Archives pour la catégorie Mot du jour

Le sens

Autrefois, dans les hôtels du Québec, on trouvait infailliblement, dans le premier tiroir de la table de chevet, la Bible. Avec le temps, celle-ci a été remplacée par le Nouveau Testament, plus moderne. C’est dire qu’il y a eu évolution. Aussi, durant mes vacances, j’espérais trouver, dans l’un ou l’autre tiroir, un livre qui m’apparaît indispensable aujourd’hui, où que l’on soit… Vous l’aurez deviné, je parle d’un dictionnaire.
En tout cas, j’en aurais eu besoin pour «ma lecture de vacances», un livre pas récent, mais acheté d’occasion il y a longtemps déjà et pas encore lu, L’Homme qui devint Dieu, de Gérald Messadié; pratique, en plus, puisque à lui seul il m’a suffi avec ses 888 pages.
Heureusement que j’avais mon historien avec moi, dont j’ai pu obtenir des explications sur l’échanson, le licteur, le mirmillon et les Italiques (non pas les caractères du même nom ni les Italiens). Mais il m’a fallu deviner, entre autres, la peccamineuse tendreté, le milan de la croix, la fortitude (qui n’est pas une simple force, comme je l’aurais cru, mais la force d’âme) et pourquoi les billevesées entraînent de la fatigue.
De retour chez moi, en circulant à vélo dans un village voisin, j’ai découvert un autre mot, dont il est plus facile de deviner le sens cette fois, mais qui m’était inconnu: la déchetterie. À ma décharge, disons qu’il est tout de même passablement récent (1988). Malgré le sens qui lui est rattaché, je trouve ce mot plutôt joli.

Vive les vacances!

Je suis en vacances à compter de ce vendredi 13 juillet jusqu’au 6 août prochain.
Lorsque je travaille, je n’ai guère le temps de rédiger plus d’une note par semaine dans ce blogue, parfois deux. Est-ce que ce sera différent en vacances?
La semaine prochaine, ce me serait difficile d’écrire beaucoup, puisque je pars en voyage à vélo et que l’ordinateur ne fait pas partie de mes bagages.
Pour ce qui est des deux autres semaines, ça dépendra sans doute d’une conjugaison de facteurs : soleil ou pas, inspiration ou pas, débordée de loisirs ou pas…
Mais au minimum, je devrais tenir le même rythme, question de ne pas le perdre.
À la semaine prochaine, donc, pour ce qui est de mes mots. Mais si vous en avez quelques-uns en trop, vous pouvez les déposer ici, ils seront gardés bien au chaud.

Une autre pub

Avez-vous déjà eu une «éruption de fourmis»? Si oui, j’espère que ça ne fait pas trop mal. Semble-t-il qu’il existe un remède contre cette maladie: du Raid.
C’est du moins ce que dit la publicité télévisée pour ce produit, qui n’a pas fait la différence entre l’éruption et l’irruption…

Latulippe a raison

Dans l’annonce du magasin Latulippe, que vous avez peut-être vue à la télévision, on nous dit qu’on nous «donne gratuitement une canne à pêche» avec tout achat. Moi qui croyais qu’ils péchaient par pléonasme avec leur don gratuit. Eh bien non, je l’ai appris à mes dépens.
Laissez-moi vous raconter l’histoire:
L’hiver dernier, me laissant enthousiasmer par France, je me décidai à commander, par l’intermédiaire d’une librairie, le CD-ROM du Grand Robert. Après quelques semaines d’attente, quel bonheur lorsque je le reçus enfin, d’autant que je trouvai, à l’intérieur de mon colis, une carte qu’il me suffisait de remplir pour obtenir un ouvrage gratuit des Dictionnaires Robert. Comme je n’ai jamais su résister aux cadeaux, je m’empressai de retourner cette carte. En très peu de temps, je reçus le Dictionnaire des synonymes, nuances et contraires 2005. Je ne manquais certes pas de dictionnaires de synonymes, mais bon, c’est un cadeau et À cheval donné… vous connaissez la suite.
Quelques semaines plus tard, on m’envoya un compte qui se lisait comme suit:
«Dictionnaire 902239 : 22,50 euros – Gratuit.
«Frais de poste prioritaire par avion [d’où la rapidité]: 12 euros.
«Reste à payer: 12 euros.»
Vous pensez bien que j’ignorai cette note; non, je ne souhaite pas encourager les pléonasmes. Mais pas la compagnie Interforum, qui me renvoya une deuxième, puis une troisième lettre. La dernière se terminait ainsi: «Sans réponse de votre part sous 15 jours [quand je vous disais qu’ils n’ont pas le français à cœur], votre dossier sera remis à notre société de recouvrement, tous frais à votre charge
J’ai peine à croire qu’ils se seraient donné autant de mal pour 12 euros, mais comme ce n’est pas à leur charge, on ne sait jamais.
Je me suis donc rendue à la caisse ce matin pour acquitter ce compte. Savez-vous combien j’ai dû débourser? Au total : 25,82$, soit les 12 euros (17,27$), 7$ de traite bancaire pour convertir mes dollars en euros et 1,55$ de frais de poste.
À ce prix-là, je préfère aller chez Latulippe. Quelqu’un a-t-il besoin d’une canne à pêche?

