Archives pour la catégorie Littérature

Inspirant Japon

J’ai commencé à m’intéresser à la littérature japonaise il y a plusieurs années déjà après avoir lu Geisha d’Arthur Golden (comme quoi la littérature populaire peut avoir du bon). Ce roman m’avait assez intrigué pour que je veuille en connaître davantage sur cette fascinante culture. Depuis, je continue mes explorations à travers la littérature contemporaine japonaise en y revenant régulièrement. Les titres japonais que j’ai lus ne sont pas tellement considérables, mais ils me permettent d’avoir une bonne base. Yoko Ogawa, Hitonari Tsuji et Aki Shimazaki n’ont maintenant plus de secret pour moi.
Cette bonne base me permet actuellement de travailler deux projets de front sur le Japon, avec deux auteurs différents, pour le compte de la collection Hamac. L’un est un recueil de nouvelles à la japonaise écrit par un Québécois. Le résultat sera tout à fait à la hauteur de ce que l’on retrouve habituellement dans la littérature nippone. Les sceptiques seront même confondus. L’autre sera un carnet de voyage d’une Québécoise qui a séjourné au Japon plusieurs mois. Elle nous offre sa passion en nous faisant découvrir ce pays atypique. Un Japon 101 fort sympathique et instructif.
Ces deux projets me ramènent évidement à cette littérature que j’aime tant. Dernièrement, pour la première fois, je me suis plongé dans les romans graphiques de Jiro Taniguchi. J’ai lu Un zoo en hiver et les deux tomes de Quartier lointain. Deux oeuvres inspirées de sa jeunesse pleines de sensibilité et d’âme. Un vrai régal. Je veux lire tout ce qu’il a fait. Dans cette même veine, je me suis laissé tenter par la superbe couverture du recueil de nouvelles Saules aveugles, femmes endormies de Haruki Murakami. Bien que la plupart des nouvelles tombent à plat, une fois qu’on accepte cet état de fait, comme à l’habitude la touche Murakami fait son travail du début à la fin.

Des fleurs pour Cohen

Ceci est un appel de textes pour un nouveau projet né de la belle idée de Charles Quimper.
Dès l’automne 2010, une fois par an, la collection Hamac fera paraître un recueil de textes inédits de différents auteurs à qui nous demanderons de s’inspirer de l’univers d’un artiste d’ici ou d’ailleurs.
Le premier recueil sera consacré à Leonard Cohen. Pourquoi Cohen ? Tout simplement parce que nous l’aimons. Nous croyons que la carrière musicale de celui-ci éclipse trop souvent sa vaste contribution au paysage littéraire pancanadien. Leonard Cohen nous appartient collectivement, au même titre qu’Anne Hébert, que Gabrielle Roy, que Gilles Vigneault ou que Mordecai Richler. Nous croyons qu’il est grand temps que les auteurs d’ici s’approprient son œuvre et le célèbrent enfin comme poète, comme romancier, comme parolier.
Ce projet nous trottait en tête depuis un moment déjà, mais n’ayant que tout récemment obtenu l’approbation de l’équipe de Monsieur Cohen, ce n’est qu’aujourd’hui que nous nous lançons hardiment dans l’aventure.
Si l’œuvre de Leonard Cohen vous inspire, vous pouvez dès maintenant vous mettre à la tâche dans le but de soumettre un texte par la suite. Ils peuvent prendre l’une des quatre formes suivantes : nouvelle, poésie, théâtre ou art graphique (dimensions 5″ x 7,5″). Il n’y a aucune contrainte de mots en autant que la longueur soit raisonnable.
La date limite a été fixée au 31 janvier 2010.
Seuls les textes imprimés seront considérés. Il faut les faire parvenir par la poste en une seule copie à l’adresse suivante :
Les éditions du Septentrion
1300, av. Maguire
Québec (Québec)
G1T 1Z3

