston, ça fonctionne. Ça fonctionne parce que son propos est intelligent, dense et profond (et je pèse mes mots). Curieux mélange comme si la littérature populaire rencontrait une littérature hautement intellectuelle.
Avec Dolce agonia, je tombe sur le cul et Nancy Huston est en train de m’avoir à l’usure. Elle a un sacré talent cette femme. Ce repas de la Thanksgiving auquel elle nous convie est pour le moins déstabilisant et marquant. À partir des 12 convives, elle nous brosse un portrait réaliste (proche du pessimisme) de ce qu’est l’être humain dans nos sociétés occidentales et de la vie, souvent impitoyable, qui passe (ça m’a d’ailleurs rappelé la teneur des propos du Déclin de l’empire américain). Chaque séquence du repas est entrecoupée par l’intervention de Dieu qui nous explique ce que sera la fin de vie pour chacun d’entre eux… Est-ce nécessaire d’en rajouter ?
Si : Dolce agonia est de la grande grande littérature.
Jacques Martineau expose ses dessins
Jacques Martineau, qui a publié à notre enseigne le superbe Carnet de Québec, un itinéraire en images et en mots expose une partie de ses dessins. L’exposition présente des originaux du livre qui font ressortir la personnalité des quartiers centraux de la ville de Québec et attirent l’attention sur des éléments architecturaux, sur la richesse décorative des façades, le gabarit et les matériaux des édifices, etc.
Vous avez jusqu’au 15 février pour admirer son travail à la Bibliothèque Canardière, galerie, aux heures d’ouverture. C’est pour tous et c’est surtout gratuit. Pour information : 418 641-6793
Le livre brisé
Ça faisait vingt ans que je voulais lire Le livre brisé de Serge Doubrovsky. Il traînait pourtant dans ma bibliothèque depuis tout ce temps. Chaque fois que je le prenais dans mes mains, je finissais par le remettre dans les rayons. Faut croire qu’il me faisait peur.
Dernièrement, l’envie de le lire m’a repris et j’ai sauté sur l’occasion. J’avais raison d’avoir peur. C’est costaud ce livre. Après Proust et sa recherche, c’est peut-être l’exercice de lecture le plus difficile que j’ai fait. Car croyez-moi, il s’agit vraiment d’un exercice de lecture. D’ailleurs, j’ai failli en abandonner la lecture après une centaine de pages (il en fait plus de 400). Je me suis dit que je n’avais pas attendu vingt ans pour en arriver là. Chose que je fais rarement, je me suis donc imposé de le terminer. Ça m’aura pris plusieurs semaines.
Le livre brisé (prix Médicis en 1989), c’est d’abord pour Doubrovsky la volonté de se raconter. Rapidement, Isle, sa femme du moment, s’en mêle. Elle le met un peu au défi de la mettre au centre de son projet. Ce qu’il fait. On assiste alors à un jeu dangereux entre eux deux. En cours de route, rongée par l’alcool, Isle meurt. La gageure prend une tournure tragique. C’est ça le livre brisé.
Dans un style unique, syncopé et déstructuré, Serge Doubrosvky dissèque son couple. Pour la petite histoire, c’est lui qui, à la fin des années 70, a créé le terme « autofiction ». Le livre brisé en est éloquent exemple.
Je ne peux pas dire que j’ai aimé cette lecture qui est plus souvent qu’autrement aride. Par contre, ce livre ne laisse pas le lecteur indifférent. Il est marquant en ce sens là. Je comprends pourquoi j’ai mis vingt ans avant de le lire et je ne regrette pas de l’avoir fait.
Lancement de Bacchus en Canada
Conférence de Denis Vaugeois
Le mercredi 20 janvier prochain, 19 h 15, le Cercle littéraire Françoise-Loranger recevra l’historien Denis Vaugeois à la bibliothèque de Mont-Saint-Hilaire.
La Société historique de Montréal reçoit Michel Allard et Félix Bouvier
Le samedi, 6 février à 14 h, la Société historique de Montréal recevra MM. Michel Allard et Félix Bouvier, co-auteurs du livre André Lefebvre : Didacticien de l’histoire que nous avons fait paraître l’automne dernier. Pour André Lefebvre (1926-2003), docteur en histoire, considéré comme un des grands pédagogues qu’a connu le Québec, l’apprentissage de cette discipline doit se faire à partir du présent vers le passé. Pionnier de la didactique de l’histoire, il l’a enseigné dans les écoles normales puis, à partir de 1968, à l’Université de Montréal en plus de rédiger des manuels à partir de cette conception.
Professeur associé au Département de pédagogie et de didactique de l’Université du Québec à Montréal, Michel Allard a été collègue d’André Lefebvre à l’École normale Ville-Marie. Historien, didacticien de l’histoire et muséologue, il a dirigé de nombreuses recherches, publié des ouvrages et articles et réalisé plusieurs expositions.
Félix Bouvier est professeur de didactique des sciences humaines à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il s’intéresse particulièrement à l’enseignement et à l’apprentissage en histoire, sujets sur lesquels il a publié de nombreux ouvrages et articles. Avant d’amorcer une carrière d’enseignant, M. Bouvier a suivi le cours de didactique de l’histoire d’André Lefebvre, qui a aussi été l’éditeur de ses premiers livres.
L’activité aura lieu à Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, partenaire de la Société depuis 2000. Le musée est situé au 350, place Royale dans le Vieux-Montréal. Métro Place d’Armes et Square Victoria. Une nouvelle ligne d’autobus, la 515 Vieux-Port/Vieux-Montréal vous y conduit aussi sans frais. Admission gratuite.
Pour information : 514 878-9008