La revue L’Actualité propose deux jeux aux amateurs de français : Le français en vacances, composé de 26 questions préparées par Marie-Éva de Villers, et une grille de mots croisés sur l’Amérique, de Nicole Hannequart. Les prix à gagner? Dans le premier cas, l’un des 50 Multidictionnaires de la langue française et, dans le second, l’un des 50 duos suivants : le Petit Druide des synonymes et le Dictionnaire du cruciverbiste. Amusez-vous et bonne chance!
http://www.lactualite.com/concours/article.jsp?content=20070629_104819_5312
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Quand ça se bouscule au portillon
J’ai dû refuser trois contrats cette semaine, parce que j’avais déjà un gros travail en chantier qui risquait de prendre tout mon temps (si j’exclus celui de répondre aux immanquables urgences quasi quotidiennes de mes fidèles clients: une lettre, un communiqué, un article, etc.) et qu’il me fallait remettre au plus tard ce vendredi matin. Maintenant que je viens de l’expédier, je me retrouve devant un bureau (écran) vide.
Je n’en fais pas un drame, remarquez (surtout que c’est vendredi), car je sais par expérience qu’il en viendra d’autres. Mais ça me frustre toujours de devoir refuser un travail, surtout lorsque, de prime abord, il semble être fort intéressant (un scénario de film, par exemple, comme ce fut le cas cette semaine). Le problème, c’est que tous me brandissaient la même échéance: vendredi matin; calendrier en main, j’ai vérifié et il n’y avait toujours que quatre jours entre le lundi et le vendredi. Pas de chance!
Après avoir refusé ces contrats, je me suis quand même mise à faire des calculs: si je commençais à travailler encore un peu plus tôt et que je terminais plus tard, j’obtiendrais tant d’heures supplémentaires… Non, rien à faire, c’était toujours trop serré. Sans compter que la perspective de voir tranquillement mes soirées se transformer en contrats me rendait triste: pas de marche au grand air, pas de guitare, pas de lecture et pas encore de temps à consacrer à un nouveau projet qui m’appelle. Je suis donc retournée sur le chantier de mon gros travail, décidée à en faire tout mon contentement.
Mais je me suis vite rendu compte qu’il n’était pas tellement intéressant, celui-là, et particulièrement difficile en plus: la longueur de ligne dépassait de beaucoup la page-écran, m’obligeant à me promener de gauche à droite et de droite à gauche; la rédactrice n’est pas francophone, de toute évidence, ses phrases étant passablement boiteuses et souvent, même, incomplètes; de plus, la personne qui a tapé le document n’est certes pas familière avec un clavier: beaucoup de lettres étaient inversées, il y avait fréquemment des doublons de mots et de phrases, et des espaces apparaissaient incongrûment en plusieurs endroits, avant un point ou une virgule, par exemple. Bref, j’ai l’impression d’avoir fait péniblement l’ascension de l’Everest la semaine durant.
N’empêche que je suis particulièrement fière du résultat aujourd’hui. Alors, comme nombre de femmes après un accouchement, je sais que dès lundi j’aurai oublié les moments les plus difficiles et que je me sentirai fin prête à répéter l’expérience. Mais comme toute parturiente, aussi, j’ai quand même besoin de reprendre des forces avant.
Alors je nous souhaite, à vous et à moi, une fin de semaine des plus réparatrices. Rendez-vous en huit (ou en six ou en dix…).
Disparition de travailleurs autonomes
Nous pouvons lire, dans l’Annuaire québécois des statistiques du travail, volume 3, numéro 1, que le nombre de travailleurs autonomes a diminué de 1300 en 2006 par rapport à 1998. Et dans l’ensemble, ce type de travail représente, pour ces deux années, respectivement 13,3 et 15,3% des emplois.
