Depuis mardi, ma vie tourne uniquement autour du Salon du livre de Québec. J’y suis du matin au soir. Ce sera comme ça jusqu’à dimanche. Je suis donc en mode Salon. Chaque année, j’appréhende ce moment. J’ai toujours peur de trouver la semaine trop longue. Une fois que c’est parti, j’ai un plaisir fou et ma grande réserve d’énergie (presque inépuisable) me surprend énormément.
Si j’ai autant de plaisir c’est en grande partie grâce aux nombreuses et belles rencontres que je peux y faire. Du matin au soir, c’est un feu roulant de petties discussions sympathiques, de salutations au loin et de serrage de mains. Si un jour je deviens politicien, j’aurai la technique de base.
Évidemment, je connais beaucoup de gens oeuvrant dans le milieu du livre, mais il y a tous ces clients réguliers de la librairie qui viennent faire leur petit tour. Il m’arrive parfois de saluer une personne que je connais, mais je suis incapable de la situer dans son contexte (un vrai politicien je vous dis). Aux autres aussi ça leur arrive, je vous assure. Je le vois à leurs regards.
Il y a aussi tous les à-côtés qui ne sont pas désagréables comme les invitations à dîner, les cocktails, les après salons. On voudrait tout accepter, mais on reste raisonnable pour garder la forme jusqu’au bout. Que voulez-vous, il faut aussi se garder du temps pour bien servir les visiteurs!
Pour moi, le Salon c’est tout ça. En fait, c’est tout sauf les livres à la rigueur. La preuve, je n’ai même pas pris le temps de faire le tour des kiosques. J’ai jusqu’à dimanche pour le faire. Je ne suis pas certain que je le ferai non plus. Ça dépendra jusqu’où me conduira mes rencontres. Si jamais vous voulez en faire partie, venez me voir au kiosque Hachette. Vous contribuerez à augmenter mon degré de fébrilité et de plaisir qui ne dure que trop peu de temps
Tous les articles par Eric Simard
L’échec du matériel
Comme plusieurs centaines de personnes, j’attendais avec impatience le tout nouvel album de Daniel Bélanger, l’un des meilleurs auteurs-compositeurs interprètes de la francophonie. Avec lui, l’attente en vaut toujours la peine. Comme devrait l’être le travail de l’artiste, il prend toujours le temps de bien faire les choses et il pousse sa démarche toujours plus loin, vers un ailleurs né de la continuité de ce qui a déjà été.
L’échec du matériel, peut-être le plus homogène de ses albums, est un excellent disque. La preuve ultime: je n’écoute que ça depuis le 3 avril et plusieurs chansons flottent déjà allègrement dans ma tête à toutes heures du jour. Évidemment, la production est riche est impeccable. Dans plusieurs chansons, on sent de petits clins d’œil aux albums précédents. En parallèle, se développent des ambiances nouvelles à travers desquelles surgit toujours la magnifique voix de Bélanger à laquelle il est difficile de résister.
Le plus gros changement de cet album se situe au niveau des thèmes abordés par le chanteur. Le flou poétique auquel il nous avait habitués fait place au concret. Ses préoccupations sont maintenant à caractère sociale et très ancrées dans le présent. Ça ne fait pas pour autant des textes plats. Bélanger le fait de façon très personnelle. Il est le filtre de ce qu’il voit, de ce qu’il ressent sans jamais se mettre à l’égard des maux de notre société. Sports et loisirs (ma préférée du moment) en est un très bel exemple lorsqu’il chante « je n’ai jamais plongé qu’au fond que de moi-même, je n’ai jamais volé personne que moi-même, je n ‘ai jamais tué personne que moi-même, je n’ai jamais roulé personne que moi-même ». On reconnaît la signature du parolier. C’est humble, c’est fort, c’est poétique.
Outre Sports et loisirs, j’aime déjà beaucoup Le fin de l’homme, Manière de parler, Drôle de personne, Plus, Demain peut-être (instrumental), L’échec du matériel et Je suis mort. Huit chansons sur quatorze (et j’aurais pu facilement en ajouter quelques unes). Aussi bien dire que j’adore cet album qui cristallisera une partie de mon année 2007.
