Le 13 septembre 1659 Il fait bon reprendre le large. Radisson a toujours préféré l’action. Il se tient avec Matchiwan et Achinawa au milieu du groupe de dix canots panoestigons qui voguent à bonne vitesse sur des eaux parfaitement calmes. Le bleu du ciel est pur et intense. Le soleil ardent ne brûle plus la peau, mais flamboie dans l’azur et miroite joliment sur les flots. Le rythme régulier des avirons, le silence entre eux, l’horizon infini, tout porte à la réflexion…
Référence : FOURNIER, Martin. Les Aventures de Radisson : L’année des surhommes. Tome 3. Québec, Les éditions du Septentrion, 2016, p. 133-134.
Le 22 août 1659 Depuis qu’ils ont quitté la rivière des Outaouais pour remonter l’un de ses affluents, en direc- tion du sud, Radisson sent baisser la tension. Malgré ses réflexes naturels de prudence, il fait confiance à l’expérience de Des Groseilliers qui affirme que les Iroquois ne viennent plus par ici pour guerroyer, ni même pour chasser, ou pêcher. Le pire est passé. Ils n’auront sans doute plus à combattre avant long- temps. Il se sent également plus en sécurité avec les Saulteux qui leur ont démontré leur fidélité, leur honnêteté et leur courage. Il tente d’oublier la mort des siens et de leurs ennemis…
Référence : FOURNIER, Martin. Les Aventures de Radisson : L’année des surhommes. Tome 3. Québec, Les éditions du Septentrion, 2016, p. 107-108.
La chair du maskinongé était très appréciée des Amérindiens.
Référence : Les poisons d’eau douce du Canada, A.-N. Montpetit, Beauchemin et fils, Montréal, 1897.
La lumière de la lune filtre à travers les nuages. Radisson et Des Groseilliers ploient sous un lourd ballot de marchandises en trottinant vers la palissade.
— Ouvre, chuchote Des Groseilliers au gardien qui surveille la porte.
Le Parisien hésite à obéir à son capitaine de milice, car il est chargé d’interdire toute circulation pendant la nuit.
— Ouvre ! insiste Des Groseilliers d’un ton ferme, sans élever la voix. C’est pour tout le village que nous partons risquer notre vie ! Tu auras ta part de fourrures quand nous reviendrons.
Le gardien débarre la porte avec précaution.
— Que Dieu vous garde, souffle-t-il en les laissant passer…
Référence : FOURNIER, Martin. Les Aventures de Radisson : L’année des surhommes. Tome 3. Québec, Les éditions du Septentrion, 2016, p. 73-74.
Le 2 juillet 1659 La colonie est désorganisée. Quoiqu’en dise le père Ragueneau, François de Montmorency Laval n’est pas encore nommé évêque. Il déplaît d’ailleurs aux habitants de Montréal qui militent en coulisse pour qu’on nomme quelqu’un d’autre. En France, les jésuites sont sur le point de gagner cette bataille, pendant que plusieurs habitants de la colonie perdent confiance en eux. Arrivé depuis peu, le nouveau gouverneur de la Nouvelle-France fustige les habitants du Canada qui auraient selon lui mal géré la traite des fourrures. Plusieurs de ces habitants lui rendent la pareille et lui font la vie dure. Chacun tire la couverte de son bord. La dissension se répand partout. Devant la menace iroquoise, les 2 000 habitants de la colonie sont divisés et laissés à eux-mêmes…
Référence : FOURNIER, Martin. Les Aventures de Radisson : L’année des surhommes. Tome 3. Québec, Les éditions du Septentrion, 2016, p. 35-36.
Plan de la ville de Québec en 1663, chef-lieu de la Nouvelle-France. Plan réalisé par Jean Bourdon, arpenteur.
Référence à venir.
