Archives mensuelles : mai 2008

Tout un départ!

Vendredi 16 mai 2008.

Malgré le manque de sommeil et l’inévitable fatigue du voyage, les premiers films de ce Festival m’ont comblé. Bien sûr, vous lirez des points de vue différents et même opposés dans les divers quotidiens. Les attentes varient beaucoup d’un cinéphile à l’autre. Il y a les spécialistes et les amateurs. Vous pouvez me classer dans la seconde catégorie.

Premier film: je croyais voir Blindness de Fernando Meirelles dans lequel le Canada ou le Québec ont investi quelques millions, j’avais mal lu le programme, il s’agissait plutôt de Valse avec Bachir.. Les premières images m’ont rappelé Persepolis. Pas mal direz-vous! Il faut dire que le film s’ouvrait sur une meute de chiens enragés qui renversaient tout sur leur passage. Ils étaient d’ailleurs effrayants. Ces chiens sortis des rêves d’un ancien soldat israélien nous ramène à la « première » invasion du Liban par Israël en septembre 1982. À ce propos confesse le réalisateur Ari Folman, lui-même ancien combattant israélien: « je n’apprends rien aux Israéliens. Cette invasion de Beyrouth ouest était inutile et ne rapportait rien. Une énorme tache noire sur notre Histoire ». Il ajoute avec calme:  » Je suis prêt à parier qu’Ariel Sharon, en ce moment dans le coma, aurait donné n’importe quoi pour réécrire l’histoire et éviter cette expédition insensée dont il fut l’initiateur ». En conférence de presse, il rappellera, devant les questions d’une journaliste libanaise, que ce sont des phalangistes chrétiens qui ont procédé à un massacre qui a duré du 16 au 18 septembre 1982 dans les camps de Sabra et Chatila, sauf que l’armée israélienne, complice, a laissé faire.

Pour préparer son film, il n’a pas puisé dans ses propres souvenirs. Il n’en avait plus. C’est cet ami qui multipliait les cauchemars avec ses chiens qui lui a fait réaliser que sa propre mémoire était totalement en panne. Les enquêtes menées auprès d’anciens combattants l’ont mis en face d’horreurs bien pires que celles qu’il a montrées, mais c’était quand même trop pour en faire des reconstitutions. Par pudeur en somme, il a opté pour un film d’animation, ce qui constituait en soi une forme d’audace. On ne le sait que trop maintenant, le projet de Folman est d’une terrible actualité.

Il en va autrement pour une histoire de conflit interne, en Irlande du Nord cette fois. Signé Steve McQueen dont c’est je crois le premier long métrage. Il est surtout connu pour ses tableaux présentant des scènes de guerre où figurent des hommes et femmes tués en Irak. Sur chacun, figure le profil de la reine d’Angleterre au nom de laquelle ces victimes ont perdu leur vie. Ces tableaux seraient destinés à devenir de vrais timbres!

En conférence de presse, le réalisateur a rappelé qu’il commençait à peine à travailler sur son projet de film qu’est survenue l’épisode de la prison de d’Abou Ghraib et l’horreur de Guatanamo. La prison qu’il choisit de montrer est peut-être toute neuve, mais elle reste hantée par une haine effroyable. On sort de ce film, longuement applaudi, totalement abasourdi, presque incrédule. Admettons que le film est un peu à sens unique et insiste sur la barbarie invraisemblable des autorités et de leurs mandataires. Pour la comprendre ou essayer de la comprendre, la contrepartie est essentielle. Il faut la deviner à partir de l’ardeur et de la détermination des militants de lIRA. Il n’en reste pas moins que rien ne justifie une telle répression. Tout a fini là par où on aurait pu commencer.

Le drame de Bobby Sands ( Michael Fassbender), est au coeur de ce film intitulé Hanger. Celui-ci est mort après 66 jours de jeune, le jour même où il était élu député. Depuis, un prisonnier ne peut plus être candidat. Huit autres prisonniers succomberont à une grève semblable avant que les autorités cèdent ( fin 1981-début 1982). On apprendra à la toute fin que, pendant la même période, 18 gardiens de la prison seront assassinés dont l’un, froidement abattu d’une balle, sous les yeux des spectateurs qui ont bien failli applaudir à tout rompre. Fassbender est très émouvant et convaincant. On dit qu’il a beaucoup maigri pour jouer ce rôle, mais certes pas assez pour soutenir les dernières images.

La prison irlandaise nous conduit à une autre prison, en Argentine cette fois. Cette fois, une comédienne paie de sa personne dans Leonora, film également très réussie. (À suivre)..

