Pendant mes vacances, j’ai vu Les 3 p’tits cochons de Patrick Huard. Il ne faisait pas nécessairement partie de ma liste de films à voir mais lorsque deux personnes sur trois en font leur choix, on se range du côté de la majorité.
N’ayant pas réellement d’attentes, j’ai trouvé le film correct, sans plus. La grande faiblesse du film est la structure du scénario qui est trop répétitive. Ça crée des longueurs inutiles. Les concepteurs auraient eu avantage à s’éloigner un peu plus du conte traditionnel qui a inspiré le film.
Sinon, il y a quelques petites trouvailles sympathiques, plusieurs bonnes répliques qui font rire spontanément et quelques personnages intéressants. Je pense au personnage de la policière interprétée par l’excellente Julie Perreault. Claude Legault est solide et Guillaume Lemay-Thivierge tout simplement irrésisitible. Mahée Paiement n’est pas très bonne et mon allégeance sexuelle ne me permet pas de la trouver sexy. Par contre, Guillaume…
La réalisation de Patrick Huard ne passera pas à l’histoire. On a vu mieux, on a vu pire. Il signe un bon film de gars à son image.
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Ensemble, c’est tout
L’important n’est pas de savoir si le film est meilleur ou non que le livre. L.important est tout le plaisir qu’on peut ressentir en présence de ces très beaux personnages qu’a su créer Anna Gavalda. De les retrouver sur grand écran hier m’a fait beaucoup de bien comme lorsque l’on retrouve des amis que l’on n’a pas vus depuis longtemps. Je suis sorti du cinéma avec le sourire aux lèvres et le coeur plein de vie. C’est exactement le sentiment que j’avais éprouvé après la lecture du roman. C’est ça la force de cette oeuvre romanesque.
Audrey Tautou, que je n’affectionne pas particulièrement, m’a eu. Sa Camille espiègle et fragile est crédible et touchante. Guillaume Canet dans le rôle de Franck est tout simplement remarquable. C’est presque toujours lui qui fait jaillir l’émotion du film. Mais, malgré sa grande prestation, ma révélation à moi est celle de Laurent Stocker dans le rôle de Philibert. Même si physiquement il diffère de celui qu’on pouvait retrouver dans le livre, l’âme et l’esprit qu’il insuffle à son personnage est tout à fait juste. On s’attache rapidement à lui et à sa bouille irrésistible. Françoise Bertin parvient à rendre attendrissante sa Paulette un peu grincheuse aux allures de Marguerite Duras.
C’est un beau quatuor d’acteurs que le film nous offre. Ils sont naturels et la chimie qui se crée entre eux est communicative. C’est en plein ce que ça prenait pour en faire une bonne adaptation. Je me dis que Claude Berri doit y être pour quelque chose.
Petits bémols pour les placements publicitaires pas vraiment subtils (ça m’a rappelé ceux qu’on trouvait dans Les invasions barbares): Gros plan sur une canette de Pepsi que boit Franck et sur la boîte d’un système de son JVC acheté par Camille, réplique inoubliable de Franck « je dois aller chez Rent rapporter la voiture » et gros plan sur le roman de Nathalie Rheims « Le cercle de Meggido » que lit Camille. Comble de hasard, Nathalie Rheims est l’une des productrices!
Sinon, ne bouder pas votre plaisir: lisez ou allez voir Ensemble, c’est tout! C’est encore permis de se faire du bien
Susanne Bier
Je viens de faire une grande découverte cinématographique qui a pour nom Susanne Bier. (Comment ai-je même fait pour passer à côté de son travail pendant toutes ces années?) J’ai vu deux de ses films en moins d’une semaine et me voilà conquis et convaincu. Cette cinéaste danoise sait mieux que quiconque filmer la complexité des rapports humains. Avec elle, n’est prévisible que les événements. Pour ce qui est du reste, c’est-à-dire comment ils sont perçus et vécus par ses personnages, on peut s’attendre à tout.
Dans Cœurs ouverts (merci Anne-Marie!), sans trop vous en dévoiler, tout tourne autour d’un accident grave qui aura des conséquences bouleversantes sur le couple atteint et le couple responsable. Ce n’est qu’un point de départ qui nous amène dans les dédales de la nature humaine pour le moins surprenante. Rien n’est alambiqué. Tout se tient réalistement. Ce drame intime pourrait bien être le nôtre. La caméra est nerveuse, sensible, saccadée et indiscrète comme si elle cherchait à pénétrer l’âme des acteurs pour trouver leur vérité. Je ne sais pas comment elle fait, mais elle y parvient. On craque pour Mads Mikkelsen.
