La lumière de la lune filtre à travers les nuages. Radisson et Des Groseilliers ploient sous un lourd ballot de marchandises en trottinant vers la palissade.
— Ouvre, chuchote Des Groseilliers au gardien qui surveille la porte.
Le Parisien hésite à obéir à son capitaine de milice, car il est chargé d’interdire toute circulation pendant la nuit.
— Ouvre ! insiste Des Groseilliers d’un ton ferme, sans élever la voix. C’est pour tout le village que nous partons risquer notre vie ! Tu auras ta part de fourrures quand nous reviendrons.
Le gardien débarre la porte avec précaution.
— Que Dieu vous garde, souffle-t-il en les laissant passer…
Référence : FOURNIER, Martin. Les Aventures de Radisson : L’année des surhommes. Tome 3. Québec, Les éditions du Septentrion, 2016, p. 73-74.
Le 2 juillet 1659 La colonie est désorganisée. Quoiqu’en dise le père Ragueneau, François de Montmorency Laval n’est pas encore nommé évêque. Il déplaît d’ailleurs aux habitants de Montréal qui militent en coulisse pour qu’on nomme quelqu’un d’autre. En France, les jésuites sont sur le point de gagner cette bataille, pendant que plusieurs habitants de la colonie perdent confiance en eux. Arrivé depuis peu, le nouveau gouverneur de la Nouvelle-France fustige les habitants du Canada qui auraient selon lui mal géré la traite des fourrures. Plusieurs de ces habitants lui rendent la pareille et lui font la vie dure. Chacun tire la couverte de son bord. La dissension se répand partout. Devant la menace iroquoise, les 2 000 habitants de la colonie sont divisés et laissés à eux-mêmes…
Référence : FOURNIER, Martin. Les Aventures de Radisson : L’année des surhommes. Tome 3. Québec, Les éditions du Septentrion, 2016, p. 35-36.
Plan de la ville de Québec en 1663, chef-lieu de la Nouvelle-France. Plan réalisé par Jean Bourdon, arpenteur.
Référence à venir.
Le 10 juin 1659 Ce premier jour d’été resplendissant redonne espoir aux habitants de Trois-Rivières. Les hommes ont quitté la sécurité de la haute palissade de pieux qui entoure le minuscule village pour sarcler la future récolte de blé qui relève la tête après le maussade printemps. Les champs qu’ils ont semés sont situés près du fort pour éviter de tomber dans une embuscade iroquoise, la hantise de tous. Mais le soleil ardent fait fondre leur peur comme elle fait exploser les blés, au point de laisser loin derrière eux les fusils qu’ils gardent habituellement à portée de la main…
Référence : FOURNIER, Martin. Les Aventures de Radisson : L’année des surhommes. Tome 3. Québec, Les éditions du Septentrion, 2016, p. 17.
Plan du bourg de Trois-Rivières en 1685, très semblable à ce qu’il était en 1659-1660.
Référence à venir.
INTRODUCTION Ce roman relate des faits historiques. À partir de 1649, les habitants de la Nouvelle-France traversent une période de crise causée par la défaite de leurs principaux fournisseurs de fourrures, les Hurons, aux mains de leurs rivaux de longue date, les Iroquois. Comme, à cette époque, la traite des fourrures est la raison d’être de la petite colonie française qui compte environ 2 000 habitants, la situation est grave. Au même moment, d’autres nations autochtones pour qui la traite des fourrures est cruciale s’efforcent de prendre la relève des Hurons. C’est ainsi que Radisson et Des Groseilliers exploreront pour la première fois la région du lac Supérieur en 1659-1660, en compagnie d’alliés autochtones des Français, afin d’acquérir les précieuses fourrures de castor dont la colonie a désespérément besoin. L’année des surhommes raconte ce voyage marquant dans l’histoire de la Nouvelle-France.
Les principales Premières Nations qui apparaissent dans L’année des surhommes :
Saulteux ou Panoestigons : cette nation de chasseurs-cueilleurs alliée aux Français, de langue et de culture algonquiennes, habitait le long des rapides qui coulent entre le lac Supérieur et le lac Huron. C’est pourquoi les Français les ont appelés Saulteux. Cette nation nomade profitait de sa position avantageuse à la jonction des deux lacs pour faire du commerce. Elle a participé activement à la traite des fourrures. Elle fait aujourd’hui partie de la grande nation des Ojibwés.
