Archives mensuelles : juin 2011

Un gros mois de mai pour Andréa Richard

Les choses bougent pour Andréa Richard, l’auteure de L’Essence de la vie et Au-delà de la religion. En mai, le mouvement l’a emmenée de l’autre côté de l’Atlantique.
Le 7 mai dernier, elle a participé au documentaire d’Emilie Lançon diffusé sur France 2 dans le cadre de l’émission Envoyé spécial.
Dernièrement, elle était à Paris pour rencontrer ses lecteurs. Une séance de signature a eu lieu à la librairie du Québec à Paris. Plein Jour, une association regroupant plus d’une centaine de femmes de prêtres avec leur conjoints, l’avait également invitée pour leur offrir une conférence sur le sujet.
Le cinéaste et producteur Français, David André, prépare un film auquel participera Mme Richard. S’ajoute à cela, un documentaire de Michel Nussbaumer et Gérard Chouchan relatant le parcours singulier cette ex-religieuse. La sortie est prévue à l’automne.
Madame Elisa Mignot, journaliste de la Presse française, prépare un article complet sur la femme et l’auteure.
Pendant ce temps, au Québec, le 21 mai dernier, dans le cadre de son émission Par quatre chemins (Radio-Canada), Jacques Languirand a fait l’éloge du livre Au-delà de la religion.
Ça met la table de belle façon pour les mois à venir !
Sources : Culture Mauricie et les éditions du Septentrion

Retour de Cannes 2011

Cette année, j’ai renoué avec une vieille habitude : mon bilan.

Woody Allen est un inconditionnel de Paris. Il aime cette ville et regrette de ne pas y avoir vécu ou travaillé par le passé. Il se donne une seconde chance en créant son double Gil, jeune scénariste à succès, qui rêve d’écrire un premier roman et cherche l’inspiration dans Paris. Mais pas n’importe lequel Paris. Pourquoi pas celui des années folles?

Woody Allen n’a pas inventé cette bande comique « La Toupie du temps ». Mais il se souvient de son enfance qui est aussi la mienne. Ne rêvions-nous pas d’être Jacques Le Matamore et de pouvoir voyager dans le temps? Le cinéaste troque la toupie pour une ancienne bagnole qui transporte ses passagers à une autre époque. Gil rencontre Hemingway qui lui présente une éditrice géniale Gertrude Stein. Il n’a qu’une idée lui apporter l’ébauche de son manuscrit. Il doit cependant apprendre à refaire le parcours.

Les premières lignes de son roman font tressaillir la jeune maîtresse de Pablo [Picasso], Adriana. Elle a tout ce qu’il faut pour lui faire oublier sa froide et légère fiancée, ses parents qui sont sur leurs talons et des amis de collège rencontrés par hasard. Woody Allen s’en donne à cœur joie et fait défiler Scott Fitzgerald et sa Zelda, plusieurs peintres dont Gauguin, Lautrec, Dali puis le fantôme de Modigliani et l’incontournable Cole Porter qui le conduit vers la gentille Gabrielle. Woody Allen, alias Gil, ne s’ennuie pas et nous non plus. Chaque immersion dans le passé transforme l’apprenti écrivain. Il ne voudra plus quitter Paris.

La magie qui avait joué pour « La rose pourpre du Caire », ce célèbre film dans lequel les personnages sortaient de l’écran, est au rendez-vous.

Comme mise en bouche, les responsables de la Sélection officielle ont eu la main heureuse en nous servant « Minuit à Paris » de Woody Allen.

Cannes en rafale.

2011 est un excellent cru. Le choix est difficile. Pourquoi pas un menu-dégustation en deux temps : les grands et les moins connus. La cote de 1 à 5 s’en tient à l’aspect divertissement. Ne pas rater ceux qui ont 4 ou 5!

1) André Téchiné avec « Les Impardonnables », adaptation d’un roman de Philippe Djian.

Un écrivain, Francis, cherche un pied à terre à Venise pour écrire son prochain roman. Il déniche une jolie maison et s’y installe avec Judith, l’agente d’immeuble. Ils ont tous deux du vécu et sont vite en affaires. L’histoire démarre sur un ton de comédie qui tourne à la tragédie. Mais on n’y croit pas. André Dussolier et Carole Bouquet restent froids et calculateurs. Le film devient un prétexte pour visiter Venise et faire parader autour du couple la famille et les amies. Ici le féminin est important car Judith est bisexuelle.(2/5)

2) Bruno Dumont avec « Hors Satan ».

Tout le film repose sur David DeWaele, le vagabond, et Alexandra Lamatre, la fille de ferme. Ils se parlent peu, mais se comprennent, ce qui n’est pas immédiatement le cas du spectateur entraîné depuis de très gros plans, surtout du visage impassible du garçon, vers des plans très larges qui s’arrêtent sur une zone de mer désolée faite de dunes et de marais. (2/5)

3) Les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne avec « Le gamin au vélo ».

