Contre toute espérance

Depuis que j’ai vu La femme qui boit, je ne manquerais pour rien au monde la sortie d’un nouveau Bernard Émond. Selon moi, c’est actuellement le plus grand cinéaste québécois. Ses films à caractère social d’un réalisme impressionnant renouent avec ce que notre cinéma avait de mieux à nous offrir dans les années 70. Ses scénarios sont d’une justesse comme il ne s’en fait plus. Aucun mot de trop. Tout est bien soupesé et le reste passe à travers l’œil de la caméra (jamais indiscrète) et l’intensité des personnages.
Pour atteindre ce qu’il recherche dans l’art qu’il exerce, je ne sais pas comment il s’y prend, mais il parvient toujours à tirer de ses comédiens le meilleur de ce qu’ils ont à offrir. Dans chacun de ses films, on a droit à une performance d’acteur hors du commun. Élise Guilbault est remarquable dans La femme qui boit et La neuvaine. Luc Picard l’est tout autant dans 20h17 rue Darling. Contre toute espérance ne fait pas exception à la règle. Guylaine Tremblay et Guy Jodoin sont tout simplement cirant de vérité dans leur incarnation d’un couple ordinaire qui perd tout.
J’ai une fois de plus été bouleversé par l’univers de Bernard Émond. J’ai toujours l’impression qu’il parle de moi, qu’il met en lumière mon passé, l’univers dont je suis issu. Je suis toujours happé par le rythme lent qu’il installe dans ses films. Un rythme lent soutenu du début à la fin et plein de ce que nous sommes : des êtres humains vulnérables et démunis et fort face à l’adversité.
Il y a tout ça dans Contre toute espérance. Et c’est l’un des meilleurs films de l’auteur.

6 réflexions au sujet de « Contre toute espérance »

  1. Je manque de courage pour aller voir « Contre toute espérance ». J’ai vu deux de ses films « La neuvaine » et la « Femme qui boit » et c’est un réalisateur qui cible en plein coeur de l’émotion. Et, justement, parce qu’il est si talentueux, à voir les bandes annonces où la misère et le désespoir semblent à fleur de peau, je me protège et préfère ne pas y aller. Mais, je le répète, c’est par manque de courage.

  2. pas vu les autres films mais j’ai vu La femme qui boit au moins 4 fois. Quelle performance d’Élise Guilbaut !
    Je suis passée par toutes les émotions – j’ai pu comprendre (encore, mais d’un point de vue de femme) comment on peut sombrer dans l’alcool pour éteindre sa trop grande sensibilité. J’ai également pu ragé contre Luc Picard (alias son mari) et toutes les conneries qu’il pouvait faire sans se rendre compte de l’amour de cette femme et de tout ce qu’elle avait laissé derrière pour cet amour ! Bref, j’ai pu sentir et sympathiser avec les personnages, tout en les jugeant (malheureusement) du haut de mes 5 pieds 8 de femme pas plus futée qu’une autre-qui aurait pu vivre la même chose!
    Merci Éric, je te lis sur « jules » depuis un bon bout de temps.
    Merci pour tes écrits aussi !

  3. J’oubliais presque que ce film était sorti juste avant notre départ pour les vacances. J’ai été troublé par La neuvaine (vraiment très intense!), mais n’ai pas vu les autres quand ils sont sortis car ils me semblaient trop sombres (c’est pas fort je le concède).
    Avec ce que j’ai lu sur les performances de Guylaine Tremblay et Guy Jodoin, lui je n’ai pas l’intention de le manquer.

  4. C’est vrai que ses films sont touchants, transcendants même. J’aime vraiment comment il plonge dans l’étoffe même du désespoir sans jamais pourtant que ça devienne lourd ou pénible (c’est mon avis). Je trouve plutôt que ses films ont quelque chose de délivrant, de soulageant. D’entre tous, j’ai adoré « La neuvaine » et j’ai bien hâte de voir « Contre toute espérance ».

  5. Venise: même si je comprends ton manque de courage, tu devrais y aller. Ce film fait plus de bien que de mal, je t’assure.
    Mrs Pillsbury: tu apprécierais ses autres films également. Merci d’être passée.
    Épicure: il faut que tu vois ses autres films toi aussi. Malgré des sujets graves, Émond parvient toujours a en faire ressortir une certaine lumière et nous permet de nous rebranche avec notre propre vie.
    S Larue: j’abonde dans ton sens. Mon préféré est « La femme qui boit » suivi de près par « Contre toute espérance ».

  6. Bonjour
    J’ai visionné le film contre toute espérance et j’ai adoré. J’aimerais bien le faire écouter mais je ne sais pas où il est distribué.

Les commentaires sont fermés.