La soirée de vendredi fut un beau succès. Succès de nombre : plus de 500 personnes selon les organisateurs et moins de 15 selon la police. Enfin quelque chose entre les deux. Succès d’estime : nos trois auteurs ont bien reçu tout le respect que vous leurs portez. Succès de ventes : plus de 300 livres ont trouvé preneurs en quelques heures.
Pour tout cela et au nom de tous : Merci. Oui on se dit beaucoup de mercis mais il faut bien avouer que ce pari n’était pas gagné d’avance.
Il y a des personnes que je voulais remercier vendredi soir mais je ne voulais pas vous rabattre les oreilles avec un long discours. Mais tout de même deux extras : merci Patrick pour ton soutien à l’organisation, merci Éric de nous avoir accompagnés et aidés et finalement merci Carl-Frédéric pour ce blogue et surtout pour tes généreux conseils.
Quelques photos de cette soirée prises par Pierre-Louis et Josée.
Et une petite revue… de blogues qui parlent du lancement.
Un Taxi la nuit
Mère indigne
Zerotom
Sophie Imbeault
Histoire de geek
Hippopocampe
Dominic Arpin
Photosmax
J’écris parce que je chante mal
Sur les chemins du Québec
Emergenceweb
Michel Leblanc
Ze Canada
Scrogn
Pot-pourri de câlins gratis!!!
N’hésitez pas à laisser vos adresses en commentaires !
Mercis à la course.
En toute objectivité (arheum! les trois bouquins font mal aux yeux tellement ils sont beaux! Et encore je ne parle pas de ce qu’ils contiennent! Sérieusement, je ne vois pas de raisons valables empêchant quiconque sachant lire de courir chez le libraire le plus près pour s’en acheter deux trois exemplaires de chaque. Tous ceux ayant de près ou de loin participé à la publication de ces livres ont toute mon admiration! En tout cas toute ma gratitude
Le combat d’hiver
Ce roman de Jean-Claude Mourlevat m’a été fortement conseillé par Anne-Laure Bondoux, une auteure jeunesse que j’affectionne particulièrement (il faut lire La Princetta et le capitaine, le meilleur roman d’aventure que j’ai pu lire au cours des dernières années). Pour Le combat d’hiver , j’ai bien fait de suivre ses conseils, car elle m’a fait découvrir un grand roman jeunesse!
L’histoire débute dans un orphelinat pour jeunes filles où les règles sont très strictes. Évidemment, toutes rêvent d’une vie meilleure. Jusque là, c’est conventionnel mais tellement bien écrit qu’on est touché par leurs tristes destins. Rapidement, le roman bascule vers autre chose. On est en territoire occupé et on découvre alors un peuple opprimé sous le joug d’une faction qui n’est pas sans rappeler certains régimes totalitaires. Le peuple tentera une libération, mais à quel prix? Ce long combat d’hiver ne sera pas une sinécure.
D’un chapitre à l’autre, par le biais de plusieurs personnages, on va de surprise en surprise en découvrant toujours une facette différente de cet environnement hostile. La grande réussite de cet excellent roman est l’ambiance que Jean-Claude Mourlevat a réussi à installer et à maintenir du début à la fin. Une ambiance grise, sombre, oppressante et parfois lugubre, mais avec certains éclaircis à l’occasion. Il y a beaucoup de profondeur dans ce roman et les situations et les émotions que vivent les personnages sont complexes et jamais prévisibles.
Malgré cet univers lourd d’après-guerre, Le combat d’hiver est un roman captivant et attachant. Même en vaquant à nos activités quotidiennes, on se surprend à porter en nous cet univers particulier et à vouloir le faire découvrir à tout le monde. C’est aussi toujours avec hâte qu’on en reprend la lecture pour mieux y replonger.
J’ai adoré ce roman et il se retrouvera certainement dans mes meilleures lectures de l’année. Merci Anne-L aure!
Le combat d’hiver, Jean-Claude Mourlevat, Gallimard jeunesse, 331 p.
