Le disque de Nathalie

Lu dans La Presse la semaine dernière :
Il n’y a rien que me ferait plus plaisir que de considérer l’album de Nathalie Simard comme n’importe quel autre disque. Je pourrais alors tout simplement dire qu’il compte une couple de jolies versions (On s’est presque touché de Jim Corcoran), une couple de poignantes (I Want To Know What Love Is de Foreigner) et quelques-unes de très sérieusement exécrables (Aimer d’amour de Boule Noire), tout en soulignant que les arrangements sont souvent beaux, que le choix des chansons est pertinent et que Nathalie Simard devrait privilégier le registre grave qu’elle adopte dans les chansons en anglais. Mais voilà, ce n’est PAS n’importe quel disque. Tous les textes des chansons prennent un autre sens parce que c’est Nathalie qui les chantent. Il est tout simplement impossible de faire fi de ce que nous savons et aussi de ce que nous éprouvons tous : le goût de demander pardon à Nathalie Simard pour l’avoir soit idolâtrée, soit ridiculisée du temps du Village de Nathalie. Voilà pourquoi je crois sincèrement que la meilleure raison d’acheter cet album, c’est de le faire en geste de réparation.
Marie-Christine Blais
La Presse
Je trouve ce genre de papier inacceptable. On confond tout là. De la part d’une journaliste de métier, c’est honteux. On est critique ou on ne l’est pas. Rien n’obligeait Marie-Christine Blais à couvrir le disque de Nathalie Simard. Il est où le malaise? Le problème? Est-ce que le drame qu’elle a vécu, maintenant connu du grand public, l’absoudra de tout jusqu’à la fin de ses jours?
Robert Lévesque, lors de son récent passage aux Francs-Tireurs, avait peut-être raison lorsqu’il disait qu’il n’y avait plus de véritables critiques au Québec.

17 réflexions au sujet de « Le disque de Nathalie »

  1. Je te trouve un peu sévère. Il me semble que ce que Marie-Christine Blais dit ce n’est pas «Ce disque est merveilleux parce que cette fille a souffert.» Mais plutôt «On ne peut pas extraire de notre compréhension de ce disque et du choix des chansons ce que l’on sait…» Malheureusement (ou heureusement!?) cette culpabilité collective autour de l’histoire de Nathalie Simard est là. Et elle est pas sur le point de passer.
    La dernière phrase est de trop ceci dit. Genre de choses qu’on pense sans le dire. Et j’aimerais bien qu’on me dise ce qu’est un vrai critique. Il est tout de même pas objectif… !?

  2. Tu as tout à fait raison et je te donne un autre exemple, Richard Petit. Je n’ai pas lu son livre et je ne sais pas ce que la critique en pense, mais j’ai eu la « chance » d’entendre deux extraits de son album à paraître. Médiocre! Pourtant, l’animateur télé était en pleine extase… parce que Petit a survécu à un cancer?! Qui peut nommer une seule de ses grandes chansons avant sa maladie? Je suis prête à parier qu’il sera bientôt au sommet du palmarès parce que le Québec aime tout simplement le mélodrame et en perd son bon jugement! Pour Nathalie, je n’ai pas aimé ce que j’ai entendu à la radio cette semaine et rien n’empêche que je respecte son vécu et que j’étais une fan du Village de Nathalie dans mon jeune âge… Rendons à César ce qui est à César!

  3. Je suis tout à fait d’accord avec le commentaire de Jules. Les exemples sont nombreux. Pensons à l’accueil que les Québécois ont fait à Claude Dubois à sa sortie de prison dans les années 80, à Boule Noire plus récemment. Quant à Robert Lévesque, il aurait plutôt dû dire : «il n’y a qu’un seul vrai grand critique au Québec, et c’est moi», cela aurait davantage été à la mesure de son personnage…

  4. Il y a peut-être moyen de faire la part des choses. Tendre l’oreille un peu plus parce que Nathalie n’est plus une étrangère. Elle a partagé son (horrible) intimité avec nous. La nature humaine étant ce qu’elle est, on est plus attentif au nouveau CD de notre cousin, ou de notre ami, qu’à un parfait étranger.
    Ma « part des choses » va jusqu’à trouver que la journaliste a été un peu loin. En même temps, je suis incapable de la condamner pour ça, je l’ai entendu comme un cri du coeur et je ne peux fermer l’oreille à un cri du coeur.
    À Réjean : J’adore ta dernière phrase sur Robert Lévesque, une supposition qui en dit beaucoup. Un bon critique est quelqu’un qui sort un peu de son égo pour aller faire un tour vers l’autre. En tout cas, c’est ma définition !

  5. Robert Lévesque est un des rares qui peut se permettre de dire ce qu’il pense vraiment parce qu’il n’a pas à avoir peur de se faire mettre à la porte.
    Ceci étant dit, je suis tout à fait d’accord avec lui. Au Québec, on s’applaudit mutuellement. On fait des ovations debout pour n’importe quoi. Il faut toujours être gentil parce que quoi ? C’est un complexe d’infériorité bien énervant.