L’échec du matériel, Daniel Bélanger (Audiogram)
Bonheurs d’occasion #2
Pobby et Dingan, Ben Rice (Pocket) : C’est la comédienne Véronique Côté qui m’a chaudement recommandé cette lecture. Habituellement, c’est plutôt moi qui la conseille mais pour une fois, les rôles ont été inversés. Sans partager totalement son enthousiasme débordant, je dois dire que j’ai aimé me retrouver dans ce bled perdu de l’Australie alors que tout le village tente de retrouver Pobby et Dingan. Lorsqu’on sait que Pobby et Dingan sont les amis imaginaires d’une fillette, le roman prend un tout autre sens. Tout tourne autour de cet événement. D’ailleurs, c’est ce qui fait la force de ce livre. L’auteur a su rester fidèle à son idée de base et ne s’égare jamais dans cette histoire bizarre qui finit par nous émouvoir.
Vues sur la mer, Hélène Gaudy (Les impressions nouvelles) : À l’automne, ce premier roman a réussi à se faufiler jusqu’à la deuxième sélection du Prix Médicis. Je comprends pourquoi. Il y a du talent à l’horizon. Au départ, on suit une femme (Jeanne) qui quitte son amoureux pour se réfugier dans un hôtel au bord de la mer. Rupture définitive ou solitude momentanée ? L’auteure nous présente sept variations de la même histoire et ça fonctionne. Cette répétition finit par envoûter et déstabiliser le lecteur. L’écriture très minimaliste et pleine de non-dits rappelle, à certains moments, celle de Duras. Je sais que la comparaison est énorme, mais disons qu’elle puise à la même source. J’attendrai avant de crier au génie, mais je répondrai présent à la prochaine publication d’Hélène Gaudy.
Épidermes, Diane Vincent (Triptyque) : J’ai été charmé par ce premier roman policier de Diane Vincent. D’abord, la prémisse est délicieuse : Reiko Thompson, une photographe underground eurasienne qui ne laisse personne indifférent, est retrouvée presque sans vie dans une ruelle montréalaise. Ne voilà-t-il pas qu’on découvre un pénis coupé dans la poche de son manteau. C’est là que tout commence (pas banal quand même!). C’est Josette Marchand, une massothérapeute spécialiste de la peau qui donne un coup de main à son vieux pote d’inspecteur pour le faire avancer dans son enquête, qui nous relate les faits de manière plutôt savoureuse. Ça se lit d’une traite avec le sourire aux lèvres.
Histoires sans fin
Ça ne m’arrive pas souvent de ne pas terminer la lecture d’un livre, mais je m’en donne toujours le droit. En ce qui concerne ces deux titres, j’ai eu beau faire des efforts, ça n’a rien donné.
Sexe et dépendances de Stephen McCaulay (Flammarion)
Après avoir lu Le vide de Patrick Senécal et nombre de livres un peu lourds, j’avais envie de quelque chose de plus léger. Sexe et dépendance me semblait être la lecture idéale pour me permettre de respirer un autre air, surtout que j’en retardais la lecture depuis sa parution et tout le monde n’en disait que du bien. J’ai même eu la chance de discuter (en français) avec l’auteur au dernier Salon du livre de Montréal. J’avais donc plusieurs raisons de plonger dans ce roman.
Le plaisir aura été de courte durée. Après cent pages, j’ai abdiqué. À aucun moment, je n’ai eu de sympathie pour cet agent immobilier de Boston qui tente de se convaincre d’être moins dépendant au sexe. Le problème de ce roman est simple : cet agent immobilier n’est pas un personnage intéressant. Sa vie est d’une pauvreté à faire frémir plus qu’à faire rire. Je n’avais aucune envie de savoir ce qui allait lui arriver. En plus, ce n’est pas vraiment une histoire qu’on nous raconte. On nous présente des pans de vie décousus qui empêchent constamment l’action d’évoluer. Tout pour me déplaire et m’ennuyer.
Mes vies d’Edmund White (Plon)
Moi qui avais tant aimé La symphonie des adieux, ce livre dans lequel Edmund White s’inspirait de son parcours pour brosser un portrait impressionnant des quarante dernières années du milieu homosexuel newyorkais, je me faisais une joie de découvrir son autobiographie.
Dans Palimpseste, Gore Vidal a relaté sa vie de manière fort orignal, efficace et intelligente. C’était en plus porté par une écriture incisive et nettement maîtrisé. Dans Mes vies, Edmund White fait tout le contraire. La qualité de son écriture que l’on retrouve dans ses romans n’y est pas, ce qu’il raconte frôle plus souvent qu’autrement la vulgarité en plus d’être d’un narcissisme désolant. C’est un peu épars et ça va dans toutes les directions, malheureusement pas toujours édifiantes. Il finit par nous perdre complètement. J’ignore quel était le but de sa démarche, mais une chose est certaine elle n’atteint pas sa cible. Après 160 pages, j’en avais assez lu.
