Tous les articles par Eric Simard

Chacun son métier #7

Lorsqu’on travaille en librairie, on a l’habitude de se faire poser toutes sortes de questions. On a aussi souvent l’impression que les plus saugrenues sont derrière nous. Détrompons-nous car l’être humain est toujours plus surprenant qu’on le pense, j’en ai encore eu la preuve cet après-midi.
Le téléphone sonne. je réponds et le type me demande s’il peut nous envoyer son manuscrit. Ne sachant si j »avais bien entendu sa requête, je laisse un bon cinq secondes de silence avant de lui dire qu’il appelle dans une librairie. Non seulement c’était bien là son intention, il en rajoute en me demandant si nous pouvions évaluer son manuscrit!
Raccrocher, rire ou répondre sérieusement?
Je reste poli et je lui fais comprendre que ce n’est pas vraiment le rôle d’une librairie que d’évaluer des manuscrits. Je vais même jusqu’à lui proposer de le guider dans sa démarche en lui posant quelques questions sur le manuscrit en question. Je le surestimais. Il a été incapable de me dire si c’était un roman. Il a baragouiné les mots nouvelle et journal et je ne sais plus trop quoi et m’a remercié maladroitement avant de raccrocher.
Je ne sais ce qui m’a pris de ne pas lui proposer de me l’envoyer. Hamac vient peut-être de passer à côté d’un grand… heu… voyons.. heu…

Bonheurs d’occasion #3

Trois romans québécois qui vont au fond des choses et qui ne veulent surtout pas épargner la sensibilité du lecteur. Trois romans écrits par des femmes talentueuses issues d’une nouvelle génération d’auteure qui apportent un souffle nouveau sur notre littérature.
Crève, Maman!, Mô Singh (XYZ) : Juste à lire le titre de ce roman, on sait un peu dans quel univers on risque de se retrouver. Il n’y a aucune ironie à y déceler. C’est direct, cru et dur. Tout à fait à l’image de cette histoire de haine entre une fille et sa mère. On se promène entre le présent et le passé alors que la mort éminente de la mère en question fait poindre une promesse de libération pour la fille. Sans concession ni considération pathologique, Mô Singh évite de tomber dans les clichés des rapports mère-fille habituels. Un premier roman réussi porté par un réel regard d’écrivain.
Soudain le minotaure, Marie-Hélène Poitras (Triptyque) : Avec cette histoire de viol où elle nous force à se mettre d’abord dans la peau du violeur et par la suite dans celle de la violée, Marie-Hélène Poitras a fait une entrée fracassante et remarquée dans l’univers des lettres québécoises qui s’est consolidée avec son recueil de nouvelles La mort de Mignonne. Avec raison, l’entrée fracassante. Elle va au bout de son sujet et rend souvent insupportable certaines scènes qui nous apparaissent, ma foi, assez réalistes. L’ensemble est extrêmement bien dosé. Les deux points de vue, plutôt qu’un seul, donne toute la force à ce roman dérangeant.
L’enfant dans le miroir, Nelly Arcan et Pascale Bourguignon (Marchand de feuilles) : Avec ce court texte, Nelly Arcan est fidèle à elle-même en exploitant le thème de l’enfance troublée par l’action des adultes. Le spectre de la mort qui rôde, la difficulté de devenir grand, l’image sexuée des fillettes et le regard dégradant des hommes sont autant de facettes de ce texte intense, tordu et viscéral. Les superbes illustrations glauques et psychédéliques de Pascale Bourguignon, qui signe également tout l’aspect typographique alors que le texte se mélange parfaitement à l’image, ajoutent de la profondeur et de l’étrangeté aux mots de l’auteure. L’un ne pourrait aller sans l’autre. Une curiosité très intéressante.

