Il y a longtemps que je n’avais pas joué à la tag (dans ma région, on disait à la taille). Alors, pour donner suite à l’invitation d’Éric Simard, j’accepte le jeu des cinq secrets :
1. Lorsqu’un livre est très bon, je le sirote, j’en lis quelques lignes et le retourne sur mes genoux pour prendre le temps de le savourer (en me disant : «C’est bon… C’est bon… C’est bon…»). Puis, je le reprends, et lorsque j’en ai lu quelques pages de cette façon, je le mets sous ma pile, parce que je ne veux pas que ce bonheur se termine trop vite. Ça n’ira qu’au lendemain avant que je l’ouvre de nouveau. Finalement, s’il est «trop bon», je ne le termine pas, je le garde en réserve…
2. Si un livre n’est pas bon, je me force à le lire au complet, cette fois, y cherchant désespérément quelque chose de bon. (Heureusement, je ne me suis pas encore obligée à en lire un deux fois parce que je n’y avais rien trouvé.)
3. Comme Éric, je lis toujours plusieurs livres en même temps, parfois une dizaine : ceux qui me font du bien (les bons), ceux auxquels j’ai l’impression de faire du bien (les pas bons), ceux qui m’apprennent des choses (souvent plus costauds à lire) et ceux qui me détendent, tout simplement. Mes choix de lecture du moment se font donc en fonction de ces caractéristiques.
4. Lorsque j’étais petite, je mettais des images de saint Joseph dans tous mes livres, parce que je trouvais qu’il faisait pitié (on s’intéressait beaucoup plus à Jésus et à Marie qu’à lui, le pauvre). Eh bien, vous ne me croirez peut-être pas, mais ça m’a rapporté : un jour, je l’ai rencontré. Je suis en effet mariée à quelqu’un qui est né le 19 mars (fête dédiée à saint Joseph), et ce n’est que ce matin que j’ai compris ce qui m’est arrivé.
5. Parlant de mariage, je mets beaucoup de soin à trouver un signet qui se marie bien avec chaque livre que je lis : la longueur, la couleur, l’image (c’est ainsi que de beaux signets se trouvent encore mobilisés dans de trop bons livres). En cours de lecture, il peut même m’arriver de changer de signet si j’ai l’impression qu’ils ne font plus bon ménage. Ce qui me désole, c’est que «mon saint Joseph», lui, déchire un coin de papier journal pour marquer la page de ses livres. Quelle horreur!
Voilà! Je donne la tag à Gaston Deschenes (https://blogue.septentrion.qc.ca/wp-content/uploads/archives/gastondeschenes/), Rémi Tougas (http://www.septentrion.qc.ca/remitougas) et Oleg Kuzin (http://translatorsmusings.blogspot.com/).
Tous les articles par glachance
Jean le fouineux
Jean, c’est mon beau-frère, et le fouineux, un site Web. C’est le premier qui m’a fait découvrir le second. N’empêche que le second qualifie très bien le premier, et c’est tant mieux.
Car, pour le bénéfice de tous, il m’a fait parvenir l’adresse de ce nouveau site Web qui a vu le jour au début de ce mois de février : http://www.fouineux.com et qui en répertorie plusieurs autres, soit :
1) Des outils linguistiques : dictionnaires français, ouvrages de dépannage linguistique, dictionnaires de synonymes, ouvrages sur les conjugaisons, la traduction, encyclopédies et outils anglophones.
2) Des outils de recherche : de sites Web, d’images, de vidéos, de musiques, de recettes et d’«annonces classées».
3) Des localisateurs : répertoires de personnes, d’entreprises, d’urgences, de cinémas, urbains et cartes géographiques.
Tous ces thèmes sont regroupés sur la page d’accueil. Mais si vous cliquez sur chacun des hyperliens «Voir les autres outils de cette section», vous aurez accès à beaucoup d’autres sites, par exemple une banque de données sur la généalogie québécoise, le système électronique d’appels d’offres du Québec, des MP3 gratuits sur des leçons d’anglais, etc. Vous aurez même la possibilité de jouer au scrabble en ligne ou d’y suivre des cours d’une école de cinéma. Bien sûr, il y a du moins bon aussi, des annonces de toutes sortes et parfois de drôles de traductions, comme celle-ci d’Amazone : «Gratitude au-delià de $39» (pour : Gratuité au-delà de 39 $; ce qui, en plus, n’est même plus le cas).
