Chacun son métier #4

Marie-Pier Côté a finalement avoué à ses parents mardi soir avoir copié l’oeuvre du français Frédéric Jeorge en publiant son roman Laura l’immortelle.
Par ailleurs, bien que l’éditeur du livre, Michel Brûlé, dise être une victime dans cette histoire, il n’en demeure pas moins que l’Association nationale des éditeurs a fait savoir qu’il y a eu un manque de vigilance dans ce cas précis.
Selon la vice-présidente de l’ANEL, l’éditeur aurait dû s’interroger en constatant une oeuvre presque parfaite.

Je ne devrais peut-être pas, mais je me réjouis presque de cette nouvelle.
Quand j’ai vu Laura l’immortelle arrivé en librairie et que j’ai constaté que Marie-Pier Côté n’avait que 12 ans, j’étais sceptique et surtout conscient que l’éditeur voulait profiter de la vague Alexandra Larochelle pour faire, espérait-il, un coup d’argent. Mal lui en prit, on dirait bien.
Cette jeune fille, quant à elle, rêvait probablement de devenir une vedette. Ne connaissant pas les règles de l’édition et aveuglée par son rêve, elle a naïvement plagié le travail d’un autre sans en mesurer les conséquences. Si la télé-réalité permet de devenir une super star en quelques semaines sans avoir aucun talent, il en est tout autrement si on veut devenir un écrivain. Je crois bien qu’elle vient de l’apprendre à ses dépends!
À son âge, je rêvais aussi de devenir écrivain. C’est le premier métier que j’ai voulu faire. Je n’ai pas brûlé (excusez le jeu de mot, il s’est imposé) d’étapes. J’ai vécu ma vie d’enfant et une fois devenu grand, je n’ai pas cessé d’écrire et de réécrire mes textes. Aujourd’hui, je ne suis pas une super vedette littéraire, mais j’ai deux romans à mon actif et plusieurs projets en chantier. Je suis très content de la vie que je mène.
Cette histoire est une belle leçon d’humilité pour l’éditeur et une très grande leçon de vie pour cette fillette qui devra maintenant rêver autrement.

14 réflexions au sujet de « Chacun son métier #4 »

  1. Marie-Pier Côté devrait plutôt faire une comédienne! En entrevue à la télé, elle a si bien caché son jeu. S’inspirer de Stephen king pour les scènes de violence ou encore demander à son entourage pour les mots très difficiles que comporte « son oeuvre », etc. Très convaincante…
    Si elle a réussit à berner autant de gens et surtout ses propres parents à 12 ans, je me demande ce qu’elle sera en mesure de faire une fois à l’âge adulte! De quoi donner la chair de poule…

  2. Tout le monde l’aura à l’oeil, je crains qu’elle ne fera plus grandes choses à l’avenir. Je l’ai déjà écrit ailleurs : Les adultes devraient protéger les enfants. Ici les grands ont voulu faire de l’argent (l’éditeur) et/ou ont cherché de la gloire facile (les parents). Les motivations de la petite? J’espère qu’elle ne cherchait pas l’amour de sa famille, ce plan là a foiré.
    Et dans mon esprit il y a encore le petit doute concernant l’innocence des adultes : l’éditeur aurait dû vérifier et les parents auraient dû se poser des questions quand et comment Marie-Pier a écrit son texte. Est-ce qu’elle a fait semblant d’écrire des heures et des heures en jouant à des jeux à l’ordi pendant que le téléchargement avec un copier-coller dans un document Word s’est fait dans quelques minutes?
    Quand je regarde les devoirs de mes filles après une recherche à l’ordi, je les fais reformuler les phrases prises sur le Net. C’est à moi de leur apprendre qu’on ne copie pas comme ça.
    Finalement : je suis contre la publication professionnelle d’écrits d’enfants. Si l’enfant en question est vraiment écrivain, il continuera d’écrire et une fois à l’age d’adulte il sera publié. Sinon, il aura fait plaisir à sa famille avec des petits écrits : tapés à la l’ordi, photocopié et boudiné pour les grand-parents, les oncles et tantes, mais il n’a pas manqué d’école pour trainer dans les Salons du livre et sur des plate-formes médiatiques. Ce n’est pas une place pour un enfant. Je le repète : Les adultes devraient protéger les enfants (et l’enfance).

  3. Personnellement, je jette la pierre à l’éditeur pour son opportunisme et son manque de vigilance. Le pire, c’est que le même éditeur joue les vierges offensées devant les médias et réclame près de 30 000 $ aux parents. Je ne peux pas croire qu’il va faire de l’argent avec cette histoire ! Si je ne me retenais pas, je dirais un gros mot…

  4. En direct du salon du livre de Paris, cette histoire fait jaser Porte de Versailles. Il faut savoir que l’auteur plagié est français.
    Le plus sidérant dans cette histoire : l’éditeur qui demande aux parents le remboursement des coûts de production (vu qu’on ne peut pas parler d’édition…). Il va finir par en faire de l’argent !