Écrire
Il y a deux jours, Jules m’a écrit ceci :
je me demandais comment t’arrivais à délimiter ton temps pour écrire à travers tout ce que tu fais. Est-ce que tu t’imposes des séances d’écriture ou est-ce que tu considères l’écriture comme un passe-temps? Je me posais la question ce matin en roulant, parce que je me suis rappelé que tu m’as écrit sur mon blog que tu mettrais un an avant de sortir ton prochain bouquin.
Son questionnement est tellement pertinent que j’avais envie de faire profiter tout le monde de ma réponse.
De façon générale, j’ai évidemment très peu de temps à consacrer à l’écriture. Lorsque je ne suis pas en période intensive de création, j’y vais selon la pulsion du moment. Je peux être plusieurs semaines sans écrire comme je peux m’y mettre chaque jour. Par contre, quand je suis en période intense de travail sur un projet (comme c’est le cas présentement), je priorise l’écriture dans mes périodes de temps libre et je me fixe des objectifs. Les objectifs, même si je ne les atteins pas toujours, me servent de stimulants. La vie sociale en prend tout de même pour son rhume, mais si je veux finaliser des projets, c’est un choix que je dois faire.Discipline et persévérance sont peut-être mes plus belles qualités d’écrivain.
L’écriture pour moi n’est pas un passe-temps. C’est une nécessité. Pour mon équilibre, j’ai besoin de créer et c’est dans l’écriture que j’y trouve le plus de gratification. J’aime jouer avec la forme et évidemment avec les mots. Jusqu’à maintenant, j’ai toujours cherché à rejoindre le lecteur via une émotion brute qui vient le surprendre sans s’annoncer. C’est comme si j’essayais d’enlever la distance qu’il peut y avoir entre le lecteur et l’auteur. C’est par la concision que je peux y parvenir le mieux pour ne pas laisser de place à l’artifice. En dire le plus avec le moins de mots possibles définirait assez bien mon travail.
Évidemment, tout ça exige beaucoup de temps. Je suis comme la tortue dans la fable. J’en fais un petit peu ça et là en volant des instants de vie et ça finit par donner un livre au bout du compte
À la fin du mois, ça fera un an déjà que je travaille sur mon nouveau projet. Je me suis donné jusqu’au 31 pour terminer la première version. Je crois que j’y arriverai. Après, c’est le vrai travail d’écriture qui commencera. J’ai beaucoup de pain sur la planche. L’aurais-je terminé dans un an? Je ne sais pas, mais je vais essayer!
Les services de presse
Les carnets jouissent d’une certaine popularité dans la blogosphère. Mais dans le monde réel, ils sont hélas trop peu connus. Dans l’effervescence des parutions printanières, comment sortir du lot ? Première étape, s’assurer que les paquets soient ouverts… ça paraît trivial mais les recherchistes et journalistes sont tellement sollicités que plusieurs paquets prennent la poussière sur des tablettes.
Avant même de l’ouvrir, Josée Morissette, notre attachée de presse, tenait à en afficher le contenu par une étiquette dans le coin supérieur gauche.
À l’intérieur de l’enveloppe, des livres, une invitation au lancement ainsi qu’un dossier de presse. Nous avons la chance d’avoir déjà réussi à faire parler des livres avant même leur parution, il faut faire comprendre qu’il s’agit là d’un évènement important.
Et tant qu’à pousser le détail, que choisir comme attache pour faire tenir les feuilles ?
Oui oui, un nonos de Lucie ! En espérant que cela rapporte.
L’espoir pour André Boisclair
Que lit André Boisclair à la veille du débat électoral ? Calepin d’espoir d’Émilien Dufresne. Cette histoire touchante d’un jeune québécois montant au front lors de la Seconde Guerre mondiale, motivé par ses convictions les plus profondes. De quoi se donner un peu de courage ?
Agent 0015$ (plus taxes)
Dimanche soir dernier, au resto, Père indigne s’est attaqué aux choses sérieuses.