Journée internationale contre l’homophobie

À l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie et du 400e anniversaire de fondation de Québec, une activité nationale de lutte à l’homophobie aura lieu le samedi 17 mai 2008 à Québec. Cette première à Québec réunira plusieurs participant(e)s et personnalités, dont Patrice Corriveau, l’auteur du livre La répression des homosexuels au Québec et en France : du bûcher à la mairie.
Rassemblement et marche de solidarité
De concert avec la Fondation Émergence, les organismes GLBT Québec / Lutte à l’homophobie, GRIS-Québec et MIELS-Québec, en collaboration avec les autres groupes et organismes de Québec offrant des services aux populations LGBT, préparent un rassemblement animé dès 14h devant
l’Assemblée nationale, une marche de solidarité vers l’Hôtel de Ville et un 4 à 6 théâtral au Cabaret Club Le Drague.
En plus de courtes prises de parole sur le parvis du Parlement, le professeur Patrice Corriveau de l’Université d’Ottawa présentera un bref exposé des résultats de ses recherches sur l’histoire de l’homophobie depuis la Nouvelle-France, résultats qu’il a consignés dans son livre.
Déclaration de Québec
L’idée d’une activité nationale contre l’homophobie dans la capitale est de rassembler les gais et les lesbiennes, mais aussi leurs parents, leurs amis, les membres des groupes sociaux et des personnalités publiques. En fait, l’invitation est lancée à ceux et celles qui ont à cœur l’égalité entre les citoyens et qui ont envie, afin d’exprimer leur solidarité, de marcher de l’Assemblée nationale jusqu’à l’Hôtel de Ville, où la Déclaration de Québec, un document dénonçant l’homophobie et proclamant le 17 mai « Journée internationale contre l’homophobie », sera officiellement présenté à la mairie de Québec pour fin d’adoption par le conseil municipal.
Pourquoi participer?
Cette année, c’est à Québec que ça se passe!
Marchons ensemble pour l’acceptation des différences!
Apportez vos amis, vos parents, vos collègues et vos slogans!
Plus nous serons nombreux, plus le message sera percutant!
Parce qu’il y a à Québec des gais et des lesbiennes qui se tiennent debout!
Parce que nous voulons d’une ville de Québec ouverte, moderne et gay friendly.
Info : (418) 809-3383 ou info@glbtquebec.org
Site officiel du 17 mai : www.homophobie.org

Les années

Il y a de ces livres dont on ne voit pas du tout venir les effets.
Quand j’ai commencé la lecture du dernier Annie Ernaux, j’étais loin d’être convaincu de son entreprise. Je trouvais ça trop descriptif et répétitif. Elle défilait les années de son parcours de vie à une vitesse grand V sans prendre le temps d’installer une ambiance intimiste.
Par contre, je trouvais vraiment intéressant le fait qu’elle ne racontait pas sa vie en utilisant l’autofiction comme elle a toujours eu l’habitude de faire dans ses livres. Alors que le je aurait été de mise, elle nous sert un elle sous lequel se cache un nous collectif que Pauline Marois ne renierait pas.
Et là, mine de rien, ça part. On voit alors défiler les années 40, 50, 60, 70 et ainsi de suite jusqu’à maintenant. Annie Ernaux nous met sous le nez les grands et les petits événements sociaux des 70 dernières années. Elle reste discrète sur sa vie privée. Le ton qu’elle utilise est indescriptible. C’est en fait le regard d’un être humain sur la vie qui passe. Et c’est là que tout prend son sens à mesure qu’on avance dans le temps. Quand on traverse notre espace/temps, bonjour l’émotion!
Annie Ernaux nous livre un magistral exercice littéraire qui redéfinie le genre biographique. Les années, c’est l’oeuvre d’une vie dans tous les sens du terme.

Le Prix des libraires du Québec 2008

C’est lundi soir au Lion d’or qu’avait lieu la remise du Prix des libraires du Québec 2008 pour dévoiler les lauréats de cette année dans les catégories québécoise et hors-Québec. Comme à l’habitude ce fut une belle cérémonie animée avec brio par la généreuse et étonnante Catherine Trudeau, porte-parole de l’événement.
Pour la toute première fois, Septentrion avait la chance de voir figurer l’un de ses auteurs dans la très sélecte liste des finalistes. Pierre-Léon Lalonde et Un taxi la nuit rivalisait avec Christine Eddie (Les Carnets de Douglas), Christian Mistral (Léon, Coco et Mulligan), Serge Lamothe (Tarquimpol) et Rawi Hage (Parfum de poussière). C’est ce dernier qui l’a finalement remporté. Philippe Claudel, quant à lui, a été l’heureux élu dans la catégorie hors-Québec pour son roman Le rapport de Brodeck.
Le résultat final est certes important, mais une fois sur place, lorsque la cérémonie se déroule, il devient secondaire tellement chacun des textes est valorisé par la mise en lecture des comédiens. Catherine Trudeau, Serge Bonin et Hugo Turgeon, accompagnés par le musicien Benoit Rocheleau ont fait un travail remarquable.

