De belles rencontres #3

Il y a eu d’abord Anne-Claire Delisle qui vient de nous offrir les somptueuses et riches illustrations d’un superbe abécédaire qui vient de paraître chez Bayard Canada. Samedi dernier, elle était l’invitée de l’émission Encrage (que j’anime depuis bientôt cinq ans). Ce fut un réel plaisir de m’entretenir avec le secret le mieux gardé de l’édition québécoise. Je vous invite à aller en librairie jeter un œil à son travail. Ça vaut le détour. Nombreux seront les éditeurs qui lui offriront des contrats prochainement.
Ensuite, comme il le fait deux fois l’an, André Vanasse conviait les libraires de Québec à un dîner XYZ pour présenter la saison. Cette fois-ci, c’est au Café Sirocco que nous étions attendus. C’est presque devenu un rendez-vous à ne pas manquer pour moi. Non seulement j’aime cette maison d’édition, j’adore entendre discourir André Vanasse sur l’écriture et la littérature. Je partage souvent son point de vue et il est une source de motivation pour mon écriture. C’était délicieux et fort intéressant. En bonus, Bruno Roy et Pierre Tourangeau nous ont présenté leur dernier roman. Ça ne gâche vraiment pas un dîner et ça donne évidemment envie de lire leurs titres!
J’étais content de revoir Bruno Roy que j’avais eu la chance de rencontrer dans les mêmes conditions il y a un an et demi. La discussion que j’avais alors eue avec lui autour de son Journal dérivé m’avait permis de structurer mon projet de livre lié à mon journal personnel. C’est devenu Journal de tous les jours. La première version existe réellement. Il reste encore beaucoup de travail à faire dessus mais j’ai bien hâte de vous le livrer. J’aurais aimé lui dire tout ça mardi mais les circonstances ne l’ont pas permis. Pas grave. Moi, je le sais et j’aurai sûrement une autre occasion de le lui dire.
Et ce soir, après quatre mois d’interruption, je retrouvais mes ados de la Bibliothèque Étienne-Parent de Beauport pour entamer la nouvelle saison de notre club. Ils étaient survoltés et toujours aussi intéressés. C’est un beau petit groupe curieux, vif, critique et intelligent. C’est beau de voir des adolescents passionnés par la lecture. Il y a quelque chose de rassurant là-dedans. Je les retrouverai le 24 octobre prochain.
Bref, autant de belles rencontres qui se font écho les unes aux autres.
Abécédaire de Pomme et Pépin, Paule Brière/Anne-Claire Delisle (Bayard Canada)
La moitié d’étoile, Pierre Tourangeau (XYZ)
N’oublie pas l’été, Bruno Roy (XYZ)

Deux nouveaux acronymes

Je ne connaissais pas ces nouveaux acronymes avant de les entendre à la radio, sur la chaîne de Radio-Canada: HARSAH et FARSAF. Je ne les ai trouvés dans aucun dictionnaire sur Internet, mais ils apparaissent sur des sites autres, certains datant même de 2004. C’est dire que ce ne sont pas de si nouveaux acronymes, finalement. Même qu’ils seraient quasi officialisés dans le milieu médical, si bien que l’on pourrait vous demander, à votre prochaine visite chez le médecin, si vous êtes un HARSAH ou une FARSAF, selon le cas, soit: un homme ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes ou une femme ayant des relations sexuelles avec d’autres femmes.
Voilà, il vous sera maintenant plus facile de répondre, si toutefois la question vous était posée.