Le 10 juin 1659 Ce premier jour d’été resplendissant redonne espoir aux habitants de Trois-Rivières. Les hommes ont quitté la sécurité de la haute palissade de pieux qui entoure le minuscule village pour sarcler la future récolte de blé qui relève la tête après le maussade printemps. Les champs qu’ils ont semés sont situés près du fort pour éviter de tomber dans une embuscade iroquoise, la hantise de tous. Mais le soleil ardent fait fondre leur peur comme elle fait exploser les blés, au point de laisser loin derrière eux les fusils qu’ils gardent habituellement à portée de la main…
Référence : FOURNIER, Martin. Les Aventures de Radisson : L’année des surhommes. Tome 3. Québec, Les éditions du Septentrion, 2016, p. 17.
Plan du bourg de Trois-Rivières en 1685, très semblable à ce qu’il était en 1659-1660.
Référence à venir.
INTRODUCTION Ce roman relate des faits historiques. À partir de 1649, les habitants de la Nouvelle-France traversent une période de crise causée par la défaite de leurs principaux fournisseurs de fourrures, les Hurons, aux mains de leurs rivaux de longue date, les Iroquois. Comme, à cette époque, la traite des fourrures est la raison d’être de la petite colonie française qui compte environ 2 000 habitants, la situation est grave. Au même moment, d’autres nations autochtones pour qui la traite des fourrures est cruciale s’efforcent de prendre la relève des Hurons. C’est ainsi que Radisson et Des Groseilliers exploreront pour la première fois la région du lac Supérieur en 1659-1660, en compagnie d’alliés autochtones des Français, afin d’acquérir les précieuses fourrures de castor dont la colonie a désespérément besoin. L’année des surhommes raconte ce voyage marquant dans l’histoire de la Nouvelle-France.
Les principales Premières Nations qui apparaissent dans L’année des surhommes :
Saulteux ou Panoestigons : cette nation de chasseurs-cueilleurs alliée aux Français, de langue et de culture algonquiennes, habitait le long des rapides qui coulent entre le lac Supérieur et le lac Huron. C’est pourquoi les Français les ont appelés Saulteux. Cette nation nomade profitait de sa position avantageuse à la jonction des deux lacs pour faire du commerce. Elle a participé activement à la traite des fourrures. Elle fait aujourd’hui partie de la grande nation des Ojibwés.
Cheveux Relevés ou Outaouacs : cette nation de chasseurs-cueilleurs alliée aux Français, de langue et de culture algonquiennes, habitait tout près des Hurons, sur les rives de la baie Georgienne, lorsque Champlain l’a rencontrée pour la première fois. Les membres de cette nation ont hérité de ce nom en raison de leur façon particulière de porter leurs cheveux. Ils étaient nomades, très mobiles et faisaient beaucoup de commerce. Cette nation a occupé une place centrale dans la traite des fourrures. Aujourd’hui, elle fait également partie de la grande nation des Ojibwés.
Menominis : cette nation de langue et de culture algonquiennes faisait partie du réseau des nations alliées aux Français. Elle habitait entre les lacs Michigan et Supérieur. Le menomin – ou riz sauvage (ou folle avoine à l’époque de la Nouvelle- France) – constituait la base de leur alimentation, d’où leur nom. À l’époque de Radisson, leur rôle dans la traite des fourrures est plutôt secondaire. Cette nation paisible a conservé sa spécificité jusqu’à aujourd’hui.
Nadouceronons ou Sioux des bois : cette nation de langue et de culture siouses était crainte pour ses farouches traditions guerrières. Elle habitait à l’ouest du lac Supérieur, à la frontière des forêts et des grandes prairies du centre de l’Amérique. Elle pratiquait l’agriculture, la chasse – notamment au bison – et récoltait le riz sauvage. À l’époque de Radisson, elle n’avait jamais rencontré d’hommes blancs. La lutte acharnée menée par les Sioux pour conserver leur indépendance en a fait une Première Nation emblématique.
