Pour une charte de la laïcité

Hier, lors d’une conférence de presse, huit féministes laïques ont réclamé la tenue d’un débat sur la place de la religion dans l’espace publique.
Andréa Richard, qui a publié aux éditions du Septentrion L’Essence de la vie et Au-delà de la religion, était l’une d’entre elles. Voici l’intégral du texte qu’elle a présenté pour l’occasion :
 » Demander une charte de la laïcité c’est faire appel à la conscience individuelle et collective.
L’adoption d’une charte québécoise de la laïcité.(point.-non ouverte car ouverte veut dire pas pour tous) me semble impérative. Établissant, une fois pour toutes, l’unité et l’égalité des citoyens, cette charte empêcherait le cautionnement des religions, mettrait fin à la discrimination et aux affrontements inutiles. Le favoritisme, supposé ou réel, envers les adeptes de l’une ou de l’autre de ces religions serait aboli et un vent d’espoir pourrait enfin souffler sur l’avenir.
Il est plus que légitime que la société attende davantage de ses dirigeants. Les jeunes sont en droit d’exiger plus de vérité. Les générations futures méritent un gouvernement plus responsable, capable de décisions impartiales, sans que les hiérarchies religieuses soient parties prenantes.
L’enseignement des religions et/ou de leur histoire, dans un Québec qui a déjà affirmé sa laïcité par un amendement constitutionnel, relève d’un illogisme traduisant la mollesse des instances gouvernementales et leur incapacité à prendre des positions fermes et définitives. L’enseignement de l’éthique et le respect des valeurs universelles et humanitaires ouvriront aux jeunes une voie mieux définie vers l’équilibre et la sagesse.
L’erreur des religions c’est d’avoir coulé dans le ciment ses doctrines et ses dogmes non prouvés, ni même prouvables, qui relèvent de l’époque moyenâgeuse dont nous ne sommes pas libérés. Ce qui est important ce n’est pas de conserver à tout prix les religions du passé – mais c’est d’évoluer vers une prise de conscience libératrice, et admettre que personne ne possède une vérité sur l’existence de Dieu. Les religions endoctrinent, règnent et contrôlent. Il serait donc logique de cheminer vers l’ère de l’agnosticisme, plutôt que d’imposer ou d’exposer aux jeunes de demain des croyances désuètes et rétrogrades.
Nous sommes devant une responsabilité morale et sociale, souvenons-nous que les religions divisent et que la laïcité unit!
À l’instar de toutes les personnes qui croit que la laïcité est la voie de l’avenir, je demande aux ministres de la Culture et de l’Éducation, ainsi qu’à tous les détenteurs de pouvoirs, de se pencher sur cette question fondamentale et d’en faire une priorité.  »

BAnQ. Un siècle d’histoire

À propos d’un livre récent sur BAnQ.

Fides vient de publier sous la signature de mon « compatriote » de Saint-Tite, l’excellent Denis Goulet, un ouvrage consacré à Bibliothèque et Archives nationales du Québec avec en sous-titre « Un siècle d’histoire ». Le livre est très agréable et retrace bien les étapes qui ont conduit à la naissance de BAnQ. Mais aucun ouvrage n’est parfait et il n’était pas facile pour l’auteur de répondre aux attentes des uns et des autres. Il est de notoriété quasi publique que le manuscrit de Denis Goulet a été examiné par diverses équipes de BAnQ. Si j’avais été invité à me joindre à celles-ci voici quelques remarques que j’aurais formulées.

1) Goulet, p.97. « Passionné des livres » dit-on de moi. Je veux bien, mais mon objectif était de développer des lieux d’éducation populaire et permanente. Les bibliothèques et les musées ont été au coeur de mes préoccupations et de mes actions.

2) Goulet p. 97. La légende de la photo n’est pas exacte. J’ai été nommé ministre en février 1978.

3) Goulet p. 97. La situation immobilière de la Bibliothèque nationale. J’aimais cet endroit que j’avais fréquenté. Son état me préoccupait de même que celui du centre d’archives de Montréal (ouvert en 1974). Le problème principal: il n’y avait pas d’entente entre la Bibliothèque et les Archives. Quatre protocoles avaient été préparés pour déterminer par écrit les mandats de chacun. C’était à mourir de tristesse. Brault se faisait tirer dans le dos à qui mieux-mieux. J’ai quand même réussi à faire préparer un projet d’agrandissement. Je me souviens très bien de mes visites et des discussions avec les fonctionnaires des travaux publics. À noter que la collaboration de la ministre des travaux publics, Jocelyne Ouellet, était acquise à tous nos projets. Nous avons siégé ensemble au conseil du trésor et nous voulions réaliser le maximum. Nos cabinets travaillaient main dans la main. En page 107, Goulet mentionne d’ailleurs le dépôt d’un projet de construction. J’ai alors quitté le ministère et je suppose que la chicane a continué et empêché la réalisation du projet.

