Le labyrinthe de Pan

Hier soir, en allant voir le film de Guillermo Del Toro Le labyrinthe de Pan, j’ai vécu une expérience limite.
En ce qui concerne le film en tant que tel, j’ai adoré toute la partie fantasmagorique du personnage de la petite fille. J’avais l’impression de plonger dans un excellent roman fantastique pour adolescents. Le personnage du Faune m’a littéralement fasciné. Là où j’ai eu du mal, c’est avec la partie réaliste, celle du Capitaine (magistralement joué par un Sergi Lopez méconnaissable). La cruauté tellement vraisemblable de certaines scènes est venue me chercher jusque dans mes viscères. À plusieurs reprises, je me suis fermé les yeux pour ne pas voir ce qui se passait. C’était trop pour moi. J’avais raison. Rendu à la moitié du film, fermer les yeux ne suffisait plus. Tout l’univers du film me dérangeait profondément. Mon corps m’embarrassait. Je me suis mis à me tortiller sur mon banc. J’avais presque l’impression que c’est moi qu’on allait torturer. Ensuite, j’ai commencé à avoir des chaleurs pour finir par me sentir complètement étourdi. Ce n’était pas juste un mauvais moment à passer. J’étais dans une situation d’inconfort total et j’avais l’impression que ça ne finirait jamais. Il n’y avait qu’une chose à faire: m’extraire de cette situation au plus vite. J’ai dit à la personne qui m’accompagnait que je sortais parce que je ne me sentais pas bien. Et je suis sorti.
Je me souviens à peine du trajet que j’ai fait mais je suis parvenu à sortir de la salle. J’ai marché comme un automate. J’avais extrêmement chaud, la tête me tournait, la lumière éblouissante m’a donné le vertige, j’ai vu le corridor du Clap tangué, je suis devenu mou comme de la guenille et je me suis laissé choir de tout mon long sur le sol. J’ai perdu la carte pendant peut-être une minute. J’ai ouvert les yeux, même si je me sentais perdu, tout m’est revenu en mémoire. Je savais où j’étais. J’ai réussi à me relever tranquillement. J’étais encore étourdi et complètement vidé. Un employé m’a apporté un verre d’eau. De boire m’a fait le plus grand bien.
C’est la deuxième fois de ma vie qu’un film me fait cet effet-là. Je suis capable de supporter bien des choses, mais pas des scènes cruelles trop réalistes. Encore moins si elles comportent du sang. Del Toro n’épargne pas le spectateur. Il ne se gêne pas pour montrer ce qu’il a à montrer. Moi, je n’ai pas supporté. Mes limites ont été atteintes.
C’est ça pour moi Le labyrinthe de Pan. Un film inoubliable en quelque sorte.
C’est puissant l’art quand on y pense!

9 réflexions au sujet de « Le labyrinthe de Pan »

  1. ah ah! voir mon billet Innocence et cruauté mon cher Éric :) On se fait compétition entre blogueurs du Septentrion.
    Tu exprimes toutefois beaucoup mieux que moi la puissance du film. J’ai aussi été très bouleversée par Le Labyrinthe, tellement que j’ai répété la même chose pendant 1 heure après ma sortie du cinéma, chose que je ne peux pas dire parce que ça révélerait la fin…

  2. Pauvre Éric ! Mais quelle expérience ! Je n’ai jamais réagi de la sorte à un film, même si je n’aime pas la cruauté. Je pensais aller le voir mais, au fond, vous m’en avez dissuadée. Je crois que je me rabattrai sur Chronique d’un scandale.

  3. Ces scènes de torture ont fait remonter en vous des souvenirs inconscients d’une autre vie où vous avez été probablement torturé. C’est fort l’inconscient, vous savez…

  4. Ouf! Quelle expérience! Malgré ton récit, j’ai tout de même l’intention d’aller voir ce film, mais peut-être avec un peu d’anxiété. Certains films m’ont beaucoup marqué, mais pas au point de provoquer une telle réaction. Tu fais référence à autre film qui t’avait fait le même effet. Je serais curieuse de savoir lequel??

  5. Tu ne m’as pas donné le goût d’y aller!! J’ai moi aussi beaucoup de difficulté avec la torture beurk! En fin de semaine, j’ai vu Le Parfum ainsi que L’Illusionniste qui sont deux excellents films. Tu les as vus?

  6. Vous pouvez aller le voir. Je suis quand même le seul à s’être évanoui le jour où je susi allé. Vous aurez été prévenues par contre.
    Mia; sans tomber dans la réincarnation (mais l’idée n’est pas bête), j’ai une explication à mon trouble. Lorsque j’étais enfant (peut-être un an), un de mes doigts s’est coincé dans la porte d’entrée de la maison. Elle était complètement refermé et mon doigt était pris du côté des pentures. Lorsque ma mère a ouvert la porte, mon bout de doigt pendait et ça pissait le sang. Je bougeais ma main et je hurlais. Le sang pissait encore plus. C’est le lien que je fais.
    LB: l’autre film n’est pas connu. Je l’ai vu au FFM il y a une dizaine d’années. Le titre est « The big men ». Il y avait plusieurs combats de boxe aux poings nus. Les gros plans n’épargnaient rien. C’était insupportable à regarder.
    Virge: non je n’ai pas vu ces deux films. Le parfum est sur ma liste. Et je ne sais pas pourquoi je te dis ça maintenant, mais tu devrais lire « Iphigénie en haute-ville ». Je suis pas mal certain que tu aimerais.

  7. C’est noté! J’ai beaucoup de livres sur ma liste pour ma prochaine tournée à la bibliothèque… je crois que c’est le moment pour demander une semaine de vacances à mon patron hihi!

  8. Bonjour Eric,
    es-tu sûr que tu n’avais pas mangé quelque chose de passé date avant de voir « Le Labyrinthe de Pan », ce qui expliquerait un peu ta réaction physique? Je viens de voir le film et j’avoue ne pas comprendre ta réaction. On y voit presque rien de violent. Comme les grands réalisateurs, Del Toro suggère plus qu’il ne montre. Par exemple, dans la « fameuse » scène de torture on a droit à un très apeurant et menaçant Sergi Lopez (excellent) qui explique à sa victime ce qu’il s’apprête à lui faire, puis coupure, et on voit le lendemain cet homme assez abimé merci, mais rien n’est montré. Encore une fois, la suggestion est très forte. Il y’a bien quelques scènes autres sanglantes, mais rien qui n’a pas déjà été montré au cinéma dans les 50 dernières années.
    Je ne peux que fortement recommander ce film aux amateurs de films fantasistes intelligents. Si tu as aimé ce film Éric je te suggère fortement un autre film de Del Toro sorti en 2001 intitulé « El Espinazo del diablo » qui se passe également pendant la guerre civile espagnole et qui explore les mêmes thèmes. Plus minimaliste et moins fantastiques, mais tout aussi inoubliable.

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