Leçon de base en quatre étapes

Au fil des années, la période des fêtes capitaliste a vu poindre le phénomène des listes de Noël qui viennent enlever toute créativité et spontanéité à la course folle aux cadeaux. On retrouve de tout sur ces fameuses listes et surtout beaucoup de choses introuvables, au grand dam de celui qui l’a entre les mains.
Évidemment, on retrouve des suggestions de livres datant de Mathusalem ou difficilement trouvables en librairie. On a beau le dire au client, ce dernier s’entête à vouloir offrir les titres qu’on a mis sur la liste. À moins de deux semaines avant Noël, l’entêtement continue. En librairie, on a rarement autant de demandes incongrues qu’en cette période de réjouissance qui ne l’est pas toujours. La clientèle, de plus en plus Adulte-Roi, ne semble pas comprendre les contraintes auxquelles on doit faire face pour recevoir un livre à temps pour Noël.
Voici une leçon de base en quatre étapes pour démystifier notre réalité.
1. Même les bonnes libraires généralistes ne peuvent tout avoir en magasin. Elles ne sont pas munies d’un énorme entrepôt dans lequel on retrouverait tous les titres en quantité industrielle. On laisse ça au Père Noël.
2. Si nous ne l’avons pas en magasin, reste la commande spéciale. S’il est disponible chez le distributeur, il faut prévoir un bon 7-10 jours de délai (il peut arriver avant mais ce n’est pas garanti). Ce délai peut paraître long, mais, au risque de vous décevoir, votre commande n’est pas envoyée directement chez le distributeur au moment même où on la prend. Elle peut se faire le lendemain ou le surlendemain et elle doit être traitée chez le fournisseur avant qu’elle nous parvienne, la plupart du temps, de Montréal. Non, vous ne pouvez pas l’acheter directement du distributeur. Non, vous ne pouvez pas la recevoir par Puro. Du cas par cas serait trop lourd à gérer.
3. Les livres demandés ne sont pas nécessairement disponibles chez le distributeur. Dans le jargon du métier, il y a plusieurs appellations : manquant, épuisé ou en réimpression. Manquant signifie que le distributeur n’en a plus en stock momentanément et qu’il attend sa commande de l’éditeur. Le délai : 4-6 semaines. Épuisé signifie que le livre n’est plus édité, donc impossible de le commander. Un statut de réimpression signifie que l’éditeur projette de le rééditer éventuellement mais on ne sait pas quand.
4. Certains éditeurs européens ne sont pas distribués au Canada. Il faut que la librairie offre le service de commandes européennes. Délai : plusieurs mois.
Voilà autant de contraintes qui fait que le livre convoité ait de fortes de chances de ne pas arriver à temps pour Noël. Nous servir l’argument que le livre existe et qu’il vous le faut absolument pour le 24 décembre ne sert à rien. Peu importe l’Adulte-Roi qui se trouve devant nous, dans notre monde réel, la magie n’existe pas.
Conseil de votre libraire : prévoyez donc un plan B!

4 réflexions au sujet de « Leçon de base en quatre étapes »

  1. Je te fais la promesse de ne jamais devenir ce genre de cliente! Je m’imagine la scène en riant, tu dois vraiment avoir envie de leur claquer un dictionnaire dans le dos… ;p

  2. T’es chanceux d’utiliser le terme manquant, personnellement, je dis souvent que le livre est en noté, ce qui est un terme trop professionnel pour les clients en général et c’est normal (lorsqu’un livre est en noté, ça veut dire que nous l’avons commandé, mais comme il est manquant chez le distributeur, il garde notre commande jusqu’à la réception du livre!!)
    Fort heureusement, il me semble que j’ai vu beaucoup moins de listes cette année et en général les demandes sont réalisables. Il n’y a qu’aujourd’hui où la cliente voulait le livre « Geronimo Stilton »… pauvre elle lorsque je lui ai montré le présentoir avec les 36 titres plus les 4 hors-séries!!! ;-)

  3. En effet, ça doit être « quelque chose » de se faire demander (que dis-je… exiger) des livres ab-so-lu-ment à temps pour Noël!
    J’avoue par contre que je dois être une catastrophe pour libraires… à longueur d’années, à cause de mon interminable liste « de moi à moi » que je trimballe partout! Mais bon, les délais et les commandes, je connais, disons!
    Ton billet m’a bien fait sourire parce que dans mon magasinage de Noël en librairie, j’ai croisé plusieurs spécimens du genre, qui insultaient allègrement les libraires parce que ce ne serait pas à temps pour Noël!!

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