4) Goulet p. 258. La collaboration de madame Ouellet m’a permis d’ouvrir six centres régionaux d’archives en trois ans et d’installer les Archives nationales dans le pavillon Casault (Goulet, p. 260). On a l’impression que ce déménagement a été une réalisation du Saint-Esprit. À mon arrivée au ministère, les ANQ étaient logées dans le Musée du Québec et occupaient une belle salle d’exposition au rez-de-chaussée. Les fonctionnaires avaient installé leurs bureaux dans d’autres salles. Je les ai fait déménager dans une école située à proximité. Ce ne fut pas une mesure très populaire, mais le Musée a repris peu à peu sa vocation.

5) Goulet p. 98. Dossier de Brault sur les salaires des bibliothécaires. J’ai évidemment lu les mémoires de Jean-Rémi Brault. C’est un homme discret et réservé. Il m’a tout de même appris des choses troublantes, mais ce qu’il ignorait c’est que son mémoire n’aurait pas eu un bien gros impact si je n’avais pas été au Conseil du Trésor avec M. Parizeau. J’ai déjà raconté devant un auditoire de bibliothécaires ce qui s’est passé alors.

6) Une loi des Archives. Dès mon arrivée au ministère, la décision avait été prise de préparer un projet de loi sur les Archives. Historien comme moi, le sous-ministre Noël Vallerand, y tenait et s’en occupait personnellement. Goulet (p. 262) parle « d’indifférence générale ». Bien au contraire, le Conseil du trésor voulait en assumer la responsabilité, le ministère des Travaux publics également de même que le ministère des Affaires culturelles, même si François Beaudin montrait à cet égard une certaine mollesse. Vallerand, ami personnel de Robert Tessier, secrétaire du conseil du trésor, était confiant de faire aboutir ce dossier. Il est tombé gravement malade tandis que moi j’échouais dans mes efforts pour convaincre mes collègues du conseil des ministres d’introduire l’obligation de remettre à l’État leurs propres « archives ministérielles ». Il y a un livre à écrire sur cette seule question. J’ai refusé de déposer un projet de loi qui ne comprendrait pas une telle obligation. Mon successeur, Clément Richard, a cédé et a fait voter la loi. À noter que c’est moi qui ai amorcé la loi d’accès à l’information. Mais là, ce fut pire encore et la protection des renseignements a pris le dessus. On en souffre encore aujourd’hui. Il aurait fallu que je reste aux Affaires culturelles et aux Communications au moins 2 ou 3 ans de plus.

7) Goulet p. 284 et 347. Le traité de Murray. Vraiment je ne comprends pas le silence de la note 118 à propos de ma recherche sur le traité de Murray. Mon étude ( La Fin des alliances franco-indiennes, Boréal et Septentrion, 1995) m’a valu d’être finaliste au prix du Gouverneur général. C’est moi qui ai établi le texte exact et la découverte d’un original a confirmé mes conclusions. Bien plus, Septentrion a publié l’étude d’André Münch (L’Expertise en écritures et en signatures, 2000) qui a établi l’authenticité du document découvert « par accident ».

Évidemment, mes archives de députés et de ministre ont été confiées aux Archives nationales et tout ce que j’écris ici peut être vérifié.

J’ai même déposé dans le temps les archives des éditions du Boréal.

Colloque sur Duplessis

À l’occasion du 50e anniversaire marquant la mort de Maurice Duplessis, le Centre interuniversitaire d’études québécoises et les Entretiens Pierre-Bédard de la Société du patrimoine politique du Québec organisent un colloque sur l’ancien premier ministre intitulé Duplessis, son milieu, son époque les 17 et 18 septembre prochain à Trois-Rivières et le 25 septembre à Québec. Nous vous invitons à y assister en grand nombre. Pour plus de renseignements sur l’inscription, consultez http://www.cieq.ca/duplessis/index.php?p=inscription.
Les actes de ce colloque seront publiés au Septentrion en 2010.

