On n’est pas là pour disparaître

Ça fait longtemps qu’une lecture ne m’a pas autant rejoint que ce roman d’Olivia Rosenthal On n’est pas là pour disparaître. Quand je tombe sur un livre comme celui-là, j’ai l’impression qu’il a été écrit expressément pour moi tellement il y a tout ce que j’aime dans la littérature. Et c’est pas tous les jours que ça arrive.
D’abord, le sujet qui sous tend toute la trame. Le style dépouillé et retenu de l’auteur. L’intelligence de l’écriture à la fois clinique et sensible.
Le sujet c’est la maladie d’Alzheimer, qui, par extension, devient celui de la disparition par l’oubli. On suit d’abord Monsieur T. qui en est atteint et qui a poignardé sa femme à coups de couteau. Il y a aussi le point de vue de la femme. Cette histoire est entrecoupée de réflexions profondes de l’auteur sur la maladie et sa propre vie qui, elles, sont entrecoupées de courtes observations biographiques de la vie du Docteur Alzheimer. C’est cette alternance de ces trois aspects qui donne toute la force au roman. La structure reproduit, d’une certaine façon, le processus mental de la maladie de A.
C’est totalement réussi. C’est un plaisir complet qui interpelle. J’aurais voulu noter l’entièreté du livre dans un carnet tellement chacune des phrases m’interpelait. Je ne l’ai pas fait. Ce sera préférable que je le relise un jour. Ça aussi c’est pas souvent que je puisse dire une chose pareille!

Le Septentrion dans les médias #1

Cette nouvelle chronique, que nous avons décidé de partager avec vous, a d’abord été un outil interne que j’ai créé pour transmettre l’information à mes collègues et aux gens de chez Dimédia (notre distributeur) pour les tenir au courant de ce qui se passait avec nous sur la scène médiatique. Cette première est en fait la dixième du genre. Maintenant que je me suis fait la main et que j’ai trouvé mon rythme, il me fait plaisir de vous mettre dans le secret des dieux.
Évidemment, depuis une semaine c’est Caroline Allard qui remporte la palme médiatique avec l’obtention du Grand Prix littéraire Archambault pour ses Chroniques d’une mère indigne. En plus d’avoir défrayée la manchette un peu partout, on a pu l’entendre exceller hier à l’émission Christiane Charette, puis la voir à LCN et c’est sans compter les nombreuses entrevues qu’elle a accordées à plusieurs médias, dont le Journal de Montréal.
Jacques Lacoursière, avec son Histoire populaire du Québec tome 5, continue toujours de faire la tournée des médias. Une entrevue avec Tristan Malavoy-Racine devrait paraître dans le VOIR de cette semaine. Dimanche dernier, il a accordé une entrevue à Hélène Beaulieu de l’émission Côte-à-côte diffusée à Radio-Canada sur toute la côte est à partir de Rimouski. Le 1er juin prochain, de 14 à 16 heures, il est le conférencier invité à la librairie Monet à Montréal. Vendredi dernier, Paul Ouellet, de l’émission Première heure à la radio de Radio-Canada à Québec, a fait la critique du Tome 5.
Denis Vaugeois n’est pas en reste non plus. Un hommage lui a été rendu au Salon International du livre de Québec. Toujours dans le cadre du SILQ, il a participé à l’émission Christiane Charette de même qu’à Vous m’en lirez tant. Dans le dernier numéro de journal Le libraire, qui souligne le 400e de la ville de Québec, on peut y lire l’excellente entrevue menée par Yves Guillet. Le 20 avril, c’est au tour du Journal de Québec de souligner le travail de Monsieur Vaugeois et Didier Fessou, ce même jour, reprenait quelques citations tirées de L’Amour du livre pour souligner le Journée mondiale du livre. Nuit Blanche soulignait brièvement le mérite de La Mesure d’un continent. Est-ce que je vous ai aussi parlé du Prix Gérard-Parizeau qu’il a reçu au début du mois?
Pour revenir au Libraire portant sur le 400 ième, on y parle de tous ces titres: Tur Malka et Juifs et Canadiens français dans la société québécoise de Pierre Anctil (article de Laurent Laplante), Les escaliers publics en fer de la ville de Québec de Marie-Ève Bonenfant, Le Rêve du Petit-Champlain de Jacques de Blois (article de Serge Pallascio) et Un viol sans importance du très populaire Jean-Pierre Charland (article de Nathalie Ferraris).
Nos dernières parutions trouvent tranquillement leur place sur la scène médiatique. Le 20 avril dernier, Radio-Canada Rimouski (Côte-à-Côte) diffusait une entrevue avec Caroline Montel-Glénisson autour de son livre Un tour de France canadien. Le 24 avril, Andréa Richard était l’invitée de Denis Lévesque sur les ondes de TVA/LCN pour parler, entre autres, de son livre L’Essence de la vie. Christian Hébert (NCSM Montcalm), quant à lui, passera une heure en compagnie de Gilles Proulx vendredi le 2 mai de 14 à 15 heures sur les ondes du 98,5.
Côté Web, sur le site Made in Québec, on peut lire deux comptes rendus élogieux de L’Erreur et de Exilés au nom du roi. Pendant que nous y sommes, je vous invite également à écouter l’entrevue de Josianne Paul à l’émission Divines tentations (Radio-Canada Ottawa). Franco-Amérique reçoit une très bonne note sur les sites ServicesMontréal.com et Culture Hebdo. On pourrait en dire autant de Entre poudrés et poudreux sur ces deux mêmes plateformes. Toujours sur Culture Hebdo, on a souligné la parution de NCSM. On a également parlé de Franco-Amérique sur la chaîne Axion Câble (télé) en Beauce. Une critique savante sur le livre Rodolphe Mathieu est parue dans la revue spécialisée MENS.
Et pour finir, dans son article de samedi dernier dans Le Devoir, Antoine Robitaille soulignait l’importance du livre de Jean-Philippe Warren Sortir de la « Grande noirceur » que nous avons fait paraître en 2002.
Voilà qui complète cette première chronique!
Éric