On retrouve tout ça dans Après la noce. Même qu’elle pousse encore plus loin la réflexion de ce que nous sommes, de ce qui nous pousse à agir. À l’intime, ici s’ajoute l’aspect social. Entre l’Inde et le Danemark, c’est un immense portrait de la vie qu’elle embrasse de sa caméra encore plus indiscrète et d’une efficacité dérangeante. Le spectateur est constamment déjoué, secoué et ému tout au long du film grâce à un scénario béton. C’est filmé magnifiquement et c’est porté par une distribution solide. On craque encore pour Mads Mikkelsen.
Susanne Bier est définitivement une cinéaste hors-pair qui réussit à communiquer excessivement bien sa grandeur d’âme et son humanisme.
(Voir également les propos de Virge gravitant autour de ce film)
Le pressentiment
La principale raison qui m’a poussé à aller voir le film Le pressentiment est le fait qu’il soit adapté d’un roman d’Emmanuel Bove. J’ai découvert cet auteur il y a quelques années alors que je déambulais dans la bibliothèque Eva Senécal de Sherbrooke en quête de lectures nouvelles. Je me promettais de lire cet auteur un jour. Ce jour-là, le titre Mes amis m’avait interpellé. Je ne me suis pas trompé J’ai adoré ce roman et, depuis, je m’intéresse au travail de cet auteur encore trop méconnu.
Dès les premières minutes du film, j’ai su que j’étais au bon endroit car je retrouvais avec beaucoup de plaisir l’univers d’Emmnauel Bove. Comme c’est souvent le cas dans la plupart de ses romans, l’histoire gravite autour d’un seul personnage confronté simultanément à son désir d’être dans la vie et celui de ne pas y être. Dans Le pressentiment, on suit Charles Bernesteau, un avocat de très bonne famille qui lâche tout pour vivre une vie simple dans un quartier populaire de Paris. C’est un misanthrope sympathique désillusionné par la nature humaine. Sa nouvelle façon de vivre lui réserve tout de même quelques surprises.
Le quartier populaire, où fourmille une ribambelle de personnages colorés, devient la plaque tournante du film. Darroussin en fait ressortir toute la richesse. C’est plein de vie. Une vie à la fois triste et belle. Il y a beaucoup de tendresse et de compassion qui passe à travers la caméra du cinéaste. Plus le film avance, plus on est touché par l’univers particulier de Charles et les autres. Faut dire que Jean-Pierre Darroussin offre une performance très convaincante. Son personnage de Charles, aussi fort que vulnérable, est attachant et touchant de vérité. Tous les personnages secondaires le sont tout autant.
Jean-Pierre Darroussin et Valérie Stroh ont fait un travail d’adaptation remarquable. Ils ont su rendre l’essence même de l’écriture d’Emmanuel Bove, pourtant pas facile à transposer au grand écran. C’est fait de façon inspirée et loin d’être ennuyante. C’est le genre de film qui brille par tous ces petits riens subtils qui finissent par faire toute la différence. J’ai l’impression que la vie qui y grouille est contagieuse. J’en suis encore tout habité. Je ne résisterai pas longtemps pour lire Armand qui m’attend dans ma pile…
Le labyrinthe de Pan
Hier soir, en allant voir le film de Guillermo Del Toro Le labyrinthe de Pan, j’ai vécu une expérience limite.
En ce qui concerne le film en tant que tel, j’ai adoré toute la partie fantasmagorique du personnage de la petite fille. J’avais l’impression de plonger dans un excellent roman fantastique pour adolescents. Le personnage du Faune m’a littéralement fasciné. Là où j’ai eu du mal, c’est avec la partie réaliste, celle du Capitaine (magistralement joué par un Sergi Lopez méconnaissable). La cruauté tellement vraisemblable de certaines scènes est venue me chercher jusque dans mes viscères. À plusieurs reprises, je me suis fermé les yeux pour ne pas voir ce qui se passait. C’était trop pour moi. J’avais raison. Rendu à la moitié du film, fermer les yeux ne suffisait plus. Tout l’univers du film me dérangeait profondément. Mon corps m’embarrassait. Je me suis mis à me tortiller sur mon banc. J’avais presque l’impression que c’est moi qu’on allait torturer. Ensuite, j’ai commencé à avoir des chaleurs pour finir par me sentir complètement étourdi. Ce n’était pas juste un mauvais moment à passer. J’étais dans une situation d’inconfort total et j’avais l’impression que ça ne finirait jamais. Il n’y avait qu’une chose à faire: m’extraire de cette situation au plus vite. J’ai dit à la personne qui m’accompagnait que je sortais parce que je ne me sentais pas bien. Et je suis sorti.