Les deux cinéastes sont-ils sérieux quand ils expliquent qu’ils ont voulu faire un nouveau « Sauvez Willy »? Ils n’ont pourtant pas besoin de modèle pour créer de jeunes personnages qui deviennent quasi inoubliables. Cette fois Jesse devient Cyril et le dauphin a pris la forme d’un vélo auquel le gamin tient par-dessus tout, à l’exception de son père qu’il recherche désespérément. Quand celui-ci lui dit que le vélo n’avait pas été volé mais qu’il l’avait vendu en même temps que sa moto, le gamin répond : « Ce n’est pas grave ». Ce pardon ne suffit pas à attendrir le père. Heureusement que Samantha la coiffeuse est là, capable d’affronter les terribles crises, des fugues à répétition et parfois même la violence du garçon. (Grand prix ex aequo). (5/5)

4) Pierre Schoeller avec « L’exercice de l’État » ou « Le ministre ».

Olivier Gourmet est très convaincant dans le rôle du ministre des transports dans un pays qui pourrait être la France. Son chef de cabinet, Michel Blanc, l’est tout autant. Tout y est : une pression constante, des rivalités impitoyables, des scoops vicieux, mille et une façons de gagner du temps. La politique à son pire. La salle a longuement applaudi. Gourmet se gonflait, souriait, encaissait. Les frères Dardenne, coproducteurs, applaudissaient poliment. En présentant le film, Thierry Frémaux, délégué général du Festival, a murmuré quasi à voix basse : »Heureusement qu’il y a encore une Belgique! » (5/5)

5) Nadine Labaki avec « Et maintenant on va où? »

Le film s’ouvre sur un cortège de femmes qui s’enlacent et se balancent doucement. Parvenues dans un cimetière, elles se partagent en deux groupes, musulmanes et chrétiennes. Deux religieux dominent ce petit village isolé au nord de Beyrouth, un prêtre maronite et un iman. Tout à l’opposé des deux protagonistes du « Petit Monde de Don Camillo », ils sont complices et soutiennent les femmes qui débordent d’imagination pour apaiser leurs hommes. À la fin, ceux-ci forment un nouveau ballet qui a soulevé l’approbation de la salle. (5/5)

6) Joseph Cedar avec « Hearat Shulayim » titre en hébreu qui pourrait se traduire par « Une note de bas de page ».

Le père et le fils sont de très sérieux chercheurs universitaires. La gloire sourit au fils mais non au père qui doit se contenter d’une note de bas de page consentie par un grand maître dans un ouvrage de référence. Pourtant le père méritait davantage si on accepte d’accorder de l’importance à d’interminables études du Talmud. Sur un ton de comédie, Cedar, à qui on doit « Beaufort » (2007) consacré à l’occupation israélienne du Liban, lève le voile sur les valeurs juives dans la société israélienne.( Prix du meilleur scénario). (4/5)

7) Maïwenn, Polisse, ( Prix du jury).

La réalisatrice nous fait pénétrer au cœur de l’action de la Brigade de protection des mineurs de Paris. Elle joue le rôle d’une photographe mandatée pour réaliser un reportage sur ces policiers. Le truc est un peu facile, mais le résultat est là. Ça marche. Les victimes ne sont pas toujours celles qu’on pense. (5/5)

8) Nicolas Winding Refn (Danemark) avec Drive ( Le cascadeur).

Ce genre polar étonne comme choix dans la Sélection officielle. Non seulement le jury s’est rallié, mais il lui a même décerné un prix. Il faut dire qu’on ne s’ennuie pas malgré des effets parfois un peu gros. Les comédiens sont excellents. (4/5)

9) Aki Kaurismäki (Finlande) avec Le Havre.

Un jeune immigré clandestin est protégé par un ex-écrivain devenu cireur de chaussures. Ce qui le rapproche des gens, explique-t-il. La distribution de ce petit film sans prétention est excellente. Monet (Jean-Pierre Darroussin), l’inspecteur de police, est impeccable. (5/5)

10) Lynne Ramsay (G.-B.) avec « We need to talk about Kevin ».

Ce roman a fait fureur au Québec. Qu’en sera-t-il de ce film? Chose certaine, il ne laissera personne indifférent. (3/5)

Pour compléter, voici mon évaluation d’une quinzaine de films de la Sélection officielle et de la section « Un certain regard ».

Juliana Rojas et Marco Dutra (Brésil), Travailler fatigue (2/5)

Gus Van Sant (USA), Restless (3/5)

Gerardo Naranjo, (Mexique) Miss Bala ( 3/5)

Kim Ki-Duk ( Corée du Sud) Arirang ( 0-5)

Cristian Jimenez ( Chili) Bonsai. (2/5)

Robert Guédiguian (France) Les neiges du Kilimandjaro ( 4/5)

Catalin Mitulescu ( Roumanie), Loverboy (2/5)

Joachim Trier (Danemark) Oslo,31 août ( 2/5)

Julia Leigh ( Australie) Sleeping beauty ( 3/5)

Hong Sangsoo ( Corée du sud) The day he arrives (2/5)

Bakur Bakuradze, (Russie), Okhotnik (Le chasseur) (2/5)

Nicolas Winding Refn ( Danemark) Drive (3/5)

Natalia Almada, ( Mexique), El velador ( Le gardien) (2/5).