Une demande d’emploi bien spéciale

Voici une autre trouvaille de mon conjoint, pour votre plus grand plaisir et le mien.
En 1940, un jeune diplômé de l’Université Laval, de toute évidence fier de son style, de ses idées et sans doute aussi de lui-même, adresse la demande d’emploi suivante comme ingénieur forestier:
«Je suis une main disponible au cas ou vous verriez une ouverture quelque part pour un ing. forest. dont je suis capable de remplir l’office.
Vous n’exigez pas d’avantage d’un jeune homme que sa bonne volonté losque celle-ci est servie par de l’honneteté, un bilan de science a la hauteur des besoins. Ma santé est excellente. J’ai des défauts aussi que je nourris afin de conserver ma nature humaine. Je ne veux pas déroger à ma sobriété habituelle dans l’emploie des mots. Le lecteur alors qu’il soit malin ou sans pitié pour ses semblables voit son arme considérablement écourtée pour riposter.
Que mes meilleurs vœux de santé et de prospérité vous accompagnent pour l’an 41.
L’Élan est donné, l’estime est générale autour de vous.»
Auriez-vous envie de lui confier un poste?

Tous les sens

Mardi dernier, je me suis empressé d’aller acheter Tous les sens, le dernier album d’Ariane Moffatt. Je m’explique mal mon empressement puisque son précédent Le cœur dans la tête m’avait plutôt déçu. C’est probablement le souvenir intense d’Aquanaute qui me fait faire ce genre de geste spontané que je ne regrette pas.
Tous les sens ne m’a pas déçu puisque pour celui-ci, mes attentes étaient plutôt basses. Le tournant plus pop est réussi. On a qu’à écouter Réverbère, Je veux tout et la pièce qui donne le titre à l’album pour s’en convaincre. Perséide, quant à elle, rivalise avec les chansons qu’on retrouvait sur son premier album, définitivement son meilleur.
Si Aquanaute nous révélait une artiste prometteuse de grand talent, on la cherche toujours depuis la parution de ses deux derniers disques. Ariane Moffatt semble stagner au niveau artistique. Musicalement, elle est toujours autant inspirée. Par contre, côté texte, c’est là que le bât blesse. On dirait qu’il ne reste rien de la maturité et de la profondeur de ses débuts.
Reste à souhaiter que ce ne soit que passager, ce que je persiste à croire puisqu’il est arrivé la même chose à Jorane qui vient de nous offrir le meilleur album de sa carrière après des années d’errance.

