Bonheurs d’occasion

Avec cette nouvelle rubrique, je souhaite mettre en lumière des titres qui, même s’ils ne se retrouveront pas en haut de mon palmarès annuel, valent la peine qu’on s’y attarde. Des titres qui ne feront malheureusement pas la une des cahiers livres et qu’on pourrait facilement oublier. Ce serait dommage. En vous en parlant, je me dis qu’ils vous plairont peut-être encore plus qu’à moi? Dépendamment de la sensibilité de chacun, je crois qu’ils en ont le potentiel.
Le reste du temps, Esther Croft (XYZ) : un court recueil de nouvelles dans lequel on suit plusieurs personnages confrontés au spectre de la mort, à la vie qui bascule. Esther Croft, dans un style concis et très efficace, scrute chacune de leurs réactions pour faire ressortir toute la fragilité de la vie. C’est d’une grande justesse et, surtout, ça s’inscrit dans une réelle démarche d’écrivain. Et ça, ça ne ment jamais.
Le passeur d’éternité, Roland Fuentès (L’instant même/Les 400 coups) : Ce court roman, dont l’action se passe au XVIIIème siècle, est construit autour du personnage énigmatique de Maladite, un collectionneur d’art et artiste lui-même. C’est un peu sous la forme d’un conte ou d’une légende qu’il nous est présenté. C’est très réussi. L’ambiance qu’il installe est très forte. L’écriture de Fuentès ne laisse pas le lecteur indifférent. Une belle découverte que l’univers de cet auteur dont le travail est à surveiller.
L’homme ralenti, J.M. Coetzee (Seuil) : je n’ai même pas encore lu les œuvres majeures de ce prix Nobel de la littérature et je l’aime déjà beaucoup. Fin observateur de la nature humaine, Coetzee met souvent ses personnages dans des contextes déstabilisants. Ici, Paul Rayment, affecté par la perte d’une jambe, donc aux prises avec une certaine incapacité à se mouvoir est confronté à sa solitude et au vieillissement. Au moment où on s’y attend le moins, pour notre plus grand plaisir je dois le dire, il fait apparaître le coloré personnage de la romancière Élisabeth Costello (héroïne principale de son précédent roman). C’est son arrivée qui apporte une profondeur et un souffle à ce roman, qui, sans être une œuvre majeure de la littérature, est tout à fait réussi.
Un été en banlieue, François Désalliers (Québec-Amérique) : j’avais mentionné rapidement ce titre dans un commentaire, mais je reviens à la charge parce que je crois sincèrement que François Désalliers (que j’avais découvert avec L’homme-Café) mérite de se faire connaître par un plus large public. C’est un excellent conteur et il sait ficeler de bonnes histoires simples qui ont du souffle. Elles ont du souffle parce que tous ses personnages ont de la substance. Dans celui-ci, on suit les élucubrations amoureuses et existentielles des membres d’un ciné-club privé. Grave, léger et jamais ennuyant.
Vous laisserez-vous tenter par l’un d’entre eux?

7 réflexions au sujet de « Bonheurs d’occasion »

  1. J’ai aimé le Croft. Je n’ai pas terminé le Coetzee parce qu’il m’ennuyait (comme son Élisabeth Costello d’ailleurs), mais je vous suggère fortement Disgrâce : bouleversant ! Le roman de Fuentes m’intéresse.

  2. Bonjour Éric,
    Je vais sûrement me laisser tenter par « Le reste du temps » d’Esther Croft.
    J’ai lu « Un été en banlieue » de François Désalliers et j’ai bien aimé.

  3. J’ai lu Disgrâce de Coetzee. Un peu choquant et violent, mais j’en garde un excellent souvenir. Il se peut bien que je lise « L’homme ralenti »!

  4. Réjean: je l’aime bien moi cette déplaisante et sympathique Elisabeth Costello :-) JSi tu ne l’aimes pas, je comprends ta réaction. Je me promets bien lire « Disgrâce » un de ces jours.
    Carole: si tu ne l’as pas lu, « L’homme-Café » est encore meilleur.
    Jules: commence-le et tu verras. Moi, le ton de « L’homme ralenti » m’a plu dès les premières lignes.
    Vous ne serez pas déçus par « Le reste du temps » d’Esther Croft.
    Je veux tous avoir de vos nouvelles lorsque vous aurez lu un de ces titres. Pas de stress, vous avez tout votre temps ;-)

  5. Oh, j’avais tellement aimé L’homme-café, cette histoire étrange et contée de plume de maître d’un homme qui décide un jour de vivre dans un café de la métropole. Tu viens de me rappeler un grand bonheur de lecture…
    Merci Éric

Les commentaires sont fermés.