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Les mises en lecture se sont terminées en beauté par un extrait très convaincant d’Un taxi la nuit. En quelques minutes, portés par le jeu des trois comédiens, le temps dune virée nocturne, les mots de Pierre-Léon Lalonde nous ont permis de faire une intense et unique tournée Montréalaise.
Merci à toi, Pierre-Léon pour ce précieux moment et encore toutes nos félicitations pour cette prestigieuse nomination.

Nouveau départ

Nouveau départ : Cannes

Après quelques hésitations, j’ai cédé. Je serai au Festival de Cannes encore cette année. Ce sera la 24e fois.

Tout a commencé en 1985, grâce à notre ancien professeur de cinéma, l’abbé Léo Cloutier. Dans les années 1940-50, pendant cette supposée grande noirceur, ce prêtre extraordinaire nous initiait à l’histoire de l’Europe, à la belle musique et surtout au cinéma. Il a fondé un ciné-club qui a compté jusqu’à un millier de membres. C’était un habitué de Cannes et un chroniqueur apprécié du quotidien Le Nouvelliste.

Redevenu un homme libre en janvier 1985, je l’avais croisé à Trois-Rivières. Je n’avais pas de projet précis. J’explorais une façon de revenir à l’édition. « Allez-vous toujours à Cannes, monsieur l’abbé? »-« Bien sûr! »-« Vous devriez m’amener avec vous cette année! » Pendant mes études au Séminaire de Trois-Rivières, j’avais collaboré aux activités qu’organisait l’abbé Cloutier, en particulier en préparant les fiches et les « cotes morales » des films projetés à Trois-Rivières. Il proposa mes services à un distributeur de Montréal. Cette année-là, j’ai du voir près une cinquantaine de films en moins de deux semaines. J’y suis allé sans interruption à divers titres depuis cette époque.

L’an dernier, j’avais présenté mon palmarès sur mon blogue. Puis je me fis silencieux. Gilles, notre directeur des éditions, me dispute souvent. Pour me convaincre, il vient de me proposer un logiciel qui devrait m’inspirer. Je vous en reparlerai quand je serai plus certain de la bonne affaire.

Donc, chaque jour, à partir du 14 mai, je vous ferai part de mes commentaires. Auparavant, je dois régler une question qui découle de l’émission de Michel Lacombe à laquelle j’ai participé samedi le 10. Donc je conclus ce message, je vérifie si tout a fonctionné et je vous reviens.

Denis Vaugeois

D’autres contrats…

Dans le numéro d’hiver 2008 de Voix active, la revue trimestrielle de l’Association canadienne des réviseurs, vous apprendrez comment obtenir des contrats du gouvernement fédéral. L’article de Marion Soublière, intitulé «Travailler avec le gouvernement fédéral 101», est vraiment très détaillé. Si vous ne vous découragez pas et que vous suivez toute la procédure, vous pourriez décrocher des contrats parmi les mieux payés dans le domaine, semble-t-il.
Dans ce même numéro, André LaRose consacre presque une page entière à la présentation de mon livre, qu’il recommande à tous les réviseurs, de même qu’aux rédacteurs, traducteurs et employeurs; je l’en remercie.
Vous pouvez télécharger ce numéro gratuitement à l’adresse suivante: http://www.reviseurs.ca/. Normalement, cette revue est distribuée aux membres de l’Association (176 $/an pour le devenir) ou sur abonnement (abonnement à la revue seulement : 69,95/an).

Être satisfait

Je viens juste de franchir une étape importante : j’ai enfin terminé la longue correction de mon recueil de nouvelles Être. Si j’ai mis autant de temps à la faire, c’est que j’ai choisi de réécrire plutôt que d’y aller de simples corrections. Trois de mes nouvelles (sur une quinzaine) ont été revues de fond en comble. L’une d’entre elles a complètement été réécrite. Il ne reste absolument rien de la version précédente. De façon globale, mon recueil s’en trouve de beaucoup amélioré. Il fallait que j’apporte tous ces changements sinon je n’aurais pas été satisfait. Et tant que je ne suis pas satisfait, je peaufine et persévère.
Ce soir, je peux dire que je suis satisfait, mais je ne peux crier victoire. Il me reste encore du pain sur la planche. Je dois rentrer les corrections à l’écran et relire une dernière fois mon recueil pour m’assurer que tout est à mon goût. Ensuite, en principe, je le remettrai à Adeline, ma directrice littéraire. C’est elle qui me guidera alors pour apporter les dernières corrections nécessaires avant publication. Et ça, c’est prévu pour…
Au risque d’en décevoir plusieurs (au moins deux et je vous prie de vous manifester dans les commentaires pour me rassurer), c’est prévu pour janvier ou février 2009!

