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Se conjouir

Pour faire suite au Grand Glossaire des anglicismes, je ne sais si je risque de provoquer une querelle entre spécialistes en avançant que canceller, mappe et barguiner seraient des mots français. C’est du moins ce qu’affirme Hubert Mansion dans 101 mots à sauver du français d’Amérique (Éd. Michel Brûlé, 2008).
Il donne aussi sa bénédiction à certains autres habituellement plutôt mal reçus, tels s’abrier (se couvrir pour se réchauffer), pantoute, d’adon (dont l’étymologie serait: don de Dieu).
Mais l’un de ceux qu’il réhabilite et que j’aime particulièrement pour son harmonie est se conjouir, soit: se réjouir du bonheur de l’autre (vers 1450, il avait plutôt le sens de recevoir avec courtoisie). On le trouve encore dans Le Grand Robert, qui le signale, toutefois, comme vieux et littéraire. Serait-ce parce qu’on ne se réjouit plus assez du bonheur des autres? Pour ma part, je souhaite continuer à me conjouir encore longtemps.

Le Grand Glossaire des anglicismes

Connaissez-vous ce glossaire des anglicismes du Québec publié dernièrement par les Éditions Tryptique? Je me le suis procuré et c’est mon nouveau chouchou; je crois qu’il va déclasser Le Colpron (du moins dans l’utilisation que j’en ferai), ce qui n’est pas peu dire.
Il comporte 10 000 entrées (Le Colpron en a 4000) et totalise près de 500 pages. Les anglicismes y sont classés en neuf catégories : le répertoire général (qui constitue la majeure partie de l’ouvrage, soit des pages 17 à 373), les expressions et locutions, les exclamations, les anglicismes de culture, les marques de commerce, les anglicismes de maintien, les faux anglicismes, les anglicismes clandestins et Le Guide de l’auto 2007 ou… Y a-t-il un correcteur dans la boîte? J’ouvre les pages au hasard et j’en apprends tous les jours. Par exemple, même notre bibitte à patates est un calque de l’anglais (potato bug).
Son auteur, Jean Forest, est professeur de langue et de littérature à l’Université de Sherbrooke. Ce livre-ci constitue en quelque sorte une suite de celui qu’il avait publié en 2006 : Les anglicismes de la vie quotidienne des Québécois.
J’y reviendrai peut-être, dans un autre billet, avec quelques exemples.

Qui est Fabiola?

Pour rester dans le même ton que les commentaires de la dernière note, je vous invite à participer à cette enquête intitulée: Qui est Fabiola?
Voici quelques indices. En fait, je vous livre tout ce que je connais sur cette personne:
1. Tous les jours, elle envoie des commentaires sur ce site. Elle les signe ainsi : Fabiola-td, Fabiloa-mn, Fabiola-rt, Fabiola-vd, et ainsi de suite à l’infini, en utilisant toutes les lettres de l’alphabet dans toutes les combinaisons possibles. Donc, elle connaît l’alphabet.
2. Cependant, elle ignore tout de la syntaxe, ses messages se résumant à des suites de lettres, qui forment occasionnellement des mots.
3. Elle ne dort pas beaucoup, car elle écrit à toute heure du jour et de la nuit, la semaine comme la fin de semaine.
4. Parfois, elle devient survoltée et envoie cinq messages d’affilée en quelques minutes à peine.
5. Elle a entendu parler de la politique américaine, puisqu’elle fait usage des noms de Clinton et d’Obama dans plusieurs de ses messages. Elle n’est donc pas tout à fait inculte.
Voilà, c’est peu, mais c’est tout ce que je sais d’elle. Son nom vous dit-il quelque chose? Vous écrit-elle aussi?