Amjad

Hier, je suis allé voir le tout dernier spectacle de La La La Human Steps au Grand Théâtre de Québec. C’est la troisième fois que je voyais le travail d’Édouard Lock sur scène. Je garde un souvenir intense d’ Infante, c’est destroy avec une Louise Lecavalier au meilleur de sa forme (1991) et du sublime Exaucé (1998), la première de ses créations où il intégrait les pointes dans son processus créatif.
Avec Amjad, Edouard Lock continue son exploration de la danse contemporaine sur pointe. Cette fois-ci, il fait le pont directement avec la danse classique en réinventant à sa façon les plus grands ballets de l’époque romantique. Gavin Bryars, qui signe la musique, en a fait autant en s’inspirant de Tchaikovsky. Cet aspect est d’ailleurs très réussi. De voir et d’entendre un quatuor de musiciens sur scène pendant que les danseurs exécutent leurs mouvements ajoute de l’intensité et de la profondeur au spectacle. J’ai également beaucoup aimé les éclairages syncopés qui venaient créer un effet cinématographique pouvant rappeler les films des années 30.
Pour ce qui est de la chorégraphie elle-même, je suis resté sur ma faim. Amjad est peut-être encore trop proche de la facture classique. Edouard Lock n’est peut-être pas parvenu à se distancier suffisamment de son point de départ. Il y avait trop de répétition dans les mouvements, trop de retenu. Ça manquait de mordant, d’intensité et de folie. C’est bien que le chorégraphe ait voulu explorer d’autres avenues, mais l’ensemble manquait de force. J’attendais le moment où tout basculerait, où le romantisme tournerait au trash afin que nous entrions de plein fouet dans la modernité. J’ai attendu en vain.
Plusieurs numéros ont fini par me lasser. Par contre, d’autres m’ont tout simplement bouleversé par leur grâce et leur beauté. J’ai vécu trois moments magiques de trop courte durée. J’aurais préféré qu’ils se succèdent pendant 1h45, ces moments fabuleux. D’entre tous, je retiens celui où l’on voyait un danseur faire un long numéro sur pointe. Magnifique.
Après le spectacle, je suis rentré chez moi sous la pluie avec un léger sentiment de déception. Je me disais qu’Edouard Lock était peut-être allé au bout de ses pointes. On espère une prochaine création plus inspirée et inspirante.

Chute

C’est Geneviève Robitaille elle-même qui a demandé à son éditeur de me faire parvenir un exemplaire de Chute dont elle a écrit le texte en s’inspirant des photographies d’Ivan Binet. Elle sait que j’admire beaucoup son travail. J’avais fait une bonne recension d’ Éloge des petits riens dans le journal le libraire à sa sortie. J’avais aussi beaucoup aimé Mes jours sont vos heures paru précédemment chez Triptyque.
C’est plus qu’une excellente idée qu’elle a eu de me faire parvenir Chute, ça elle ne le sait peut-être pas. J’adore les œuvres littéraires qui s’inspirent de photographies. J’aime également beaucoup le travail que fait les éditions J’ai vu, une petite maison d’édition spécialisée dans ce genre d’ouvrage. Je garde un souvenir très fort de ma lecture de Projections écrit par Andrée A. Michaud et inspiré de photographie de d’Angela Grauerholz. Et, à titre d’auteur, je rêve de participer à un de leur projet.
Dans Chute, Geneviève Robitaille, qui souffre depuis plusieurs années d’une maladie dégénérative, s’inspire de la chute de son propre corps. Elle fait également un lien avec l’effondrement du World Trade Center. Le parallèle est très fort. Il faut dire que son écriture concise, précise et dépouillée de tout artifice ajoute de la puissance à ses idées. C’est franchement réussi.
Ivan Binet, lui, a photographié la chute Montmorency sous plusieurs angles en privilégiant les gros plans. Ça crée un effet d’abstraction et d’étrangeté dominé par le gris, le blanc et le vert. On se croirait dans un autre monde. Les photos sont réunies au centre du livre. Elles ne pouvaient pas être placées ailleurs. Après avoir lu la première partie du texte, lorsqu’on arrive aux photos, on est happé par le vacarme, le mouvement, la grandeur et le silence de cette chute. C’est asses particulier comme effet. On revient au texte de Geneviève Robitaille dans un autre état d’esprit. Après la perturbation vient le calme. En apparence seulement, le calme.