Alors si vous êtes comme Jean (et moi) le moindrement fouineux, vous devriez prendre plaisir à explorer ce site.
Travail garanti ou argent remis?
Est-ce une politique que les travailleurs autonomes, notamment en correction et révision linguistique, doivent adopter, à votre avis? Est-ce la vôtre?
Pour ma part, j’en ai subi les contrecoups une fois; il m’en a alors coûté 423 $, soit ce qu’aurait dû me rapporter le contrat de révision d’un texte qui n’était pas parfait. Plutôt dispendieux quand on commence dans le métier, n’est-ce pas? Comme c’était pour le compte d’un «gros client», j’ai accepté d’être «punie» de la sorte, dans l’espoir de le conserver. Je n’avais pas vraiment le choix, puisque je débutais et qu’il me fallait avant tout «sauver ma peau». Mais aujourd’hui, je me permets de considérer la situation sous un autre angle :
D’abord, y a-t-il quelqu’un qui puisse garantir la perfection de son travail, peu importe son métier? (Sûrement pas mon nettoyeur, en tout cas) Y en a-t-il qui peuvent assurer qu’ils ne feront jamais d’erreurs de toute leur carrière? Et en connaissez-vous qui sont convaincus de n’en avoir jamais fait? Ou qui sont certains de tout connaître, ce qui pourrait les empêcher de fauter (mais pas nécessairement non plus)? Si vous n’êtes pas la personne qui m’a gratifiée, il y a plusieurs années, du salaire dont j’ai fait état, vous avez sans doute répondu non à toutes ces questions, ou du moins à plusieurs.
Ensuite, bien que ce ne fût pas mon cas, essayez d’imaginer qu’une faute ait été laissée dans un ouvrage qui vous aurait demandé plusieurs mois de travail à temps plein… Le seul ouvrage, donc, sur lequel vous eussiez compter pour vivre durant cette période… Avec quoi paieriez-vous votre loyer (ou votre hypothèque) si, conformément à cette politique, vous ne deviez pas être rémunéré?
Imaginez maintenant ce qu’il pourrait vous en coûter si l’on vous demandait d’assumer une nouvelle édition d’un ouvrage à très grand tirage (ex. : un dictionnaire, le Code civil).
C’est le genre d’arguments que j’ai servis à un autre client il y a quelque temps. Parce que j’ai encore fait une faute, me direz-vous? Eh bien oui, ça peut encore m’arriver. Malgré tout, je me considère parmi les bons réviseurs. J’ai d’ailleurs suggéré à ce dernier client de «me laisser tomber» et de confier ses prochains contrats à quelqu’un d’autre. Mais je pouvais dès lors lui assurer que cet autre, un jour, ferait une erreur à son tour. Je me permis d’ajouter que s’il décidait de poursuivre avec moi, je ne pouvais même pas lui garantir de ne plus jamais faire d’erreurs. Certes, j’accroîtrais ma vigilance et je ne souhaitais pas que cette situation se reproduise. Mais, malgré cela, je ne pouvais savoir si une telle calamité ne m’arriverait pas de nouveau dans une semaine, un mois, un an ou trois. Ce pourrait alors tomber sur un autre client ou, malheureusement, encore sur lui (une calamité, vous dis-je). Car, avec les années, s’il y a une chose dont je suis assurée, c’est que je ne peux être parfaite tout le temps. C’est du moins ce qu’il m’a fallu accepter après bien des insomnies et des brûlures d’estomac.
Je travaille toujours pour ces deux clients. Le dernier m’a dit avoir apprécié le fait que je lui dise la vérité; d’abord, que j’étais bien fautive et que j’en étais sincèrement désolée. Je crois aussi qu’il a compris que je fais tout ce que je peux pour que mon travail soit le plus parfait possible, et cela, le plus souvent possible. Avec, comme résultat, une performance plus qu’acceptable, dans l’ensemble. Pour le reste – qui constitue plutôt l’exception que la règle –, il vaut mieux accepter que je ne suis qu’un être humain. Et vous?