Il serait intéressant de savoir où sont rendus les 2% manquants. Sont-ils à leur retraite? Ce serait surprenant, puisque les 55 ans et plus ont connu la plus forte hausse parmi les travailleurs indépendants (+ 44%). D’ailleurs, près du quart des travailleurs de ce groupe d’âge ont un statut de travailleur autonome en 2006, tandis que cette proportion n’est plus que de 2,8% chez les jeunes de 15 à 24 ans. Pour revenir à mon interrogation, où se trouvent donc ceux qui ont abandonné leur travail solitaire? Au chômage? Ou au sein d’une entreprise?
Si vous êtes du nombre, peut-être pouvez-vous répondre à cette question.
Quant aux autres, qui font encore partie des 13,3%, y a-t-il un autre endroit où vous souhaiteriez être?
Pour ma part, je vous avoue que je me sens bien là où je suis : la retraite, je ne suis pas nécessairement pressée d’y arriver; le chômage, ça y ressemblera tout de même un peu lorsque je serai à ma retraite; et travailler dans une entreprise ne m’attire pas, à moins de pouvoir faire du télétravail, ce qui m’apparaît, de prime abord, la solution la plus intéressante. Mais comme ce semble toujours plus vert dans le jardin du voisin, peut-être que je me trompe à cet égard.
Si vous faites partie de ce dernier groupe, que je qualifierais de chanceux, dites-moi si j’ai raison ou tort.
Une autre pub
Avez-vous déjà eu une «éruption de fourmis»? Si oui, j’espère que ça ne fait pas trop mal. Semble-t-il qu’il existe un remède contre cette maladie: du Raid.
C’est du moins ce que dit la publicité télévisée pour ce produit, qui n’a pas fait la différence entre l’éruption et l’irruption…
Latulippe a raison
Dans l’annonce du magasin Latulippe, que vous avez peut-être vue à la télévision, on nous dit qu’on nous «donne gratuitement une canne à pêche» avec tout achat. Moi qui croyais qu’ils péchaient par pléonasme avec leur don gratuit. Eh bien non, je l’ai appris à mes dépens.
Laissez-moi vous raconter l’histoire:
L’hiver dernier, me laissant enthousiasmer par France, je me décidai à commander, par l’intermédiaire d’une librairie, le CD-ROM du Grand Robert. Après quelques semaines d’attente, quel bonheur lorsque je le reçus enfin, d’autant que je trouvai, à l’intérieur de mon colis, une carte qu’il me suffisait de remplir pour obtenir un ouvrage gratuit des Dictionnaires Robert. Comme je n’ai jamais su résister aux cadeaux, je m’empressai de retourner cette carte. En très peu de temps, je reçus le Dictionnaire des synonymes, nuances et contraires 2005. Je ne manquais certes pas de dictionnaires de synonymes, mais bon, c’est un cadeau et À cheval donné… vous connaissez la suite.
Quelques semaines plus tard, on m’envoya un compte qui se lisait comme suit:
«Dictionnaire 902239 : 22,50 euros – Gratuit.
«Frais de poste prioritaire par avion [d’où la rapidité]: 12 euros.
«Reste à payer: 12 euros.»
Vous pensez bien que j’ignorai cette note; non, je ne souhaite pas encourager les pléonasmes. Mais pas la compagnie Interforum, qui me renvoya une deuxième, puis une troisième lettre. La dernière se terminait ainsi: «Sans réponse de votre part sous 15 jours [quand je vous disais qu’ils n’ont pas le français à cœur], votre dossier sera remis à notre société de recouvrement, tous frais à votre charge.»
J’ai peine à croire qu’ils se seraient donné autant de mal pour 12 euros, mais comme ce n’est pas à leur charge, on ne sait jamais.
Je me suis donc rendue à la caisse ce matin pour acquitter ce compte. Savez-vous combien j’ai dû débourser? Au total : 25,82$, soit les 12 euros (17,27$), 7$ de traite bancaire pour convertir mes dollars en euros et 1,55$ de frais de poste.
À ce prix-là, je préfère aller chez Latulippe. Quelqu’un a-t-il besoin d’une canne à pêche?
