Tous les articles par Eric Simard

Sortir de soi

Nous ne devions pas être nombreux à attendre avec impatience Sortir de soi, le deuxième disque de Charles Dubé. Le 8 mai a fini par arriver. J’avais très hâte de découvrir son nouveau matériel pour mieux me replonger dans son univers qui sent bon la vie.
J’avais découvert Réverbère, son premier album, un peu par hasard. Par un froid de décembre, j’étais dans une voiture avec des gens que je connaissais à peine. Il devait être trois heures du matin. Nous étions exaltés et jouait à pleine tête dans l’habitacle Un ciel pour le soleil. J’ai été séduit par cette chanson ensoleillée qui décrivait si bien la joie que je vivais à ce moment-là. Quelques chansons plus tard, ce sentiment de bien-être perdurait.
Je n‘ai pas tardé à me procurer l’album de ce chanteur-là qui m’accompagne encore quand le besoin de me blottir dans une bulle de confort me prend. Comble de bonheur, Sortir de soi nous entraîne dans la même matière que Réverbère. C’est ça l’effet de ce naïf lucide qu’est Charles Dubé. Il ose écrire des chansons optimistes de qualité qui parlent de bonheur de vivre. Moi, ça me rejoint. Je me reconnais dans sa perception des choses qui n’est pas non plus dénuée de profondeur.
Même s’il nous entraîne sur un terrain connu, sur ce deuxième album, Charles Dubé explore de nouvelles pistes et de nouvelles textures qui donnent un effet global moins uniforme que dans le premier album. Sa belle voix est plus éraillée, certains textes plus éclatés (L’asile), la façon de chanter plus québécoise et la production un peu plus audacieuse (Jamais plus). Je suis tombé en amour avec la superbe pièce L’étang et il y toutes les autres dans la même veine qu’Un ciel pour le soleil qui nous enchantent : Être bien (qui ne me sort plus de la tête depuis mardi), Encore, Cadence. SOS, Bâtir mon monde.
L’amateur en moi est content même si quelques ritournelles ressemblent étrangement à certaines chansons du premier album. Impossible de s’en plaindre puisque c’est en partie pour ça qu’on aime ce qu’il fait.
Charles Dubé est fidèle à lui-même et il parvient encore à communiquer son bonheur de vivre contagieux. Avec lui, c’est ce qui compte. Il n’y a pas de mal à se faire de bien et on serait bête de bouder notre plaisir!

Marguerite Duras

Lorsque l’on me demande de nommer mon auteur préféré, sans réfléchir je réponds Marguerite Duras. C’est celle qui a le plus marqué mon parcours. Celui de lecteur et celui d’auteur. C’est la lecture de L’amant il y a une vingtaine d’années qui a tout déclenché. Une révélation en quelque sorte. Cette écriture concise, incisive parfois et pleine de non-dits était aussi un peu la mienne. C’était la toute première fois que je lisais une auteure qui abordait l’écriture de la même manière que moi. Après, il y a eu Anne Hébert. Je le dis sans prétention. Je découvrais tout simplement des univers qui étaient compatibles avec le mien. Ça me réconfortait dans ma démarche. C’était nécessaire.
Depuis vingt ans, Marguerite Duras m’accompagne de façon irrégulière. De temps à autre, j’ai besoin de ma dose. Pas trop, juste assez pour me satisfaire. Au cours de la dernière année, il y a eu beaucoup d’ouvrages qui lui ont été consacrés puisque 2006 marquait le dixième anniversaire de sa mort. Satisfait, je l’ai été dernièrement.
Héliotrope, jeune maison d’édition québécoise au graphisme superbe, a eu la bonne idée de republier le court et intense texte très Durassien Sublime, forcément sublime Christine V. Un plaidoyer sur l’idée de la maternité autour du meurtre non résolu du petit Grégory qui fait les manchettes en France depuis plus de vingt ans. À certains moments, le point de vue de Duras rejoint celui de Lionel Shriver qu’on retrouve dans Il faut qu’on parle de Kevin. Condensé, puissant, audacieux et pour le moins dérangeant.
Toujours du côté québécois, Danielle Laurin, après avoir signé le touchant Duras l’impossible chez Varia, a dirigé à la même enseigne Lettres à Marguerite Duras. De vibrants témoignages qui ne tombent jamais dans la facilité et aucune lettre n’est de trop. Ça donne un ensemble homogène très bien construit donnant toute la place à ce monstre de la littérature. Quand on aime Duras, on se reconnaît à travers ces lettres, on est ravi et on se dit qu’on aurait pu nous aussi lui en écrire une aussi inspirée.
Il y a peu, P.O.L. et L’IMEC faisait paraitre ces Cahiers de guerre et autres textes. Ces inédits écrits dans les années 40 et 50 sont loin d’être du réchauffé posthume. Pour les amateurs de Duras, ce recueil est une mine d’or. Un peu comme un chaînon manquant, il vient compléter tout ce qu’elle a publié de son vivant tout en y apportant un éclairage nouveau. Un inédit tout à fait justifié de voir le jour.
Autant de titres qui vous donneront le goût de replonger dans l’univers unique de Marguerite Duras.