Se résoudre aux adieux
Après avoir lu Les jours fragiles et Un instant d’abandon de Philippe Besson, je ne pensais pas lire son prochain roman puisque ces deux lectures m’avaient laissé sur ma faim. En même temps, il y a quelque chose dans son écriture qui m’attire comme si j’attendais de lui qu’il nous offre une œuvre majeure.
Lorsque j’ai vu que Se résoudre aux adieux était un roman épistolaire à une seule voix et qu’en plus il traitait de rupture amoureuse, je n’ai pu résister. C’est exactement la même structure narrative et le même thème que Cher Émile. J’étais curieux de comparer son travail au mien.
Si certains m’ont reproché d’aller trop loin dans l’intériorité de mon personnage principal, donc dans l’émotion, c’est plutôt l’inverse qui se produit dans Se résoudre aux adieux. Sauf en de trop rares occasions, Philippe Besson ne va pas suffisamment en profondeur dans le désarroi de son personnage principal. On ne sent pas réellement sa peine, donc son amour pour cet homme l’ayant quittée pour mieux revenir avec son ex. On ne comprend pas toujours ses motivations intérieures. Sa fuite autour du monde nous paraît également factice. Se résoudre aux adieux dans un tel contexte ne nous apparaît pas vraiment difficile et encore moins douloureux.
Selon moi, il aurait eu intérêt à se mettre davantage dans la peau de son personnage pour lui insuffler un supplément d’âme et d’émotions, surtout que la forme épistolaire à une seule voix permet justement de créer un rapport intime entre le narrateur et le lecteur. Dans un tel contexte, aucune raison de ne pas aller au fond des choses. Malheureusement, on reste ici un peu en surface.
Ce troisième rendez-vous dans l‘œuvre de Philippe Besson m’a fait le même effet que les deux premiers. Je me résous donc à passer mon tour la prochaine fois!
L’avis partagé de Laure.
Haruki Murakami
Ça faisait des années que je voulais découvrir le travail d’Haruki Murakami et il aura fallu 2007 et le Prix des libraires du Québec pour que je le fasse. Maintenant j’ai la piqûre, on dirait bien!
C’est Kafka sur le rivage qui m’a ouvert les portes de l’univers de cet auteur à l’écriture riche, intelligente et envoûtante mettant en scène des personnages marginaux à un carrefour de leur existence.
Dans Kafka, on suit un adolescent de 15 ans en cavale et un débile léger aux pouvoirs sensoriels étranges sachant parler le langage des chats. Toute la trame est auréolée par la mythologie grecque, mais c’est fait de manière subtile. Cette mythologie vient nourrir de façon impressionnante toute l’intrigue de ce roman foisonnant au caractère tout à fait contemporain. Plus on avance dans l’histoire, plus on en découvre toute la profondeur et la richesse et plus on s’attache aux personnages et aux situations qu’ils vivent.
Dans Le passage de la nuit, même s’il est moins réussi et moins dense que Kafka, on retrouve encore les mêmes thèmes qui lui sont chers. On traverse toute une nuit avec des personnages un peu décalés par rapport au reste de la société. Quelques heures de leurs vies nous sont présentées. C’est suffisant pour s’intéresser et s’attacher à eux. Au petit matin, on les regrette un peu.
Les univers que dépeint Murakami pourraient facilement tomber dans une ambiance glauque, mais il sait éviter ce piège. Il insuffle à son écriture beaucoup de sensibilité et d’humanisme. Il touche à l’universel, à ce que nous sommes tous et sous sa plume c’est grandiose. Pour de la littérature intelligente comme ça, je serai toujours preneur.
Haruki Murakami risque de devenir un auteur que je fréquenterai assidûment. C’est une belle et grande découverte que je viens de faire.
Pour augmenter votre envie, voici l’avis de Florinette
Chacun son métier #4
Marie-Pier Côté a finalement avoué à ses parents mardi soir avoir copié l’oeuvre du français Frédéric Jeorge en publiant son roman Laura l’immortelle.