Le travailleur autonome et la gestion du temps
Puisque vous ne prisez pas les concours, peut-être préférerez-vous lire, à l’adresse qui suit, une série de trois articles de Jean-Sébastien Marsan sur la gestion du temps chez les travailleurs autonomes (particulièrement les journalistes pigistes) :
http://www.ajiq.qc.ca/indep_journal/jan_2005/gestion_du_temps1.html
Allitérons!
Décidément, ce blogue me donne le goût des concours. Je vous invite à participer, cette fois, à un concours d’allitération. La consonne proposée : le f. Pourquoi? Je n’ai aucune raison valable, si ce n’est que c’est avec cette lettre que j’ai moi-même allitéré. Mais rien ne vous empêche d’en choisir une autre si le cœur vous en dit, puisqu’il n’y a aucun règlement à ce concours.
Et que pouvez-vous gagner? Désolée, il n’y a pas de prix non plus. Ah, je sens que vous serez nombreux à participer…
Bernard Dupriez, dans le Gradus : les procédé littéraires (dictionnaire) (Paris, 10-18, © 1984, 2000, p. 33), définit l’allitération ainsi : «Retours multipliés d’un son identique» et donne comme exemple cette phrase bien connue de Racine :
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes?
Voici la mienne (beaucoup moins connue) :
Une jeune fille frêle et frileuse se faufile dans les méandres factices d’un fauve frénétique à la faconde facétieuse qui, dans un souffle fétide, s’affaisse avant de lancer, dans un ultime effort, sa note finale comme un feulement fou.
Qui aurait dit qu’un jour je réussirais à dépasser Racine?
À vos plumes!
Si vous souhaitez ajouter une corde à votre arc, il vous reste à peine une semaine pour vous inscrire au concours d’agrément annuel de la Société québécoise de rédaction professionnelle (SQRP), qui se tiendra le samedi 24 février à Montréal (et peut-être dans d’autres villes, selon le nombre d’inscriptions).
Il faut préalablement faire parvenir son dossier de candidature à la SQRP d’ici le samedi 27 janvier prochain. Pour plus de détails sur ce que doit comporter ce dossier, rendez-vous à l’adresse suivante :
http://www.sqrp.org/pages/Devenir-membre/candidature-a-lexamen–contenu-du-dossier.aspx.
Mais mon titre ne convient plus à ce genre d’exercice, puisque pour la première fois, l’examen se fera à l’ordinateur. Quand je vous disais que nous ne pouvons échapper à la technologie dans notre domaine…
Questions 3-4-5
La question des tarifs semble préoccuper (intéresser) plus d’une personne. Voici trois questions qui m’ont été adressées à ce sujet. J’ai déjà répondu à deux d’entre elles dans les commentaires d’autres notes. Mais comme je ne suis pas certaine que tout le monde lit les commentaires, surtout s’ils se rapportent à une note parue il y a plusieurs semaines, je reproduis ces questions et réponses ici, espérant avoir d’autres avis, les vôtres.
Question 3 (reçue par courriel) :
Q. Quel est le délai de paiement d’une facture d’un réviseur?
(La personne ne souhaitait pas être identifiée, d’où sa question par courriel)
R. La plupart de mes clients me paient le mois suivant la réception de leur facture. Mais c’est déjà arrivé que certains y mettent plus de temps. Dans un cas, j’ai dû «inventer» des frais d’intérêt pour me faire payer. Et il m’est même arrivé que de petites factures ne m’aient jamais été payées…
Question 4 :
Q. Mon message n’est pas un commentaire, mais une question. Je me demande bien qui gagne les salaires dont vous parlez dans votre livre en page 163. J’ai fait de la révision linguistique pour quelques maisons d’édition et je suis loin d’atteindre les tarifs indiqués… Les éditeurs ne veulent pas payer cher pour la correction de leurs manuscrits et j’ai même vécu l’expérience d’un éditeur qui ne paie pas du tout pour le premier travail que l’on fait effectue chez lui… Je ne comprends pas non plus pourquoi un traducteur devrait être mieux rémunéré qu’un réviseur, bien souvent un traducteur aurait avantage à être relu par un réviseur…
Jocelyne Vézina de Rimouski
R. Comme je l’ai indiqué dans le livre, ces tarifs ont été puisés dans un répertoire de Travaux publics Canada et il s’agissait d’offres de service de la part de travailleurs à l’ensemble des ministères et organismes fédéraux qui, eux, faisaient leur choix parmi ces propositions. Et je suis d’accord avec vous que les maisons d’édition ne sont probablement pas les donneurs d’ouvrage qui offrent les rémunérations les plus élevées (mais en contrepartie, ce sont souvent les travaux les plus intéressants). D’où l’importance d’une bonne diversification de clients.