Désamours

Pour parler du désamour, il faut avant tout que je parle de mon amour pour la plume de Geneviève Robitaille. Mon amour pour elle d’une certaine manière car, livre après livre, j’apprends à connaître qui elle est. Chacune de ses publications a quelque chose d’ impudique. Mais lorsque c’est si bien porté par la littérature, ça ne peut pas l’être (ou presque).
Désamours est probablement son récit le plus intime. C’est un aveu qu’elle nous fait à partir des amours qu’elle n’a pas sues vivre. Par peur, tout simplement. La confession est si honnête et directe qu’on la reçoit en plein coeur.
Mon parcours est différent du sien. Je ne suis pas non plus habité par les mêmes peurs, mais je me suis reconnu dans ce désamour que je commence à comprendre et à éviter pour me rapprocher davantage de l’amour. Reste maintenant à le trouver.
Tout comme moi, plusieurs se reconnaîtront à travers cette émouvante confession. En plus, si ce livre et ce billet peuvent être une porte d’entrée dans l’univers de Geneviève Robitaille, j’en serais ravi. L’oeuvre qu’elle peine à construire à coup de détermination hors du commun mérite qu’on s’y attarde. Pour moi, un nouveau Geneviève Robitaille est toujours un événement que je ne veux pas rater.
Pour vous aiguiller, voici ses autres titres :
Chez moi, Triptyque, 1999
Mes jours sont vos heures, Triptyque, 2001
Éloge des petits riens, Leméac, 2005
Chute, J’ai vu, 2006

Concours littéraire

Cette année, en collaboration avec le magazine Nuit blanche, la librairie Pantoute et le Consulat général de France à Québec, Septentrion s’associe au concours d’écriture du Carrefour international de théâtre.
On vous demande de vous inspirer de la programmation du 10e Carrefour pour raconter un secret ou une confidence.
Le concours est ouvert au 18-30 ans. Il y a trois catégories: poésie, théâtre et nouvelle. Les textes doivent avoir un maximum de 2000 mots. Vous avez jusqu’au 15 mai pour faire parvenir vos textes.
Chaque finaliste des trois catégories recevra:
- Abonnement d’un an au magazine Nuit blanche
- Livres en lien avec le Carrefour 2009 – Librairie Pantoute
- Une paire de billets pour le Carrefour 2009
- Les quatre derniers titres de la collection Hamac – Septentrion
L’un d’eux, et c’est pas banal, se méritera le Grand prix suivant:
- Séjour culturel au Festival d’Avignon en juillet 2009 (il faut donc que vous soyez prêt à partir rapidement)
Alléchant, n’est-ce pas?
Je vous invite donc à participer en grand nombre.
Pour plus de détails, cliquez ici.

