Bon alors voilà, c’est fait, c’est parti chez l’imprimeur.
Quand Éditeur Indigne m’a dit « c’est fini après, plus de changements possible», ma tachychardie m’aurait tuée si j’avais eu un problème de tachychardie.
Cinquième de couverture.
Quel amusant concept qu’un blogue sur les coulisses de l’édition (et je dis pas ça parce que l’idée est de moi!).
Y’a plein de raisons de se réjouir aujourd’hui, parce que depuis longtemps je suis fasciné par ces gens qui écrivent si bien et qui, au lieu d’innonder les éditeurs de manuscrits, s’amusent à s’exposer sur le web en attendant leurs lecteurs, mais aussi peut-être, un éditeur. C’est un juste retour des choses qu’ils aient aujourd’hui la chance de transformer leurs écrits en de véritables livres édités sur du véritable papier.
C’est un merveilleux laboratoire, une expérience qui j’espère les fera découvrir à un nouveau public et prouvera que le livre et l’Internet sont aussi compémentaires que le cinéma et la télévision! (Parce que je l’avoue, j’adore l’Internet, mais j’aime tout autant les livres.)
Un gros merci à Éric, Joé et Jérome, mes confrères chez iXmédia, beau travail, vite fait, bien fait!
Le titre de ce billet (concept d’Éric) a failli être le thème de ce carnet, mais c’était trop virtuel et subtil, comme l’a dit Madame Indigne, « Sous la couverture », c’est plus sexy (et pas très subtil!).
À la conquête des médias
Avis aux intéressés: vous pourrez m’entendre en entrevue demain matin vers 9h20 à Nulle part ailleurs, une émission radio-canadienne dans la région de Sudbury. Si vous n’êtes pas dans le coin, vous pouvez la capter par Internet en direct, et elle sera ensuite disponible dans les archives.
Je m’étais pratiquée pour l’entrevue dans ma tête toute la nuit, mais l’animatrice ne m’a pas posé les questions que j’avais imaginées alors j’ai dû improviser… Ce n’était pas si mal — enfin, je pense. C’est toujours un peu bizarre de parler de souâââ comme si c’était intéressant. Mais je dois dire que l’animatrice, Mélanie Tremblay, est très, très sympathique: elle a ri à toutes mes blagues.
Pour l’entrevue, j’étais en « duplex », c’est-à-dire que les animateurs sont dans un autre studio, à des millions de kilomètres de distance, et que vous, vous êtes toute seule devant un micro et vous faites semblant d’être totalement à l’aise pour épater le technicien.
Pour vraiment être bien dans votre peau, il ne faut surtout pas vous imaginer que, dans l’autre studio, on roule des yeux à chaque fois que vous parlez.
Sérieusement, l’exercice est un peu ardu parce que, soit on n’arrive pas à visualiser ses interlocuteurs et c’est un peu déstabilisant (surtout quand on est du genre à détester parler au téléphone comme, surprise!, moi), soit on investit le micro de l’âme de tous les auditeurs et on lui parle avec amour, mais à ce moment-là, on a aussi vachement peur d’avoir mauvaise haleine.
Quoiqu’il en soit, les filles, j’ai vu Jean-René Dufort en chair et en os à Radio-Can, et je lui lance ce message du plus profond de mon coeur: « Jean-René, tu as maigri, tu as l’air fatigué. Es-tu sûr que tout va bien? Mère indigne s’inquiète pour toi. »
Sur ce, bon week-end. Lundi, on va se parler des maudits paparazzis.
Mise à jour: L’entrevue est maintenant disponible sur le site de Nulle part ailleurs, dans la colonne de droite, section « Entrevues ». Père indigne m’a dit que mon honneur était sauf…
Forêts
Après avoir traversé La forêt des mal-aimés de Pierre Lapointe il y a peu, hier soir, j’ai traversé celles de Wajdi Mouawad qui pourraient porter le même nom.