Chacun son métier # 5.1

Dans ma dernière rubrique sur les comptes d’auteurs, Jules, avec ses questions toujours aussi pertinentes me demandait ceci : Si tu n’avais pas eu l’opportunité d’être publié par une maison d’éditions, aurais-tu tenté de faire comme eux?
Je dois répondre non en y apportant certaines nuances.
Si j’ai déjà réfléchi à l’idée de publier à compte d’auteur c’est en grande partie à cause de mon entourage. De manuscrits en manuscrits refusés, face à mon découragement de toujours devoir recommencer, mes proches soulevaient souvent cette possibilité. Ma réflexion n’allait jamais très loin en ce sens puisque j’ai toujours partagé les préjugés (un peu fondés) relatifs au compte d’auteur. Pour ma satisfaction personnelle, je n’aurais pas été fier de me publier pour atteindre le but que je m’étais fixé en tant qu’écrivain. Être publié par une maison d’édition reconnue viendrait souligner et légitimer, d’une certaine façon, la qualité de mon travail d’écriture.
J’ai donc persévéré.
Mon premier roman à voir le jour (Martel en tête) était le quatrième manuscrit que je faisais parvenir aux éditeurs. En fait, on pourrait même dire le cinquième puisque la version publiée par les Intouchables était une réécriture complète de la première. Mon rêve se réalisait après près de dix ans de dur labeur.
Tous ces refus essuyés pendant toutes ces années m’ont été nécessaires et salutaires. Ils m’ont permis de façonner mon écriture, de mieux me positionner face au milieu de l’édition et surtout de me dépasser. Avec le recul, je dois également avoué que les éditeurs ont eu raison de refuser mes premiers manuscrits. Ils n’étaient tout simplement pas aboutis. Grâce à tout ça, je possède maintenant une réelle démarche d’écriture.
C’est de cette façon qu’il faut voir les refus. Il faut mettre son orgueil et son égo de côté au profit d’une certaine humilité, essayer de comprendre pourquoi, recommencer et persévérer. Ce n’est pas parce qu’on parvient à achever un projet de roman qu’il est nécessairement publiable. Il faut savoir le reconnaître. Il est trop facile de jouer les incompris, de crier à l’injustice en disant que tous les éditeurs font du favoritisme en ne publiant que les auteurs faisant partie de leur petite clique et toutes ces foutaises pour ne pas voir la vérité en pleine face.
En conclusion, je dirais que le compte d’auteur peut être une solution, mais il faut faire attention car elle n’est peut-être pas la meilleure à long terme.

D’autres plaisirs épistolaires

Décidément, les romans épistolaires n’auront jamais autant eu ma faveur. Faut dire que depuis quelques mois, il semble y avoir un nouvel engouement pour le genre. Dans l’ensemble, ma récolte aura été très bonne. Voici trois autres recommandations.
Lou pour toujours d’Elisabeth Brami (Seuil) : Lou et sa grand-mère ont pris la bonne habitude de s’envoyer des lettres durant la période estivale. C’est devenu leur petit univers bien à elles, une bulle de confidence nécessaire. Lou a maintenant treize ans et vit des moments plus difficiles à la maison. Sa grand-mère commence à ressentir les effets de l’âge et son corps refuse d’être aussi actif qu’avant. Elles ont toutes les deux besoin l’une de l’autre. La correspondance d’été ne suffit pas. On suivra leurs chaleureux échanges toute l‘année durant. Sous la plume juste et sensible d’Elisabeth Brami, on y croit et ce beau rapport intergénérationnel nous touche. Dès 10 ans.
Marie-Ève! Marie-Ève! d’ Adrien Thério (XYZ) : Roman épistolaire à une seule voix, celle de Carmélia, une vieille femme ayant toujours vécu dans le même petit village. S’adressant à l’un de ses compatriotes capable de comprendre ce qu’elle a à dire, elle exprime enfin tout ce qu’elle porte en elle. C’est un plaidoyer en faveur de la liberté individuelle contre l’étroitesse d’esprit et les dogmes. C’est aussi le portrait d’une certaine ruralité menacée. Avec le personnage de Carmélia, Adrien Thério a créé un grand personnage romanesque. Elle est crédible du début à la fin, son discours est soutenu et, d’une certaine manière, elle est pus grande que nature. Un excellent roman qui fait le pont entre la littérature du terroir et une certaine modernité. Réédition.
Lettre à D. d’André Gorz (Galilée) : « Tu vas avoir quatre-vingt-deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien ». Ainsi débute cette vibrante lettre que l’auteur adresse à sa femme. Comment ne pas succomber?
J’ai aussi lu Lettres à Marguerite Duras publié chez Varia sous la direction de Danielle Laurin, mais celui-ci fera partie d’un prochain billet consacré uniquement à Marguerite Duras.