Si vous n’avez pas capté

Voici, si vous ne l’avez ni cherché ni deviné, le sens de la phrase d’argot que je vous ai présentée dans la dernière note:
Je pense que vous jugerez que c’est cohérent si je vous dis que la jeune femme jolie en panne sur le pont, qui a eu l’audace de clouer le bec au policier qui l’a interpellée, risque de recevoir une contravention ou même de se faire arrêter s’il en est frustré.

Mon expérience au Salon du livre

Le syndrome de l’imposteur, vous connaissez?
C’est ce que je vivais, juchée derrière une pile d’exemplaires de mon livre, mercredi, au Salon du livre de Québec. Car j’y étais comme auteure, un titre que j’avais l’impression d’usurper.
Oui, j’ai bel et bien rédigé le livre que je présentais, mais je n’avais pas l’impression que cela faisait de moi ce que l’on nomme une auteure. Pas plus que les personnes qui publient des guides de voyages, d’identification des oiseaux ou des livres de cuisine (même si leurs livres étaient là aussi).
Mais je devais jouer le jeu et j’ai tenté, du mieux que j’ai pu, de faire croire à ceux et celles qui passaient devant le stand de Septentrion que je me prenais pour une auteure. Beaucoup de jeunes n’y ont vu que du feu : ils m’ont fait signer des autographes (ça leur donnait des points à l’école). J’en profitais pour leur demander s’ils aimaient les cours de français; je n’ai obtenu qu’une seule réponse positive de la part d’une jeune fille de 4e secondaire (sur 30 à 40 jeunes environ).
N’empêche que j’ai fait de belles rencontres, Monique, entre autres, qui rêve d’exercer le métier de correctrice et qui ne savait par où commencer. Elle est repartie avec le livre sur son cœur, me disant qu’il s’agissait d’un cadeau du ciel. Je lui souhaite de persévérer et de réaliser son rêve, car elle semble avoir l’ingrédient premier : la passion. Une ex-professeure, également, qui fait de la révision à l’occasion et qui ne connaissait pas cet outil. Sans oublier les gens de Septentrion, Josée Morissette, attachée de presse fort sympathique, et Sophie Imbeault, chargée de projets et auteure (une vraie, elle). De même, le directeur de la revue Cap-aux-Diamants, Yves Beauregard, qui partage le stand de Septentrion pour l’occasion et avec qui j’ai pu discuter agréablement.
De retour chez moi, j’ai compris que mon malaise n’était attribuable qu’à une question de sémantique. Le terme «auteure» signifie femme de lettres, soit quelqu’un qui écrit des ouvrages littéraires, lorsqu’il est pris absolument. Pour que le terme me soit acceptable, donc, il suffit de lui adjoindre un complément : je suis l’auteure de La Révision linguistique en français ou d’un guide de révision linguistique. Ainsi, ça me va. J’aurais dû faire cette analyse avant de m’y rendre.
Vous avez encore jusqu’à dimanche pour rencontrer les auteurs de Septentrion et d’autres maisons d’édition. Moi, j’ai fait des provisions et je m’apprête à lire leurs livres. Une belle fin de semaine en perspective!

Jusqu’où peut aller la solitude?