Flux… de paroles
Voici le courriel que j’ai reçu ce matin. Ce bulletin ainsi que le site Internet de ceux qui le produisent sont vraiment très intéressants. Je vous invite fortement à les consulter.
Flux… de paroles – bulletin linguistique de juin 2007
Bien chers collègues,
« Flux… de paroles » est un outil linguistique que nous sommes heureux de vous transmettre gratuitement une fois par mois. Ce bulletin rend compte des « querelles sur les mots ». Il y est question des difficultés de la langue française, qu’elles soient orthographiques, grammaticales ou syntaxiques. Pour télécharger une copie du bulletin de juin 2007, cliquez sur : www.ecritout.com/Bulletin/2007/juin2007.pdf
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Désormais, Flux… de paroles, le bulletin mensuel de la logomachie, est distribué à des milliers d’abonnés à travers le monde : Montréal et Paris, Bruxelles et Beyrouth, Tunis et Drummondville, Marrakech et Genève, et Dakar, et Lyon, et Québec, et… et…
Portez-vous à la défense de la langue de Molière! Promouvez le français.
Transmettez autour de vous, à vos correspondants, ce courriel avec le lien ci-dessous menant à la fiche d’inscription au bulletin d’Écritout.
Pour ceux désirant s’inscrire, cliquez ici : www.ecritout.com/Formulaires/FormulaireInscription.aspx
Bonne lecture!
Jean Aubé, M.B.A.
Vice-président, développement des affaires
L’alphabétisation
Selon Michel Verrette (L’Alphabétisation au Québec, 1660-1900, Septentrion, 2002, p. 161: http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/livre.asp?id=297), le Québec a dû attendre la décennie de 1920-1930 pour atteindre l’alphabétisation complète.
N’empêche que, «selon les résultats de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA), près de 800 000 Québécois, âgés de 16 à 65 ans, se situent [aujourd’hui] au plus bas niveau des capacités de lecture» (Fondation pour l’alphabétisation, En ligne, [http://www.fqa.qc.ca/soussection1.php?section=1_2_2]). À ce niveau, ces Québécois sont considérés comme des analphabètes.
Il semblerait aussi qu’un «peu plus de 2 % des personnes analphabètes entreprennent une démarche d’alphabétisation, tandis que 98 % restent dans l’obscurité» (ibid.).
On entend, par personnes analphabètes, celles qui sont faiblement alphabétisées et qui, «dans leur langue maternelle, possèdent des difficultés importantes à lire, écrire et calculer dans la vie de tous les jours si le texte n’est pas clair et familier» (ibid.).
Vous pouvez soutenir la cause de l’alphabétisation en faisant un don à la Fondation, mais aussi, si vous avez un peu de temps libre, en agissant comme bénévole, soit en participant à des activités ponctuelles de cette organisation, soit en collaborant au projet de prévention de l’analphabétisme La lecture en cadeau ou encore, en apportant votre aide au sein d’un organisme d’alphabétisation de votre région selon ses activités et ses besoins. Un beau projet de bénévolat pour nous, n’est-ce pas? Pour plus d’information, rendez-vous sur le site Internet de la Fondation pour l’alphabétisation.
Si vous n’avez pas capté
Voici, si vous ne l’avez ni cherché ni deviné, le sens de la phrase d’argot que je vous ai présentée dans la dernière note:
Je pense que vous jugerez que c’est cohérent si je vous dis que la jeune femme jolie en panne sur le pont, qui a eu l’audace de clouer le bec au policier qui l’a interpellée, risque de recevoir une contravention ou même de se faire arrêter s’il en est frustré.
Vous captez?
Je pense que vous jugerez que ce n’est pas déconnant si je vous dis que la caille en carafe sur le pont, qui a eu la niaque de casser le condé qui l’a interpellée, risque de recevoir une contredanse ou même de se faire serrer s’il en a la haine. Si vous m’avez comprise, bien entendu.