  6. C’est faux, Pierre-Luc. À preuve, lisez la critique du dernier film d’Arcand par Cassivi dans Cyberpresse de ce week-end, et vous verrez qu’on est loin de l’ovation…

  7. Connaissez-vous le critique Hugues Corriveau qui écrit dans Lettres québécoises ? Je ne crois pas qu’il souffre d’un complexe d’infériorité.

  8. Rosaline, je lis Lettres québécoises et je suis d’accord avec vous : Hugues Corriveau est un critique redoutable que beaucoup d’écrivains, ceux qui sont passés dans son broyeur, doivent sûrement redouter et détester.

  9. Faque, on devrait acheter cet album pour se repentir d’avoir ridiculisé l’image kitch et arriérée d’une soi-disant artiste qui méritait pleinement ce traitement (et le mérite toujours), parce qu’elle a souffert dans l’ombre?
    Nan, les gens ont déjà payé pour ça l’an dernier avec le livre..
    Ou alors vite, ramenez-nous Francis Martin qu’on sorte le porte-feuille!
    Non, il n’y a plus beaucoup de critique, et le cas d’Arcand en est un bon exemple.
    Le type reçoit environ une(1) mauvaise critique par décennie et il est devient soudainement un martyr, un argument en soi, pour prouver que la critique existe bel et bien et nous rappeler combien (Ô) elle peut être cruelle?
    Pfff!
    chq

  10. Il y en a très peu, malheureusement. Je ne dis pas qu’il faut être bitch et gueuler contre tout. Mais j’ai de la misère à trouver crédible quelqu’un qui aime tout.

  11. Catherine: un vrai critique n’a pas à être objectif car chacun a sa propre vision des choses. Par contre, un vrai critique devrait s’en tenir à l’oeuvre qu’il a entre les mains en faisant fi de ce qu’il connaît de l’artiste. Marie-Christine Blais, en bonne professionnelle qu’elle se doit d’être, aurait dû s’en tenir au disque de Nathalie. Au Québec, malheureusement, on traverse trop souvent cette frontière.
    Jules: tu as raison mais il ne faut pas confondre les animateurs, les interviewers et les chroniqueurs aux critiques.
    Réjean: notre société aime encore et toujours les martyres. Robert Lévesque ne l’a pas dit de la même façon que toi mais l’a sous-entendu.
    Venise: on ne parle pas ici d’un papier sur le parcours de la chanteuse autour de la sortie de son album, mais bel et bien de la cirtique de son disque.
    Pierre-Luc: tu as raison. Les bons et honnêtes critiques sont peu nombreux à avoir le courage de leurs opinions au Québec. Parce qu’ils sont peu nombreux, ils passent rapidement dans le rang des méchants et des chialeux.
    Réjean: Cassivi est un des rares à se tenir debout.
    Rosaline: j’ai fait un stage d’écriture avec Hugues Corriveau. Il nous avait expliqué qu’il n’hésitait pas à être dur dans ses critiques lorsqu’un livre le méritait pour permettre à l’auteur de se questionner sur sa réelle démarche d’écrivain. J’ai alors mieux compris sa démarche de critique que je partage maintenant entièrement.
    chq: avec la société gentille « bravo-tu-as-fait-des-efforts-tu-es-extraordiaire » qu’on est en train de créer, le vrai critique est peut-être appeler à disparaître.

  12. Éric, j’espère que vous ne deviendrez jamais un second Corriveau. Le jour où cela arrivera, je ne visiterai plus votre blogue.

  13. Cassivi se tient peut-être debout, comme vous dites, n’empêche que son papier sur Arcand tient du délire sinon de la dérape : c’est un véritable pamphlet contre une génération qui n’est pas la sienne.
    La recette de Corriveau est simple : une tasse de prétention, quelques gouttes de sarcasme et une pincée de fiel. Avec ça, on décourage bien des auteurs. J’espère, Éric, que vous n’y goûterai jamais !
    «Bravo-tu-as-fait-des-efforts-tu-es-extraordinaire», c’est souvent ce que je me dis quand je lis le journal Le Libraire. :-)

  14. Roslaine: je ne comprends pas pourquoi vous m’écrivez ce commentaire gratuit, presque virulent. Vous me menacez alors que je n’ai absolument rien fait.
    Réjean: le libraire n’a jamais prétendu être un journal critique. C’est avant tout un organe de promotion pour le livre.

  15. Hola, Éric, du calme ! Je vous dis simplement que j’espère que vous ne deviendrez jamais comme ce critique que vous semblez respecter. Sans doute aurais-je dû ajouter un petit bonhomme sourire pour que vous n’y voyiez aucune «menace» de ma part ? :-) )))

  16. On aura beau faire des critiques et des contre-critiques, le succès de Nathalie repose sur ses fans. Si les fans s’arrachent des billets de spectacle et qu’elle arrive à donner des représentations supplémentaires, ce sera un bon indice de sa popularité.

  17. Si les fans s’arrachent des billets de spectacle et qu’elle arrive à donner des représentations supplémentaires, ce sera un bon indice de sa popularité.
    Outch!, tu as ta réponse, capoute le spectacle… non mais, chanter la danse des canards ha ha, c’était voué a l’échec avant de commencer

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