Chacun son métier #7

Lorsqu’on travaille en librairie, on a l’habitude de se faire poser toutes sortes de questions. On a aussi souvent l’impression que les plus saugrenues sont derrière nous. Détrompons-nous car l’être humain est toujours plus surprenant qu’on le pense, j’en ai encore eu la preuve cet après-midi.
Le téléphone sonne. je réponds et le type me demande s’il peut nous envoyer son manuscrit. Ne sachant si j »avais bien entendu sa requête, je laisse un bon cinq secondes de silence avant de lui dire qu’il appelle dans une librairie. Non seulement c’était bien là son intention, il en rajoute en me demandant si nous pouvions évaluer son manuscrit!
Raccrocher, rire ou répondre sérieusement?
Je reste poli et je lui fais comprendre que ce n’est pas vraiment le rôle d’une librairie que d’évaluer des manuscrits. Je vais même jusqu’à lui proposer de le guider dans sa démarche en lui posant quelques questions sur le manuscrit en question. Je le surestimais. Il a été incapable de me dire si c’était un roman. Il a baragouiné les mots nouvelle et journal et je ne sais plus trop quoi et m’a remercié maladroitement avant de raccrocher.
Je ne sais ce qui m’a pris de ne pas lui proposer de me l’envoyer. Hamac vient peut-être de passer à côté d’un grand… heu… voyons.. heu…

6 réflexions au sujet de « Chacun son métier #7 »

  1. Probablement un romantique un peu mal informé qui croit que les libraires sont encore éditeurs, imprimeurs et diffuseurs comme ce fut le cas jusqu’au début du 20ème siècle au Québec, comme en France. Belle image nostalgique cependant qui nous rappelle le travail de nombreux libraires pionniers, ici comme ailleurs, devenu éditeurs par la force des choses. Il y’en a encore quelques uns qui persiste (je pense à La Dilettante qui fut d’abord une librairie dans le 6ème arrondissement à Paris – toujours d’ailleurs – avant de devenir éditeur en 1984)
    Éric, tu n’es pas le seul à recevoir ce genre d’appels et j’avoue qu’il est parfois difficile de leur expliquer les complexités de l’édition sans détruire leur rêve littéraire…et les ridiculiser également. Les auteurs sont généralement les moins informés de la chaîne du livre, une coche à peine en dessous des éditeurs d’ailleurs.

  2. oui, tu aurais pu dire qu’il pouvait toujours te l’envoyer, il te connais peut-être, tu es libraire, tu fais une émission littéraire, tu travailles pour une maison d’édition… autant de facteurs qui font qu’il avait peut-être envie de savoir ce que tu en pensais non ? ou d’avoir des conseils..; bof, je ne sais pas ce que j’aurai répondu à ta place non plus…

  3. hihihi, je n’aurais jamais imaginé que les libraires recevaient ce genre de proposition, même si, effectivement, ils savent donner leur avis sur la littérature en générale. En tout cas, ça ne me viendrait pas à l’idée d’appeler en premier un libraire ! je comprends ton étonnement !

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