Un petit bruit sec

Ce matin, j’ai terminé la lecture d’ Un petit bruit sec de Myriam Beaudoin, son premier roman publié en 2003 chez Triptyque. Je ne l’avais pas remarqué au moment de sa sortie. Ça arrive trop souvent avec les livres. Heureusement qu’on peut toujours se rattraper.
Je ne sais pas ce qu’il y a dans l’écriture de Myriam Beaudoin mais elle vient me chercher profondément. Si les âmes littéraires existent, nous le sommes. En fait, je le sais un peu ce qui me plaît autant dans son écriture. J’aime ce mélange de simplicité et de profondeur qu’on y retrouve. C’est dépouillé et on ne sent jamais qu’elle veut faire des effets de style. Pourtant, du style elle en a. Tout est dans sa façon si singulière de raconter les choses.
Dans Hadassa, le portrait qu’elle brossait de la société juive orthodoxe était à la fois ahurissant et tendre. Il y a un peu de ça aussi dans Un petit bruit sec dans lequel elle relate le dur épisode de la mort de son père. Oui, c’est un roman troublant, touchant, tendre et bouleversant, mais on est tellement loin du récit personnel habituel. Elle nous offre sa vision à elle en nous permettant de plonger dans ses pensées les plus intimes et incongrues, de celles qu’on oserait à peine penser et encore moins avouer.
Combien d’heures, combien de nuits, combien de jours tu as supporté ton lit de bois, la dalle de pierre et les mètres de neige. La vermine a-t-elle atteint tes oreilles, tes yeux, ta bouche? La boue et les branches ont-elles fendu la boîte? As-tu au moins appris à respirer dans cette cave de vase et de glace? p.20
Un petit bruit sec n’a rien de chronologique. Elle alterne dans le désordre entre le présent, le passé et le futur, ce qui donne de la force à sa narration. Chaque segment est entrecoupé de lettres qu’elle adresse à son père. C’est dans les lettres que sa plume atteint sa pleine puissance. La dernière partie, qui se passe avant, alors que son père était consul en Afrique, m’a beaucoup fait penser à Duras. Je ne sais pas si c’est voulu, mais je n’ai pas pu m’empêcher de faire le lien. Une chose est certaine, à l’instar de Duras, Myriam Beaudoin fait partie de ces auteurs que j’ai envie de suivre pendant longtemps. Ça tombe bien, elle n’a que 31 ans!

Aki Shimazaki

J’avais envie de partager avec vous le petit hommage que j’ai rendu à Aki Shimazaki lors de la remise du Prix des libraires le 14 mai dernier:
« Actuellement, Aki Shimazaki est l’une des auteurs les plus talentueuses au Québec. Peut-être aussi la plus méconnue de notre littérature. Pourtant, elle a tout pour séduire le plus grand nombre. Selon moi, ce n’est qu’une question de temps. Les grandes distinctions commencent à lui courir après et le grand public suit tranquillement. Tout pour me faire plaisir.
D’un livre à l’autre elle nous offre toujours de petits bijoux littéraires qui brillent par leur concision et leur intelligence et ce n’est jamais dénué d’émotion. Il faut lire sa série Le poids des secrets pour s’en rendre compte. Son écriture est précise et irréprochable pourtant elle écrit dans sa langue d’adoption. C’est assez impressionnant. On retrouve encore toutes ces grandes qualités à la lecture de Mitsuba, une touchante et magnifique histoire d’amour toute simple mais jamais banale qui débute au Japon et qui se termine à Montréal. Mitsuba, qui signifie trois feuilles en japonais, est le nom du café où se rencontrent Takashi et Yûko pour permettre à leur amour naissant de prendre son envol. Mais cet amour-là entre ce jeune cadre talentueux et cette fille dont le père est un homme d’affaire prospère réserve peut-être quelques surprises. On savoure chaque instant, chaque mot et on se laisse porter par cet univers charmant et enveloppant. En refermant le livre, on est touché par une certaine grâce. Mitsuba est un pur plaisir de lecture à s’offrir, du bonbon pour l’imaginaire.
Merci Aki Shimazaki pour ces belles rencontres littéraires que vous me faites faire à chacun de vos livres. J’attends le prochain avec autant de bonheur. »

