Histoires sans fin

Ça ne m’arrive pas souvent de ne pas terminer la lecture d’un livre, mais je m’en donne toujours le droit. En ce qui concerne ces deux titres, j’ai eu beau faire des efforts, ça n’a rien donné.
Sexe et dépendances de Stephen McCaulay (Flammarion)
Après avoir lu Le vide de Patrick Senécal et nombre de livres un peu lourds, j’avais envie de quelque chose de plus léger. Sexe et dépendance me semblait être la lecture idéale pour me permettre de respirer un autre air, surtout que j’en retardais la lecture depuis sa parution et tout le monde n’en disait que du bien. J’ai même eu la chance de discuter (en français) avec l’auteur au dernier Salon du livre de Montréal. J’avais donc plusieurs raisons de plonger dans ce roman.
Le plaisir aura été de courte durée. Après cent pages, j’ai abdiqué. À aucun moment, je n’ai eu de sympathie pour cet agent immobilier de Boston qui tente de se convaincre d’être moins dépendant au sexe. Le problème de ce roman est simple : cet agent immobilier n’est pas un personnage intéressant. Sa vie est d’une pauvreté à faire frémir plus qu’à faire rire. Je n’avais aucune envie de savoir ce qui allait lui arriver. En plus, ce n’est pas vraiment une histoire qu’on nous raconte. On nous présente des pans de vie décousus qui empêchent constamment l’action d’évoluer. Tout pour me déplaire et m’ennuyer.
Mes vies d’Edmund White (Plon)
Moi qui avais tant aimé La symphonie des adieux, ce livre dans lequel Edmund White s’inspirait de son parcours pour brosser un portrait impressionnant des quarante dernières années du milieu homosexuel newyorkais, je me faisais une joie de découvrir son autobiographie.
Dans Palimpseste, Gore Vidal a relaté sa vie de manière fort orignal, efficace et intelligente. C’était en plus porté par une écriture incisive et nettement maîtrisé. Dans Mes vies, Edmund White fait tout le contraire. La qualité de son écriture que l’on retrouve dans ses romans n’y est pas, ce qu’il raconte frôle plus souvent qu’autrement la vulgarité en plus d’être d’un narcissisme désolant. C’est un peu épars et ça va dans toutes les directions, malheureusement pas toujours édifiantes. Il finit par nous perdre complètement. J’ignore quel était le but de sa démarche, mais une chose est certaine elle n’atteint pas sa cible. Après 160 pages, j’en avais assez lu.

Salon du livre de Trois-Rivières

Nos trois auteurs seront présents à l’occasion du salon du livre de Trois-Rivières, stand 36.
Caroline Allard
Vendredi 30 mars
Dédicaces de 12h à 18h
Pierre-Léon Lalonde
Vendredi 30 mars
Dédicaces de 12h à 18h
Sophie Bienvenu
Dimanche 2 avril
Les nouvelles voix de la littérature, Espace Radio-Canada, de 13h à 14h
Paroles d’écrivain de 14h45 à 15h15
Dédicaces de 15h30 à 16h30

Se résoudre aux adieux

Après avoir lu Les jours fragiles et Un instant d’abandon de Philippe Besson, je ne pensais pas lire son prochain roman puisque ces deux lectures m’avaient laissé sur ma faim. En même temps, il y a quelque chose dans son écriture qui m’attire comme si j’attendais de lui qu’il nous offre une œuvre majeure.
Lorsque j’ai vu que Se résoudre aux adieux était un roman épistolaire à une seule voix et qu’en plus il traitait de rupture amoureuse, je n’ai pu résister. C’est exactement la même structure narrative et le même thème que Cher Émile. J’étais curieux de comparer son travail au mien.
Si certains m’ont reproché d’aller trop loin dans l’intériorité de mon personnage principal, donc dans l’émotion, c’est plutôt l’inverse qui se produit dans Se résoudre aux adieux. Sauf en de trop rares occasions, Philippe Besson ne va pas suffisamment en profondeur dans le désarroi de son personnage principal. On ne sent pas réellement sa peine, donc son amour pour cet homme l’ayant quittée pour mieux revenir avec son ex. On ne comprend pas toujours ses motivations intérieures. Sa fuite autour du monde nous paraît également factice. Se résoudre aux adieux dans un tel contexte ne nous apparaît pas vraiment difficile et encore moins douloureux.
Selon moi, il aurait eu intérêt à se mettre davantage dans la peau de son personnage pour lui insuffler un supplément d’âme et d’émotions, surtout que la forme épistolaire à une seule voix permet justement de créer un rapport intime entre le narrateur et le lecteur. Dans un tel contexte, aucune raison de ne pas aller au fond des choses. Malheureusement, on reste ici un peu en surface.
Ce troisième rendez-vous dans l‘œuvre de Philippe Besson m’a fait le même effet que les deux premiers. Je me résous donc à passer mon tour la prochaine fois!
L’avis partagé de Laure.