Par ailleurs, bien que l’éditeur du livre, Michel Brûlé, dise être une victime dans cette histoire, il n’en demeure pas moins que l’Association nationale des éditeurs a fait savoir qu’il y a eu un manque de vigilance dans ce cas précis.
Selon la vice-présidente de l’ANEL, l’éditeur aurait dû s’interroger en constatant une oeuvre presque parfaite.
Je ne devrais peut-être pas, mais je me réjouis presque de cette nouvelle.
Quand j’ai vu Laura l’immortelle arrivé en librairie et que j’ai constaté que Marie-Pier Côté n’avait que 12 ans, j’étais sceptique et surtout conscient que l’éditeur voulait profiter de la vague Alexandra Larochelle pour faire, espérait-il, un coup d’argent. Mal lui en prit, on dirait bien.
Cette jeune fille, quant à elle, rêvait probablement de devenir une vedette. Ne connaissant pas les règles de l’édition et aveuglée par son rêve, elle a naïvement plagié le travail d’un autre sans en mesurer les conséquences. Si la télé-réalité permet de devenir une super star en quelques semaines sans avoir aucun talent, il en est tout autrement si on veut devenir un écrivain. Je crois bien qu’elle vient de l’apprendre à ses dépends!
À son âge, je rêvais aussi de devenir écrivain. C’est le premier métier que j’ai voulu faire. Je n’ai pas brûlé (excusez le jeu de mot, il s’est imposé) d’étapes. J’ai vécu ma vie d’enfant et une fois devenu grand, je n’ai pas cessé d’écrire et de réécrire mes textes. Aujourd’hui, je ne suis pas une super vedette littéraire, mais j’ai deux romans à mon actif et plusieurs projets en chantier. Je suis très content de la vie que je mène.
Cette histoire est une belle leçon d’humilité pour l’éditeur et une très grande leçon de vie pour cette fillette qui devra maintenant rêver autrement.
Le combat d’hiver
Ce roman de Jean-Claude Mourlevat m’a été fortement conseillé par Anne-Laure Bondoux, une auteure jeunesse que j’affectionne particulièrement (il faut lire La Princetta et le capitaine, le meilleur roman d’aventure que j’ai pu lire au cours des dernières années). Pour Le combat d’hiver , j’ai bien fait de suivre ses conseils, car elle m’a fait découvrir un grand roman jeunesse!
L’histoire débute dans un orphelinat pour jeunes filles où les règles sont très strictes. Évidemment, toutes rêvent d’une vie meilleure. Jusque là, c’est conventionnel mais tellement bien écrit qu’on est touché par leurs tristes destins. Rapidement, le roman bascule vers autre chose. On est en territoire occupé et on découvre alors un peuple opprimé sous le joug d’une faction qui n’est pas sans rappeler certains régimes totalitaires. Le peuple tentera une libération, mais à quel prix? Ce long combat d’hiver ne sera pas une sinécure.
D’un chapitre à l’autre, par le biais de plusieurs personnages, on va de surprise en surprise en découvrant toujours une facette différente de cet environnement hostile. La grande réussite de cet excellent roman est l’ambiance que Jean-Claude Mourlevat a réussi à installer et à maintenir du début à la fin. Une ambiance grise, sombre, oppressante et parfois lugubre, mais avec certains éclaircis à l’occasion. Il y a beaucoup de profondeur dans ce roman et les situations et les émotions que vivent les personnages sont complexes et jamais prévisibles.
Malgré cet univers lourd d’après-guerre, Le combat d’hiver est un roman captivant et attachant. Même en vaquant à nos activités quotidiennes, on se surprend à porter en nous cet univers particulier et à vouloir le faire découvrir à tout le monde. C’est aussi toujours avec hâte qu’on en reprend la lecture pour mieux y replonger.
J’ai adoré ce roman et il se retrouvera certainement dans mes meilleures lectures de l’année. Merci Anne-L aure!
Le combat d’hiver, Jean-Claude Mourlevat, Gallimard jeunesse, 331 p.
Écrire
Il y a deux jours, Jules m’a écrit ceci :
je me demandais comment t’arrivais à délimiter ton temps pour écrire à travers tout ce que tu fais. Est-ce que tu t’imposes des séances d’écriture ou est-ce que tu considères l’écriture comme un passe-temps? Je me posais la question ce matin en roulant, parce que je me suis rappelé que tu m’as écrit sur mon blog que tu mettrais un an avant de sortir ton prochain bouquin.