Le pressentiment

La principale raison qui m’a poussé à aller voir le film Le pressentiment est le fait qu’il soit adapté d’un roman d’Emmanuel Bove. J’ai découvert cet auteur il y a quelques années alors que je déambulais dans la bibliothèque Eva Senécal de Sherbrooke en quête de lectures nouvelles. Je me promettais de lire cet auteur un jour. Ce jour-là, le titre Mes amis m’avait interpellé. Je ne me suis pas trompé J’ai adoré ce roman et, depuis, je m’intéresse au travail de cet auteur encore trop méconnu.
Dès les premières minutes du film, j’ai su que j’étais au bon endroit car je retrouvais avec beaucoup de plaisir l’univers d’Emmnauel Bove. Comme c’est souvent le cas dans la plupart de ses romans, l’histoire gravite autour d’un seul personnage confronté simultanément à son désir d’être dans la vie et celui de ne pas y être. Dans Le pressentiment, on suit Charles Bernesteau, un avocat de très bonne famille qui lâche tout pour vivre une vie simple dans un quartier populaire de Paris. C’est un misanthrope sympathique désillusionné par la nature humaine. Sa nouvelle façon de vivre lui réserve tout de même quelques surprises.
Le quartier populaire, où fourmille une ribambelle de personnages colorés, devient la plaque tournante du film. Darroussin en fait ressortir toute la richesse. C’est plein de vie. Une vie à la fois triste et belle. Il y a beaucoup de tendresse et de compassion qui passe à travers la caméra du cinéaste. Plus le film avance, plus on est touché par l’univers particulier de Charles et les autres. Faut dire que Jean-Pierre Darroussin offre une performance très convaincante. Son personnage de Charles, aussi fort que vulnérable, est attachant et touchant de vérité. Tous les personnages secondaires le sont tout autant.
Jean-Pierre Darroussin et Valérie Stroh ont fait un travail d’adaptation remarquable. Ils ont su rendre l’essence même de l’écriture d’Emmanuel Bove, pourtant pas facile à transposer au grand écran. C’est fait de façon inspirée et loin d’être ennuyante. C’est le genre de film qui brille par tous ces petits riens subtils qui finissent par faire toute la différence. J’ai l’impression que la vie qui y grouille est contagieuse. J’en suis encore tout habité. Je ne résisterai pas longtemps pour lire Armand qui m’attend dans ma pile…

