Quand ça se bouscule au portillon

J’ai dû refuser trois contrats cette semaine, parce que j’avais déjà un gros travail en chantier qui risquait de prendre tout mon temps (si j’exclus celui de répondre aux immanquables urgences quasi quotidiennes de mes fidèles clients: une lettre, un communiqué, un article, etc.) et qu’il me fallait remettre au plus tard ce vendredi matin. Maintenant que je viens de l’expédier, je me retrouve devant un bureau (écran) vide.
Je n’en fais pas un drame, remarquez (surtout que c’est vendredi), car je sais par expérience qu’il en viendra d’autres. Mais ça me frustre toujours de devoir refuser un travail, surtout lorsque, de prime abord, il semble être fort intéressant (un scénario de film, par exemple, comme ce fut le cas cette semaine). Le problème, c’est que tous me brandissaient la même échéance: vendredi matin; calendrier en main, j’ai vérifié et il n’y avait toujours que quatre jours entre le lundi et le vendredi. Pas de chance!
Après avoir refusé ces contrats, je me suis quand même mise à faire des calculs: si je commençais à travailler encore un peu plus tôt et que je terminais plus tard, j’obtiendrais tant d’heures supplémentaires… Non, rien à faire, c’était toujours trop serré. Sans compter que la perspective de voir tranquillement mes soirées se transformer en contrats me rendait triste: pas de marche au grand air, pas de guitare, pas de lecture et pas encore de temps à consacrer à un nouveau projet qui m’appelle. Je suis donc retournée sur le chantier de mon gros travail, décidée à en faire tout mon contentement.
Mais je me suis vite rendu compte qu’il n’était pas tellement intéressant, celui-là, et particulièrement difficile en plus: la longueur de ligne dépassait de beaucoup la page-écran, m’obligeant à me promener de gauche à droite et de droite à gauche; la rédactrice n’est pas francophone, de toute évidence, ses phrases étant passablement boiteuses et souvent, même, incomplètes; de plus, la personne qui a tapé le document n’est certes pas familière avec un clavier: beaucoup de lettres étaient inversées, il y avait fréquemment des doublons de mots et de phrases, et des espaces apparaissaient incongrûment en plusieurs endroits, avant un point ou une virgule, par exemple. Bref, j’ai l’impression d’avoir fait péniblement l’ascension de l’Everest la semaine durant.
N’empêche que je suis particulièrement fière du résultat aujourd’hui. Alors, comme nombre de femmes après un accouchement, je sais que dès lundi j’aurai oublié les moments les plus difficiles et que je me sentirai fin prête à répéter l’expérience. Mais comme toute parturiente, aussi, j’ai quand même besoin de reprendre des forces avant.
Alors je nous souhaite, à vous et à moi, une fin de semaine des plus réparatrices. Rendez-vous en huit (ou en six ou en dix…).