Jusqu’où peut aller la solitude?

Dans Le Devoir des 24 et 25 mars derniers, Denise Bombardier écrivait ceci :
«(…) Par ailleurs, de plus en plus de gens n’ont plus de liens institutionnels dans le travail (…) la précarité de l’emploi s’impose. Finie l’appartenance à une culture d’entreprise. On est pigiste ou employé temporaire et l’on vend sa compétence à qui veut l’acheter. Renvoyé à sa solitude, on travaille pour soi, sans connaître cette satisfaction de vivre en connivence avec ses pairs au sein d’une entreprise. Ce travail en solitaire, dans l’insécurité, est en particulier le lot de nombreux jeunes à qui il serait difficile de reprocher ensuite d’être égoïstes et de ne penser qu’à eux. (…)
«Alors quand peut-on vivre avec la conscience d’être membre du corps social et avoir le sentiment aigu d’influer le cours des choses sinon dans ce geste unique de voter qui permet de détenir le pouvoir d’orienter la société qui nous contient?»
Eh bien, pour ma part, ce ne sont certainement pas les résultats des dernières élections provinciales qui ont réussi à aviver mon sentiment d’appartenance à un corps social…
Quelqu’un a-t-il d’autres suggestions?

Haruki Murakami

Ça faisait des années que je voulais découvrir le travail d’Haruki Murakami et il aura fallu 2007 et le Prix des libraires du Québec pour que je le fasse. Maintenant j’ai la piqûre, on dirait bien!
C’est Kafka sur le rivage qui m’a ouvert les portes de l’univers de cet auteur à l’écriture riche, intelligente et envoûtante mettant en scène des personnages marginaux à un carrefour de leur existence.
Dans Kafka, on suit un adolescent de 15 ans en cavale et un débile léger aux pouvoirs sensoriels étranges sachant parler le langage des chats. Toute la trame est auréolée par la mythologie grecque, mais c’est fait de manière subtile. Cette mythologie vient nourrir de façon impressionnante toute l’intrigue de ce roman foisonnant au caractère tout à fait contemporain. Plus on avance dans l’histoire, plus on en découvre toute la profondeur et la richesse et plus on s’attache aux personnages et aux situations qu’ils vivent.
Dans Le passage de la nuit, même s’il est moins réussi et moins dense que Kafka, on retrouve encore les mêmes thèmes qui lui sont chers. On traverse toute une nuit avec des personnages un peu décalés par rapport au reste de la société. Quelques heures de leurs vies nous sont présentées. C’est suffisant pour s’intéresser et s’attacher à eux. Au petit matin, on les regrette un peu.
Les univers que dépeint Murakami pourraient facilement tomber dans une ambiance glauque, mais il sait éviter ce piège. Il insuffle à son écriture beaucoup de sensibilité et d’humanisme. Il touche à l’universel, à ce que nous sommes tous et sous sa plume c’est grandiose. Pour de la littérature intelligente comme ça, je serai toujours preneur.
Haruki Murakami risque de devenir un auteur que je fréquenterai assidûment. C’est une belle et grande découverte que je viens de faire.
Pour augmenter votre envie, voici l’avis de Florinette

Un éditeur à Paris

Ça y est, le temple du livre français est ouvert depuis jeudi soir. On m’avait dit que c’était grand… c’est encore plus que cela ! Que de diversité, que de livres ! On se rend vraiment compte de la richesse culturelle de la francophonie et un monde entier. Pour mon plus grand plaisir, l’Inde est invitée d’honneur. Outre un stand aux couleurs riches, des auteurs à la frontière du kitch qui dépeignent ce pays en voie de devenir l’une des grandes puissances mondiales.
À travers tout cela, trois petits carnets ont fait leur apparition sur les tables de Québec édition. Stand H-180, avec une grande bannière bleue planant au-dessus de nos têtes.
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Un début timide mais tout de même, une première présence dans ce lieu prestigieux. Et puis 30 livres dans mes bagages, on a beau dire que ce sont des petits carnets, ça pèse lourd au bout du bras !
Prochaine étape, la présentation des bouquins à Diffusion du nouveau monde, notre partenaire français.

