Hier soir, je suis allé au Périscope voir Le psychomaton, la toute nouvelle pièce de théâtre écrite par Anne-Marie Olivier mettant en vedette Hélène Florent (que je voyais pour la première fois sur scène) et Hugues Frenette. Une toute nouvelle création très invitante que je ne voulais pas rater.
Le psychomaton, comme son nom le laisse deviner, est un genre de confessionnal psychologique. Pour deux dollars, une personne peut confier en toute liberté tous les secrets de son âme à une machine. Du début à la fin de la pièce, défile devant nous une pléthore de personnages esseulés qui souffre. En toile de fond, on voit évoluer tout le processus de ce projet censé mettre un baume sur le cœur des gens.
Bien que n’étant pas d’une extrême originalité, l’idée est tout de même séduisante. Malheureusement, malgré quelques bonnes répliques, le texte que nous livre Anne-Marie Olivier est plutôt mince (on est loin du puissant et inspiré Gros et détails). Le problème est simple : il n’y a pas de profondeur dans cette pièce. Qu’elle aborde la question de la pauvreté, des laissés pour compte, de la marginalité ou du mal de vivre tout reste en surface. Tous les personnages qui défilent devant nous ont quelque chose de caricatural et ce n’est pas la faute des comédiens. Ils font leur possible pour défendre un texte assez pauvre, mais ça ne sauve pas la mise. On a l’impression d’assister à une pièce de finissants de secondaire cinq! Le décor surchargé de bébelles accentue cette navrante impression. Ça peut paraître méchant, mais c’est vraiment l’impression que j’ai eu à plusieurs reprises.
Au moment du salut, je me suis demandé si les comédiens étaient conscients de ne pas avoir un grand texte à défendre. À voir leurs mines peu convaincues, j’ai répondu oui à ma question. Je ne dois pas être loin de la vérité.
Malheureusement, et c’est le propre de la création, cette fois-ci Anne-Marie Olivier a raté son coup.
3 réflexions au sujet de « Le psychomaton »
Les commentaires sont fermés.
Dommage, cette pièce m’inspirait et j’avais le goût de voir le travail d’Anne-Marie Olivier…
La pièce à ne pas manquer ces temps-ci à Québec : «Indépendance» à Premier Acte. Les 4 actrices sont superbes et le texte très fort. Tu devrais être moins déçu qu’avec Le psychomaton.
Bonjour Eric,
Je suis d’accord avec toi, en voyant la pièce, je me suis dit que ça ferait un texte correct pour monter avec des jeunes. J’ai eu du mal à embarquer, surtout dans le personnage de Josée, que je trouvais trop survoltée, trop idéaliste, hyperactive que ça m’a littéralement fait décrocher dès le départ.
Les personnages restent en superficie, à part deux ou trois sur les 20 qui dans leur vérité de jeu, m’ont touchées; le jeune Jimmy, la femme battue quand elle pleure en silence, la femme délaissée par sa fille. Franchement, je suis déçue. Gros et détails m’avait tellement chavirée, séduite, touchée… Moi, grande sensible, on n’a pas réussi avec Psychomaton, à me faire vivre de vraies émotions.
Je crois que comme vous dites « le peu de profondeur » de la piece se traduit par la solitude de chacun et par le manque frappant de ressources. C’est pourquoi le personnage d’Hélène Florent est si idéaliste et semble être trop exalté; elle est la seule qui croire que les choses peuvent changer en partageant ce qui se passe sans trop embêter les autres. Les problèmes de chacun des personnages sont certes peu originaux. D’après moi c’est ce qui rapproche le spectateur de chacun de ces personnages; ils sont humains et ne vivent pas des expériences extraordinaires avec des mots impeccablement choisis. Ils disent ce qu’ils pensent et ce qu’ils ressentent comme ils le peuvent. J’imagine que votre critique d’avis moyen est due au fait que certaines situations sont souvent banalisées par tout ce qui se passe dans notre monde. Ayant pour ma part trouvée cette pièce bonne sans être exceptionnelle, je n’irais par contre pas dire que l’auteur a manqué son coup. Elle a fait le tour des petites bébittes qui traînent dans la vie des gens. Ce soir, la salle était comble. Les gens ont applaudis. Les comédiens ont semblé soulagés d’avoir débité leur texte et d’avoir une fois de plus exercés leur beau métier. Je crois qu’ils y ont cru. Tant mieux pour eux.