L’eudémonologie

Mon «mot» du jour? Eudémonologie. Il s’agit, selon Bruno Giuliani (L’amour de la sagesse, France, éd. du Relié, 2000, p. 66), de la science du bonheur. Mais je n’ai trouvé ce mot dans aucun de mes dictionnaires.
Le terme eudémonisme est mieux connu; on le définit comme toute éthique qui fait, du bonheur, le souverain bien. Cependant, les philosophes ne perçoivent pas ce souverain bien de la même façon. Voici en quoi il consiste selon les Anciens.
Socrate : le savoir;
Platon : la justice;
Pyrrhoni : la raison ou la contemplation;
Épicure : le plaisir;
Les stoïciens : la vertu.
D’où la nécessité, peut-être, d’une «science» du bonheur.

Sur les traces des Français d’Amérique

Ne manquez pas le second numéro de GEO-Histoire, un hors-série consacré à l’Amérique française. Du Québec à la Louisiane, le magazine dresse un bon portrait de l’histoire coloniale française et part à la recherche de ceux qui l’habitent encore et qui perpétuent son souvenir.
La revue est divisée en quatre chapitres. Les colons du Saint-Laurent, dans lequel on retrouve entre autres Raymonde Litalien qui revient sur la fondation du premier empire colonial français. Vers les « Pays d’en haut », un invitant voyage dans la région des Grands Lacs, dans lequel Gilles Havard explique comment le commerce des peaux de castors a engendré une société métisse. La conquête du Midwest nous amène sur les traces de Cavelier de La Salle le long du majestueux Mississippi jusqu’à Saint-Louis, cette ville française au coeur du continent américain. La Louisiane version française constitue la dernière étape du voyage de même qu’elle fut la dernière étape de la colonisation française en Amérique. Son bayou fut un terminus pour de nombreux déportés acadiens.
Comme à l’habitude, ce numéro est magnifiquement illustré de cartes anciennes et modernes, de dessins et tableaux ainsi que de très belle photographies actuelles. Un numéro incontournable pour les amateurs d’histoire.
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Prix des libraires du Québec 2007

La liste préliminaire du Prix des libraires du Québec 2007 a été dévoilée aujourd’hui. C’est jeudi dernier que mes collègues et moi sommes réunis pour établir cette liste. Chaque année, nous attendons ce moment avec beaucoup de fébrilité (et un peu d’angoisse!). Nous avons eu beaucoup de plaisir à nous retrouver, à nous réunir et à nous asticoter un peu pour défendre nos points de vue. Je dois dire que nous avons fait un excellent travail. Nous sommes très fiers de notre sélection et les réactions sont très bonnes jusqu’à maintenant. Nous nous réunirons à nouveau le 18 janvier pour établir les cinq finalistes dans chacune des catégories.
Sans plus tarder, voici le fruit de notre réunion:
Romans québécois
La fabrication de l’aube, Jean-François Beauchemin (Québec-Amérique)
Hadassa, Myriam Beaudoin (Leméac)
La clameur des ténèbres, Neil Bissoondath (Boréal)
Iphigénie en haute-ville, François Blais (L’instant même)
Parents et amis sont invités à y assister, Hervé Bouchard (Le Quartanier)
Traité de balistique, Alexandre Bourbaki (Alto)
La logeuse, Éric Dupont (Marchand de feuilles)
Sauvages, Louis Hamelin (Boréal)
La rivière du loup, Andrée Laberge (XYZ)
Trois modes de conservation des viandes, Maxime-Olivier Moutier (Marchand de feuilles)
Jeanne sur les routes, Jocelyne Saucier (XYZ)
Mitsuba, Aki Shimazaki (Leméac/Actes sud)
Romans hors Québec
Le chemin des âmes, Joseph Boyden (Albin Michel)
Un sentiment d’abandon, Christopher Coake (Albin Michel)
À perte de vue, Amanda Eyre Ward (Buchet Chastel)
Jours de juin, Julia Glass (Des 2 terres)
L’histoire de l’amour, Nicole Krauss (Gallimard)
Les bienveillantes, Jonathan Littell (Gallimard)
Kafka sur le rivage, Haruki Murakami (Belfond)
Extrêmement fort et incroyablement près, Jonathan Safran Foer (de l’Olivier)
Il faut qu’on parle de Kevin, Lionel Shriver (Belfond)
L’infortunée, Wesley Stace (Flammarion)
Ouest, François Vallejo (Viviane Hamy)
Dans les bois éternels, Fred Vargas (Viviane Hamy)
Vous, si vous aviez à choisir, quels seraient vos choix dans chacune de ces catégories?
(Pour en savoir plus: http://www.alq.qc.ca/#)

Le Québec, une nation ?