Chacun son métier #4

Marie-Pier Côté a finalement avoué à ses parents mardi soir avoir copié l’oeuvre du français Frédéric Jeorge en publiant son roman Laura l’immortelle.
Par ailleurs, bien que l’éditeur du livre, Michel Brûlé, dise être une victime dans cette histoire, il n’en demeure pas moins que l’Association nationale des éditeurs a fait savoir qu’il y a eu un manque de vigilance dans ce cas précis.
Selon la vice-présidente de l’ANEL, l’éditeur aurait dû s’interroger en constatant une oeuvre presque parfaite.

Je ne devrais peut-être pas, mais je me réjouis presque de cette nouvelle.
Quand j’ai vu Laura l’immortelle arrivé en librairie et que j’ai constaté que Marie-Pier Côté n’avait que 12 ans, j’étais sceptique et surtout conscient que l’éditeur voulait profiter de la vague Alexandra Larochelle pour faire, espérait-il, un coup d’argent. Mal lui en prit, on dirait bien.
Cette jeune fille, quant à elle, rêvait probablement de devenir une vedette. Ne connaissant pas les règles de l’édition et aveuglée par son rêve, elle a naïvement plagié le travail d’un autre sans en mesurer les conséquences. Si la télé-réalité permet de devenir une super star en quelques semaines sans avoir aucun talent, il en est tout autrement si on veut devenir un écrivain. Je crois bien qu’elle vient de l’apprendre à ses dépends!
À son âge, je rêvais aussi de devenir écrivain. C’est le premier métier que j’ai voulu faire. Je n’ai pas brûlé (excusez le jeu de mot, il s’est imposé) d’étapes. J’ai vécu ma vie d’enfant et une fois devenu grand, je n’ai pas cessé d’écrire et de réécrire mes textes. Aujourd’hui, je ne suis pas une super vedette littéraire, mais j’ai deux romans à mon actif et plusieurs projets en chantier. Je suis très content de la vie que je mène.
Cette histoire est une belle leçon d’humilité pour l’éditeur et une très grande leçon de vie pour cette fillette qui devra maintenant rêver autrement.

Quelques perles

Je suis heureuse de savoir que des perles fréquentent ce blogue. En effet, Mme Larocque, dont il a été question dans une note précédente (Recherche de réviseurs à 50 $ l’heure) m’a dit, en fin de semaine dernière, avoir reçu plusieurs réponses à son invitation et avoir même trouvé des perles.
J’espère que c’est dans le bon sens, car l’on sait que ce terme peut signifier également, par antiphrase, une erreur grossière et ridicule, digne d’un sottisier. À titre d’exemples, en voici quelques-unes du domaine de l’assurance, qui ne sont pas nouvelles, mais si vous êtes comme moi, elles vous feront toujours rire (à remarquer que les fautes des réclamants y ont été laissées) :
«J’avoue que je n’aurais pas du faire demi tour sur l’autoroute avec ma caravane
mais j’avais oublié ma femme à la station service!»
«J’avoue que j’ai traversé le carrefour sans regarder s’il venait quelqu’un, mais j’étais passé à ce même carrefour, moins d’une heure auparavant et il n’y avait personne.»
«Je suivais une voiture, quand celle-ci s’est arrêtée a un feu rouge à ma grande
surprise.»
«Je n’ai guère eu le temps de voir le piéton car il a immédiatement disparu sous la voiture.»
«Je vais prêter ma voiture à quelqu’un qui ne sait pas trop s’en servir, mais avant
pouvez-vous me confirmer que vous payerez les pots casses pour les accidents qu’il ne manquera pas de provoquer?»
«J’ai été heurté de plein fouet par un poteau électrique.»
«Puisque vous me demandez quelles sont les conséquences de l’accident je vous dirais que pour le moment, mon mari est mort.»
«J’étais en vacances quand la fuite s’est produite dans la salle de bains du voisin du dessus. Alors le voisin du dessous a cru que l’eau venait de chez moi, mais le voisin du dessus a alerté le voisin d’à côté qui est le frère du voisin du dessous pour lui dire que l’eau ne venait pas de chez moi mais du voisin du dessus.»