Une partie de ma tâche chez Septentrion consiste à m’occuper des divers salons du livre du Québec, ce qui m’amène à faire ma petite tournée annuelle à travers les différentes villes qui les accueillent. J’aime beaucoup cet aspect de mon travail car il me permet, le temps de quelques jours, de renouer avec mon ancien métier de libraire grâce à ce contact direct avec le public. Il me permet également de faire d’agréables rencontres qui se renouvellent d’événement en événement de sorte que chaque salon est à la fois semblable et différent.
Le côté semblable se situe du côté de ce qu’on propose aux visiteurs où se côtoie le meilleur comme le pire du milieu de l’édition. Depuis quelques années, il s’est développé une catégorie de fabriquants de livres qui profite des salons pour faire de la sollicitation agressive afin de vendre leurs produits pas toujours dignes d’un travail éditorial respectable. Ces éditeurs à la gomme utilisent toutes les techniques de vendeurs de balayeuses pour hameçonner les clients crédules. Ce qui est vraiment navrant, c’est que souvent ça fonctionne. Fort de leur succès de la vente immédiate, ces petits « kings » de bas étage finissent par se prendre au sérieux. On les voit se pavaner dans les allées la tête haute l’air de se dire qu’on a rien compris quant à la façon de vendre un livre. Lorsqu’ils daignent s’intéresser aux livres des autres, c’est pour mieux essayer de vendre les leurs.
C’est l’aspect des salons qui me pue le plus au nez, surtout que le grand public n’y voit que du feu. Le livre méritera toujours un meilleur traitement que celui-là.
Bannir ces vendeurs du temple est impossible. Les salons en ont malheureusement besoin pour faire leur frais car les bons éditeurs n’ont pas toujours les moyens et la structure pour être présents dans chacun de ces événements. Il faut apprendre à vivre avec en ne leur donnant aucune importance et se concentrer sur ce que nous avons nous à offrir au public. Des livres, il y en a pour tous les goûts, et les nôtres, chez Septentrion, finissent par rejoindre leurs lecteurs sans que nous ayons à leur tordre un bras pour qu’ils les achètent.
J’ose croire qu’ils sont davantage satisfaits.
5 réflexions au sujet de « Dans mon salon #1 »
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Je suis bien placée pour dire que ça fonctionne. Ces fabricants de livres sont si nerveux de vendre pour payer leur kiosque qu’il te saute dessus comme un vautour sur sa proie. Je me suis faite attraper l’an passé. Mais plus jamais !
Présente pour mon recueil avec mon éditeur et quelques auteurs, j’ai ressenti ce que tu expliques. Je n’ai pas adopté cette attitude, car je crois que si tu parles avec passion de ton livre sans agresser les lecteurs, tu leur communiques cette envie de te lire. Merci pour la réflexion…
Excellente idée que cette série sur les différents Salons du livre. Une suggestion : tu pourrais peut-être nous parler de la spécificité de chacun.
Éric, tu répètes les mêmes mots dans ton billet (inside de salons)
Alain, il n’y a pas suffisamment de spécificité pour chacun pour en faire l’objet d’un billet. C’est un peu du pareil au même. Ce sont surtout les individus qui font la différence.