Un temps fou

Pour la quatrième fois, je me suis laissé prendre par l’univers de Laurence Tardieu. Pourtant, d’un livre à l’autre, c’est une variation sur un même thème : les rapports entre les êtres qui, la plupart du temps parlent d’amour. Elle nous surprend chaque fois car l’angle de l’intime est toujours différent. Elle pousse toujours plus loin l’observation du quotidien. Elle le décortique. Souvent au « je », un « je » qui est une autre en même temps le sien. C’est encore plus frappant dans Un temps fou. Elle nous donne l’illusion qu’elle nous raconte sa propre vie. L’illusion est parfaite. Ce titre m’a rappelé Ni toi ni moi de Camille Laurens.
Un temps fou est une histoire d’amour. De celle que l’on fabrique. Peut-être pas non plus. L’illusion, encore. Et ça fonctionne. Laurence Tardieu a l’art de nous ramener à notre propre histoire. C’est peut-être entre les lignes que ça se passe, subrepticement.
C’est ça la force de Laurence Tardieu : l’écriture.
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Un temps fou, Stock 2009
Rêve d’amour, Livre de poche 2009, Stock 2008
Puisque rien ne dure, Livre de poche 2008, Stock 2006
Le Jugement de Léa, Points 2007, Arléa 2004
Comme un père, Points 2008, Arléa 2002

Rentrée littéraire

Même s’il y a toujours trop de publications, j’ai toujours aimé les rentrées littéraires comme si elles annonçaient un avenir meilleur.
Évidemment, depuis que je travaille pour un éditeur, la rentrée littéraire a pris une autre signification. Mais je suis toujours autant excité de découvrir le programme éditorial des autres éditeurs. Curieux aussi de voir ce qu’ils auront à offrir.
Quand j’ai fait le saut du côté de l’édition, j’avais un peu peur de perdre une partie de ce plaisir. Mais il n’en est rien. Je dirais même que c’est peut-être encore plus intéressant. Ça se joue à un autre niveau. Mais revenons à l’essence excitante de cette rentrée et à une perspective plus personnelle : au lecteur que je suis et que je serai toujours.
Voici donc les dix titres qui retiennent mon attention en cet automne 2009 :
- La Vérité sur Marie de Jean-Philippe Toussaint (Minuit) : j’avais beaucoup aimé Faire l’amour et Fuir
- Ce que je sais de Véra Candida de Véronique Ovaldé (de l’Olivier) : je viens de la découvrir avec Les hommes en général me plaisent beaucoup et j’ai eu un véritable coup d’affection pour son écriture
- Peaux de chagrins de Diane Vincent (Triptyque) : Épidermes m’avait procuré beaucoup de plaisir. J’espérais une suite. Elle s’en vient.
- La double vie d’Irina de Lionel Shriver (Belfond) : Son Il faut qu’on parle de Kevin m’avait trop « flabergasté » pour que j’ignore cette seconde traduction.
- Le roman de l’été de Nicolas Fargues (P.O.L.) : La lecture de Beau rôle m’a convaincu de poursuivre ma découverte de cet auteur beau et surtout talentueux.
- Les ruines du ciel de Christian Bobin (Gallimard) : Régulièrement, j’ai besoin de me plonger dans la luminosité de son écriture. Ce nouveau Bobin tombe à point car ça faisait longtemps.
- Mais moi je dormais de Pierre Labrie (Trois-Pistoles) : Parce que je le connais. Parce que j’en ai envie.
- Rose Amer de Martine Delvaux (Héliotrope) : Une joie. Après avoir tant aimé C’est quand le bonheur ?, je pourrai enfin me replonger dans la force tranquille de son écriture.
- Âmes en peine au paradis perdu d’Hélène Rioux (XYZ) : Second volet d’une trilogie que j’attendais, celui de Mercredi soir au bout du monde.
- Paradis clef en main de Nelly Arcan (Coup de tête) : Plus qu’une curiosité pour moi. J’avais littéralement été happé par l’écriture de Putain et Folle. À ciel ouvert m’avait rendu sceptique. Ce nouveau titre est peut-être un rendez-vous ultime entre elle et moi.
En terminant, j’attire votre attention sur La Louée de Françosie Bouffière que j’ai eu la chance de diriger. Les amateurs de Sylvie Germain, Agota Kristof et George Sand (entre autres) apprécieront sans doute.
Sur ce, bonne saison littéraire !