Cristinos ou Cris : cette nation de langue algonquienne habitait un vaste territoire nordique situé entre le lac Supérieur et la baie d’Hudson. Elle faisait partie du réseau des nations alliées aux Français. Excellents chasseurs, les Cris participaient activement à la traite des fourrures en tant que pourvoyeurs de fourrures. Bien qu’ils soient proches des nations algonquiennes devenues les Ojibwés, des différences culturelles significatives ont toujours fait des Cris une nation distincte.
Iroquois : cette nation de langue et de culture iroquoiennes habitait au sud du lac Ontario. Les Iroquois étaient des agriculteurs, des chasseurs et des commerçants. La rivalité de longue date qui existait entre eux et les Hurons en a fait des ennemis des Français lorsqu’ils se sont alliés aux Hurons. Les Iroquois s’approvisionnaient en marchandises européennes auprès des Hollandais qui étaient établis tout près de leur pays. C’est pourquoi les Iroquois étaient de féroces concurrents des Français et de leurs alliés autochtones dans la traite des fourrures.
Hurons ou Ouendats : cette grande nation commerçante de langue et de culture iroquoiennes, qui habitait les rives de la baie Georgienne, dans le lac Huron, était au centre d’un large réseau de partenaires, principalement de langue et de culture algonquiennes. Ils échangeaient entre eux du maïs, des canots, de la viande, des fourrures, et d’autres biens. En s’alliant aux Hurons, les Français se sont intégrés à ce réseau. La dispersion de cette nation, après sa défaite aux mains des Iroquois, a provoqué le développement de liens directs entre les Français et les anciens partenaires des Hurons.
Une dizaine d’autres Premières Nations : Radisson et Des Groseilliers ont rencontré plusieurs autres nations autochtones lors de leur séjour autour du lac Supérieur. Bien que Radisson nomme certaines d’entre elles, il est très difficile de les identifier de façon certaine. La plu- part de ces nations, clans ou bandes étaient de langue et de culture algonquiennes et faisaient partie du large réseau d’alliance des Hurons. Plusieurs d’entre elles font aujourd’hui partie de la grande nation des Ojibwés.
Référence : FOURNIER, Martin. Les Aventures de Radisson : L’année des surhommes. Tome 3. Québec, Les éditions du Septentrion, 2016, p. 9-13.
Martin Fournier, auteur des Aventures de Radisson, souhaite vous amener plus loin dans la lecture de son ouvrage en vous donnant accès à du matériel exclusif. Vous retrouverez dans ce supplément numérique près d’une centaine de photos et une dizaine de vidéos permettant d’enrichir votre expérience de lecture.
Cette table des matières vous permettra de parcourir le contenu selon les chapitres.
Dans un excellent article http://www.journal.forces.gc.ca/vol16/no2/page69-fra.asp, Earl John Chapman et R. Paul Goodman des forces armées canadiennes apportent une explication à cette question dont, étonnamment, personne n’avait de réponse précise par le passé. Il faut dire que la ville de Québec a beaucoup changé depuis 1759 ! Et c’est avec l’aide d’un de nos auteurs, Stéfano Biondo, spécialiste en géoréférencement au Centre GéoStat de la Bibliothèque de l’Université Laval, qu’ils ont pu faire appel aux techniques modernes de géoréférencement. Un travail fascinant dont nous vous invitons à lire le détail pour en connaître les conclusions.
Ne manquez pas, au sujet de la bataille des Plaines d’Abraham, l’excellent ouvrage de Jacques Lacoursière et Hélène Quimper, Québec – ville assiégée. Et pour savoir si cette bataille a été décisive, rien de mieux que de consulter La Guerre de Sept Ans, 1756-1763 d’Edmond Dziembowski.
Plusieurs de nos auteurs seront présents au Salon international du livre de Québec cette année. Ils se feront un plaisir de signer vos exemplaires ou simplement d’échanger avec vous ! Voici l’horaire du Septentrion (stand 227):