À travers le personnage de Loup, une adolescente de 16 ans aux prises avec des démons intérieurs qu’elle ne maîtrise pas, on plonge dans les profondeurs de six générations de femmes. À travers elles, on traverse plus de cent ans d’histoire (les première et seconde guerres mondiales, la chute du mur de Berlin et la tuerie de Polytechnique). Ce va-et-vient incessant entre le passé et le présent vient nous rappeler à quel point ce que nous sommes est garant de ce qui a été, que nous portons tous une multitude de monde en nous, que les destins des uns sont liés à ceux des autres.
Avec une mise en scène dépouillée qui laisse toute la place aux jeux des comédiens, la démonstration qu’en fait Wajdi Mouawad est magistrale. Dès les premières minutes de la pièce, on est aspiré dans une longue spirale de vies humaines qui coule comme un fleuve loin d’être toujours tranquille. C’est de la vie qu’il nous parle. Cruelle et implacable, belle et généreuse. C’est grandiose. Tous les superlatifs dithyrambiques qu’on utilise devant tant d’intelligence et de créativité humaine pourraient être utilisés pour parler de cette pièce. C’est du théâtre de haut niveau comme il s’en fait peu.
Pendant et après la représentation, j’étais dans un autre espace-temps. Peut-être dans celui qui unit tous les hommes de tous les temps! Qui sait? Je ne suis pas prêt d’oublier ce 220 minutes d’une rare intensité. Si vous n’aviez qu’une pièce de théâtre à voir cette année et si vous êtes prêts à plonger au fond des choses, offrez-vous Forêts , je vous jure que vous ne le regretterez pas.
En supplément (et pour vous convaincre davantage), je vous invite à lire le commentaire de Fanny
Je me livre
Le livre est sous presse et on me presse de vous livrer mes impressions…
Mais c’est que je n’ai pas l’habitude de me livrer comme ça!
Peut-être même que ça nuit de sortir comme ça au grand jour!
Peut-on laisser le temps à l’encre de sécher un peu? Non?
Attendez, je dévoile à la fois mon nom, ma face et en plus,
il faudrait que j’étale mes états d’âme, ma vision du processus,
mes idées sur la littérature et quoi encore?
Vous voulez voir mes bas?
Sérieusement…
Je me demande si je réalise encore tout à fait ce qui m’arrive.
D’habitude, il faut cogner aux portes des éditeurs avec un manuscrit.
Le contraire est très certainement plus rare.
Je le fais dans les pages d’Un taxi la nuit, mais je vais profiter de cet espace
pour remercier encore une fois toute l’équipe derrière cette aventure.
C’est un beau cadeau que vous me faites, sincèrement.
Je suis fébrile par la sortie imminente du bouquin.
Les prochaines semaines risquent de me sortir pas mal de ma petite routine de chauffeur de taxi!
Mais je reste tout de même placide. Mes mots sont à l’imprimerie,
déjà ils ne m’appartiennent plus.
Je m’abandonne à vos yeux.
Je me livre.
Sous la couverture
L’expérience d’édition de blogues touche à sa fin. Enfin, pour ce qui est du travail d’édition proprement dit, puisque les livres, eux, verront le jour d’ici quelques semaines.
En attendant, vous pouvez vous entretenir avec les auteurs et l’équipe d’édition sur le blogue qui parle de cette aventure. Du blogue au livre et du livre au blogue!
En route vers la gloire!
Il faut que je vous avoue quelque chose. Personnellement, je suis absolument obsédée par l’idée de devenir une vedette. Oui, c’est pour cette raison que je fais un doctorat en philosophie. C’est d’ailleurs en songeant à tous les grands philosophes qui se sont retrouvés sur la couverture du Écho Vedettes que j’ai rédigé mon projet de thèse.