Quand la musique est bonne

Ces derniers mois, j’ai recommencé à acheter beaucoup de disques. La plupart de mes choix se portent sur ce qu’on fait chez nous. Ce n’est pas un principe, c’est par intérêt. J’aime depuis longtemps ce que notre culture a à offrir et je me réjouis de ne pas être devenu un ersatz de la culture américaine.
Aujourd’hui, j’aimerais attirer votre attention sur quelques disques québécois qui ont été mis sur le marché cet hiver et ce printemps et que j’ai eu la bonne idée de me procurer. Des disques que je ne me lasse pas d’écouter. Non seulement je ne m’en lasse pas, mais chaque écoute me permet d’en apprécier toute la richesse. On produit vraiment d’excellents disques ici au Québec. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, chacun d’eux bénéficie d’une réalisation impeccable pleine d’inventivité et de créativité. Notre industrie musicale, grâce à une génération en pleine possession de ses moyens, est en santé. Elle mérite notre soutien. Je suis fier de lui donner le mien en posant un geste concret, c’est-à-dire en achetant ce qu’ils font.
Voici les disques qui font mon bonheur depuis quelques mois :
Tu m’intimides de Mara Tremblay (audiogram)
Il aura fallu quatre albums avant que je me décide à acheter un Mara Tremblay. Mais quel album! Un savant mélange contrôlé de tout ce qu’alla avait fait de mieux dans ses précédents. Cet album, on le doit à la maturité de l’artiste. Seul le temps qui passe permet d’offrir ce qu’elle nous a offert cette année. La réalisation d’Olivier Langevin est pesante juste comme il le faut quand il le faut.
Mon top 3:
Tu n’es pas libre
Le printemps des amants
D’un côté ou de l’autre
Donne-moi quelque chose qui ne finit pas de Stéphanie Lapointe (Musicor)
À la première écoute, la voix de femme/enfant toute en retenue du début à la fin déconcerte et déçoit quelque peu. Après plusieurs par contre, l’ensemble finit par faire son effet à notre insu et on tombe sous le charme. On se surprend à fredonner l’une ou l’autre des pièces à tout moment de la journée. Et on remet le disque dans le lecteur. Un choix artistique audacieux pour un pari gagné. Ceux qui aiment le style d’Émilie Simon aimeront.
Mon top 3: :
Eau salée
À quoi (avec Albin de la Simone)
Bang bang
Sentiments humains de Pierre Lapointe (audiogram)
J’avais mis du temps à aimer La forêt des mal aimés. J’ai aimé instantanément Sentiments humains. Je trouve que Pierre Lapointe a de moins en moins peur de mettre ses tripes dans ses chansons. Il se rapproche de ses propres sentiments. Ça fait du bien et ça fait surtout des chansons encore plus prenantes et profondes. C’est un créateur hors pair.
Mon top 3:
Je reviendrai
Les lignes de ma main
Nous restions là
Un serpent sous les fleurs de Yann Perreau (bonsound records)
J’ai hésité avant de me procurer ce nouvel album de Yann Perreau. Je ne me sentais pas dans le mood et j’avais peur de ne pas l’aimer. Comme je me trompais! C’est celui que j’écoute le plus en ce moment. Encore une fois, à la première écoute ce n’est pas évident. Aucune chansons ne se démarque réellement. D’une écoute à l’autre, elles se définissent pleinement. Musicalement, c’est fort. Rien à envier à bien des productions de gros calibres.
Mon top 3:
Beau comme on s’aime
Conduis-moi
Le plus beau rêve
Lhasa par Lhasa (audiogram)
Chaque nouvel album de Lhasa est un événement (c’est l’effet positif de la rareté). C’est également le résultat d’une artiste qui évolue et qui tente continuellement de se redéfinir. En même temps, il y a une ligne directrice. Une ligne qu’elle trace subtilement dont le tracé est tout de même annoncé à travers chacune de ses réalisations. Les couleurs folk et feutré qu’on retrouve dans ce dernier disque l’étaient dans The living road si on prend le temps de bien réécouter les chansons en anglais qu’on y retrouvait. Mais là, c’est l’album au complet qui l’est. C’est planant, émouvant. Verser des larmes à une première écoute ne m’est pas arrivé souvent. Lhasa y est parvenue avec cet album et mon plaisir ne fait que commencer…
Mon top 3:
Rising
Where do you go
Love came here

Concours d’écriture

Cette année, en collaboration avec le magazine Nuit blanche, la librairie Pantoute et le Consulat général de France à Québec, Septentrion s’associe au concours d’écriture du Carrefour international de théâtre.
En fait, j’ai la chance de faire partie du jury.
On vous demande de vous inspirer de la programmation du 10e Carrefour pour raconter un secret ou une confidence.
Le concours est ouvert au 18-30 ans. Il y a trois catégories: poésie, théâtre et nouvelle. Les textes doivent avoir un maximum de 2000 mots. Vous avez jusqu’au 15 mai pour faire parvenir vos textes.
Chaque finaliste des trois catégories recevra:
- Abonnement d’un an au magazine Nuit blanche
- Livres en lien avec le Carrefour 2009 – Librairie Pantoute
- Une paire de billets pour le Carrefour 2009
- Les quatre derniers titres de la collection Hamac – Septentrion
L’un d’eux, et c’est pas banal, se méritera le Grand prix suivant:
- Séjour culturel au Festival d’Avignon en juillet 2009 (il faut donc que vous soyez prêt à partir rapidement)
Alléchant, n’est-ce pas?
Je vous invite donc à participer en grand nombre.
Pour plus de détails, cliquez ici.

Les éditeurs québécois se rebellent face à Google

Communiqué – Pour diffusion immédiate

Le livre numérique d’ici

L’ANEL recommande à ses membres de se retirer du Règlement Google

Montréal, le 22 avril 2009 — Après un examen approfondi du projet de Règlement Google du point de vue des avantages économiques immédiats et à long terme consentis par Google, des exploitations rémunérées ou non du livre électronique qu’entend en faire Google, mais aussi et surtout de l’ensemble des contreparties que Google exige en échange de ces avantages, l’ANEL est d’avis qu’il n’est pas dans l’intérêt de l’industrie de l’édition d’ici d’accepter ce règlement et recommande donc à ses membres de s’en retirer.