Son questionnement est tellement pertinent que j’avais envie de faire profiter tout le monde de ma réponse.
De façon générale, j’ai évidemment très peu de temps à consacrer à l’écriture. Lorsque je ne suis pas en période intensive de création, j’y vais selon la pulsion du moment. Je peux être plusieurs semaines sans écrire comme je peux m’y mettre chaque jour. Par contre, quand je suis en période intense de travail sur un projet (comme c’est le cas présentement), je priorise l’écriture dans mes périodes de temps libre et je me fixe des objectifs. Les objectifs, même si je ne les atteins pas toujours, me servent de stimulants. La vie sociale en prend tout de même pour son rhume, mais si je veux finaliser des projets, c’est un choix que je dois faire.Discipline et persévérance sont peut-être mes plus belles qualités d’écrivain.
L’écriture pour moi n’est pas un passe-temps. C’est une nécessité. Pour mon équilibre, j’ai besoin de créer et c’est dans l’écriture que j’y trouve le plus de gratification. J’aime jouer avec la forme et évidemment avec les mots. Jusqu’à maintenant, j’ai toujours cherché à rejoindre le lecteur via une émotion brute qui vient le surprendre sans s’annoncer. C’est comme si j’essayais d’enlever la distance qu’il peut y avoir entre le lecteur et l’auteur. C’est par la concision que je peux y parvenir le mieux pour ne pas laisser de place à l’artifice. En dire le plus avec le moins de mots possibles définirait assez bien mon travail.
Évidemment, tout ça exige beaucoup de temps. Je suis comme la tortue dans la fable. J’en fais un petit peu ça et là en volant des instants de vie et ça finit par donner un livre au bout du compte
À la fin du mois, ça fera un an déjà que je travaille sur mon nouveau projet. Je me suis donné jusqu’au 31 pour terminer la première version. Je crois que j’y arriverai. Après, c’est le vrai travail d’écriture qui commencera. J’ai beaucoup de pain sur la planche. L’aurais-je terminé dans un an? Je ne sais pas, mais je vais essayer!
Le vide
Je ne suis pas un amateur de thriller, mais je ne peux résister à l’univers de Patrick Senécal. Je me fais toujours une joie de découvrir ce qu’il a de nouveau à nous offrir. Plonger dans ses romans comprend toujours une part de risque pour le lecteur qui n’en sort jamais tout à fait indemne. Celui-ci ne fait pas exception à la règle, même que… Disons, que j’étais content de le terminer ce matin, question de respirer un autre air moins vicié.
Dans Le vide, on suit trois personnages dont les destins s’entrecroisent et s’entremêlent sans arrêt. Max Lavoie est un riche milliardaire qui produit et anime Vivre au Max, l’émission à sensation qui bat tous les records d’audience. C’est une télé-réalité sans limite où les gens réalisent des rêves de tous genres. Frédéric Ferland est un psychologue désabusé par son travail qui cherche des sensations nouvelles pour se sentir en vie. Pierre Sauvé est un détective ayant survécu à une terrible tuerie en plein cœur de Drummondville. Il a du mal à s’en remettre. Évidemment, le vide est l’élément qui unit tout ce beau monde. Si vous connaissez le travail de Senécal vous savez que tous les ingrédients sont présents pour créer un bon thriller.
À part une scène particulièrement dérangeante vers la toute fin qui m’a presque fait vomir, c’est surtout l’aspect psychologique qui est poussé à sa puissance maximale plutôt que l’action en elle-même. Il prend le temps d’installer lentement les ficelles de son intrigue. Non seulement ça fonctionne, mais c’est nécessaire dans les circonstances. Senécal réussit excessivement bien à cerner ce vide existentiel que nous ressentons tous un jour ou l’autre. À la lecture du roman, le vide s’insinue en nous presqu’à notre insu. Plus on avance dans la lecture, plus on sent un certain vertige qui peut se transformer en angoisse profonde si on est moindrement vulnérable. Les âmes fragiles ou dépressives doivent vraiment s’abstenir de lire ce livre car le portrait qu’il brosse de l’existence, de l’être humain et de nos sociétés est loin d’être reluisant.
Si vous n’avez pas froid aux yeux, plongez tête première dans Le vide. Vous ne le regretterez pas, c’est un bon Senécal.
Le vide, Patrick Senécal, ALIRE, 642 pages