– Bon, maintenant que tu vas devenir une vedette, tu as absolument besoin d’un amant.
– Ah!
– Heu, pardon, je veux dire d’un agent.
– Ah…
– Et je connais quelqu’un qui fera parfaitement l’affaire!
– Ah?
– Moi.
– Hm.
– Regarde, c’est comme ce soir. On est mal parti.
– Ah bon?
– Ben oui. On est au resto. Devant des serveurs, des clients… Tu saisis ce qu’on aurait dû faire?
– Commander la soupe de poisson au lieu de la salade?
– Non, je n’échangerai pas ma soupe de poisson contre ta salade, et non, ce n’est pas ce qu’on aurait dû faire.
– Oh.
– On aurait dû emballer ton livre avec du papier cadeau. Là, j’aurais profité d’un moment de relâchement dans la conversation générale des autres clients pour t’offrir le paquet. « Tiens, chérie », j’aurais dit. « Tu en rêvais tellement! » Et toi, tu aurais déballé le cadeau, puis, apercevant ton livre, tu te serais exclamée « OH! Mon amour! (Tout le monde se serait tourné pour regarder.) PAS LE LIVRE DE MÈRE INDIGNE! Il est déjà sorti? J’ai SI HÂTE de le lire! Elle est tellement HI-LA-RAN-TE! » Là, tu m’embrasserais à pleine bouche et ensuite, j’irais aux toilettes…
– Il y a un lien de cause à effet?
– Non! J’irais aux toilettes pendant que tu…
– … finirais ta soupe de poisson?
– NON! J’irais au toilettes pendant que tu feuilleterais ton livre en t’esclaffant à qui mieux mieux. Résultat? Deux copies de vendues, minimum.
– Mais y’a juste des Anglos dans ce resto. Ça ne fonctionnerait pas du tout.
– Hum. Ouais. En tout cas, j’ai dit à ma mère que tu lui en enverrais une copie dédicacée à condition qu’elle aille se promener avec au parc municipal en s’esclaffant à qui mieux mieux.
– Super, mon chéri. Tu es génial. Et… hum… dis donc? Est-ce que tu vas la terminer, ta soupe de poisson?
Le vide
Je ne suis pas un amateur de thriller, mais je ne peux résister à l’univers de Patrick Senécal. Je me fais toujours une joie de découvrir ce qu’il a de nouveau à nous offrir. Plonger dans ses romans comprend toujours une part de risque pour le lecteur qui n’en sort jamais tout à fait indemne. Celui-ci ne fait pas exception à la règle, même que… Disons, que j’étais content de le terminer ce matin, question de respirer un autre air moins vicié.
Dans Le vide, on suit trois personnages dont les destins s’entrecroisent et s’entremêlent sans arrêt. Max Lavoie est un riche milliardaire qui produit et anime Vivre au Max, l’émission à sensation qui bat tous les records d’audience. C’est une télé-réalité sans limite où les gens réalisent des rêves de tous genres. Frédéric Ferland est un psychologue désabusé par son travail qui cherche des sensations nouvelles pour se sentir en vie. Pierre Sauvé est un détective ayant survécu à une terrible tuerie en plein cœur de Drummondville. Il a du mal à s’en remettre. Évidemment, le vide est l’élément qui unit tout ce beau monde. Si vous connaissez le travail de Senécal vous savez que tous les ingrédients sont présents pour créer un bon thriller.
À part une scène particulièrement dérangeante vers la toute fin qui m’a presque fait vomir, c’est surtout l’aspect psychologique qui est poussé à sa puissance maximale plutôt que l’action en elle-même. Il prend le temps d’installer lentement les ficelles de son intrigue. Non seulement ça fonctionne, mais c’est nécessaire dans les circonstances. Senécal réussit excessivement bien à cerner ce vide existentiel que nous ressentons tous un jour ou l’autre. À la lecture du roman, le vide s’insinue en nous presqu’à notre insu. Plus on avance dans la lecture, plus on sent un certain vertige qui peut se transformer en angoisse profonde si on est moindrement vulnérable. Les âmes fragiles ou dépressives doivent vraiment s’abstenir de lire ce livre car le portrait qu’il brosse de l’existence, de l’être humain et de nos sociétés est loin d’être reluisant.
