Je les attendais avec beaucoup d’impatience l’automne dernier. Je les ai lus. J’ai été déçu. C’est comme ça!
Les murs blancs de Linda Amyot (Leméac) : Après l’émouvant et percutant Ha Long qui traitait habilement de l’adoption internationale, Linda Amyot aborde de façon intimiste le sujet de la maladie (le cancer en l’occurrence). En suivant trop de pistes (tout l’entourage du personnage principal) et à trop vouloir saisir l’indicible, l’intensité du propos se dilue de même que l’intérêt du lecteur. Dommage!
La lune dans un HLM de Marie-Sissi Labrèche (Boréal) : Avec ce troisième roman, Marie-Sissi Labrèche est peut-être en train de démontrer qu’elle n’est pas une grande romancière. Selon moi, elle n’est pas parvenue à créer une histoire cohérente en utilisant les vraies lettres écrites à sa mère (je) en alternance avec un personnage inventée de toute pièce (il). Le lien semble forcé et on a du mal à croire à son personnage de Léa qui manque visiblement de profondeur. En plus, du début à la fin, on y décèle des tics d’écriture qu’on ne permettrait pas à un jeune auteur. En voici un exemple probant: « Elle voudrait qu’elle l’adopte, qu’elle fasse d’elle le fruit de ses entrailles est béni… ».
L’amour humain d’Andreï Makine (Seuil) : Ayant pour toile de fond les révolutions angolaise, cubaine et russe, Makine délaisse son sujet de prédilection (l’amour) au profit d’un discours plus politique. On peut saluer son audace, mais l’exercice ne m’a pas semblé convainquant. J’ai compris son intention, mais je n’ai pas eu l’impression de lire ce qui se cachait derrière cette intention. Résultat : je me suis perdu tout au long du roman. N’eût été de la qualité de son écriture et de toute l‘admiration que je porte à cet auteur, je ne me serais jamais rendu jusqu’au bout. On est bien loin de La musique d’une vie.
Une belle éducation de France Théorêt (Boréal) : Pour qu’un récit puisse aspirer au titre d’oeuvre littéraire, il faut absolument qu’il soit porté par l’écriture. Je ne crois pas que ce soit le cas avec ce dernier titre de France Théorêt. L’écriture est peut-être trop minimaliste et l’auteure trop en retrait par rapport à son sujet. Plutôt que de donner de la puissance, de la profondeur et de l’émotion à son propos, ça lui en enlève. Ne reste plus qu’un témoignage honnête d’une enfance difficile.
Magnitude 9.0 de Maxime Mongeon (Leméac) : Depuis la parution de son premier roman (Une seconde d’achèvement), j’ai envie de suivre le travail de Maxime Mongeon. Je sens que, tôt ou tard, il peut nous offrir une œuvre importante. L’œuvre attendue n’est pas celle-ci. Dans Magnitude 9.0, qu’ils se trouvent à Montréal, Vancouver, Cuba ou en Thaïlande, tous les personnages de ce troisième roman subissent les contrecoups des dérèglements planétaires. Nous comme lecteur, d’un paragraphe à l’autre, on nage en eaux troubles. Tout au long, on a vraiment du mal à suivre le déroulement de l’action. On ne sait pas toujours où on se trouve, qui parle, qui pense, qui fait quoi et qui est qui par rapport à qui. S’il est volontaire, le flou ne fonctionne pas.
5 réflexions au sujet de « Deception point #2 »
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Bonjour Éric,
Personnellement, je rajouterais à ce palmarès le recueil de Sylvain Trudel, La mer de la Tranquillité, un livre plus noir que noir qui m’a profondément déçu malgré ses qualités d’écriture.
De mon côté, je n’ai pas aimé «Le dernier continent» de François Avard. En fait, c’est le premier livre que je n’ai jamais été capable de finir… L’as-tu lu toi?
Robert: je n’ose plus me prononcer au sujet de Sylvain Trudel (que je salue au passage). Par contre, je t’invite à lire mon premier « Deception point ».
Virginie: je n’ai lu aucun François Avard. J’ai encore moins le goût de lire « Le dernier continent » pour des raisons d’intégrité. Je m’explique. Paru aux Intouchables avant que François Avard ne se fasse connaître du grand public, le roman est passé inaperçu. Les ventes s’avérant insatisfaisantes, Michel Brûlé (l’éditeur) l’avait alors retiré du marché, geste très frustrant pour un auteur (mon premier roman « Martel en tête » a connu le même sort chez le même éditeur). Le succès qu’a connu Avard a suscité une forte demande pour ce roman. Toujours avide de faire de l’argent, Michel Brûlé lui a proposé de le ressortir en format poche. Insulte suprême pour Avard? Eh, non. Probablement aussi avide de faire de l’argent, il a accepté. Je trouve ça épouvantable.
Éric, merci de m’avoir dirigé vers «Déception Point». Ayant découvert votre blogue depuis peu, je ne connaissais pas cet échange entre vous et Trudel. Je ne crois pas que vos réserves au sujet du recueil de Trudel, auteur talentueux dont j’ai lu tous les livres, méritaient une telle réplique de sa part. Je ne suis pas un auteur. Je peux comprendre à quel point ce doit être choquant de recevoir de mauvaises critiques, ce qui d’ailleurs n’est pas arrivé souvent à Trudel, enfant plutôt choyé du milieu littéraire québécois depuis plus de 20 ans. Mais si j’en étais un, je n’ouvrirais pas un débat avec quiconque n’ayant pas aimé mon livre. Sa réaction m’a donc étonné, d’autant plus que Trudel est un homme discret qui ne semble pas aimer être sous les projecteurs. Quant à vous, je trouve que vous faites votre job de critique de façon fort honorable, car vous avez plutôt tendance à aimer qu’à détester, et encore, quand vous détestez, vous prenez souvent des gants blancs pour le dire, contrairement à certains autres. Je terminerai cette intervention en redisant ma déception à propos du livre de Trudel, et que cette déception est partagée par plusieurs de mes amis qui le suivent et le respectent, ainsi que par quelques lecteurs de VOIR (allez lire les archives sur ce titre, c’est fort instructif). Espérons que cela aura pour effet de stimuler davantage Trudel et que le prochain livre sera un petit chef-d’oeuvre comme il en est capable !
Oh! J’ai jamais entendu parler de ton premier roman!! Mais je suis curieuse… et ils l’ont encore à la Biblio Monique-Corriveau alors je vais le lire c’est clair!
Pour ce qui est de François Avard, c’était un cadeau de ma soeur… Cette année, elle voulait m’acheter le tien mais je l’avais déjà acheté. Comme quoi elle n’a pas si mauvais goût