Pourquoi s’en retirer, puisque nous n’en sommes pas signataires ? C’est que le droit américain est ainsi fait que tous les auteurs et les éditeurs dont les œuvres ont été numérisées sans permission par Google depuis 2004 sont considérés comme partie prenante du recours contre Google, donc du projet de Règlement, s’ils ne manifestent pas par écrit leur volonté de se retirer. C’est ainsi que des millions d’auteurs et d’éditeurs, de centaines de pays et en dizaines de langues, consacrent depuis cinq mois des énergies importantes à étudier ce projet de Règlement, à mesurer ses effets sur le marché du livre numérique et à débattre de ses mérites.

Une entente complexe aux nombreuses répercussions

Le problème, c’est que l’entente complexe intervenue entre les ayants droit américains et Google ne tranche pas le fond du litige tel qu’il s’est posé dans le recours collectif : la numérisation de livres entiers sans permission répond-elle aux règles de l’utilisation équitable (fair use) ? Le projet d’entente repousse le problème en créant un état de fait qu’il sera difficile de corriger. En lieu et place, le projet cède à Google, entre autres, la propriété des livres électroniques obtenus sans permission, le droit de les exploiter sur le Web avec ou sans présentation, y compris aux côtés d’annonces publicitaires, leur archivage gratuit dans les bibliothèques participantes, le droit de décider ce qui est ou non un livre, le droit de décider si une œuvre est épuisée ou non (donc de s’en approprier une version électronique sans redevances), les règles s’appliquant aux œuvres orphelines, le droit de fixer le prix de vente selon un algorithme, le droit de les exploiter aux côtés de produits et services Google sans revenus pour les auteurs et éditeurs, le droit d’appliquer aux corpus ainsi obtenus toutes les recherches non consommatrices non destructrices imaginables, toujours sans compensation pour les auteurs et les éditeurs, etc.

Une vision unilatérale du droit d’auteur

Ce projet de Règlement d’un litige privé devant une cour de justice régionale (circonscription sud de l’état de New York) aura pour effet, s’il est adopté, d’outrepasser toutes les législations nationales en matière de propriété intellectuelle et d’organisation de marché, imposant les règles du fair use américain aux exploitations du livre électronique de tous les auteurs et éditeurs qui ne se retireront pas avant le 5 mai 2009. De plus, tous les litiges seront tranchés selon la loi américaine, par le Registre mis sur pied en vertu du Règlement. L’enjeu n’est donc pas notre capacité à plonger dans l’ère du numérique, mais notre volonté que le monde numérique soit régi par le respect d’un droit d’auteur déterminé par les processus législatifs qui nous sont propres. Bref, ce qui est une interprétation de l’usage équitable pour Google est, pour nous, l’appropriation d’une suite de droits.

Une stratégie numérique concertée

La position de l’ANEL est fort simple : depuis trois ans, les éditeurs de livres sont à pied d’œuvre pour développer le marché du numérique selon les règles de l’art en matière de droit d’auteur. L’ANEL combat toute réforme de la loi canadienne qui permettrait une exception pédagogique « numérique » excluant les ayants droit de la juste rémunération de leur labeur, perfectionne les éditeurs sur les questions juridiques, éthiques et technologiques liées au livre numérique, crée et met sur pied un agrégateur où tous les éditeurs peuvent entreposer leurs livres numériques et en assurer les déclinaisons sous tous formats utiles pour leur commercialisation. Pourquoi ne pas poursuivre cette stratégie où nos livres numériques seront de qualité, où leur affichage ne sera pas défiguré par la mention « scanned by Google », où les ventes aux grandes librairies en ligne ou aux producteurs de livrels (Kindle, SonyReader, etc.) pourront bénéficier directement aux ayants droit, où les utilisations publicitaires respecteront le droit moral dont les auteurs nous ont confié la sauvegarde ?

En soi, l’avance insurmontable que donne le projet de Règlement à Google sur ses concurrents serait une raison suffisante pour s’en retirer, afin que d’autres joueurs viennent équilibrer l’offre et diversifier les manières de faire. Mais pour la sauvegarde de notre droit d’auteur et sur la base de tous les efforts déployés ici pour développer une approche collective originale, l’ANEL ne peut que conclure à l’importance d’assurer la survie de notre diversité culturelle à l’ère numérique.

Créée en 1992 et regroupant une centaine de maisons d’édition de langue française, l’Association nationale des éditeurs de livres prône principalement la liberté d’expression, le respect du droit d’auteur et l’accès universel au livre comme outil d’apprentissage.

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Source ANEL:

Sylvie Bellemare,

Chargée de communication

514 273-8130, poste 231, sbellemare@anel.qc.ca