Je me souviens à peine du trajet que j’ai fait mais je suis parvenu à sortir de la salle. J’ai marché comme un automate. J’avais extrêmement chaud, la tête me tournait, la lumière éblouissante m’a donné le vertige, j’ai vu le corridor du Clap tangué, je suis devenu mou comme de la guenille et je me suis laissé choir de tout mon long sur le sol. J’ai perdu la carte pendant peut-être une minute. J’ai ouvert les yeux, même si je me sentais perdu, tout m’est revenu en mémoire. Je savais où j’étais. J’ai réussi à me relever tranquillement. J’étais encore étourdi et complètement vidé. Un employé m’a apporté un verre d’eau. De boire m’a fait le plus grand bien.
C’est la deuxième fois de ma vie qu’un film me fait cet effet-là. Je suis capable de supporter bien des choses, mais pas des scènes cruelles trop réalistes. Encore moins si elles comportent du sang. Del Toro n’épargne pas le spectateur. Il ne se gêne pas pour montrer ce qu’il a à montrer. Moi, je n’ai pas supporté. Mes limites ont été atteintes.
C’est ça pour moi Le labyrinthe de Pan. Un film inoubliable en quelque sorte.
C’est puissant l’art quand on y pense!
La tourneuse de pages
Ce film de Denis Dercourt n’est vraiment pas sans rappeler ceux de Claude Chabrol. Il serait un croisement parfait de Chocolat et La cérémonie. Même cadre, même atmosphère, même tension dramatique, même étrangeté. C’est appuyé par des performances d’actrices remarquables.
L’histoire, qu’il est préférable de ne pas trop dévoiler, tourne autour d’Arianne qui est concertiste de renommée et Mélanie ex-musicienne qui devient la tourneuse de pages de la musicienne. On suit subtilement les liens qui se tissent entre elles sans jamais savoir ce qui se cache derrière leurs intentions respectives. C’est là que réside toute la force de ce film. Dès les premières images, le cinéaste installe une ambiance forte et particulière autour de ces deux personnages énigmatiques. L’intrigue est pourtant simple, mais l’intelligence de la caméra et la concision du scénario suffisent à maintenir l’intérêt du spectateur jusqu’à la fin.
Catherine Frot prouve hors de tout doute qu’elle peut aussi bien jouer dans un registre comique que dramatique. Elle est très convaincante et touchante dans ce personnage de musicienne bourgeoise fragilisée par un accident. Deborah François, qui joue la tourneuse de pages, brille par sa froideur et sa retenue. Inquiétante au point de nous faire parfois frémir. Toute une révélation.
La tourneuse de pages est un film à voir si vous êtes du genre à aimer les films d’atmosphère. Vous ne le regretterez pas.
Palmares 2006: cinéma
Voici les cinq meilleurs films que j’ai vus en salle cette année:
1. Babel, Alejandro Gonzalez Innaritu (États-Unis)
2. Le temps qui reste, François Ozon (France)
3. Lemming, Dominik Moll (France)
4. Changement d’adresse, Emmanuel Mouret (France)
5. Manderlay, Lars Von Trier (Danemark, etc.)
Babel
Quand on connaît le travail d’Alejandro Gonzalez Inarritu (Amours chiennes et 21 grammes), on ne peut résister à l’envie d’aller voir ce qu’il a de nouveau à nous proposer. Je ne pouvais pas rater la sortie du film Babel. Évidemment, j’y allais en ayant beaucoup d’attentes. Elles ont toutes été déclassées: Babel n’est rien de moins qu’un film brillant qui ébloui et qui nous rive à notre siège du début à la fin.
La base du scénario, signé Guillermo Arriaga une fois de plus, tourne autour de l’idée du mouvement qui finit par avoir des incidences sur la vie de beaucoup de gens. Dans Babel, une balle tirée presque au hasard a des répercussions dramatiques dans la vie d’une famille américaine, marocaine, japonaise et mexicaine. Comme cette idée du mouvement nous avait été servie dans Amours chiennes, je craignais une certaine répétition. Eh, bien non. Non parce que le film ne repose pas uniquement sur cet aspect. Le mouvement sert à illustrer le fossé entre les cultures pour mieux en démontrer toutes les richesses propres à chacune. La caméra d’Inarritu parvient avec beaucoup de force à faire ressortir toute l’humanité qui s’en dégage en scrutant les gestes du quotidien de ces gens unis par le mouvement. On passe d’un univers à l’autre toujours un peu secoué par ce que nous venons de voir, de vivre. C’est d’une subtilité et d’une véracité à faire frémir.