D’autres contrats…

Dans le numéro d’hiver 2008 de Voix active, la revue trimestrielle de l’Association canadienne des réviseurs, vous apprendrez comment obtenir des contrats du gouvernement fédéral. L’article de Marion Soublière, intitulé «Travailler avec le gouvernement fédéral 101», est vraiment très détaillé. Si vous ne vous découragez pas et que vous suivez toute la procédure, vous pourriez décrocher des contrats parmi les mieux payés dans le domaine, semble-t-il.
Dans ce même numéro, André LaRose consacre presque une page entière à la présentation de mon livre, qu’il recommande à tous les réviseurs, de même qu’aux rédacteurs, traducteurs et employeurs; je l’en remercie.
Vous pouvez télécharger ce numéro gratuitement à l’adresse suivante: http://www.reviseurs.ca/. Normalement, cette revue est distribuée aux membres de l’Association (176 $/an pour le devenir) ou sur abonnement (abonnement à la revue seulement : 69,95/an).

Contrat de révision

C’est le genre de billets que j’aime beaucoup faire paraître.
Comme je suis débordée de travail et que je ne peux répondre à cette demande qui m’a été faite depuis assez longtemps, avec l’assentiment de son auteur je vous l’offre.
M. Germain Ross, qui en est à son deuxième roman, cherche quelqu’un pour le corriger. Il s’agit d’un roman d’aventures plein de rebondissements, me dit-il, de 250-270 pages. La correction doit se faire à l’ordinateur, avec affichage des modifications. Le tarif est à discuter.
Si cette offre vous intéresse et que vous avez de l’expérience – car la correction doit être parfaite, me dit l’auteur –, vous pouvez joindre M. Ross par courriel (germain.ros@videotron.ca) ou téléphone (418 842-9755).

Une demande d’emploi bien spéciale

Voici une autre trouvaille de mon conjoint, pour votre plus grand plaisir et le mien.
En 1940, un jeune diplômé de l’Université Laval, de toute évidence fier de son style, de ses idées et sans doute aussi de lui-même, adresse la demande d’emploi suivante comme ingénieur forestier:
«Je suis une main disponible au cas ou vous verriez une ouverture quelque part pour un ing. forest. dont je suis capable de remplir l’office.
Vous n’exigez pas d’avantage d’un jeune homme que sa bonne volonté losque celle-ci est servie par de l’honneteté, un bilan de science a la hauteur des besoins. Ma santé est excellente. J’ai des défauts aussi que je nourris afin de conserver ma nature humaine. Je ne veux pas déroger à ma sobriété habituelle dans l’emploie des mots. Le lecteur alors qu’il soit malin ou sans pitié pour ses semblables voit son arme considérablement écourtée pour riposter.
Que mes meilleurs vœux de santé et de prospérité vous accompagnent pour l’an 41.
L’Élan est donné, l’estime est générale autour de vous.»
Auriez-vous envie de lui confier un poste?

La nouvelle sténographie

Avant de publier ma dernière note sur l’écriture au son, je l’ai montrée au jeune (maintenant âgé de 17 ans) dont j’ai présenté un extrait de texte. Il ne voulait pas que je le nomme ni que je donne l’adresse de son site. Ce que j’ai respecté. Mais que vous ayez son adresse ou pas, vous savez comme moi qu’il n’est pas le seul à s’exprimer de cette manière sur le Web.
Je le connais depuis trois ans environ et je le rencontre régulièrement. Je l’aime beaucoup parce qu’il a de grandes qualités humaines et, de plus, je le trouve super intelligent. Outre ses goûts et son talent pour la musique et le théâtre, il s’intéresse à l’actualité, à la politique, il est capable de réfléchir et il a une belle philosophie de la vie. En plus, une chose qui m’a toujours frappée chez lui: il possède un vocabulaire comme peu en ont à son âge (et même au mien); plus d’une fois il m’a impressionnée en utilisant des mots peu connus. D’où ma surprise quand j’ai visité son site. Je lui ai donc demandé de m’expliquer pourquoi il écrivait ainsi. Et voici sa réponse: «Pour aller plus vite.» C’est normal, sans doute, tout le monde veut aller plus vite, et les jeunes n’ayant pas le temps d’étudier la sténographie, ils ont donc dû inventer la leur.
Alors, comparons. Qu’est-ce qui est le plus court:
- je croit OU je crois?
- comme si on n’était OU comme si on était?
- d’éffois OU des fois?
- se qui ou ce qui?
- un regare OU un regard?
- sur sois OU sur soi?
- par example OU par exemple?
- mêttre OU mettre?
- embience OU ambiance?
Finalement, si je me fie à sa réponse, je conclus que ce n’est pas un problème de francè, mais de maTmatic.