Cheveux Relevés ou Outaouacs : cette nation de chasseurs-cueilleurs alliée aux Français, de langue et de culture algonquiennes, habitait tout près des Hurons, sur les rives de la baie Georgienne, lorsque Champlain l’a rencontrée pour la première fois. Les membres de cette nation ont hérité de ce nom en raison de leur façon particulière de porter leurs cheveux. Ils étaient nomades, très mobiles et faisaient beaucoup de commerce. Cette nation a occupé une place centrale dans la traite des fourrures. Aujourd’hui, elle fait également partie de la grande nation des Ojibwés.
Menominis : cette nation de langue et de culture algonquiennes faisait partie du réseau des nations alliées aux Français. Elle habitait entre les lacs Michigan et Supérieur. Le menomin – ou riz sauvage (ou folle avoine à l’époque de la Nouvelle- France) – constituait la base de leur alimentation, d’où leur nom. À l’époque de Radisson, leur rôle dans la traite des fourrures est plutôt secondaire. Cette nation paisible a conservé sa spécificité jusqu’à aujourd’hui.
Nadouceronons ou Sioux des bois : cette nation de langue et de culture siouses était crainte pour ses farouches traditions guerrières. Elle habitait à l’ouest du lac Supérieur, à la frontière des forêts et des grandes prairies du centre de l’Amérique. Elle pratiquait l’agriculture, la chasse – notamment au bison – et récoltait le riz sauvage. À l’époque de Radisson, elle n’avait jamais rencontré d’hommes blancs. La lutte acharnée menée par les Sioux pour conserver leur indépendance en a fait une Première Nation emblématique.
Cristinos ou Cris : cette nation de langue algonquienne habitait un vaste territoire nordique situé entre le lac Supérieur et la baie d’Hudson. Elle faisait partie du réseau des nations alliées aux Français. Excellents chasseurs, les Cris participaient activement à la traite des fourrures en tant que pourvoyeurs de fourrures. Bien qu’ils soient proches des nations algonquiennes devenues les Ojibwés, des différences culturelles significatives ont toujours fait des Cris une nation distincte.
Iroquois : cette nation de langue et de culture iroquoiennes habitait au sud du lac Ontario. Les Iroquois étaient des agriculteurs, des chasseurs et des commerçants. La rivalité de longue date qui existait entre eux et les Hurons en a fait des ennemis des Français lorsqu’ils se sont alliés aux Hurons. Les Iroquois s’approvisionnaient en marchandises européennes auprès des Hollandais qui étaient établis tout près de leur pays. C’est pourquoi les Iroquois étaient de féroces concurrents des Français et de leurs alliés autochtones dans la traite des fourrures.
Hurons ou Ouendats : cette grande nation commerçante de langue et de culture iroquoiennes, qui habitait les rives de la baie Georgienne, dans le lac Huron, était au centre d’un large réseau de partenaires, principalement de langue et de culture algonquiennes. Ils échangeaient entre eux du maïs, des canots, de la viande, des fourrures, et d’autres biens. En s’alliant aux Hurons, les Français se sont intégrés à ce réseau. La dispersion de cette nation, après sa défaite aux mains des Iroquois, a provoqué le développement de liens directs entre les Français et les anciens partenaires des Hurons.
Une dizaine d’autres Premières Nations : Radisson et Des Groseilliers ont rencontré plusieurs autres nations autochtones lors de leur séjour autour du lac Supérieur. Bien que Radisson nomme certaines d’entre elles, il est très difficile de les identifier de façon certaine. La plu- part de ces nations, clans ou bandes étaient de langue et de culture algonquiennes et faisaient partie du large réseau d’alliance des Hurons. Plusieurs d’entre elles font aujourd’hui partie de la grande nation des Ojibwés.
Référence : FOURNIER, Martin. Les Aventures de Radisson : L’année des surhommes. Tome 3. Québec, Les éditions du Septentrion, 2016, p. 9-13.
Martin Fournier, auteur des Aventures de Radisson, souhaite vous amener plus loin dans la lecture de son ouvrage en vous donnant accès à du matériel exclusif. Vous retrouverez dans ce supplément numérique près d’une centaine de photos et une dizaine de vidéos permettant d’enrichir votre expérience de lecture.
Cette table des matières vous permettra de parcourir le contenu selon les chapitres.
Dans un excellent article http://www.journal.forces.gc.ca/vol16/no2/page69-fra.asp, Earl John Chapman et R. Paul Goodman des forces armées canadiennes apportent une explication à cette question dont, étonnamment, personne n’avait de réponse précise par le passé. Il faut dire que la ville de Québec a beaucoup changé depuis 1759 ! Et c’est avec l’aide d’un de nos auteurs, Stéfano Biondo, spécialiste en géoréférencement au Centre GéoStat de la Bibliothèque de l’Université Laval, qu’ils ont pu faire appel aux techniques modernes de géoréférencement. Un travail fascinant dont nous vous invitons à lire le détail pour en connaître les conclusions.
