Prix des libraires du Québec 2008 – L’analyse

Je dois commencer par vous avouer que ça m’a fait tout drôle de prendre connaissance de la liste préliminaire puisque pour la première fois en cinq ans, je ne fais pas partie du comité. Évidemment, je ne la regarde pas du même œil que la plupart d’entre vous. En plus, je sais que ce n’a pas du être une liste facile à établir compte tenu du fait qu’aucun titre ne s’est réellement démarqué en 2007 alors que l’an dernier ce fut tout le contraire.
Cela étant dit (comme dirait Pinard), ça donne un résultat surprenant et un peu déroutant qui ne fera pas l’unanimité.
Moi, je la trouve intéressante cette liste si on prend le temps de l’analyser. Elle a quelque chose d’atypique.
Du côté québécois, une bonne majorité des titres est le fruit du travail de nouveaux auteurs. On remarque aussi la forte présence de jeunes maisons d’éditions (ou de collections) sur la liste préliminaire. Alto (avec trois titres) Marchand de feuilles (2), HMH revampé (2) et Septentrion avec sa nouvelle collection hamac (1) comptent pas moins de 8 titres sur 12!!!!!!!! Boréal (2), Leméac et XYZ se partagent le reste.
Si on sait lire entre les lignes, c’est un message significatif que le comité envoie inconsciemment aux maisons d’éditions québécoises bien ancrées dans le milieu littéraire depuis de nombreuses années. Le message envoyé est peut-être le suivant : on veut lire autre chose que ce qu’on a l’habitude de nous donner. Ça signifie aussi que notre littérature est en pleine mutation. Ce changement est perceptible depuis quelques années et il nous saute aux yeux maintenant. Certains éditeurs, s’ils savent faire preuve d’humilité, n’auront pas le choix de s’ajuster.
Pour revenir à cette fameuse liste, je suis tout de même perplexe devant tous ces titres que je n’ai pas lus malgré le fait que je lise beaucoup. Catégorie romans québécois, je ne peux me vanter que d’en avoir lu trois : Le reste du temps, Un taxi la nuit et Les carnets de Douglas. Je prévois en lire peut-être cinq autres : Parfum de poussière, Espèces en voie de disparition, Chroniques du lézard, Le froid modifie la trajectoire des poissons et Clark et les autres. Ça en ferait au moins 9/12.
Pas grand-chose à dire des romans hors Québec sinon que je me réjouis de voir que La voix en fasse partie ainsi que Le dernier frère. Pour les autres, je ne peux absolument rien dire puisque je ne les ai pas lus. Deux d’entre eux (Le nid du serpent, À l’abri de rien) n’attendent que je les ouvre depuis trop longtemps. Les autres ne me disent rien pour l’instant. J’attendrai de connaître les cinq finalistes pour me décider.
Ne me reste qu’à souhaiter un bon marathon de lecture aux membres du comité qui devront se taper toute la sélection en un mois et demi pendant que je pourrai lire ce que bon me semble à mon propre rythme :-)

8 réflexions au sujet de « Prix des libraires du Québec 2008 – L’analyse »

  1. Correction, cette année nous avons deux mois pour tout lire!!! Yééééé!!!!!
    Plus sérieusement, j’adore cette liste car elle montre bien l’éclectisme des libraires et une grande ouverte sur les différentes littératures. Évidemment, faisant partie du comité, je connais les petits secrets derrière chaque titre. Mais, surtout, je sais à quel point chaque membre du jury y est présent que chacun s’est exprimé et que c’est pour ça que c’est une liste forte…

  2. Ça fait effectivement du bien de voir que les libraires, contrairement aux critiques du Devoir par exemple, ne lisent pas seulement les titres de Boréal… Personnellement, cette liste me réjouit et m’intrigue à la fois. Il y a là matière à découverte. Côté québécois, jusqu’à maintenant, j’ai lu Croft, Lalonde, Lamothe. J’ai commencé de lire Szalowski mais j’ai abandonné parce que le narrateur est un enfant et je suis un peu tanné de cette veine. Je me promets d’en découvrir d’autres. Côté français, j’ai lu Adam et Claudel.