Chacun son métier #5

Depuis quelques années, le nombre de publications à compte d’auteur ne cesse d’augmenter au Québec. Ce phénomène est devenu un irritant pour les librairies. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un de ces auteurs ne nous sollicite afin que nous gardions son livre en consignation. En nous abordant, ils ont souvent une attitude prétentieuse envers le milieu du livre et ne se gênent pas pour dénigrer le travail des maisons d’éditions reconnues et bien établies. Si on ne répond pas positivement à leurs attentes, certains deviennent agressifs pendant que d’autres se mettent à jouer les souffre-douleur comme s’il fallait encourager à tout prix leur grande aventure dans le monde de l’édition.
Si, à la base, l’édition à compte d’auteur servait à publier un livre pour les proches de l’auteur sans devoir passer par le réseau des librairies, aujourd’hui ceux qui décident de se publier eux-mêmes prétendent au statut d’écrivain et espèrent une reconnaissance au même titre que les autres. Cette démarche est louable en soi, mais le marché actuel m’apparaît déjà suffisamment saturé sans qu’on en rajoute par la bande.
Il ne faut pas se leurrer, à part une exception de temps et à autre (un livre sur un sujet spécialisé par exemple), la plupart de ces titres n’auraient jamais dû voir le jour*. Il est bien évident que beaucoup de ces livres ont d’abord été refusé par les éditeurs qui ont probablement eu raison de le faire. Vexés dans leur orgueil de création, ces apprentis auteurs auraient intérêts à remettre leur ouvrage vingt fois sur le métier pour parfaire leur art plutôt que de faire paraître une œuvre inaboutie.
Cette croissance sans cesse grandissante de livres publiés à compte d’auteur n’est pas étonnante puisque les moyens technologiques d’aujourd’hui rendent accessibles une telle entreprise. Cette facilité nous fait malheureusement croire que tout peut être publié. Écrire est un art qui ne doit pas être pris à la légère. Plusieurs semblent l’avoir oublié.
Personnellement, je commence à en avoir marre de tous ces gens qui se publient sans rien connaître au monde de l’édition. À temps perdu à la librairie, je m’amuse à feuilleter toutes ces merveilles qui ne demandent qu’à être découvertes. Lire le premier paragraphe est toujours la première chose que je fais. La plupart du temps, je le réécrirais au complet tellement la syntaxe est mauvaise. Parfois, je n’ai même pas à me rendre aussi loin lorsque je vois une faute en exergue, sur la quatrième de couverture ou dans le titre (ça arrive!). Je ne parle pas de la page couverture souvent affreuse et de la mise en page déficiente. Bref, un concentré de mauvais goût qui en dit long sur le reste.
*je ne parle pas des maisons d’éditions émergentes qui ont une réelle démarche d’éditeur.

Vingt-Quatre heures d’une femme sensible

Ceux qui, comme moi, n’ont pas aimé Se résoudre aux adieux devraient se rabattre sur cet autre roman épistolaire hautement supérieur.
Si Philippe Besson a, d’une certaine façon, échoué dans sa tentative de se mettre dans la peau d’une femme bafouée par les affres de l’amour, il en est tout autrement pour Constance de Salm avec Vingt-quatre heures d’une femme sensible. L’instant d’une seule journée, on vivra toutes les phases du désarroi amoureux de cette femme anéantie par le désaveu de l’amour. 44 lettres comme autant de cris du cœur d’une profondeur intense qui l’aideront à surmonter son calvaire.
Toutes les lettres de ce court roman sont criantes de vérité. Écrit il y a près de deux cents ans, ce texte ne semble pas avoir pris une ride. S’intéresser aux choses du cœur était à l’époque assez avant-gardiste, mais Constance de Salm le fait avec tellement de justesse et d’intelligence qu’encore aujourd’hui tout humain peut se reconnaître dans les sentiments qu’elles expriment. Non seulement l’amour n’a pas de frontière, mais il ne connaît pas le temps.
Dans sa préface, Constance de Salm écrit : « Je voulais donc, par ces lettres, prouver que le goût des ouvrages sérieux n’exclut en rien la sensibilité ». Encore aujourd’hui, il est mal vu pour intellectuel d’en faire autant. Dans l’une des lettres, elle fait dire à cette femme sensible : « Les hommes sont bizarres; ils ne savent rien refuser à une femme qui leur est étrangère, et celle qui mérite le plus leurs égards semble toujours celle qui en obtient le moins ». Ça aussi, ça n’a pas changé. Et vous reconnaîtrez-vous dans cet autre extrait: « L’amour tient tant de place dans la vie! C’est quand il n’est plus là que l’on sent le poids de ces longues minutes qui doivent s’écouler sans lui ».
Avec des exemples aussi éloquents, inutile d’en rajouter davantage. Il faut juste remercier les éditions Phébus d’avoir eu la bonne idée de rééditer ce superbe roman épistolaire sur l’état du désespoir amoureux.
Vingt-quatre heurs d’une femme sensible, Constance de Salm (Phébus)

