Au sortir du cinéma, après le visionnement du film Lemming de Dominik Moll, j’étais dans un état second et plutôt perplexe. Oui, j’avais aimé, mais…Tout ce que je trouvais à dire était que le scénario m’apparaissaît boîteux dans la seconde partie du film qui avait pourtant démarré sur des chapeaux de roues. Je prenais un malin plaisir à voir évoluer le personnage presque démoniaque d’Alice joué d’une façon magistrale par une Charlotte Rampling à son meilleur. …mais dans l’ensemble c’était bien, sans plus. Un bon film psycho-schizo. Quelques jours plus tard, j’avoue que le petit lemming a su se frayer un chemin et faire sa niche à l’intérieur de moi. Je n’arrête pas d’interpréter et de réinterpréter le scénario. Chaque interprétation que je lui confère me plaît, même les plus étranges. J’adore quand un film continue de faire son travail bien après la projection. C’est une très belle qualité et un très bon signe. Faible, le scénario? Peut-être plus efficace qu’il n’y paraît. Cette histoire de lemming (petit rongeur de la Finlande) qui se retrouve coincé dans l’évier du couple (fort bien campé par Laurent Lucas et Charlotte Gainsbourg) et de cette Alice qui s’infiltre en même temps dans la vie de ces gens-là n’est finalement pas piquée des vers. Oui, c’est un film psycho-schizo qui brouille les pistes et surtout qui distorsionne la réalité. La perception qu’on peut avoir des choses s’en trouve alors passablement affectée. Si vous avez envie d’un film étrange et irrationnel flirtant avec le fantastique, Lemming serait plus désigné que OSS 117
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Le temps qui reste
Avec mon carnet, je souhaitais créer une sorte de communauté culturelle. Si je me fie à la réponse rapide avec laquelle vous avez répondu à mes deux premiers billets, ça augure plutôt bien. Aussi, suite au courriel que j’ai fait parvenir annonçant la mise au monde de mon blogue, dès le lendemain, lecteurs.ca le mettait à sa une (voir page d’accueil du site) et je recevais aussi un courriel d’un inconnu qui m’invitait à faire connaître le sien et lui se chargerait de faire connaître le mien. En plein le genre de truc que j’aime. C’est un français installé à Montréal qui vient de créer un espace voué au cinéma français s’adressant aux anglophones! Inusité mais intéressant. Voici le lien:
http://forgivemyfrenchfilms.blogspirit.com
Ce préambule est un excellent prétexte pour vous parler du nouveau film de François Ozon « Le temps qui reste ». Même si Ozon ne m’avait pas encore jeté par terre par sa filmographie, je ne pouvais résister à l’envie d’aller voir son travail. « Sitcom » (complètement débile), « Gouttes d’eau sur pierres brûlantes » (avec la bizarroïdes et incomparable Anna Thompson – vous avez vu « Sue perdue à Manhattan » j’espère!), « Huit femmes » (l’interprétation d’Isabelle Huppert de la chanson « Message personnel » est inoubliable), « Sous le sable » (lumineuse Charlotte Rampling), « Swimming pool » (perfide Ludivine Sagnier) et « 5 x 2″ (la toujours à fleur de peau Valéria Bruni-Tesdeschi) m’ont tout de même laissé de bons souvenirs. Mais là, avec « Le temps qui reste », fillm profondément humain, François Ozon signe une oeuvre très personnelle et achevée. Chaque réplique a sa place. Chaque plan a sa raison d’être. Tout est savamment orchestré. Tout est vrai. C’est parfois dérangeant, jamais complaisant, mais toujours d’une justesse vertigineuse. Il évite tous les clichés liés à une mort imminente. C’est de l’émotion brute, vraie. Melvil Poupaud s’est complètement abandonné au personnage. Il crève l’écran et nous subjugue du début à la fin. De loin sa plus grande performance d’acteur. Et je n’ai même pas encore parlé de Jeanne Moreau, de Valéria Bruni-Tesdeschi et de tout ce qui rend ce film inoubliable. Enfin le film de François Ozon que l’on attendait depuis longtemps!