Internet et papier électronique

Hier matin se tenait une rencontre portant sur les nouveaux enjeux liés à l’arrivée du papier électronique. Technologie poussée par les Chinois en déficit de papier et aux prises avec de graves problèmes environnementaux, le livre électronique fera, qu’on le veuille ou non, une percée dans le marché de l’édition.
Pour ma part, je présentais l’utilisation qu’un éditeur peut faire d’Internet et l’interaction possible avec ce média, en me basant sur notre expérience de publication de trois blogues ce printemps. Bruno Rives, spécialiste du livre électronique et Stéphanie Chevrier, éditrice chez Flammarion, présentaient conjointement un prototype comprenant à la fois un abonnement au journal Les Échos et un Thriller d’Henri Loevenbruck.
Pour faire avancer le débat, le groupe Éditis a réalisé un film montrant ce que pourrait être le livre de demain. Il s’agit d’une vision idyllique de la chose mais elle a du mérite et devrait être visionnée par tous.
Possible… ou probable ?

Du coeur au ventre à ma culture

Je voulais faire un billet uniquement sur la nouvelle émission dite culturelle de Télé-Québec Ça manque à ma culture avant que je ne tombe sur Du cœur au ventre mettant en vedette Daniel Pinard dangereusement en forme.
Après nous avoir fait souffrir pendant trop longtemps avec deux animateurs vétérinaires qui nous parlaient de littérature toutes les semaines pour démocratiser la lecture, Télé-Québec nous refait le coup avec Ça manque à ma culture en englobant cette fois-ci toutes les disciplines artistiques. La première fois que je l’ai regardée, je ne l’ai pas regardée longtemps. Les fois suivantes non plus. Cette émission n’est pas parvenue à capter mon attention et encore moins mon intérêt. Serge Postigo, qui semble toujours sortir d’une boîte à surprise lorsqu’invités et chroniqueurs lui parlent de quelque chose comme s’il n’avait jamais rie nvu ni entendu avec ses questions du genre « si quelqu’un n’est jamais allé voir un tel spectacle, risque-t-il d’aimer ça » me tape sur les nerfs. On dirait qu’il s’adresse à des débiles légers. Il veut tellement rendre accessible toutes manifestations artistiques que ça en devient ridicule. Il y a accessible et accessible. De ne pas l’écouter ne manquera pas à ma culture.
Du cœur au ventre, par contre, m’a séduit d’entrée de jeu. Pinard, qui en a à revendre de la culture, avec sa verve excessive qu’on lui connaît, ne se gêne pas pour l’utiliser à bon escient. Ça donne une émission colorée, décontracte, drôle et pleine d’esprit et intéressante comme lui seul en a le secret. Au passage, il égratigne les bien-pensants de la saine alimentation et ce n’est pas sans me plaire. Et, quoiqu’on en dise, côté cuisine il s’y connaît. Ses conseils sont toujours judicieux et ses recettes donnent envie. Je retiens celle des tomates confites gratinées à la mozzarella.
Je ne sais pas si je serai au rendez-vous chaque semaine, mais ce soir, en mangeant mes pâtes, Du cœur au ventre m’a procuré une heure de pur plaisir jubilatoire, le même que je ressentais du temps de son tandem avec José di Stasio.

Un an!

À mon tour de fêter, aujourd’hui, le premier anniversaire de mon blogue. Au cours de cette année, j’y ai publié 62 messages, pour lesquels j’ai obtenu une moyenne de deux commentaires pour chacun. Quelle conclusion tirer de ces statistiques?
Rien que je ne savais déjà, même si on a souvent l’impression que les chiffres seront forcément révélateurs de quelque vérité cachée. Je constate donc que j’ai publié un peu plus d’une note par semaine (ce qui correspond au temps dont je dispose pour cette activité). Mais je sais pertinemment aussi qu’il y a plus de deux lecteurs par message: tous ne laissent pas de traces, tandis que d’autres ne le font pas systématiquement chaque fois.
J’ai pris un grand plaisir à m’adonner à cette activité. La plus grande contrainte a toujours été le temps. Car il en faut plus qu’on ne le pense, même pour n’écrire qu’une note par semaine : faire quelques recherches (dans sa tête et sur Internet ou ailleurs) pour trouver des sujets, user d’un peu de créativité de façon à varier les thèmes d’une note à l’autre pour éviter la monotonie, rédiger les notes, parfois en avance pour, finalement, en supprimer parce qu’elles ne semblent plus avoir d’importance, vérifier régulièrement si des gens ont réagi, les lire, les publier et supprimer tous les «faux» commentaires (beaucoup plus nombreux que les «vrais»), répondre à certains d’entre eux et visiter aussi les blogues de ceux qui nous écrivent, afin de mieux les connaître.
N’empêche que c’est un privilège d’avoir une telle tribune, qui permet de s’exprimer et d’interagir avec d’autres. Un gros merci, donc, à Septentrion pour m’avoir permis de vivre cette expérience, de même qu’à vous tous qui me lisez.
Suis-je en train de vous faire mes adieux, là? Pas du tout. Je poursuis, pour quelque temps encore du moins, et, je l’espère, vous aussi. Alors, d’ici la prochaine note, je vous invite à boire un verre à ma santé et, de mon côté, je trinquerai à la vôtre. Tchin-tchin!