L’écriture au son: d’hier à aujourd’hui

Mon conjoint historien continue d’être aux aguets, dans ses recherches, pour dénicher des documents qui pourraient m’intéresser. Voici la copie d’une lettre de 1915 qu’il m’a fournie. Il s’agit d’une plainte d’un citoyen à son député. Il vaut mieux la lire à haute voix pour en saisir le sens:
«Un mot apropos de L’argent de mont boit que gé vendu Cet iver je trouve le Gouvernement pas resonable de faire retenire cet argent la pour payer nous les faudera pour vive et pour semé ce rpent jest une gren abestit de près ansumencé et gé pas desvoine ni d’argent si je put pas semé se prenten il vas fouloire anbandonné je vis pas sent mangé gé t’une famille si il anvoye pas mon nargent de qu’oi faire gé pus rien pour vive prendre la journé pour vive durent que gé tent douvrage ecis sus le lot je suis apres me batire un batiment de 3 pied sur 50 sa me fais becoup douvrage.»
Toutefois, il n’y a pas de quoi s’horrifier, puisque, comme je l’ai indiqué, cette lettre date de 1915 et que l’instruction n’était pas obligatoire à cette époque.
Mais que dire des jeunes, qui connaissent sûrement mieux leur langue que ce citoyen, et qui écrivent volontairement au son sur le Web? Est-ce pour mieux masquer leurs véritables faiblesses en français?
Voici, à titre d’exemple, un extrait d’un blogue de 2008 d’un jeune de 16 ans:
« […] Tres franchement je croit que lui est moi on se connai comme si on n’était des frères, car d’éffois on pense a la même affaire au même moment pi se qui et drole ses que sa ne prend qu’un regare entre lui et moi pour savoir se qu l’autre pense a propos de n’importe quoi. [X] a aussi un petit coté solitaire comme tout le monde quand on reste dans sa tête pour mieux se consentré sur sois.
Mes quand il est avec la gang par example, ses sur qu’il va mêttre de l’embience.»
Croyez-vous qu’il a des chances d’être publié dans la collection Hamac de Septentrion?

La Semaine et la Journée des dictionnaires

L’Université de Montréal organise la Journée et la Semaine des dictionnaires. Durant cette dernière, des ateliers et des tables rondes auront lieu à compter du lundi 31 mars à Montréal sur l’exploration des dictionnaires, leur bon usage en classe et leur mise en valeur.
Il est aussi possible de participer à un concours en ligne : J’ajoute un québécisme au dictionnaire, organisé par Radio-Canada, et qui prendra fin le 5 avril (http://www.radio-canada.ca/radio/samedidimanche/concours/Quebecisme/). Il s’agit de proposer aux Petit Larousse, Petit Robert et Multidictionnaire un québécisme de bon aloi qui n’y figure pas, accompagné d’une brève description. Les critères à partir desquels le jury fera son choix sont: la créativité associée au mot, la possibilité d’en tirer des dérivés, sa fréquence d’usage et le fait qu’il comble une lacune du lexique. À gagner, outre le fait de voir le mot proposé s’ajouter aux trois ouvrages précités : le Grand Larousse encyclopédique, le Dictionnaire historique de la langue française, le Grand Visuel et le Grand Druide des synonymes.
Et le 4 avril aura lieu à Québec la 3e Journée québécoise des dictionnaires. Il est malheureusement trop tard pour s’inscrire au colloque, mais les actes du colloque font l’objet d’une publication intitulée Les dictionnaires de la langue française au Québec, de la Nouvelle-France à aujourd’hui. Celui-ci sera lancé le jour même par les Presses de l’Université de Montréal. Il contiendra, bien sûr, les interventions des participants, mais aussi des textes inédits de spécialistes sur des sujets complémentaires.