Le psychomaton

Hier soir, je suis allé au Périscope voir Le psychomaton, la toute nouvelle pièce de théâtre écrite par Anne-Marie Olivier mettant en vedette Hélène Florent (que je voyais pour la première fois sur scène) et Hugues Frenette. Une toute nouvelle création très invitante que je ne voulais pas rater.
Le psychomaton, comme son nom le laisse deviner, est un genre de confessionnal psychologique. Pour deux dollars, une personne peut confier en toute liberté tous les secrets de son âme à une machine. Du début à la fin de la pièce, défile devant nous une pléthore de personnages esseulés qui souffre. En toile de fond, on voit évoluer tout le processus de ce projet censé mettre un baume sur le cœur des gens.
Bien que n’étant pas d’une extrême originalité, l’idée est tout de même séduisante. Malheureusement, malgré quelques bonnes répliques, le texte que nous livre Anne-Marie Olivier est plutôt mince (on est loin du puissant et inspiré Gros et détails). Le problème est simple : il n’y a pas de profondeur dans cette pièce. Qu’elle aborde la question de la pauvreté, des laissés pour compte, de la marginalité ou du mal de vivre tout reste en surface. Tous les personnages qui défilent devant nous ont quelque chose de caricatural et ce n’est pas la faute des comédiens. Ils font leur possible pour défendre un texte assez pauvre, mais ça ne sauve pas la mise. On a l’impression d’assister à une pièce de finissants de secondaire cinq! Le décor surchargé de bébelles accentue cette navrante impression. Ça peut paraître méchant, mais c’est vraiment l’impression que j’ai eu à plusieurs reprises.
Au moment du salut, je me suis demandé si les comédiens étaient conscients de ne pas avoir un grand texte à défendre. À voir leurs mines peu convaincues, j’ai répondu oui à ma question. Je ne dois pas être loin de la vérité.
Malheureusement, et c’est le propre de la création, cette fois-ci Anne-Marie Olivier a raté son coup.

Monsieur le codirecteur

J’aurai maintenant le plaisir de codiriger avec Adeline Corrèze la collection Hamac au Septentrion. Je suis très content et flatté que Gilles Herman ait pensé à moi. Ça arrive à point dans ma vie. De traverser du côté de l’édition me tentait de plus en plus. De faire mes premiers pas à la tête d’une jeune collection littéraire me stimule encore plus. Plus stimulant encore est le fait de pouvoir travailler de concert avec Adeline. Nos expériences respectives sont complémentaires et nous voyons la littérature un peu de la même façon. En plus, nous nous entendons très bien, ce qui ne gâche rien. Nous formerons, j’en suis coinvaincu, un beau duo.
Tout ça est à suivre, évidemment!

Salon du livre de Québec (suite et fin)

Le Salon du livre de Québec a pris fin hier après cinq jours d’effervescence ininterrompus. Malgré une fatigue due à mes soixante-dix heures de travail, j’aurais presque souhaité que ça continue tellement je me suis senti bien à cet endroit-là, à ce moment-là.
Il n’y a rien à faire, j’adore le Salon du livre de Québec. À mon avis, c’est le plus beau des salons du livre au Québec. Contrairement à celui de Montréal, devenu une foire du livre étouffante, celui de Québec reste à échelle humaine et le très beau Centre des congrès en fait un endroit propice à la convivialité. Pas étonnant qu’il en résulte de belles et agréables rencontres d’une année à l’autre.
Je ne sais pas ce qui s’est passé cette année, mais tous les éléments étaient réunis pour faire de cette 49ième édition un succès incomparable et un événement mémorable. Le public a répondu à l’appel en venant très nombreux. Le Salon était continuellement bondé. Je n’avais jamais vu ça. Même si on ne savait pas toujours où se mettre et même si on accrochait quelqu’un dès qu’on faisait un petit mouvement, la foule ne s’est pas avérée être un irritant pour personne. Les gens étaient de bonne humeur, compréhensifs, courtois et patients. Chacun semblait avoir laissé ses frustrations et son agressivité de côté avant d’entrer. C’est peut-être ça, au fond, les vertus de la lecture?
Tout le monde avait l’air heureux d’être là. Moi le premier. Les rencontres espérées ont eu lieu. Un feu roulant d’échanges intéressants constamment interrompus par d’autres aussi intéressants. Même s’ils sont pour la plupart furtifs, ils sont tous vrais à leur façon. C’est comme si pendant cinq jours, le monde du livre prenait le temps de s’informer de l’autre. Une fois par année, j’en ai besoin. Ça me grise, ça me fait sentir vivant. Cette année encore plus que les autres années. J’ai mon élan pour les prochaines semaines, les prochains mois.
Un gros merci à tous ceux avec qui j’ai pu entrer en contact durant ce salon. Vous êtes trop nombreux pour que je vous nomme un à un, mais sachez que vous contribuez à faire en sorte que je puisse continuer de croire en l’espèce humaine.