Mercredi soir au bout du monde

Le Bout du monde est tout d’abord un resto aux confins de Montréal qui semble ne pas payer de mine. Les gens qui s’y donnent rendez-vous sont tellement vrais et touchants qu’on voudrait les suivre jusqu’à la fin. Ce sont d’autres personnages éparpillés un peu partout sur la planète que nous suivront. Qu’ils soient à Vancouver, en Floride, au Mexique, en Russie ou en Espagne, un film et une chanson inspirée de ce même film Les ailes brisées les unissent. Entre autres choses.
Avec Mercredi soir au bout du monde, Hélène Rioux (XYZ) nous convie à un chassé-croisé subtil. Si tous les personnages sont attachants et intéressants à découvrir, c’est surtout l’atmosphère de ce roman qu’on retient, ce fil ténu qui sous-tend le récit avec force du début à la fin.
Oui, c’est ça, c’est un roman d’atmosphère (petit clin d’œil à Duras ici).
Cette première incursion dans l’œuvre d’Hélène Rioux me séduit. Un des trop rares bons romans québécois de cette année 2007.

Pouvez-vous épeler?

Il nous arrive tous, à un moment ou à un autre, de devoir épeler un mot pour nous assurer de bien nous faire comprendre, au téléphone par exemple. À ce moment, quels noms ou mots devrions-nous associer aux lettres?
La méthode la plus sûre pour être compris partout dans le monde est sans doute d’épeler en alphabet international. Encore faut-il le connaître. Permettez-moi de vous le présenter, tel que je l’ai moi-même appris dans la méthode d’anglais Demain, je parle globish, de Jean-Paul Nerrière, Philippe Dufresne et Jacques Bourgon :
A : Alfa
B : Bravo
C : Charlie
D : Delta
E : Echo
F : Foxtrot
G : Golf
H : Hotel
I : India
J : Juliette
K : Kilo
L : Lima
M : Mike
N : November
O : Oscar
P : Papa
Q : Québec
R : Romeo
S : Sierra
T : comme Tango
U : Uniforme
V : Victor
W : Whisky
X : X-Ray
Y : Yankee
Z : Zulu
Remarquez qu’il n’y a aucun accent. Mes initiales sont donc Golf Lima, et mon prénom s’épelle comme suit : Golf India November Echo Tango Tango Echo.