Vous comprendrez alors que mon aventure livresque est planifiée dans les moindres détails pour me faire accéder au statut de méga-star. Je sais déjà exactement combien de livres je vais vendre, grâce à mon ingénieux plan d’affaires, que je vous soumets ici:
1. Au lancement, j’amènerai une paire de bobettes de Jean-Louis que j’offrirai à la personne qui achètera le plus de livres d’un seul coup. Résultat anticipé: les bobettes partiront pour 3 livres (acheteur: Jean-Louis). Et puis, Mamie indigne achètera bien un exemplaire pour me faire plaisir, ainsi que, peut-être, Père indigne. Et j’y pense, il doit bien traîner une quinzaine de dollars dans la tirelire de Fille Aînée, si on n’a pas tout pris pour payer la pizza. Total: 6 livres. Le début du succès!
2. J’irai aussi faire un lancement dans mon village natal de St-Roch de l’Achigan. Micheline, mon prof de 5e année, m’a promis d’en acheter deux si je les lui autographiais. Mamie va sûrement en acheter un autre à ce moment-là, et aussi tante Nicole puisque je parle d’elle (une demi-ligne) dans le bouquin. Total: 4 livres de plus. Wouhoooou!
3. Attention: c’est ici que mon plan s’apprête à prendre de l’ampleur. J’organiserai une virée chez Renaud-Bray avec Père indigne. Pendant qu’il fait des blagues belges au libraire à la caisse, je subtilise discrètement un ou deux, ou une dizaine, de rouleaux d’autocollants « Coup de coeur Renaud-Bray ». Vite, je les appose sur mes Chroniques et les livres partent comme des petits ponchos! À ce propos, j’aurais préféré simplement faire imprimer d’office le logo « Coup de coeur » sur la couverture du livre, mais l’éditeur (allez savoir pourquoi) a lâchement refusé.
4. Dernière étape, mais non la moindre: je traduis mon livre en chinois et je l’exporte en Asie. Même si seulement 0,2% de la population l’achète, je deviens riche à craquer! Je n’aurai même pas besoin de payer de traducteur; en effet, je maîtrise déjà quelques bribes de chinois, comme « Sayonara ». Et en plus, je saurai adapter mes histoires à la réalité culturelle chinoise — en gros, je remplacerai le mot « soupe » par « chop suey ». Je suis réellement une surdouée du marketing.
Avec tout ça, le grand total des ventes, avec les lancements, les autocollants et le marché chinois, s’élève à 11 millions trois cent vingt-deux livres. J’en achèterai peut-être 188 de plus pour arriver à un beau chiffre rond. Oui, très bonne idée.
Je suis sur la bonne voie, je le sens…
Pourquoi eux et pas moi ?
Une question qui revient souvent concernant cette aventure : comment avez-vous choisi les trois blogues que vous publiez ?
Ce fut très facile. On a cherché dans Google « blogue québécois intéressant » et on a pris les trois premiers résultats…
Ou alors ce fut un peu plus compliqué.
[Flashback - 2005] Adeline (directrice de la collection Hamac), lors d’une discussion, me demande si je lis des blogues. Ah euh oui bien sûr je lis euh… tu sais le truc-là… Bon, avouons-le, le phénomène du journal personnel sur Internet ne me passionnait pas. Enfin, en dehors des incontournables. Et puis il faut avoir du temps à perdre pour aller lire ça quotidiennement !
(Aujourd’hui je considère mon temps de lecture de blogues comme un investissement dans le repérage de nouveaux auteurs. Nuance. Quel beau métier éditeur quand même.)
Toujours est-il qu’un jour elle m’arrive avec Lucie le chien imprimé sur du papier. Oui, du vrai papier fait avec de vrais arbres ! Bon, pour me rattraper, sachez que ce manuscrit a fini au recyclage après que le verso des feuilles ait été gribouillé par mes jeunes artistes à la maison.
« Il y en a d’autres comme ça ? » Question idiote. Le jour suivant, j’avais une longue liste de liens dans un courriel. Que j’ai été visiter un par un. Dès fois très rapidement. Et dans deux cas j’ai passé plusieurs heures à fouiller dans les archives.