Là où Inarritu impressionnne le plus, c’est que le Japon (digne de Wong Kar Wai) et le Maroc qu’il filme sont aussi authentiques que l’est sa terre natale, le Mexique. Un tour de force hallucinant que peu de cinéastes peuvent réussir.
Bref, c’est du grand art.
La science des rêves
Le film de Michel Gondry La science des rêves prouve hors de tout doute qu’il ne suffit pas d’être ultra créatif pour faire un bon film. À part les deux acteurs au charisme incroyable (Gael Garcia Bernal et Charlotte Gainsbourg), ce film n’a rien d’excitant. Oui, il y a une grande inventivité artistique qui se veut un plongeon direct dans l’onirisme, mais le spectateur, lui, plonge plutôt dans le vide tellement le scénario est mince. On cherche constamment à s’accrocher à quelque chose d’intéressant. Seules les bébelles inventées y parviennent.
Je me suis rendu jusqu’au bout de ce rêve malgré de fortes envies de regarder l’heure régulièrement (pas bon signe ça au cinéma!) et à un certain moment, l’idée de sortir de la salle m’a effleuré l’esprit (encore moins bon signe). Je suis resté pour le sourire de Charlotte et la candeur de Gael. J’aurais été fou de ne pas en profiter!
Festival des Films du Monde
Même si je ne fais que le regarder de loin depuis que je n’habite plus Montréal, je me réjouis du fait que le FFM soit toujours existant. C’est un beau pied de nez aux médias, qui, depuis plusieurs années, s’acharnent à vouloir la peau de Serge Losique en lui reprochant un peu n’importe quoi. Ce qui revient le plus souvent est le manque de prestige associé au Festival. Losique est trop ceci, pas assez cela. Trop de films, on s’y perd. Pas de grosses vedettes, pas assez de glamour, pas suffisamment de soirées superficielles et tout le clinquant des grands festivals de cinéma. Les stars, c’est probablement la dernière chose que les vrais cinéphiles recherchent dans un Festival. Chaque année, ils le prouvent en allant massivement voir les films présentés.
Quand je prenais mes vacances pendant le FFM, j’avais juste envie de faire mes propres découvertes dans ce vaste choix. Pour moi, il n’y en avait jamais trop. Sur 45 films visionnés, très peu me décevaient. Au contraire, j’ai fait des découvertes inoubliables et j’ai l’impression qu’elles n’appartiennent qu’à moi encore aujourd’hui. J’aimais la fraternité qui se développait de jour en jour avec les autres festivaliers. J’adorais faire la file à 9 heures du matin en sirotant mon café. Après, j’étais d’attaque pour enchaîner quotidiennement 4-5 films. À chaque début de projection, j’étais prêt à faire tous les voyages. Et je les faisais. J’adorais passer d’un univers à l’autre brusquement, de la grisaille hongroise à la légèreté italienne.
La première année que je me suis payé cette traite, je ne pouvais plus embarquer dans ces stupidités médiatiques. Je suis certain que chaque festivalier invétéré pourrait dire la même chose. Si Losique n’est pas courtois avec la sphère médiatique et qu’il n’en fait qu’à sa tête (c’est peut-être pour cette raison que son Festival a 30 ans cette année), ce n’est pas le problème du grand public. L’important est ce qui est présenté et le FFM joue un rôle primordial pour la diffusion des films étrangers et du cinéma d’auteur. Sans Losique et son Festival, j’aurais eu très peu de chance de voir des films Islandais, je n’aurais jamais découvert toute la richesse du cinéma de l’Europe de l’est, je n’aurais jamais connu le travail de Nikki de Saint-Phalle et combien d’autres univers qui sont venus enrichir le mien.
Malgré le refus des deux paliers de gouvernements à soutenir l’événement, Serge Losique est toujours debout et le temps semble lui donner raison. Même les médias sont confondus cette année. Soudainement, les journalistes commencent à changer leur fusil d’épaule (c’est un univers de plus en plus pute et de moins en moins objectif). On lui reprochait quoi au juste? Pourquoi ne pas prendre ce festival pour ce qu’il est: une rencontre pleine de promesse avec le cinéma de tous les pays du monde.