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BAnQ. Un siècle d’histoire

À propos d’un livre récent sur BAnQ.

Fides vient de publier sous la signature de mon « compatriote » de Saint-Tite, l’excellent Denis Goulet, un ouvrage consacré à Bibliothèque et Archives nationales du Québec avec en sous-titre « Un siècle d’histoire ». Le livre est très agréable et retrace bien les étapes qui ont conduit à la naissance de BAnQ. Mais aucun ouvrage n’est parfait et il n’était pas facile pour l’auteur de répondre aux attentes des uns et des autres. Il est de notoriété quasi publique que le manuscrit de Denis Goulet a été examiné par diverses équipes de BAnQ. Si j’avais été invité à me joindre à celles-ci voici quelques remarques que j’aurais formulées.

1) Goulet, p.97. « Passionné des livres » dit-on de moi. Je veux bien, mais mon objectif était de développer des lieux d’éducation populaire et permanente. Les bibliothèques et les musées ont été au coeur de mes préoccupations et de mes actions.

2) Goulet p. 97. La légende de la photo n’est pas exacte. J’ai été nommé ministre en février 1978.

3) Goulet p. 97. La situation immobilière de la Bibliothèque nationale. J’aimais cet endroit que j’avais fréquenté. Son état me préoccupait de même que celui du centre d’archives de Montréal (ouvert en 1974). Le problème principal: il n’y avait pas d’entente entre la Bibliothèque et les Archives. Quatre protocoles avaient été préparés pour déterminer par écrit les mandats de chacun. C’était à mourir de tristesse. Brault se faisait tirer dans le dos à qui mieux-mieux. J’ai quand même réussi à faire préparer un projet d’agrandissement. Je me souviens très bien de mes visites et des discussions avec les fonctionnaires des travaux publics. À noter que la collaboration de la ministre des travaux publics, Jocelyne Ouellet, était acquise à tous nos projets. Nous avons siégé ensemble au conseil du trésor et nous voulions réaliser le maximum. Nos cabinets travaillaient main dans la main. En page 107, Goulet mentionne d’ailleurs le dépôt d’un projet de construction. J’ai alors quitté le ministère et je suppose que la chicane a continué et empêché la réalisation du projet.

4) Goulet p. 258. La collaboration de madame Ouellet m’a permis d’ouvrir six centres régionaux d’archives en trois ans et d’installer les Archives nationales dans le pavillon Casault (Goulet, p. 260). On a l’impression que ce déménagement a été une réalisation du Saint-Esprit. À mon arrivée au ministère, les ANQ étaient logées dans le Musée du Québec et occupaient une belle salle d’exposition au rez-de-chaussée. Les fonctionnaires avaient installé leurs bureaux dans d’autres salles. Je les ai fait déménager dans une école située à proximité. Ce ne fut pas une mesure très populaire, mais le Musée a repris peu à peu sa vocation.

5) Goulet p. 98. Dossier de Brault sur les salaires des bibliothécaires. J’ai évidemment lu les mémoires de Jean-Rémi Brault. C’est un homme discret et réservé. Il m’a tout de même appris des choses troublantes, mais ce qu’il ignorait c’est que son mémoire n’aurait pas eu un bien gros impact si je n’avais pas été au Conseil du Trésor avec M. Parizeau. J’ai déjà raconté devant un auditoire de bibliothécaires ce qui s’est passé alors.

6) Une loi des Archives. Dès mon arrivée au ministère, la décision avait été prise de préparer un projet de loi sur les Archives. Historien comme moi, le sous-ministre Noël Vallerand, y tenait et s’en occupait personnellement. Goulet (p. 262) parle « d’indifférence générale ». Bien au contraire, le Conseil du trésor voulait en assumer la responsabilité, le ministère des Travaux publics également de même que le ministère des Affaires culturelles, même si François Beaudin montrait à cet égard une certaine mollesse. Vallerand, ami personnel de Robert Tessier, secrétaire du conseil du trésor, était confiant de faire aboutir ce dossier. Il est tombé gravement malade tandis que moi j’échouais dans mes efforts pour convaincre mes collègues du conseil des ministres d’introduire l’obligation de remettre à l’État leurs propres « archives ministérielles ». Il y a un livre à écrire sur cette seule question. J’ai refusé de déposer un projet de loi qui ne comprendrait pas une telle obligation. Mon successeur, Clément Richard, a cédé et a fait voter la loi. À noter que c’est moi qui ai amorcé la loi d’accès à l’information. Mais là, ce fut pire encore et la protection des renseignements a pris le dessus. On en souffre encore aujourd’hui. Il aurait fallu que je reste aux Affaires culturelles et aux Communications au moins 2 ou 3 ans de plus.

7) Goulet p. 284 et 347. Le traité de Murray. Vraiment je ne comprends pas le silence de la note 118 à propos de ma recherche sur le traité de Murray. Mon étude ( La Fin des alliances franco-indiennes, Boréal et Septentrion, 1995) m’a valu d’être finaliste au prix du Gouverneur général. C’est moi qui ai établi le texte exact et la découverte d’un original a confirmé mes conclusions. Bien plus, Septentrion a publié l’étude d’André Münch (L’Expertise en écritures et en signatures, 2000) qui a établi l’authenticité du document découvert « par accident ».

Évidemment, mes archives de députés et de ministre ont été confiées aux Archives nationales et tout ce que j’écris ici peut être vérifié.

J’ai même déposé dans le temps les archives des éditions du Boréal.