Écoute…

Au début de ma lecture, ce roman pour ados de la toute nouvelle série L’orphelinat des âmes perdues n’annonçait rien de vraiment palpitant.
Dans le prologue, on découvre quatre jeunes filles dans un lycée qui sont en fait des fantômes. L’une se rebelle plus que les autres face à l’autorité.
Dans le premier chapitre, on reste dans un univers d’ados similaire. Cette fois-ci, on suit un groupe de jeunes rockers. Le manque de cohésion au sein du groupe crée des conflits. On nous sert tout le cadre habituel qui va avec. Bref, un ramassis de clichés pour adolescents.
Petit à petit, sans qu’on s’en rende compte, on bascule dans une ambiance à la Stephen King et là ça devient intéressant et très prenant.
Rendu à l’épilogue, on comprend mieux le début, quoique je garde certaines réserves. Le lien sera peut-être plus évident au fur et à mesure que la série avancera.
Écoute… plaira sans aucun doute aux adolescents en quête de lecture à sensations.

L’Arbre du voyageur

Je ne sais pas ce qui se passe, mais toutes mes lectures m’enchantent actuellement. Le dernier en lice: L’Arbre du voyageur d’Hitonari Tsuji. À ce propos, vous avais-je déjà vendu les mérites de cet auteur japonais? Ce titre est un bon prétexte pour le faire puisque c’est le meilleur que j’ai pu lire de lui (il faut quand même ajouter que j’avais beaucoup aimé les autres).
L’histoire est somme toute simple. À la mort de ses parents, Yûji, un jeune homme de 19 ans, part à la recherche de son frère aîné qu’il n’a pas revu depuis une dizaine d’année. Sa quête, qui se transforme rapidement en propre quête existentielle, l’amène à Tokyo où il fait la rencontre de personnes ayant eu un lien privilégié avec ce frère manquant.
Oui, une histoire simple, mais très forte. Le personnage de Yûji est attachant et on perçoit finement tout son désarroi et toute sa sensibilité. Il y a de l’âme dans ce roman. Il m’a rappelé, en moins étrange, l’univers de Haruki Murakami. L’Arbre du voyageur serait le parfait croisement entre Kafka sur le rivage et Le Passage de la nuit.
Hitonari Tsuji joue dans la cour des grands auteurs japonais. Outre celui-ci, je vous recommande Tokyo décibels (naïve), Objectif (10/18), En attendant le soleil (Belfond) et son recueil de nouvelles La Promesse du lendemain (Phébus).
Pendant ce temps, je lirai les rares titres en français qui me restent à lire de lui.

Le Septentrion dans les médias #2

Du côté des médias québécois, on sent que ça commence à ralentir en ce début du mois de mai. À mon corps défendant, la semaine dernière est incomparable puisque mon dernier billet contenait pas moins de trois semaines de couverture médiatique.
La Mesure d’un contient, notre grand succès de la dernière année, continue de recevoir les éloges des critiques. Cette fois-ci, on peut y lire un excellent compte-rendu de Paul-François Sylvestre dans le journal Le Rempart publié à Windsor en Ontario. Le même journaliste signe un article qui encense le guide Un tour de France canadien dans Le Métropolitain de Toronto.
La revue spécialisée Québecensia fait une belle place à notre superbe livre Champlain la naissance de l’Amérique et souligne la parution de Champlain au Canada, le livre parfait pour faire découvrir ce grand personnage de notre histoire aux nouvelles générations.
Le mystérieux Sinclair Dumontais sera l’invité de l’émission Encrage ce samedi 11 heures sur les ondes de CKRL. Ce sera peut-être l’occasion d’en savoir plus sur cette intrigante Clara Onyx!
À surveiller également, une entrevue avec Jacques Mathieu dans le journal Écho de Beauport à l’occasion de la sortie de son récit historique Entre poudrés et pouilleux.
Voilà qui complète cette chronique hebdomadaire. Je vous donne donc rendez-vous mardi prochain.