  5. Triste histoire, lamentable supercherie. « La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf » semble être, malheureusement, encore d’actualité…

  6. Je pense en toute honnêteté que l’éditeur et l’auteur n’ont que ce qu’ils méritent par rapport à cet événement ; l’éditeur essuie les coups de son immense désir de promotion, et mérite pleinement de se retrouver éclaboussé par une affaire qui prouve qu’il cherche davantage à faire du marketing qu’à publier des livres pour l’amour de la chose ; l’auteur, quant à elle, paie pour son manque de jugement et son attitude inadmissible. Disons qu’elle est mal partie pour le Nobel…
    Par contre, là où je ne suis pas d’accord avec les avis précédents, c’est en ce qui a trait à la responsabilité de l’éditeur : je suis sans doute le premier à questionner les méthodes éditoriales des Intouchables, mais s’il y a bien une chose dont, à mon avis, on accuse à tort Michel Brûlé, c’est de ne pas avoir assez agi dans cette histoire. Un éditeur, que ce soit les Intouchables, Boréal, ou même Gallimard, n’a aucunement la responsabilité de vérifier le contenu d’un livre qu’il publie. Ce n’est pas parce que cette jeune fille a douze ans que l’éditeur se doit d’effectuer une enquête au sujet du roman et de ses origines. Dans un contrat, on mentionne très clairement qu’un éditeur peut poursuivre l’auteur d’une oeuvre en cas de plagiat : d’ailleurs, Brûlé a demandé à la jeune fille si elle était l’unique auteur de cette oeuvre, de même qu’à sa mère, qui ont toutes deux répondu par l’affirmative. Voilà où s’arrête la responsabilité d’un éditeur. Je suis peut-être une mauvaise langue, mais quelque chose me dit que si Marie-Pier Côté était allée voir du côté de Leméac ou de Boréal, on n’accuserait pas autant l’éditeur de ne pas avoir assez agi… M’est avis que le milieu littéraire québécois est très souvent d’une grande hypocrisie…

  7. Au contraire Daviel, le fait que Brûlé n’ait pas su s’assurer qu’il y avait plagiat démontre plutôt son incompétence. Si l’auteur doit de son côté garantir l’authenticité de son oeuvre, l’éditeur lui engage sa crédibilité en le publiant. Il doit effectuer les re-lectures (encore pire, il a avoué ne pas l’avoir lu !) nécessaires. N’importe quel libraire aurait pu lui dire rapidement que c’était a)étrangement trop proche de l’univers du film et donc pas si original et b)en découvrant cette similitude, il aurait pu taper une phrase au pif sur google et retrouver le manuscrit original. Mais comme c’est une machine à cash, ce serait trop de principes dans lesquels il se serait enfargé. si Boréal, Leméac ou peu importe qui avait tombé dans le panneau, on les auraient aussi accusé d’incompétence. Mais, étrangement, ce n’est pas à eux que c’est arrivé. CQFD, non ?

  8. Permettez-moi de me faire l’avocat du diable. J’aurais plutôt tendance à être d’accord avec le point de vue de Daviel. Il y a quelques années, quelqu’un avait tendu un piège aux éditeurs réputés en soumettant le manuscrit « Les chambres de bois » d’Anne Hébert en utilisant un autre nom. Aucun, si je me souviens bien, n’a reconnu l’oeuvre d’un des plus grands noms de notre littérature. C’est exemple est éloquent.

  9. Il est bien évident que les manuscrits ne sont pas tous lus personnellement par les éditeurs. Par contre l’éditeur doit se montrer responsable devant ce qu’il publie et admettre ses torts en commençant par retirer immédiatement les livres de la circulation, ce qui a tout de même pris du temps.
    Ensuite son empressement à réclamer des sous à la famille de la jeune auteure est carrément malsain.

  10. Vous avez raison, Éric, aucun n’a reconnu l’oeuvre d’Anne Hébert, et je crois que le manuscrit avait été refusé partout, ce qui prouve deux choses : l’incompétence de certains comités de lecture, ou que ce roman est celui d’une certaine époque et qu’aujourd’hui il n’intéresserait plus les éditeurs. Il y a quelques années, un auteur avait publié chez JCL, si je me souviens bien, un roman dont les premières pages étaient plagiées d’une oeuvre de Simenon. Cela avait fait grand bruit. Quelqu’un s’en souvient-il ?

  11. Personnellement, je trouve que tous ces point de vues sont intéressants, tous vrais à leurs manières. En même temps, je plains la jeune fille. Ce n’était pas le plus intelligent des comportements. En même temps, je trouve que la réaction de l’éditeur est exagérée et il est quelque peu incompétent. Aussi, c’est un peu normal de ne pas aller chercher loin la vérité. Tout les points de vue dont vous discutez sont vrais, bien que différents. Les coupables et les victimes sont blâmés, mais en même temps, personne ne trouve ça intelligent. De mon côté, je trouve que l’éditeur ET l’auteur sont chacun coupable à leur façon.

  12. le probleme du plagiat de Marie Pier Coté demeure qu’une gamine de douze ans qui voulait épatée son entourage se retrouve enfoncée dans une fosse « merdiatique » car Michel Brulé n’en est pas à son premier coup d’essai en matière de plagiat (voir injonction à la cour pour Le Bonhomme Carnaval en 2001). Travaillant moi même en librairie à Montréal, le roman plagié n’a reçu aucune demande officielle de retrait commercial en date du 15 avril. Beaucoup de libraires ont retiré le livre des tablettes, mais on pouvait l’acheter en faisant la demande.. Une petite question en passant.. quelqu’un a -t-il vérifier le titre sur le contrat passé entre Marie Pier et l’éditeur.. est-ce Laura l’immortelle ou Des cendres et du vent , soit le titre original.. j’ai une petite idée sur la réponse mais je vous laisse y réfléchir…En outre M. Frédéric Jeorge a -t-il finalement trouvé Michel Brulé qui jouait les fille de l’air au salon de Paris…mes collègues ont croisé M. Jeorge qui recherchait l’éditeur des Intouchables..

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