Bertrand Bonello (France), L’Apollonide ou la maison close (1/5).

La mémoire du Septentrion

Avec son autorisation, nous reproduisons, dans son intégralité, un article du journaliste René Boulanger paru dans le dernier numéro du journal Le Québécois. À sa façon, il rend hommage au Septentrion.
« Le septentrion, c’est le Nord en langage poétique. C’est aussi le nom d’une maison d’édition que j’aime bien. Elle s’est donné le mandat de publier du livre d’histoire et c’est bien pourquoi l’on traite souvent de ses parutions dans nos pages.
Elle a déjà publié des ouvrages colossaux tels L’Iroquoisie de Léopold Desrosiers, le travail de toute une vie, de même que Empire et Métissage de Gilles Havard, le plus important ouvrage sur la rencontre amérindienne et française dans ce qu’on appelait les Pays d’en Haut, bref l’intérieur de l’Amérique.
Là, où elle se dépasse, c’est lorsqu’elle se met en frais de publier ce qu’on appelle des sources. Bref des récits, journaux ou mémoires écrits par des témoins réels d’événements historiques. Cette publication est méritoire car elle n’intéresse la plupart du temps que des spécialistes. Ces publications publiées le plus souvent à perte sont néanmoins essentielles à la pratique de l’histoire.
En sortant des ouvrages généraux, l’amateur peut juger de la valeur des thèses historiques qui s’affrontent dans le champ de la recherche. Ainsi, en écrivant La Fin des Alliances franco-indienne l’historien Denis Vaugeois a remis à l’avant-plan l’importance stratégique que la Nouvelle-France accordait à son système continental d’alliances amérindiennes. Puisant abondamment dans une source à peu près inutilisée car introuvable, Mémoires sur la dernière guerre de l’Amérique septentrionale de Pierre Pouchot, Denis Vaugeois, le directeur de Septentrion a eu le bon génie de publier cette source éminemment précieuse dans une édition critique sous la direction de Catherine Broué. Du grand travail d’historienne.
Cet ouvrage fourmille de faits étonnants sur l’intense diplomatie déployée par les commandants des forts de l’ouest en coordination avec le gouverneur Vaudreuil lors de la guerre de Conquête. Lorsque les nations Iroquoises basculent dans le camp anglais, Pierre Pouchot rencontre des émissaires Iroquois et leur révèle la portée stratégique de leur choix : la destruction future de l’Iroquoisie par les Yankees.. Mais ils redoutent déjà ce choix et acquiescent même à ses propos. Car ils voient bien que l’équilibre est rompu entre les puissances et ne pourront plus louvoyer entre les deux camps.
Bien expliqué par Denis Vaugeois, le témoignage direct de Pouchot est encore plus éclairant. Mais l’on ne saurait se contenter uniquement des sources et à l’inverse les synthèses historiques demandent à être approfondies. Cette politique d’édition est donc ce qu’il y a de mieux.
Aujourd’hui, Septentrion poursuit dans la même veine, la maison vient de publier deux sources également introuvables au Québec, des récits de témoins anglais qu’on s’est enfin donnés la peine de traduire. D’abord : 1760, les derniers jours de la Nouvelle-France recueil de journaux britanniques traduits par M.Réal Fortin. Au dire de M.Fortin, ces sources ont peu été utilisées par les historiens québécois car peu accessibles. On le croit sur paroles.
Une autre traduction encore plus récente publiée ici est celle d’Alexander Henry témoin de l’attaque du fort Michillimakinac lors de l’insurrection amérindienne de 1763 commandée par le célèbre chef Pontiac. Le récit d’Alexander Henry qui échappe à la mort en se réfugiant dans la maison de Charles Langlade trafiquant métis qui a tenu un rôle important lors de la guerre de Conquête, nous est bien connu par les descriptions de l’historien américain Parkman. Il revient souvent dans toutes les évocations de la guerre de Pontiac reprises dans les ouvrages généraux ou les productions littéraires. Par contre, rien ne vaut l’original et encore mieux sa traduction.
En présentation de presse, Georges Brissette, le traducteur de l’ouvrage nous confie qu’il a tout bonnement découvert le récit d’Alexander Henry lors d’une visite au fort Michilimachinac. C’est donc presque le hasard qui nous vaut de redécouvrir cet important témoignage sur les luttes et la vie amérindiennes. Ce bel effort des éditions du Septentrion pour offrir à notre époque ces témoignages de notre histoire méritent donc d’être salué. Mais en même temps, on peut conclure qu’il devrait faire l’objet d’une véritable politique de l’état québécois et devenir une pratique systématique encouragée par un fonds spécial dédié à cet effet.
En attendant, il faut participer nous-mêmes à ce travail de la mémoire en se donnant la peine d’acheter ces récits trop longtemps oubliés. »

Québec se livre : 14e édition

La 14ième édition de Québec se livre se tiendra le jeudi 16 juin prochain. Dans une formule 5@7, nous vous convions à venir prendre un verre sur la Terrasse du restaurant Abraham-Martin (595, rue Saint-Vallier est à Québec) pour le simple plaisir de bavarder de choses et d’autres.
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