Mais si ce n’était pas le cas, le Dico de l’argot de l’Île de France à l’usage des Québécois et autres francophones: http://perso.orange.fr/fredak/dico/dico_argot.htm pourrait sans doute vous être utile.
J’ai pensé qu’après avoir donné la référence, dans la dernière note, qui pouvait permettre aux Français de se familiariser avec le joual et les sacres québécois, il convenait de vous présenter, en contrepartie, le dictionnaire cité plus haut, afin que nous puissions, à notre tour, comprendre leur langue verte.
Certains mots sont similaires aux nôtres, tels les barda, blairer, capter (comprendre) ou chercher (Tu me cherches?). D’autres, comme à donf (à fond) ou à l’ouest (déphasé) nous sont beaucoup moins connus.
Quant à ma phrase d’introduction, ne vous en faites pas si vous n’avez pas le temps d’aller fouiller dans l’ouvrage en question, je vous la traduirai un de ces quatre.
Savez-vous sacrer?
Des dictionnaires, il en existe de toutes sortes, on le sait. Sur le Web, on a même senti le besoin d’informer la population sur la manière de bien utiliser les sacres québécois. Il en est notamment question sur le site de Philip A. Butt, qui s’intitule Guide d’emploi : comment employer correctement les sacres québécois (http://www.geocities.com/philipsfo/hostie/glossaire/jurons2.html).
Et il illustre le tout avec cette histoire tirée des archives de l’école polyclinique de Montréal :
«Le travail du réclamant consistait a descendre du toit d’un édifice de deux étages un surplus de briques qui était resté sur le toit.
«QUESTION : Monsieur, auriez-vous l’amabilité de raconter les faits de l’accident? Votre réponse est enregistrée.
«RÉPONSE : J’pensais sauver du temps. J’ai fixé un madrier avec une poulie en haut de la bâtisse et j’ai passé une corde dans la poulie avec les deux bouttes qui descendent jusqu’a terre. J’ai attaché un baril vide au boutte de la corde, pis j’le monte en haut de la bâtisse. Ensuite j’attache l’aute boutte de la corde à un arbre. Là, j’monte sul toit, pis j’remplis le baril de briques. Ensuite, je r’tourne en bas pis j’viens pour détacher la corde pour faire descendre le crisse de baril, mais le tabarnac de baril est benque trop pesant pour moé et avant que je réalise quoi que ce soit, hostie, le baril me monte en l’air yenque d’une chotte. Là, chu trop haut pour lâcher la corde, j’ava pas le choix, j’ai tenu la corde en hostie. À moitié chemin, j’rencontre le crisse de baril qui descendait; j’en ai reçu un calvaire de coup sur l’épaule; tabarnac que ça m’a fait mal… Mais cé pas toute; moé je continue à monter. Rendu en haut, j’me pette la tête sul câlisse de madrier, pis j’me prends les doigts dans l’hostie de poulie… J’pensa parde connaissance. Quand l’baril touche à terre, le fond pette pis l’baril se vide. Asteur, ciboire, chu plus pesant que l’baril; ça fa qu’hostie là j’descends en tabarnac; pis à moitié chemin en descendant, j’rencontre encore le crisse de tabarnac de baril qui, lui, montait. Y m’a pas manqué l’calisse, y m’a pogné drette s’une jambe; chu v’nu blême. Rendu en bas, j’mécrase sul calisse de tas de briques… J’pensa mourir là. Rendu là, j’me rappelle pu grand chose; chu tout étourdi, ça fa que j’lâche la crisse de corde, pis l’baril se met à r’descendre, pis me câlisse un coup s’a tête; pis j’me r’trouve à l’hopîtal. C’est pour ça que j’demande un congé de maladie.»
(École polyclinique, Service technique des immeubles, 22 octobre 1975)
Ceux qui ne seraient pas familiers avec cette façon de s’exprimer trouveront, sur le site en question, des définitions des sacres les plus usuels. Il comprend également un glossaire du joual et un répertoire de chansons francophones pour illustrer l’emploi de québécismes.