Forêts

Après avoir traversé La forêt des mal-aimés de Pierre Lapointe il y a peu, hier soir, j’ai traversé celles de Wajdi Mouawad qui pourraient porter le même nom.
À travers le personnage de Loup, une adolescente de 16 ans aux prises avec des démons intérieurs qu’elle ne maîtrise pas, on plonge dans les profondeurs de six générations de femmes. À travers elles, on traverse plus de cent ans d’histoire (les première et seconde guerres mondiales, la chute du mur de Berlin et la tuerie de Polytechnique). Ce va-et-vient incessant entre le passé et le présent vient nous rappeler à quel point ce que nous sommes est garant de ce qui a été, que nous portons tous une multitude de monde en nous, que les destins des uns sont liés à ceux des autres.
Avec une mise en scène dépouillée qui laisse toute la place aux jeux des comédiens, la démonstration qu’en fait Wajdi Mouawad est magistrale. Dès les premières minutes de la pièce, on est aspiré dans une longue spirale de vies humaines qui coule comme un fleuve loin d’être toujours tranquille. C’est de la vie qu’il nous parle. Cruelle et implacable, belle et généreuse. C’est grandiose. Tous les superlatifs dithyrambiques qu’on utilise devant tant d’intelligence et de créativité humaine pourraient être utilisés pour parler de cette pièce. C’est du théâtre de haut niveau comme il s’en fait peu.
Pendant et après la représentation, j’étais dans un autre espace-temps. Peut-être dans celui qui unit tous les hommes de tous les temps! Qui sait? Je ne suis pas prêt d’oublier ce 220 minutes d’une rare intensité. Si vous n’aviez qu’une pièce de théâtre à voir cette année et si vous êtes prêts à plonger au fond des choses, offrez-vous Forêts , je vous jure que vous ne le regretterez pas.
En supplément (et pour vous convaincre davantage), je vous invite à lire le commentaire de Fanny

Une réflexion au sujet de « Forêts »

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