Si vous n’avez pas froid aux yeux, plongez tête première dans Le vide. Vous ne le regretterez pas, c’est un bon Senécal.
Le vide, Patrick Senécal, ALIRE, 642 pages
Contes à rebours
À quelques jours de la parution, ça aurait été pertinent que je vous parle de la façon qu’Un taxi la nuit est construit. J’aurais pu m’étendre sur ses textes qui conservent la chronologie inversée inhérente au mode blogue. Ça aurait été également de bon aloi que je m’attarde sur l’évolution qu’a subie mon écriture lors de ces deux années de création. Que je vous parle aussi, des livres que je lis, des auteurs qui m’inspirent, de la place qu’occupe la littérature dans ma vie. Ça aurait la moindre des choses que je vous entretienne là-dessus. Mais ce soir, je ne trouve pas les mots.
En fait mes mots, je les ai récupérés aujourd’hui dans un paquet à mon intention à la gare d’autobus. Je tiens entre les mains ce livre, mon livre. J’ai dans le nez l’odeur de l’encre et dans les yeux, ces mots, les miens. Pourtant, je ne trouve pas ceux qui exprimeraient la joie que je ressens. Ni ceux qui expliqueraient les petits pincements au coeur…
Je suis toutefois un peu déçu… Que vous ne puissiez en profiter dès maintenant.
Plus que quelques heures avant de mettre la main sur ces contes à rebours.
Vous ne perdez rien pour attendre!
Et si je meurs ce week-end, hein?
Bon, une autre face cachée de l’édition: l’auteur qui ne reçoit pas ses livres le jour où on lui avait promis que.
Et si je meurs demain? Mais oui, si je meurs demain, je vais mourir sans avoir tenu mon livre entre mes mains. Vous imaginez la tragédie? Bon, y’a Père indigne qui dit que je mourrais aussi sans avoir vu grandir mes enfants, et bla bla bla, je sais, on n’a plus le droit de s’énerver pour rien, en ce bas monde. Mais j’ai pas mon livre alors que je devais l’avoir aujourd’hui, voilà.
Peut-être que c’est mon rêve de la nuit dernière, peut-être qu’il était prémonitoire? J’ai rêvé que je devais aller à mon lancement, mais que ce que je lançais, c’était une gamme de produits de beauté. Et personne ne voulait me maquiller avant la présentation, ils croyaient tous que je pouvais le faire moi-même. C’étaient eux qui rêvaient, ma parole! Et la gamme de maquillage, c’était sur le thème de la grande Catherine de Russie. Mais j’étais habillée en leggings zébrés. Le plus drôle, c’est que je n’étais pas énervée du tout. Rien à cirer, du maquillage et de l’habit à la Georges de la Jungle. J’assumais totalement. J’avais un diadème en toc et qui me tombait sur les yeux, mais je trouvais ça très classe.
Zen, j’étais.
C’est probablement ça qu’ils ont senti, les livreurs de mes Chroniques. Que j’étais zen. Relax. Que je pouvais passer le week-end sans m’enfouir le nez dans les pages de mon livre fraîchement imprimé. Mon livre. Mon amour. Mon bébé.
Eh ben ils se trompent. C’est pas mêlant, je suis tellement dans tous mes états que j’apprécierais presque une bonne gastro, pour me changer les idées.
(Est-ce que j’ai vraiment écrit ce que je crois que je viens d’écrire, moi? Ça rend les gens fous, l’édition.)
Mise à jour: (Comme je l’avais prévu, ) ils ont eu pitié. Je recevrai mon livre par bus à 15 heures aujourd’hui! Bon, c’est sûr, je peux mourir d’ici 15 heures, mais ça ne me trotte plus trop dans la tête…