Caroline Allard rafle le Grand prix littéraire Archambault

Hier, en cette journée mondiale du livre, Archambault remettait, pour une 8ième année consécutive, ses Grands prix littéraires. L’équipe du Septentrion a eu une belle occasion de fêter puisque c’est Caroline Allard qui s’est vue décerner le très convoité Grand prix pour son livre Chroniques d’une mère indigne paru l’an dernier dans la collection Hamac-Carnets. Il a récolté le plus grand nombre de vote du public.
En nomination dans la même catégorie, on retrouvait Charles Bolduc, Alexandre Bourbaki, Chrystine Brouillet, Marie-Sissi Labrèche, Robert Lalonde, Sonia Marmen, Ugo Monticone, Patrick Senécal, Anne-Marie-Sicotte, Matthieu Simard et Sylvain Trudel.
Le Grand Prix de la relève littéraire Archambault, a, quant à lui, été décerné à Mathyas Lefébure pour son livre D’où viens-tu, berger? (Leméac).
Ce prix important que vient de remporter Caroline Allard prouve hors de tout doute que des études en philosophie jumelées à l’indignité peuvent mener loin.
Toutes nos félicitations à notre pétillante Mère Indigne!

Caroline Allard rafle le Grand prix littéraire Archambault

Hier, en cette journée mondiale du livre, Archambault remettait, pour une 8ième année consécutive, ses Grands prix littéraires. L’équipe du Septentrion a eu une belle occasion de fêter puisque c’est Caroline Allard qui s’est vue décerner le très convoité Grand prix pour son livre Chroniques d’une mère indigne paru l’an dernier dans la collection Hamac-Carnets. Il a récolté le plus grand nombre de vote du public.
En nomination dans la même catégorie, on retrouvait Charles Bolduc, Alexandre Bourbaki, Chrystine Brouillet, Marie-Sissi Labrèche, Robert Lalonde, Sonia Marmen, Ugo Monticone, Patrick Senécal, Anne-Marie-Sicotte, Matthieu Simard et Sylvain Trudel.
Le Grand Prix de la relève littéraire Archambault, a, quant à lui, été décerné à Mathyas Lefébure pour son livre D’où viens-tu, berger? (Leméac).
Ce prix important que vient de remporter Caroline Allard prouve hors de tout doute que des études en philosophie jumelées à l’indignité peuvent mener loin.
Toutes nos félicitations à notre pétillante Mère Indigne!