Susanne Bier

Je viens de faire une grande découverte cinématographique qui a pour nom Susanne Bier. (Comment ai-je même fait pour passer à côté de son travail pendant toutes ces années?) J’ai vu deux de ses films en moins d’une semaine et me voilà conquis et convaincu. Cette cinéaste danoise sait mieux que quiconque filmer la complexité des rapports humains. Avec elle, n’est prévisible que les événements. Pour ce qui est du reste, c’est-à-dire comment ils sont perçus et vécus par ses personnages, on peut s’attendre à tout.
Dans Cœurs ouverts (merci Anne-Marie!), sans trop vous en dévoiler, tout tourne autour d’un accident grave qui aura des conséquences bouleversantes sur le couple atteint et le couple responsable. Ce n’est qu’un point de départ qui nous amène dans les dédales de la nature humaine pour le moins surprenante. Rien n’est alambiqué. Tout se tient réalistement. Ce drame intime pourrait bien être le nôtre. La caméra est nerveuse, sensible, saccadée et indiscrète comme si elle cherchait à pénétrer l’âme des acteurs pour trouver leur vérité. Je ne sais pas comment elle fait, mais elle y parvient. On craque pour Mads Mikkelsen.
On retrouve tout ça dans Après la noce. Même qu’elle pousse encore plus loin la réflexion de ce que nous sommes, de ce qui nous pousse à agir. À l’intime, ici s’ajoute l’aspect social. Entre l’Inde et le Danemark, c’est un immense portrait de la vie qu’elle embrasse de sa caméra encore plus indiscrète et d’une efficacité dérangeante. Le spectateur est constamment déjoué, secoué et ému tout au long du film grâce à un scénario béton. C’est filmé magnifiquement et c’est porté par une distribution solide. On craque encore pour Mads Mikkelsen.
Susanne Bier est définitivement une cinéaste hors-pair qui réussit à communiquer excessivement bien sa grandeur d’âme et son humanisme.
(Voir également les propos de Virge gravitant autour de ce film)

Chacun son métier #6

Je ne sais pas quelle malédiction entoure le genre littéraire qu’est l’autofiction, mais j’en ai marre qu’on le dénigre sans cesse au Québec comme s’il s’agissait d’une tare que d’en être amateur. C’est pire dans mon cas car je me suis amusé à cet exercice (pas facile du tout) en écrivant Cher Émile.
À entendre parler les gens, l’autofiction ne devrait même pas être considérée comme étant de la littérature. On accuse, à tord bien entendu, les auteurs qui s’y adonnent d’être des égocentriques exhibitionnistes ne cherchant qu’à étaler leur vie privée sur la place publique. Ces gens-là sont incapables de faire la distinction entre un réel travail d’écriture et le simple récit de vie autobiographique. C’est navrant!
C’est qui encore plus navrant c’est le fait que la plupart des détracteurs de l’autofiction n’en ont réellement jamais lus. Annie Ernaux, Camille Laurens, Hervé Guibert et Nelly Arcan, entre autre, ont signé des romans marquants de la littérature contemporaine. Ils sont tous parvenus à transcender le réel pour en faire des oeuvres à part entière comme le font la plupart des auteurs depuis toujours.
Hélas, tous n’ont pas leur talent! J’avoue que l’autofiction a donné de mauvais romans. La littérature conventionnelle aussi.
Il fallait entendre l’auteur Pierre Gagnon la semaine dernière à Christiane Charrette se défendre (maladroitement) d’utiliser son vécu pour écrire ses romans. On dirait qu’on venait de l’accuser du pire des crimes. C’est quand même drôle que 5-FU et C’est la faute à Bono traitent tous les deux du cancer alors qu’il en a été atteint!
Quel mal y a-t-il à ce qu’un auteur se serve de sa propre personne comme principal matériau d’écriture? C’est peut-être un excellent moyen de rejoindre les autres, non! C’est peut-être cet effet miroir qui fait tant peur aux détracteurs? C’est peut-être symptomatique d’un Québec qui a toujours vu d’un mauvais oeil le fait d’exprimer librement ses sentiments!
Je ne saurais répondre clairement à ces questions, mais une chose est certaine, l’autofiction dérange.