Dans Le Devoir des 24 et 25 mars derniers, Denise Bombardier écrivait ceci :
«(…) Par ailleurs, de plus en plus de gens n’ont plus de liens institutionnels dans le travail (…) la précarité de l’emploi s’impose. Finie l’appartenance à une culture d’entreprise. On est pigiste ou employé temporaire et l’on vend sa compétence à qui veut l’acheter. Renvoyé à sa solitude, on travaille pour soi, sans connaître cette satisfaction de vivre en connivence avec ses pairs au sein d’une entreprise. Ce travail en solitaire, dans l’insécurité, est en particulier le lot de nombreux jeunes à qui il serait difficile de reprocher ensuite d’être égoïstes et de ne penser qu’à eux. (…)
«Alors quand peut-on vivre avec la conscience d’être membre du corps social et avoir le sentiment aigu d’influer le cours des choses sinon dans ce geste unique de voter qui permet de détenir le pouvoir d’orienter la société qui nous contient?»
Eh bien, pour ma part, ce ne sont certainement pas les résultats des dernières élections provinciales qui ont réussi à aviver mon sentiment d’appartenance à un corps social…
Quelqu’un a-t-il d’autres suggestions?

Quelques perles

Je suis heureuse de savoir que des perles fréquentent ce blogue. En effet, Mme Larocque, dont il a été question dans une note précédente (Recherche de réviseurs à 50 $ l’heure) m’a dit, en fin de semaine dernière, avoir reçu plusieurs réponses à son invitation et avoir même trouvé des perles.
J’espère que c’est dans le bon sens, car l’on sait que ce terme peut signifier également, par antiphrase, une erreur grossière et ridicule, digne d’un sottisier. À titre d’exemples, en voici quelques-unes du domaine de l’assurance, qui ne sont pas nouvelles, mais si vous êtes comme moi, elles vous feront toujours rire (à remarquer que les fautes des réclamants y ont été laissées) :
«J’avoue que je n’aurais pas du faire demi tour sur l’autoroute avec ma caravane
mais j’avais oublié ma femme à la station service!»
«J’avoue que j’ai traversé le carrefour sans regarder s’il venait quelqu’un, mais j’étais passé à ce même carrefour, moins d’une heure auparavant et il n’y avait personne.»
«Je suivais une voiture, quand celle-ci s’est arrêtée a un feu rouge à ma grande
surprise.»
«Je n’ai guère eu le temps de voir le piéton car il a immédiatement disparu sous la voiture.»
«Je vais prêter ma voiture à quelqu’un qui ne sait pas trop s’en servir, mais avant
pouvez-vous me confirmer que vous payerez les pots casses pour les accidents qu’il ne manquera pas de provoquer?»
«J’ai été heurté de plein fouet par un poteau électrique.»
«Puisque vous me demandez quelles sont les conséquences de l’accident je vous dirais que pour le moment, mon mari est mort.»
«J’étais en vacances quand la fuite s’est produite dans la salle de bains du voisin du dessus. Alors le voisin du dessous a cru que l’eau venait de chez moi, mais le voisin du dessus a alerté le voisin d’à côté qui est le frère du voisin du dessous pour lui dire que l’eau ne venait pas de chez moi mais du voisin du dessus.»

D’un cadre à un fonctionnaire subalterne

«Les étiquettes que l’on a commencé à poser sont mal faites. Dans beaucoup de cas, il y a beaucoup de fautes d’ortographes, surtout dans la partie anglaise», dit-il…
Cette note, du chef du Service forestier à un ingénieur forestier du ministère des Terres et Forêts, montre sa préoccupation de la qualité de la langue. Et c’est tout en son honneur. Malheureusement pour lui, il y a des mots plus difficiles à écrire que d’autres, n’est-ce pas?
L’ingénieur réprimandé a-t-il osé reprendre son chef sur sa propre orthographe? Je ne saurais vous le dire. Mais inutile d’appeler au ministère en question pour y offrir vos services de correction sur la base de ce fait, puisqu’il date du 31 juillet 1926 (réf.: E21, série Service de l’exploitation forestière, Permis et droits de coupe, 1853-1989).
Remarquez que rien ne vous empêche non plus de vous y essayer… Ne serait-ce que pour éviter que, dans 50 ans, quelqu’un ne trouve de telles cocasseries dans les archives de 2007.
Et si vous obtenez un contrat avec cette entrée en matière, faites-le moi savoir.