Journée mondiale du livre et du droit d’auteur


En célébrant cette journée dans le monde entier, l’UNESCO s’efforce de promouvoir la lecture, l’industrie éditoriale et la protection de la propriété intellectuelle à travers le droit d’auteur.
Le 23 avril 1616, disparaissaient Cervantes, Shakespeare et Garcilaso de la Vega dit l’Inca. Ce 23 avril marque aussi la naissance, ou la mort d’éminents écrivains comme Maurice Druon, K. Laxness, Vladimir Nabokov, Josep Pla ou Manuel Mejía Vallejo. C’est pourquoi, cette date ô combien symbolique pour la littérature universelle, a été choisie par la Conférence générale de l’UNESCO afin de rendre un hommage mondial au livre et à ses auteurs, et encourager chacun, en particulier les plus jeunes, à découvrir le plaisir de la lecture et à respecter l’irremplaçable contribution des créateurs au progrès social et culturel. L’idée de cette célébration trouve son origine en Catalogne (Espagne) où il est de tradition d’offrir une rose pour l’achat d’un livre. (source)
Au Québec, cette journée est particulièrement fêtée et soulignée par des rencontres dans les bibliothèques ou les librairies notamment. Il vous sera aussi remis une rose à l’achat de livres en librairie.
Cette année, les éditeurs qubécois, dont le Septentrion, participent à une activité nouvelle : Passe-livre. Plusieurs bouquins seront mis gratuitement en circulation dans trois hôpitaux et les lecteurs sont invités, après leur lecture, à déposer ce livre dans un endroit public pour qu’un autre s’en empare. La libre circulation du livre en somme !
Finalement, c’est demain que seront dévoilés les gagnants du grand prix littéraire Archambault et du grand prix de la relève Archambault. Souhaitons bonne chance à Caroline Allard, finaliste au grand prix littéraire Archambault, avec son livre Chroniques d’une mère indigne.

Catalogue 2008 : 20 ans déjà ?!