Question 5 :
Q. Voici une question que je me pose de plus en plus souvent et qui serait peut-être un sujet intéressant à inclure dans la section des tarifs. Je fais parfois la révision de documents très courts. Il arrive que le travail me prenne à peine quinze minutes. J’hésite toujours quand vient le temps de la facturation. Le quart du tarif horaire me semble insuffisant, puisque c’est un document qui parfois porte toute l’image du client auprès du public et qui est publié en de très nombreux exemplaires… Mais sinon, comment établir le prix pour une telle révision?
Annie Pronovost
R. Personnellement, je facture à l’heure, à l’exception de quelques soumissions annuelles et de contrats à forfait occasionnels. Dans les trois cas, je ne tiens jamais compte de l’importance du document ni de sa diffusion pour déterminer les prix. Le tarif à l’heure m’apparaît le plus équitable pour tout le monde, puisque le donneur d’ouvrage ne nous paie que pour le temps que nous avons travaillé pour lui et que nous, nous sommes payés pour tout ce temps (contrairement aux deux autres modes mentionnés où, la plupart du temps, il y a un perdant). Tenir compte de l’impact du document m’apparaîtrait passablement compliqué; cela voudrait dire qu’un document «moins important» (document interne, par exemple) devrait être moins payé? Et qui déterminerait cette valeur chaque fois?
Je suis bien curieuse de savoir ce qu’en pensent d’autres réviseurs et comment ils procèdent. J’espère qu’ils viendront alimenter notre discussion.
Quand qu’on veut…
À quel niveau de scolarité croyez-vous que l’on puisse faire des fautes semblables?
- Éphronthé (effronté)
- Maison entée (hantée)
- Un nectar de terrain (hectare)
- Papier russe (papyrus)
- Elle l’avait mal
«Quand qu’on veut» (autre exemple provenant de la même source) on peut, n’est-ce pas?
Eh bien, si l’on en croit ces exemples, tirés du Journal de Québec du 23 décembre dernier, les futurs profs inscrits dans sept facultés de l’éducation cet automne devront vouloir réapprendre à écrire.
Le taux d’échec à l’examen d’admission de français serait pire que celui de l’an dernier, le plus haut taux, soit 78 %, ayant été obtenu à l’Université de Montréal, et le plus bas, à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, avec 53 %.
Pour réussir, les futurs enseignants devaient obtenir une note minimale de 75 %. Les résultats ont en effet frôlé les 70 %… mais ce pourcentage représente plutôt le taux d’échec dans quatre autres universités (Laval, du Québec à Montréal, du Québec à Rimouski et du Québec en Outaouais; celle de Sherbrooke n’a pas fourni les statistiques demandées), où il jouait entre 65 et 69 %.
Du travail pour nous en perspective…
Prochaine édition
Mon éditeur me demande de commencer à penser à la prochaine édition de La Révision linguistique en français. Je vous invite donc à m’informer de tout ce que vous avez trouvé qui devrait être corrigé, si vous ne l’avez déjà fait (j’ai pris note de tous les commentaires qui m’ont été transmis jusqu’à maintenant). Et si, à votre avis, il y a des manques importants, c’est également le temps de m’en faire part.
Merci d’avance pour ce cadeau de Noël. En échange, je vous livrerai peut-être la deuxième édition pour Pâques. D’ici là, je vous souhaite de joyeuses fêtes.