Barbara

Si du côté de la littérature Marguerite Duras a marqué mon parcours, côté chanson c’est Barbara qui a joué ce rôle. Les deux sont arrivées dans ma vie à peu près au même moment, à un âge fondateur, celui de mes 18 ans.
À l’écoute des chansons de Barbara, il y a eu comme une reconnaissance spontanée de ce que j’étais profondément. Ce mal de vivre qu’elle a su si bien décrire et chanter était aussi le mien. Ce besoin fondamental d’aimé et d’être aimé entièrement et ce désir intense de vivre participaient de la même émotion profonde.
Encore aujourd’hui, lorsque la douleur du vide me prend, je vais toujours me réfugier dans l’univers de Barbara. Des chansons comme Pierre, Il pleut sur Nantes, La mort, Le mal de vivre, La solitude, Le soleil noir et Regarde m’aident à atteindre le fond du désespoir. Vient ensuite le réconfort. Je me sens alors moins seul et je peux remonter lentement vers la joie de vivre.
Hier soir, c’est un peu tout ça que j’ai pu vivre en allant voir Marie-Thérèse Fortin chanter pour une dernière fois Barbara au Petit Champlain. Une soirée pleine de vérité et toute en émotion offerte par une grande interprète. En plus d’avoir rendez-vous avec la Barbara connue du grand public, la comédienne en profite pour nous présenter d’autres facettes de la chanteuse en puisant dans une partie de son répertoire moins connu du grand public. Un choix parfois audacieux qui sert plutôt bien le spectacle.
Le plus audacieux est peut-être le spectacle lui-même. S’attaquer au répertoire de Barbara demande un certain courage car c’est probablement la chanteuse la plus difficile à interpréter. Marie-Thérèse Fortin relève le défi avec force et aplomb parce qu’elle ne cherche pas à l’imiter. Elle est habitée par elle et c’est avec tout son corps qu’elle chante si bien ses chansons qu’elle a su s’approprier. Et tout au long du spectacle la voix de la comédienne étonne. Une voix grave, juste et puissante d’une grande intensité.

Prix des libraires du Québec 2007 – les lauréats

Hier soir au Lion d’or à Montréal avait lieu la quatorzième remise du Prix des libraires du Québec. Pour la troisième année, j’agissais à titre de président du comité de sélection. Cette belle soirée très émouvante totalement réussie revêtait pour moi quelque chose de particulier : c’était ma dernière comme président et comme membre du comité.
Côté québécois, Jean-François Beauchemin a été couronné pour son récit La fabrication de l’aube (Québec-Amérique). Son discours a ému tout le monde lorsqu’il a rendu un vibrant hommage à sa femme qui l’accompagne depuis 19 ans. Une déclaration d’amour unique et d’une intensité rare. Avec le charisme qu’on lui connaît, c’était à faire fondre le cœur de toute l’assistance.
Côté hors-Québec, c’est Jonathan Safran Foer qui l’a remporté pour Extrêmement fort et incroyablement près paru aux éditions de l’Olivier. Le mot qu’il avait fait parvenir à l’intention des libraires a ravi tout le monde et nous a tous fait éclater de rire avec ses lampes de chevet lesbiennes!!!
La fameuse mention spéciale, remise pour la toute première fois dans l’histoire du prix, a été attribuée au bédéiste Michel Rabagliati pour l’ensemble de la série des Paul tous publiés à La Pastèque. Il était visiblement honoré et touché de cette reconnaissance tout à fait méritée.
Sinon, chaque année lors de la remise, les libraires qui forment le comité doivent présenter tour à tour les titres qu’ils défendent. Cette étape est très stressante pour nous. On a un peu l’impression d’aller à l’échafaud quand arrive notre tour. Moi, en tant que président, j’avais mon allocution habituelle d’ouverture en plus de présenter la mention spéciale. J’y suis allé trois fois plutôt qu’une sous l’échafaud. Heureusement, j’ai encore toute ma tête. Après ma dernière présentation, j’avais une tonne de pression de moins sur les épaules, tout comme mes confrères et consœurs. On a tous bien fait ça et on s’est couchés avec le sentiment du devoir accompli.
Cette quatorzième édition, probablement la meilleure de toutes, a été un succès sur toute la ligne.
Je sais déjà que tout ça me manquera l’an prochain. Je sais aussi que c’est pour mieux y revenir.