À l’occasion du salon du livre de Québec, Septentrion distribuait son nouveau catalogue 2008. Plus attractif que jamais, il permet de prendre connaissance de nos plus récentes parutions tout en mettant en lumière l’entièreté de notre fonds d’édition.
Ce catalogue est disponible au téléchargement ou par livraison postale sur demande aux Éditions du Septentrion, 1300 av. Maguire, Sillery (QC) G1T 1Z3. Vous pouvez aussi vous inscrire à notre liste d’envoi sur Internet.
Voici comment Denis Vaugeois, président, Gaston Deschênes, conseiller éditorial et Gilles Herman, directeur, ont tenu à illustrer cet anniversaire.
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Denis Vaugeois, président
Vingt ans ! Qui ne veut pas avoir vingt ans ? Pour une maison d’édition, c’est aussi un bel âge et surtout une grande famille. Au total, plus de 500 auteurs ont publié des ouvrages individuels ou collectifs au Septentrion depuis 1988.
Rapidement, la maison, malgré des effectifs fort réduits, a pris un rythme d’environ 25 titres par année avant d’augmenter progressi vement vers une bonne trentaine. À cet égard, il faut souligner que tous les titres n’ont pas le même poids et que le Septentrion est réputé pour offrir de temps à autre des ouvrages qui surprennent.
Le livre a de l’avenir dans la mesure où il est fait avec soin. C’est en quelque sorte l’héritage que nous a laissé M. Réal d’Anjou, imprimeur-éditeur, qui a présidé à notre naissance, nous confiant du même coup ses éditions du Pélican.
Le Septentrion est né de la volonté d’anciens membres de l’équipe du Boréal Express qui s’étaient dispersés au cours des ans : Lévis Martin, Claude Bouchard et Jacques Lacoursière. Viendront s’ajouter Gaston Deschênes et Michel de Courval qui, à l’époque, passent régulièrement me réconforter. Très tôt, Josée Lalancette, infographiste, et Solange Deschênes, réviseure, deviennent des collaborateurs externes. Christian Paradis sera le premier employé permanent et le seul pendant plusieurs mois. Rapidement, il apprend à tout faire, mais il ne peut pas tout faire. Madame Riverin, débrouillarde et « bonne en français », nous rejoint. Des « temps partiels » viennent à la rescousse. Sur la recommandation de Gaston Deschênes, Manon Perron est engagée comme secrétaire. Elle est tellement heureuse qu’elle « tombe enceinte ». Elle nous fera ce coup-là deux fois en une dizaine d’années. Marcelle Cinq-Mars arrive en renfort. On tient le coup. Marcelle est d’une efficacité totale. En archives, elle est imbattable.
Les années passent. J’ai fondé cette maison d’édition à l’âge ou d’autres se mettent au golf. Moi, je garde le tennis, ça exige moins de temps et c’est meilleur pour la forme. Gaston est un partenaire, un associé et l’éventuelle relève à la direction du Septentrion. Rien ne se passe comme prévu. Marcelle, seconde sur la liste, nous quitte.
Gilles Herman est avec nous depuis 1998. Il est arrivé sur la pointe des pieds, surtout pour nous dépanner avec nos ordinateurs. Notre spécialiste bien aimé, Julien Naud, n’était pas revenu de son troisième voyage en Chine. Peu à peu, Gilles s’initie aux secrets du métier. D’origine belge, ingénieur nucléaire de formation, pouvions- nous l’imaginer aux commandes d’une maison spécialisée en histoire des Amériques ? J’aime bien rappeler que j’ai jadis remis les éditions du Boréal Express entre les mains d’Antoine Del Busso, originaire d’Italie, et de Pascal Assathiany, Français d’origine géorgienne.
Pour éviter la censure de « notre » directeur, je vais éviter de faire son éloge. Je dirai seulement qu’il est parfait ou presque. La panne informatique : il ne connaît pas. Le site du Septentrion illustre bien ses capacités et son imagination. Il se joue des divers rapports et nous dépanne les uns après les autres. Petit problème, il le fait trop rapidement et, de ce fait, se rend indispensable. Il connaît mieux l’histoire du Québec que 99,9 % des Québécois de souche et pourrait aisément devenir correcteur d’épreuves ou réviseur. Avis aux concurrents : il n’est pas disponible. Il est l’actionnaire principal du Septentrion.
Gilles a aussi la chance de compter sur une équipe jeune, compétente et enthousiaste. Sophie Imbeault, double maîtrise (histoire et administration publique), est calme, patiente et toujours optimiste. Carole Corno, diplomée en lettres modernes à Aix-en-Provence et en édition à Clermont-Ferrand, seconde Gilles et, pour ainsi dire, tout le monde. Discrète, elle voit tout. Pierre-Louis Cauchon, graphiste de formation, sortait à peine des limbes lorsqu’il a échoué au Septentrion. En peu de temps, il a manifesté un talent indéniable. Le responsable des communications, Éric Simard, auparavant libraire chez Pantoute, est notre plus récente recrue. Il était déjà un de nos auteurs devenu directeur de collection. Il vient d’arriver ; les fleurs viendront plus tard. Pierre Lapointe, comptable à temps partiel, est aussi au service de Multimonde ce qui en fait un spécialiste du monde complexe de l’édition.
Si je m’exclus, la moyenne d’âge est d’un peu plus de 30 ans. Cette équipe fait la démonstration qu’une relève existe, encore qu’il a fallu en recruter une partie à l’étranger. Toujours orienté principalement vers l’histoire, le Septentrion a une production diversifiée qu’illustre bien ce nouveau catalogue. Pour nous, chaque auteur est important, chaque livre est une nouvelle naissance.