La question de l’identité nationale du Québec défraie encore les manchettes cette semaine. L’occasion de faire un tour de ce qu’en pensent nos auteurs.
Pour Eugénie Brouillet, le titre de son livre – La Négation de la nation – est éloquent : Ottawa nie la reconnaissance du Québec depuis plusieurs décennies. Auréolée du prix Richard Arès 2005, elle est d’ailleurs l’une des principales ressources actuelles pour débattre de ce sujet. Comme dans Le Devoir de cette fin de semaine.
Autre temps et autre prix Richard Arès, Le Devenir de la nation québécoise selon Maurice Séguin, Guy Frégault et Michel Brunet (1944-1969) nous exposait les réflexions de ces trois grands penseurs du Québec, le tout remarquablement analysé par Jean Lamarre.
DIfficile de tenir éloignée l’ombre du chanoine Groulx dès que l’on parle du nationalisme québécois. Frédéric Boily s’est pourtant essayé à porter un regard neuf sur La Pensée nationaliste de Lionel Groulx. Ce n’est pas la race, au sens biologique du terme, mais bien la culture qui est au fondement de la nation canadienne-française, selon Lionel Groulx.
Autre figure marquante de ce débat, Pierre Elliott Trudeau doit se retourner dans sa tombe d’entendre la nation québécoise reconnue par un premier ministre canadien. Guy Laforest nous expliquait dans Trudeau et la fin d’un rêve canadien le caractère profondément illégitime et injuste, pour le Québec, de la Loi constitutionnelle de 1982.
    
    

Chacun son métier #1

S’il y a une chose que les libraires détestent par dessus tout, ce sont les auteurs qui se manifestent afin de s’assurer de la meilleure visibilité pour leur livre. Tous ne sont pas discrets et subtils, croyez-moi.
La plupart joue au client en demandant leur titre et en nous le faisant chercher. S’il est en stock, il ne se contentera pas d’en être satisfait. Non, il insistera pour le voir, allant même jusqu’à nous faire perdre un temps précieux que nous n’avons pas toujours. Une fois le livre trouvé en rayon ou dans les boîtes, c’est souvent à ce moment qu’il se dévoile (ça, ça me tue!). Ce n’est pas tout, le pire survient ensuite. S’il est dans les boîtes, c’est un sacrilège. Il aurait fallu se précipiter pour le mettre sur les rayons. S’il est déjà placé, ce n’est jamais au bon endroit. Certains vont même jusqu’à nous suggérer où nous devrions le mettre même si ça ne cadre pas du tout avec notre façon de placer les livres. On nous suggère également de le mettre en vitrine. Avant de partir, après l’avoir mis de face n’importe où dans les rayons, on nous invite à en faire de bonnes provisions parce que les médias sont sur le coup.
Il y a ceux qui ne s’adressent jamais aux libraires qui sont parfois notre cauchemar. Après leur petite tournée bidon des librairies, ils appellent leur éditeur pour se plaindre du mauvais traitement réservé à leur livre extraordinaire. Résultat: l’éditeur appelle le distributeur qui semonce le représentant qui tète le libraire pour « accommoder raisonnablement » l’auteur en question. L’odieux nous revient encore une fois alors qu’on aurait du faire comprendre à l’auteur que cette facette du métier nous appartenait.
Il y a aussi les auteurs qui s’adressent directement aux gérants des librairies pour se plaindre sans avoir l’air de le faire en tenant un discours faussement humain du genre qu’il est peiné de voir que son livre n’a pas droit au même traitement que tel autre, que c’est un client de longue date, qu’il aurait espéré, m’enfin, bon!
Je n’ai pas encore parlé des proches des auteurs qui en rajoutent en utilisant les mêmes stratagèmes en nous faisant perdre encore une parcelle de temps précieux. Peut-être davantage car ils vont même jusqu’à nous demander les quantités initiales et les ventes. Elles ne sont jamais suffisantes, évidemment!
Ces comportements franchement désagréables sont le lot presque quotidien des libraires. Le plus choquant, c’est que, dans chacun de ses comportements, le libraire passe toujours pour celui qui ne fait pas bien son travail. Si le livre ne se vend pas c’est parce qu’il n’a pas eu la visibilité qu’il aurait fallu. Oui, c’est toujours la faute aux libraires. L’auteur, lui, semble ne jamais douter de son travail.
Contrairement à ce que semble croire certains auteurs, sachez que le libraire n’est pas con. Si un livre est en demande, il le mettra en évidence et commandera les stocks en conséquence. D’ailleurs, je crois que c’est un peu notre métier que de savoir satisfaire aux demandes des clients, non? Alors, il est où le problème? Je ne sais pas (mais je m’en doute)!

Georges Drouillard, remarquable oublié

Ce lundi 20 novembre, Serge Bouchard nous a magnifiquement raconté les aventures de Georges Drouillard, guide de l’expédition Lewis et Clark. Ce récit est un pas de plus vers la reconnaissance de l’apport immense des canadiens-français à l’exploration de l’Amérique du Nord.
En deuxième heure, il tenait une tribune téléphonique avec comme invité Michel Chaloult, auteur des « Canadiens » de l’expédition Lewis et Clark.
Toujours sur le même sujet, Denis Vaugeois nous avait offert une perspective originale de cette période de l’histoire avec America. L’expédition de Lewis&Clark et la naissance d’une nouvelle puissance, 1803-1853. Georges Drouillard tient une place importante dans son ouvrage.
Pour preuve, testez notre moteur de recherche à travers notre fonds. 37 pages trouvées contiennent « Drouillard ».
Notons que Radio-Canada a finalement offert un site Internet à la hauteur de l’émission de Serge Bouchard. Enfin !