Contre toute espérance

Depuis que j’ai vu La femme qui boit, je ne manquerais pour rien au monde la sortie d’un nouveau Bernard Émond. Selon moi, c’est actuellement le plus grand cinéaste québécois. Ses films à caractère social d’un réalisme impressionnant renouent avec ce que notre cinéma avait de mieux à nous offrir dans les années 70. Ses scénarios sont d’une justesse comme il ne s’en fait plus. Aucun mot de trop. Tout est bien soupesé et le reste passe à travers l’œil de la caméra (jamais indiscrète) et l’intensité des personnages.
Pour atteindre ce qu’il recherche dans l’art qu’il exerce, je ne sais pas comment il s’y prend, mais il parvient toujours à tirer de ses comédiens le meilleur de ce qu’ils ont à offrir. Dans chacun de ses films, on a droit à une performance d’acteur hors du commun. Élise Guilbault est remarquable dans La femme qui boit et La neuvaine. Luc Picard l’est tout autant dans 20h17 rue Darling. Contre toute espérance ne fait pas exception à la règle. Guylaine Tremblay et Guy Jodoin sont tout simplement cirant de vérité dans leur incarnation d’un couple ordinaire qui perd tout.
J’ai une fois de plus été bouleversé par l’univers de Bernard Émond. J’ai toujours l’impression qu’il parle de moi, qu’il met en lumière mon passé, l’univers dont je suis issu. Je suis toujours happé par le rythme lent qu’il installe dans ses films. Un rythme lent soutenu du début à la fin et plein de ce que nous sommes : des êtres humains vulnérables et démunis et fort face à l’adversité.
Il y a tout ça dans Contre toute espérance. Et c’est l’un des meilleurs films de l’auteur.

My cuisine

Dans son livre My cuisine publié par Marabout et se vendant 49.95, Trish Deseine nous propose cette recette, qui, disons-le, me laisse pour le moins perplexe:
Sandwich au beurre de cacahuètes et à la gelée
Tout le monde se moque de cette combinaison. Pourtant, ce mélange croquant sucré-salé est formidable. Évitez juste de tartiner de beurre avant d’étaler le beurre de cacahuète. Restons raisonnables!
Pour 12 sandwichs
5 minutes de préparation
8 tranches de pain de mie, anglais brun ou complet
4 c.s. de beurre de cacahuètes crunchy (c’est-à-dire avec des morceaux)
4 c.s. de gelée de groseille
Étalez le beurre de cacahuète puis la gelée. Fermez les sandwichs, ôtez les croûtes et coupez en quatre.

Jean-Baptiste Trudeau, autre remarquable oublié

Serge Bouchard recevait Denis Vaugeois pour parler de cet extraordinaire voyageur qu’était Jean-Baptiste Trudeau. En 2006, Septentrion publiait son journal de voyage accompagné de sa description du Haut-Missouri. Comme d’habitude, l’émission peut-être retrouvée sur le site Internet de Radio-Canada.

« J’ai lu, dans ma jeunesse, les relations des mœurs et des manières des Sauvages écrites par des religieux qui, quoique les auteurs passent pour des saints, étaient pleines d’absurdités et de contradictions. » Trudeau ne mâche pas ses mots. Au moment où il entreprend son voyage sur le Haut-Missouri, il a 45 ans, dont 26 passés parmi les Indiens, surtout les Sioux Yanktons et les Panis Républicains.
« Tous ces peuples sauvages ne connaissent point de subordination, ni de distinction entre eux […]. Ils n’ont ni loi, ni juge, ni prêtre ». Moqueur, Trudeau souligne que les lois des « nations policées ressemblent, en certaines circonstances, à ces toiles d’araignées qui arrêtent le moucheron et que les taons brisent ». La liberté sexuelle des Indiens le gêne, mais moins que la frénésie des « jeunes Canadiens qui, à leur arrivée [chez les Indiens], se mettent à courir à toute bride comme des chevaux échappés dans les champs de Vénus, d’où ils ne sortent rarement sans être munis des maux qui y sont irrévocablement rattachés ». Il ajoute un petit détail à propos des maladies vénériennes : « les Sauvages s’en guérissent parfaitement bien ».
Trudeau ignore le politiquement correct. Quand il est scandalisé, il le dit sans détour. Le Sauvage de Trudeau n’est pas un Indien inventé. Il est bien réel, avec ses grandeurs et ses faiblesses, sa passion pour la guerre et sa recherche effrénée de scalps. Trudeau répond à bien des questions sur les pratiques et croyances des Indiens. Il bouleverse nombre d’idées reçues.