Un roman russe

Un roman russe d’Emmanuel Carrère traînait dans mes livres à lire depuis sa sortie en 2007. Malgré tout le bien qu’on m’en disait, et malgré le fait que j’avais beaucoup aimé La classe de neige et L’adversaire, je ne me décidais pas à le commencer. Il aura fallu la sortie de son nouveau D’autres vies que la mienne (que je n’ai pas lu) pour que je me décide enfin.
Je viens tout juste d’en terminer la lecture et j’en suis tout tourneboulé.
Il y a longtemps que je n’ai pas autant été pris par un livre. C’est une autofiction de haut niveau dans laquelle viennent s’ajouter plusieurs trames narratives efficaces dignes des meilleures fictions. Emmanuel Carrère accroche le lecteur du début à la fin. C’est d’une intensité et d’une vérité rare. Ça vous prend aux tripes. Il faut plus que beaucoup de talent pour utiliser aussi bien le réel au service de la littérature car c’est bien de cela qu’il s’agit. Et c’est de la grande dans ce cas-ci.
Un peu comme pour Emmanuel Carrère et les raisons de son séjour en Russie, je ne me suis pas méfié et les dernières pages m’ont rentré dedans d’aplomb alors que je ne m’y attendais pas du tout.
Un roman russe trônera assurément en haut de mon palmarès 2009.
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Un roman russe, Emmanuel Carrère, P.O.L. (2007)

Désamours

Pour parler du désamour, il faut avant tout que je parle de mon amour pour la plume de Geneviève Robitaille. Mon amour pour elle d’une certaine manière car, livre après livre, j’apprends à connaître qui elle est. Chacune de ses publications a quelque chose d’ impudique. Mais lorsque c’est si bien porté par la littérature, ça ne peut pas l’être (ou presque).
Désamours est probablement son récit le plus intime. C’est un aveu qu’elle nous fait à partir des amours qu’elle n’a pas sues vivre. Par peur, tout simplement. La confession est si honnête et directe qu’on la reçoit en plein coeur.
Mon parcours est différent du sien. Je ne suis pas non plus habité par les mêmes peurs, mais je me suis reconnu dans ce désamour que je commence à comprendre et à éviter pour me rapprocher davantage de l’amour. Reste maintenant à le trouver.
Tout comme moi, plusieurs se reconnaîtront à travers cette émouvante confession. En plus, si ce livre et ce billet peuvent être une porte d’entrée dans l’univers de Geneviève Robitaille, j’en serais ravi. L’oeuvre qu’elle peine à construire à coup de détermination hors du commun mérite qu’on s’y attarde. Pour moi, un nouveau Geneviève Robitaille est toujours un événement que je ne veux pas rater.
Pour vous aiguiller, voici ses autres titres :
Chez moi, Triptyque, 1999
Mes jours sont vos heures, Triptyque, 2001
Éloge des petits riens, Leméac, 2005
Chute, J’ai vu, 2006

Les salons

Une fois de plus, j’ai vécu d’excellents moments au Salon International du Livre de Québec.
Ça clôt de belle façon ma saison des salons du livre. Là, je peux souffler un peu même si l’intensité que j’y retrouve me manquera. Heureusement que ça recommencera à l’automne.
Que ce soit à Bruxelles, Trois-Rivières, Gatineau ou Québec, merci à tous ceux que j’y ai rencontrés. Vous me permettez de mordre à plein dans cette vie si riche qui coule dans mes veines à l’intérieur d’un milieu que j’adore: celui du livre.

Passion et désenchantement du ministre Lapalme

Lu avec beaucoup de plaisir Passion et désenchantement du ministre Lapalme de Claude Corbo.
Écrit sous forme de pièce de théâtre et mettant en scène Jean Lesage, Georges-Émile Lapalme, Guy Frégault et J. André Dolbec, ce texte met extrêmement bien en lumière le mépris de la culture par les dirigeants politiques.
De 1964 à 2009, rien ne semble avoir changé. Navrant vous dites!