Ne manquez pas, au sujet de la bataille des Plaines d’Abraham, l’excellent ouvrage de Jacques Lacoursière et Hélène Quimper, Québec – ville assiégée. Et pour savoir si cette bataille a été décisive, rien de mieux que de consulter La Guerre de Sept Ans, 1756-1763 d’Edmond Dziembowski.
Plusieurs de nos auteurs seront présents au Salon international du livre de Québec cette année. Ils se feront un plaisir de signer vos exemplaires ou simplement d’échanger avec vous ! Voici l’horaire du Septentrion (stand 227):
La décision de madame Blais de quitter la politique me désole. Elle fait une erreur. Il y a urgence d’expliquer aux députés ce qu’on attend d’eux. Le premier ministre pourrait trouver là l’occasion d’amorcer une vraie réforme parlementaire. Il est certain que ses proches conseillers tenteraient de l’en dissuader, tout en convenant en leur for intérieur que tôt ou tard, il faudra rendre au parlement et aux parlementaires le rôle qui leur revient.
Madame Blais souhaite des défis. Comme députée, elle a l’embarras du choix, mais il y aurait possiblement un prix à payer. Outre les « défis » inévitables que pose chaque comté, il y a les innombrables questions qui peuvent faire l’objet de mandats d’initiative. Or, les plus intéressants sont rarement, c’est-à-dire jamais, autorisés par le bureau du premier ministre, quel qu’il soit.
Récemment, Patrick Lagacé expliquait pourquoi il ne serait pas candidat. Il ne veut pas devenir une plante verte. Les exemples ne manquent pas pour justifier pareille opinion.
Un député qui ose s’affirmer et s’interroger à haute voix sur les mérites d’un élément, même mineur, de la ligne de parti ou d’une orientation prise par le bureau du premier ministre prend place parmi les indésirables.
Sous le leadership de madame Marois, le dossier de l’amphithéâtre a fourni un triste exemple qui sera lourd de conséquences. Cette fois, les députés récalcitrants feront les manchettes, mais la plupart du temps les différends restent secrets. Ainsi on n’entendra jamais parler du refus d’autoriser une commission parlementaire sur un sujet que des députés souhaitent étudier en toute liberté et avec les moyens appropriés.
Un jour, les députés ont élu leur président au vote secret. Le premier ministre d’alors avait avalé de travers. Et pourtant, en vertu de quelle règle le premier ministre peut-il se croire autorisé à se prononcer sur le choix de la personne qui dirige l’institution chargée de surveiller l’exécutif ?
Madame Blais veut un défi ? Qu’elle regroupe quelques députés autour de l’idée d’instaurer le vote secret. Évidemment, ce serait autant de députés sacrifiés sur l’autel de la démocratie ou encore recrutés parmi ceux et celles qui n’attendent aucune promotion. À la réflexion, je crois que ce n’est pas une bonne idée. Trop, c’est trop. Un de ces jours, une telle proposition pourrait plutôt être présentée par la présidence et soumise précisément à un vote secret.
J’ai quand même deux sujets possibles à suggérer : la pertinence de maintenir une allocation de départ quand un député démissionnaire a droit à sa pension (surtout d’examiner la pertinence des mots « prime de départ » ou « salaire différé ») ou encore qu’une commission parlementaire se penche sur « l’affaire Michaud ». Après 15 ans, n’est-il pas temps de faire la lumière, quitte à devoir passer aux excuses. Madame Blais a une image qui donnerait du sérieux à semblable démarche, sans compter que les moments difficiles vécus ces derniers temps la rendent encore plus sensible à l’injustice.
Les parlements ont besoin d’élu(e)s sans autre ambition que celle de servir. Là est le vrai défi.
Il y a 260 ans débutait la Déportation des Acadiens, une des sombres pages de notre histoire.
Dans les deux tomes de Vivre la Conquête, plusieurs destins individuels d’Acadiens déportés sont retracés. Serge Patrice Thibodeau écrit : « Plus d’un millier d’Acadiennes et d’Acadiens amorcent dès lors une longue migration qui s’amplifiera considérablement et qui ne s’arrêtera qu’un demi-siècle plus tard. Marguerite Blanche Thibodeau et sa famille sont du nombre ».
Plusieurs auteurs du Septentrion se sont aussi intéressés à cette question.