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Gaston Deschênes, conseiller éditorial
Le temps passe et on devient vite le plus ancien dans quelque chose, quand on a la chance d’y survivre !
Au milieu des années 1980, je me suis trouvé sur le chemin de Denis Vaugeois au moment où il préparait son retour à l’édition. Curieux hasard, car j’étais fonctionnaire à l’Assemblée nationale pendant ses deux mandats parlementaires et nous ne nous étions jamais parlé. Une employée de la Bibliothèque lui a conseillé de me parler car il cherchait « quelque chose » : le chemin était tracé…
J’ai été de la première équipe, comme responsable de collection, puis associé, et ensuite directeur des éditions à la fin des années 1990. Du « catalogue » de 1988, il ne reste que Denis Vaugeois et moi. J’ai signé le deuxième livre publié par la maison (L’Année des Anglais) mais le sort a voulu que je devienne vite, sans mérite véritable, « son plus ancien auteur vivant » après le décès du premier auteur, monsieur Balcer.
Le Septentrion a été une école extraordinaire. Le patron-fondateur était probablement le meilleur de la profession et, dans une maison où l’équipe de soutien était réduite au minimum, il fallait tout faire, de la lecture des manuscrits aux communiqués de presse, en passant par les formulaires du Conseil des arts et ceux d’Orléans express. Qu’elles soient adressées au « comité de lecture », au « responsable du recrutement » ou au « directeur des communications », les lettres tombaient toutes dans le même casier. Le Septentrion donnait l’impression d’avoir des soldats à tous les créneaux et les concurrents se demandaient parfois comment on pouvait produire autant de livres…
Treize ans à lire des manuscrits en nombre croissant et à rencontrer des auteurs, en fin d’après-midi (car je travaillais ailleurs à temps plein), les soirs et les fins de semaine. Dix, douze, et même, une année, dix-huit manuscrits accompagnés personnellement jusqu’à l’imprimerie et au-delà, sur le marché. Périodiquement, un samedi après-midi était consacré à faire le ménage dans les manuscrits accumulés : c’était le « massacre des saints Innocents ».
Vint le jour, à l’aube du présent siècle, où il fallut lever le pied. Heureusement, la relève se pointait.
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Gilles Herman Directeur
En 1996, le Québec n’évoquait pour moi qu’une exotique contrée outre-Atlantique où fleurissait une langue française sans nulle autre pareille. Une rencontre allait bouleverser ma vie et m’amener à m’établir de façon permanente à Québec deux ans plus tard.
Mes 10 ans au Septentrion sont aussi mes 10 ans de découvertes d’une culture et d’une histoire méconnue – bien souvent des Québécois eux-mêmes. Tandis qu’on m’abreuvait de Michel Tremblay, Jacques Poulin, les oreilles bercées par Daniel Bélanger ou Jean Leloup, j’apprivoisai ce pays par son histoire grâce à Jacques Lacoursière. Je dévorai en un été les quatre premiers tomes de son Histoire populaire du Québec, m’appropriant ainsi les acteurs d’une saga à laquelle j’allais pouvoir, à ma mesure, ajouter quelques lignes. Quel plaisir que de publier le cinquième tome en 2008 !
Ma formation en génie nucléaire allait m’ouvrir de façon surprenante les portes d’une maison d’édition. J’étais comme beaucoup fasciné par cet univers conjuguant savoir et artisanat. Et j’appris au fil des ans tout le travail que nécessite l’édition d’un livre. En portant des boîtes, en développant un système informatique de gestion, en concevant des maquettes puis en dirigeant toutes ces étapes, avec le soutien de Manon Perron, alors au centre des activités. Je fis mes armes avec l’immigration des Belges, le Pont de Québec mais surtout avec Canada-Québec, 1534- 2000. J’avais dès lors envie de continuer à faire connaître au plus grand nombre l’histoire extraordinaire de ce pays.
Tout cela ne serait rien sans la passion que m’ont communiquée les acteurs de ce milieu. Les auteurs d’abord, chacun avec leur histoire, leur personnalité. Que de rencontres ! Ensuite les électrons libres gravitant autour du Septentrion qui ont su s’armer de patience, dont le clan Deschênes.
Et puis il y a Denis Vaugeois. Dire qu’il aime les livres ne serait qu’une faible formule. Il y consacre toutes ses énergies. C’est avec beaucoup de fierté mais aussi d’humilité que je saisis le flambeau qu’il me cède. Pas loin de 500 titres publiés au Septentrion jalonnent son chemin. Tandis que nous naviguons dans cette vingtième année, le vent dans les voiles, je dois aussi reconnaître l’excellence de l’équipage qui forme le Septentrion. Merci Sophie, Carole et Éric pour votre soutien et votre dévouement, ainsi qu’à la cohorte de collaborateurs externes.
Que nous réserve l’avenir ? Plusieurs prédisent la fin du livre avec l’avènement du numérique. C’est pourtant en nous appropriant les nouvelles technologies que nous ferons le meilleur travail. Le livre ne meurt pas, il se transforme. Le papier se conjugue au passé, au présent mais surtout au futur. Papier électronique ou papier recyclé respectueux des forêts anciennes, seul compte le résultat et le lecteur saura faire ses choix.
Bonnes lectures à toutes et à tous !