Mère indigne m’a tiré des larmes de rire. Pierre-Léon m’a fait partager d’extraordinaires émotions. On tenait là trois bons carnets, qui donneraient trois bons livres.
Et c’est un bon chiffre, trois, quand on veut lancer une collection. Avec un ouvrage, la collection paraît mince et sans avenir. Deux… non mais qui offre des fleurs par deux ? Trois, c’est juste assez de travail pour ne pas virer fou.
Parce que, l’air de rien, c’est de l’ouvrage éditer un livre ! Mais ça, on s’en reparlera…
Mes cinq secrets
Il y a longtemps que je n’avais pas joué à la tag (dans ma région, on disait à la taille). Alors, pour donner suite à l’invitation d’Éric Simard, j’accepte le jeu des cinq secrets :
1. Lorsqu’un livre est très bon, je le sirote, j’en lis quelques lignes et le retourne sur mes genoux pour prendre le temps de le savourer (en me disant : «C’est bon… C’est bon… C’est bon…»). Puis, je le reprends, et lorsque j’en ai lu quelques pages de cette façon, je le mets sous ma pile, parce que je ne veux pas que ce bonheur se termine trop vite. Ça n’ira qu’au lendemain avant que je l’ouvre de nouveau. Finalement, s’il est «trop bon», je ne le termine pas, je le garde en réserve…
2. Si un livre n’est pas bon, je me force à le lire au complet, cette fois, y cherchant désespérément quelque chose de bon. (Heureusement, je ne me suis pas encore obligée à en lire un deux fois parce que je n’y avais rien trouvé.)
3. Comme Éric, je lis toujours plusieurs livres en même temps, parfois une dizaine : ceux qui me font du bien (les bons), ceux auxquels j’ai l’impression de faire du bien (les pas bons), ceux qui m’apprennent des choses (souvent plus costauds à lire) et ceux qui me détendent, tout simplement. Mes choix de lecture du moment se font donc en fonction de ces caractéristiques.
4. Lorsque j’étais petite, je mettais des images de saint Joseph dans tous mes livres, parce que je trouvais qu’il faisait pitié (on s’intéressait beaucoup plus à Jésus et à Marie qu’à lui, le pauvre). Eh bien, vous ne me croirez peut-être pas, mais ça m’a rapporté : un jour, je l’ai rencontré. Je suis en effet mariée à quelqu’un qui est né le 19 mars (fête dédiée à saint Joseph), et ce n’est que ce matin que j’ai compris ce qui m’est arrivé.
5. Parlant de mariage, je mets beaucoup de soin à trouver un signet qui se marie bien avec chaque livre que je lis : la longueur, la couleur, l’image (c’est ainsi que de beaux signets se trouvent encore mobilisés dans de trop bons livres). En cours de lecture, il peut même m’arriver de changer de signet si j’ai l’impression qu’ils ne font plus bon ménage. Ce qui me désole, c’est que «mon saint Joseph», lui, déchire un coin de papier journal pour marquer la page de ses livres. Quelle horreur!
Voilà! Je donne la tag à Gaston Deschenes (https://blogue.septentrion.qc.ca/wp-content/uploads/archives/gastondeschenes/), Rémi Tougas (http://www.septentrion.qc.ca/remitougas) et Oleg Kuzin (http://translatorsmusings.blogspot.com/).
5 petits secrets
Pour faire suite à la tag d’Éric : cinq petits secrets sur le Septentrion
1. On reçoit un manuscrit par jour.
2. On reçoit un CV de réviseur par jour. Qui contient souvent plusieurs fautes.
3. On reçoit un CV de graphiste par jour. Pas toujours très joli.
4. Ségolène Royal nettoie la vaisselle. Elle remplace d’ailleurs Zidane.
5. Pas plus tard que vendredi dernier, on a refusé un livre qui devait rapporter des millions de dollars. On en refuse d’ailleurs beaucoup des livres comme ça !
Je laisse à Sophie le soin de transmettre le virus.