  3. Bonjour Eric,
    excellente analyse de la liste. Tu fais bien de souligner que c’est effectivement « inconsciemment » que nous avons sélectionné des titres provenant de jeunes maisons d’édition. Comme tu le sais, on ne regarde pas d’où le livre provient, mais bien ce qu’il contient. Je précise car certaines maisons d’éditions québécoises risquent de nous accuser de snobisme plutôt que d’admettre que leur récente production était ordinaire, voire carrément inintéressante (ou mauvaise, selon les goûts). Désolé de leur apprendre que le Prix des libraires du Québec n’est pas un prix politique ou de maisons d’édition contrairement à d’autres! Force est d’admettre que des places comme Alto, Marchand de feuilles, Hurtubise, etc, sont plus stimulés et stimulant que leurs collègues plus établis et rejoignent ainsi plus facilement les libraires et une portion grandissante de la population.
    Également, n’ayez crainte: ce n’est pas parce que ces titres proviennent de petites maisons qu’ils sont pour autant obscurs, même qu’ils sont très accessibles. Y’a moyen de faire des livres dits « grand public » sans tomber dans la facilité!
    Réjean, je vous conseille d’être patient avec « Le froid modifie la trajectoire des poissons ». Le garçon en question ne narre que sa partie de l’histoire, le reste étant raconté par un narrateur omniprésent, comme si on nous racontait un beau conte (pensez à la voix du narrateur dans Amélie Poulain…)

  4. Moi, je suis décidée, je me lance, je lis les 12 titres québécois ! Je mise « haut » et j’ajusterai en cours de route. J’en ai seulement 3 de lus, par contre, il y en a 3 autres qui me faisaient déjà envie. Donc, 6 à apprivoiser. On verra.
    En tout cas, c’est la première année que je suis ce concours de près et c’est aussi la première année qu’une maison d’édition se distingue à mes yeux (faut dire qu’avant je ne faisais pas attention à cela) et c’est Alto. Pas un titre ne m’a déçu jusqu’à date.
    En passant, Éric, une petite erreur d’inattention, (à moins que cela ne soit un lapsus, tu n’as pas beaucoup aimé ce personnage !!!) ce sont « Les carnets de Douglas » pas d’Eddie …

  5. mhv: une liste forte, je ne sais pas, mais intriguante oui.
    Réjean et Carole: on se tient au courant de nos lectures en lien avec le Prix.
    Patrick: merci pour les précisions.
    Venise: mon inconscient parle fort. J’ai corrigé mon erreur. Quant à moi, tu remarqueras que j’ai corrigé le nombre de titres que tu auras à lire. Il y a 12 titres dans chacune des catégories et non 10 comme tu le croyais…

  6. Comme je suis porté plus vers la littérature étrangère que québécoise (ce n’est pas du snobisme c’est question de préférence)j’ai lu la « Cartographie des nuages » de David Mitchell :il y a vraiment un effort dans la rédaction de l’histoire mais celle-ci nous perd en cours de route puisque trop touffue et variée. En résumé, un effort louable mais qui m’a laissé un peu sur mon appétit. Par contre, je suis à lire « La physique des catastrophes » de Marisha Pesl : tout un tour de force de la part de cette auteure et cela pour un premier roman. Elle réussit à me captiver par ses nombreuses références autant littéraires, historiques , politiques que relatives au cinéma et à la chanson.L’histoire est ordinaire mais c’est toute l’écriture qui fait que l’on est accroché dès les premières pages.A suivre pour les autres romans en liste.

  7. Je viens de terminer la lecture de Pierre Szalowski «Le froid modifie la trajectoire des poissons». C’est un vrai petit bijou de la littérature! J’ai hâte de voir comment tu le trouveras…
    Quant aux autres titres, j’ai seulement lu celui de Robert Lalonde, que j’ai trouvé bon, sans plus.

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