Jusqu’à maintenant, la plus belle surprise de la rentrée littéraire se nomme Hadassa (Leméac). Écrit par Myriam Beaudoin, une jeune et talentueuse auteure, ce roman nous fait pénétrer dans l’univers des juifs hassidiques de Montréal. Le roman débute alors qu’une enseignante catholique doit donner son premier cours de français à de jeunes filles juives de 11-12 ans. C’est, en quelque sorte, le choc des cultures. Elle s’attache particulièrement à l’une d’entre elles prénommée Hadassa. Et là, on entre dans un univers ahurissant. On est projeté dans un tout autre monde alors qu’il est tout près de nous.
Le plus remarquable dans le travail d’écriture de Myriam Beaudoin est qu’elle semble mettre tout son talent uniquement au profit de son écriture. Elle ne cherche jamais à épater la galerie. Au contraire, tout est d’une simplicité, d’une sincérité et d’un respect étonnant. C’est ce qui fait toute la force de ce roman. Dès les premières lignes, elle installe une ambiance forte qui nous rend captif du début à la fin. De par sa singularité, Myriam Beaudoin se distingue et apporte une voix nouvelle au paysage littéraire québécois.
Je vous laisse sur cet extrait:
« On m’offrit alors un budget de cinq cents dollars, une minuscule pièce, sombre et froide, attenante au gymnase, et on exigea que chaque nouveau titre passe au comité de censure. Habituées depuis la maternelle, les filles ne chercheraient pas à savoir pourquoi, dans les nouveaux livres, un trait de feutre noir couvrait les jambes et les bras nus, les cochons et les églises, ni pourquoi plusieurs fois par page, des mots étaient rayés et remplacés par des termes manuscrits. »
Pour en savoir plus sur l’auteure: http://myriambeaudoin.com/
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Jet d’encre
Jet d’encre, c’est une super belle revue littéraire chapeautée par le département des lettres de l’Université de Sherbrooke. Depuis trois ans, les collaborateurs font tous les efforts nécessaires afin d’offir une revue de grande qualité. Le résultat, à commencer par l’esthétisme de la revue, est assez remarquable. Depuis trois ans, ils se débattent pour la faire connaître, la rendre visible et rejoindre les amateurs de littérature. Cet aspect est beaucoup moins évident. Jet d’encre est encore trop méconnue et mérite qu’on s’y attarde. Si on tarde trop à la découvrir, elle risque de faire naufrage comme tant d’autres projets culturels de qualité. Je tiens cette triste information de mon amie July qui s’implique dans ce projet depuis le début. Dans le dernier numéro tout rose (Été 2006 – numéro 8), elle signe une courte nouvelle très intense. Vous y trouverez également des textes de Luc Larochelle, France Daigle, Pierre Nepveu et de plusieurs jeunes auteurs à la plume singulière.
En résumé: les ventes des prochains numéros seront cruciales pour l’avenir de la revue (en guise de solidarité, je me suis empressé d’acheter mon exemplaire et je compte récidiver lors des parutions prochaines).
Mon billet s’adresse avant tout aux lecteurs mais également à mes collègues libraires qui n’auraient pas cette revue sur leurs rayons. Quelques points de vente supplémentaires profiteraient sûrement à Jet d’encre.
Si vous voulez en savoir plus sur Jet d’encre, je vous invite à consulter leur site web au lien suivant:
http://www.pages.usherbrooke.ca/jet_dencre/public_html/index.html
Le temps n’est rien
Avant de partir en vacances, quelques mots pour vous parler du roman par excellence à lire durant vos vacances, et ce, que vous soyez un homme ou une femme. Il s’agit du surprenant Le temps n’est rien d’Audrey Niffenegger (J’ai lu, 17.95), une histoire d’amour métaphysique dans laquelle on plonge sans pouvoir en sortir tellement c’est fascinant. Vous oublierez tout pendant votre lecture. Vous ne serez qu’ avec Claire et Henry, hors du temps. Vous risquez de passer à travers une gamme d’émotions qu’on ressent rarement à la lecture d’un roman. Bref, un plaisir complet. Je dois cette découverte littéraire à mon confrère Patrick du Prix des libraires. L’amour des livres se situe également à ce niveau, celui de pouvoir se passer le relais les uns aux autres. C’est à mon tour de vous mettre sur cette piste. Bonnes lectures de vacances!
De sang-froid
Je me promettais de lire De sang-froid de Truman Capote depuis 1989! C’est un auteur que j’aime beaucoup mais j’y résistais toujours probablement à cause du sujet. 17 ans plus tard, c’est chose faite grâce à l’impressionnant film Capote de Bennett Miller et l’incroyable prestation de Philip Seymour Hoffman dans le rôle de l’auteur (je ne suis pas le seul, le roman est remonté dans les palmares de ventes des librairies). Le film, qui retrace toute l’enquête de Capote autour d’un quadruple meurtre crapuleux et qui se transforme en quête existentielle maladive pour devenir De sang-froid (son plus grand succès littéraire), est tout simplement fascinant. Donc, avant d’entamer ma lecture, je possédais toutes les clés qui me permettaient de connaître tout le cadre et le propos du roman et d’en comprendre tout le processus de création. J’avais accès à l’envers du décor, en quelque sorte. Peut-être un peu trop. Le roman, qui a tout de même réussi à maintenir mon intérêt du début à la fin, n’est jamais parvenu à créer sur moi le même effet ressenti à la vision du film. Malheureusement, ma lecture de De sang-froid n’aura pas été une expérience inoubliable. Il m’a, par contre, davantage fait apprécier le film. Bennett Miller est peut-être parvenu à amener encore plus loin une oeuvre déjà marquante en en créant une autre plus forte! Pour apprécier le roman à sa juste valeur, je crois qu’il est préférable de le lire avant le visionnement de Capote, le film. Votre expérience n’en sera que plus mémorable.
Palimpseste
Hier matin, j’ai terminé la lecture de l’impressionnant « Palimpseste » de Gore Vidal et j’en suis encore tout habité. J’ai l’impression d’avoir fait une rencontre marquante comme ce fut le cas il y a quelques années après la lecture de « La symphonie des adieux » d’Edmund White (disponible en 10/18). Deux auteurs intègres au style flamboyant qui nous parlent d’une autre Amérique, celle qu’on devrait mieux connaître probablement. Dans « Palimpseste », Gore Vidal relate les 39 premières années de sa vie (d’une richesse inouïe) de manière imparfaite, parfois floue, faussement vraie comme l’est la mémoire, du moins celle qui subsiste. En même temps, c’est d’une honnêteté remarquable. À travers les 600 pages, on croise Anaïs Nin, Truman Capote, Jack Kerouac, John F. et Jackie Kennedy, Tennessee William et une foule de gens qui ont marqué l’histoire américaine du siècle dernier. C’est fait avec beaucoup d’adresse et on ne s’ennuie jamais même si on connaît mal l’Amérique des années 40-50 et 60, même si on a jamais lu (c’était mon cas) Vidal. C’est certain que je lirai éventuellement (j’en ai tellement à lire) « Un garçon près de la rivière » (disponible chez Rivages poche) et « Kalki » (rééditer tout récemment chez Galaade).